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de l'Allemagne vit s'écrouler l'ancien ordre de choses. A la vue de pareils symptômes, lors même que les circonstances eussent été beaucoup moins difficiles, il en auroit toujours infiniment coûté aux sentimens de S. M. de se voir réduite à défendre par la force une couronne qui lui avoit été confiée par la volonté légale de ses co-états, et qui pendant une longue suite de siècles, avoit été portée avec gloire par les princes de son auguste maison, pour la protection et la prospérité de l'Empire. L'Empereur déposa cette couronne.

On auroit dû croire qu'une résolution aussi décisive produiroit du moins quelques changemens favorables dans les rapports de S. M. avec le cabinet des Tuileries; mais l'état des choses resta le même. Aucun des articles du traité de paix, jusque-là demeurés en suspens, ne reçut son exécution; les instances que l'on fit pour y parvenir furent repoussées, ou par des récriminations, ou par des menacés. Loin de tenir compte à l'Autriche des démarches auxquelles elle ne cessoit de se prêter pour le maintien de la tranquillité, il sembloit que gouvernement françois n'envisageât chaque nouvelle preuve de modération donnée par l'Empereur, que comme point d'appui à quel

le

être permis de regarder comme le dernier terme de l'ambition, sembloit offrir quelques chances de repos. Et si cette foible lueur d'espoir a disparu immédiatement après, ce n'est pas du moins au gouvernement françois qu'il appartient de reprocher à S. M. de s'y être livrée avec quelque confiance.

Cependant les prétextes, à l'ombre desquels ce gouvernement avoit, pendant près de deux ans, éludé l'exécution du traité de Presbourg, avoient perdu jusqu'à leur valeur apparente; ́et l'évacuation des diverses parties du territoire autrichien, toujours occupées par les troupes françoises, ne pouvoit plus décemment être refusée. On en vint à une négociation. Braunau fut restitué; mais les possessions sur la rive droite de l'Isonzo furent définitivement perdues. On céda à la vérité, sous le prétendu titre d'échange, le petit territoire de MonteFalcone, situé sur la rive gauche de ce fleuve; mais ce district équivaloit à peine à la dixième partie des restitutions que le traité avoit garanties à l'Autriche.

Bientôt il fut facile de se convaincre, que même ce fantôme de modération, ce demiretour aux relations amicales, ne tendoit qu'à frayer le chemin à des prétentions d'un genre

ou le soulagement de ses voisins. Mais, cons tamment étranger à toute politique équivoque ou perfide, il ne se permit en cette occasion ni fausse, ni demi-neutralité ; et la bonne foi scrupuleuse avec laquelle il suivit dans tout le cours de cette guerre, la résolution prise dès le commencement, força l'empereur Napoléon luimême à rendre justice à S. M.

La paix fut conclue, sans que l'Empereur y eût été appelé, quoique l'offre de médiation qu'il avoit récemment faite aux puissances belligérantes, eût mérité peut-être quelque réciprocité d'égards. Les conditions de cette paix n'étoient nullement propres à calmer ou à diminuer ses inquiétudes. Mais, par une suite de sa fidélité invariable à soutenir la marche pacifique qu'elle avoit adoptée, S. M., qui s'étoit interdite toute opposition aux changemens opérés dans les gouvernemens de Naples et de Hollande, crut devoir encore se résigner à ceux auxquels le traité de Tilsit donna lieu. 11 eût été sans doute impossible de se faire illusion sur le danger incalculable des avantages que ce traité assuroit à l'empereur Napoléon; mais, envisagée sous un certain point de vue, l'immensité même de ces avantages, en comblant ce que pour le moment il pouvoit

être permis de regarder comme le dernier terme de l'ambition, sembloit offrir quelques chances de repos. Et si cette foible lueur d'espoir a disparu immédiatement après, ce n'est pas du moins au gouvernement françois qu'il appartient de reprocher à S. M. de s'y être livrée avec quelque confiance.

Cependant les prétextes, à l'ombre desquels ce gouvernement avoit, pendant près de deux ans, éludé l'exécution du traité de Presbourg, avoient perdu jusqu'à leur valeur apparente; et l'évacuation des diverses parties du territoire autrichien, toujours occupées par les troupes françoises, ne pouvoit plus décemment être refusée. On en vint à une négociation. Braunau fut restitué; mais les possessions sur la rive droite de l'Isonzo furent définitivement perdues. On céda à la vérité, sous le prétendu titre d'échange, le petit territoire de MonteFalcone, situé sur la rive gauche de ce fleuve ; mais ce district équivaloit à peine à la dixième partie des restitutions que le traité avoit garanties à l'Autriche.

Bientôt il fut facile de se convaincre, que même ce fantôme de modération, ce demiretour aux relations amicales, ne tendoit qu'à frayer le chemin à des prétentions d'un genre

tout nouveau. L'empereur Napoléon avoit arrêté, que sa guerre contre la Grande-Bretagne seroit la cause commune de tout le continent,

que

la haine qu'il avoit vouée au gouvernement britannique deviendroit le principe de tous les souverains, et que les vexations que dans son désir de nuire à l'Angleterre, il exerçoit contre l'industrie commerciale de chaque pays accessible à ses armes ou à ses décrets, serviroient de règle à tous les gouvernemens. Pour n'avoir pas assez complètement obéi à ce système, jusqu'alors inconnu, la maison de Bragance fut précipitée du trône de Portugal. A la même époque le cabinet des Tuileries demanda formellement à S. M. I. de cesser toutes ses relations avec le gouvernement anglois; et pour tout argument, il lui présenta l'alternative, ou de se rendre sur-le-champ à cette proposition, ou de se préparer à une rupture immédiate avec la France.

Déjà par les mesures arrachées à l'Empereur en 1806, par l'exclusion du pavillon britannique, par la fermeture de tous les ports du continent, exécutée en vertu des ordres suprêmes de l'empereur, Napoléon, le commerce des états autrichiens se trouvoit sensiblement paralysé. La nouvelle mesure exigée par la

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