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mens en toute occasion, ne se démentit pas dans celle-ci.

Les articles qui imposoient à l'Autriche les sacrifices les plus considérables, les renonciations les plus douloureuses, furent exécutés par elle sans restriction ni réserve; tandis que ceux qui sembloient lui présenter quelques adoucissemens restèrent sans exécution, ou furent soumis, soit à des modifications arbitraires, soit à de longues et pénibles négociations, souvent accompagnées de nouveaux sacrifices.

Si l'on examine dans ce traité les clauses stipulées en faveur de la maison d'Autriche, des princes de son sang ou de ses sujets, on en trouvera à peine une seule qui ait été complètement réalisée, qui l'ait été dans les délais. prescrits, et à l'entière satisfaction des parties intéressées.

Ni S. A. I. l'Archiduc, alors électeur de Salzbourg, ni S. A. I. l'Archiduc, grand-maître de l'ordre teutonique, n'ont pu parvenir à la jouissance complète des possessions ou revenus qui leur étoient dévolus.

Il avoit été assuré à S. A. R. l'Archiduc, alors landgrave du Brisgau, une indemnité pleine et entière, pour les pertes que ce prince

avoit essuyées. Toutes les tentatives que l'on a pu faire pour amener, de manière ou d'autre, l'effet de cette stipulation expresse, ont constamment été infructueuses. Dans le cours d'une négociation souvent reprise, on a même eu lieu de se convaincre qu ele Gouvernement françois n'avoit jamais eu l'intention sincère de remplir la moindre partie de ses engagemens à cet égard; et plus d'une fois les ministres de l'Empereur ont eu la mortification dé voir traiter les réclamations les plus légitimes des princes de la maison impériale, comme des objets qui méritoient à peine l'honneur d'une discussion.

Les plaintes qui se sont élevées relativement aux intérêts des sujets ou du trésor de S. M. ont éprouvé le même sort. A compter du jour de l'échange des ratifications, toute contribution forcée devoit cesser; et la somme de quarante millions de francs avoit été fixée pour l'acquittement de tous les arrérages. Le paiement de cette somme s'effectua, mais les vexations continuèrent. D'un côté, les magasins françois qui avoient été abondamment remplis aux dépens du pays, s'étant trouvés vides tout à coup, on exigea pour l'entretien des troupes françoises de nouvelles et oné

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reuses livraisons; et, d'un autre côté, une grande quantité d'objets, propriétés incontestables de S. M. l'Empereur, qui dans plusieurs des provinces cédées, n'avoient été abandonnés aux nouveaux possesseurs qu'à charge d'en rembourser la valeur, restèrent sans paiement. La perte provenant de ces deux seuls articles, se montoit à vingt-quatre millions de florins; tout ce que l'on a tenté pour en être indemnisé a été inutile.

Cependant ces mortifications d'une part, ces pertes de l'autre, quelque sensibles qu'elles pussent être, S. M. les auroit dissimulées, si, à ce prix du moins, il lui eût été possible d'atteindre le but principal de la pacification. Pouvoir désormais, au sein du repos, consacrer tous ses momiens à la prospérité de ses peuples, aux soins de l'administration intérieure, et à un système de défense propre à écarter de nouveaux dangers; tel étoit le vœu, tel étoit le juste espoir de l'Empereur. Déjouer ces projets pacifiques, à force de contrariétés et d'entraves; tel a été, pendant tout l'intervalle qui s'est écoulé entre la paix de Presbourg et le moment actuel, l'objet constant du Gouvernement françois.

Aucun des articles stipulés en faveur de

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l'Autriche n'avoit encore eu son exécution, et déjà les prétentions les plus embarrassantes vinrent jeter S. M. I. dans de nouvelles perplexités. Le cabinet des Tuileri es exigea que, pour faciliter la communication militaire entre Venise et les provinces situées sur l'autre rive de l'Adriatique, il fût accordé à ses troupes, non-seulement comme faveur temporaire, mais comme règle permanente et formellement convenue, un passage à travers les états autrichiens. On combattit cette prétention par les objections les plus solides, objections fondées soit sur les anciennes relations de la république de Venise, laquelle n'avoit jamais obtenu ni même demandé un semblable privilège, soit sur la situation des provinces maritimes de l'Autriche, très-peu abondantes en subsistances, soit enfin sur le danger qu'il y auroit de fournir par-là à d'autres puissances un prétexte pour demander les mêmes avantages. Aucune de ces objections ne fut admise ni seulement écoutée. La volonté prononcée de l'empereur Napoléon, la perspective d'inconvéniens encore plus graves, si l'on se refusoit à supporter celui-ci, la menace de recommencer la guerre, et d'occuper de nouveau, sans délai, les provinces à peine évacuées, tels furent les

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l'on employa pour

argumens irrésistibles que imposer silence aux meilleurs raisonnemens; et soit dans le cours de cette discussion, soit dans celles qui se sont élevées depuis, jamais il n'en a été articulé d'autres de la part du gouvernement françois.

Bientôt l'apparition inattendue d'une flotte russe, qui s'empara du port et du territoire de Cattaro, devint une source intarissable de querelles. La faute ne pouvoit en être imputée qu'à la lenteur des commissaires françois qui avoient négligé d'occuper ce pays à l'époque déterminée par le traité; l'Autriche devoit être punie de leur négligence. Vainement tout futil tenté pour convaincre le cabinet des Tuileries que l'Empereur, sans être aucunement responsable de cet incident, n'en étoit pas moins prêt à manifester par tous les moyens convenables la pureté de ses intentions, et son désir sincère de faire exécuter cet article du traité avec la même ponctualité que les autres ; vainement la convention relative au passage des troupes, fut-elle accordée et signée sans plus de délai; vainement, pour satisfaire aux instances impératives de la France, et pour faire cesser une partie de ses menaces, ferma-t-on les ports autrichiens aux pavillons

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