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que

le salut de la France, ne voyant de terme aux proscriptions, au brigandage, à la dépravation dans l'excès même de leurs horreurs, nous dûmes, accablé des maux de la patrie, gémir sur elle, observer en silence la marche rétrograde qu'une terrible expérience imprimoit aux esprits, et régler notre conduite sur les progrès de l'opinion.

La chute du Directoire prépara celle du code dévastateur dont ce gouvernement méprisable avoit hérité. Déjà de nouvelles instructions émanées de nous garantissoient aux François le fruit de notre sollicitude et de nos réflexions sur les calamités inouïes où les avoient plongés la révolte et l'esprit de vertige. Ce n'étoient plus dans leur intégrité les principes et les vues de notre déclaration de 1795. A cette mémorable époque tout nous faisoit un devoir de nous tenir plus près des maximes antiques, en prenant pour fanal l'immortel testament du Roi notre seigneur et frère. Sans doute la même intention dirigeoit nos efforts; ils eurent, ils auront constamment pour objet la liberté du peuple et l'indépendance du monarque, premier élément de cette liberté; mais tant d'années de bouleversement nous imposoient la loi de modifier nos idées sur les voies de la

restauration, et de chercher au milieu des décombres, les matériaux propres à reconstruire l'édifice.

Nous disions alors, sur l'ordre judiciaire et administratif :

« La division de la France, l'administration « des départemens, districts et municipalités, <«<les institutions concernant la police et l'au«<thenticité des actes, les tribunaux chargés de « rendre la justice, seront provisionnellement << conservés, à charge par les juges, etc., etc., << de remplir leurs fonctions en mon nom, et « de prêter serment de fidélité.

<< Les personnes actuellement employées « dans l'ordre administratif ou judiciaire con« serveront leurs emplois, à l'exception seu<«<lement de celles que la voix publique en « déclareroit indignes; les places vacantes se«<ront données aux sujets les plus capables de << les remplir, et à ceux principalement qui s'y « sont déjà distingués par leur probité et par « leurs lumières. >>

Sur les propriétés envahies sous le titre de biens nationaux :

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«<leur que mon intention étant de pourvoir à «< ce qui regarde les biens dits nationaux, par << les moyens les plus propres à concilier et « à garantir les droits et les intérêts de tous, je << vous ai enjoint de recueillir sur ce point im«portant, et de me transmettre les idées et les << vues des hommes les plus éclairés et les plus << vertueux, afin de pouvoir adopter une direc«<tion conforme au bien général et au véri«<table vœu de la nation. »

Sur les crimes et délits :

« J'ai promis, et vous garantirez à mes sujets que la publication d'une amnistie géné«rale leur annoncera mon retour.

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« Répétez à tous que si mon propre vœu « me porte à l'indulgence envers les fautes, «<le salut de l'état, cette suprême loi, solli<< cite ma clémence en faveur même des cri« mes, elc., etc.

<< Et dans la crainte qu'un zèle inconsidéré « n'altère d'avance l'effet de ces dispositions, je « veux que les tribunaux s'interdisent toutes << poursuites concernant les crimes et délits >> relatifs à la révolution, sauf les mesures de «< sûreté qu'il est sage de prendre contre les << rebelles qui s'obstineroient dans la révolte.

Nous disions enfin à l'égard du militaire : << En déplorant les erreurs auxquelles l'armée << ne put se soustraire, je n'ai pas vu sans fierté « sa valeur dans les combats; je conserverai leurs grades, emplois, soldes et appointe« mens aux généraux, officiers, sous-officiers « et soldats qui contribueront au salut de l'état, << en contribuant au rétablissement de la monarchie; ceux qui se signaleront par leur « zèle en faveur de ma cause, inséparable des « intérêts du peuple, obtiendront des récom"penses proportionnées à leurs services. Roi « d'une nation belliqueuse et libre, et éprou<< vant dans mon âme l'a juste considération que l'esprit françois attache à la profession guerrière, véritable origine de la noblesse, j'abolirai et ces lois dont la violence traîne sous les drapeaux ceux que l'honneur et « l'amour de la patrie doivent seuls y conduire, « et ces réglemens, ouvrage.d'un temps d'im❝ prévoyance où l'on sembla méconnoître parmi les Condé, les Turenne, les Luxem«bourg, la monarchie avoit produit des Fabert, des Catinat, des Chevert, et que la France époque qui devoit en enfanter « de nouveaux non moins propres à illustrer

"

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« touchoit à une

« ses armes. >>

que

François voilà cette contre-révolution telle que votre Roi l'avoit conçue, telle qu'il l'envisage aujourd'hui, telle enfin qu'elle sera tôt ou tard consommée; car si les décrets de la divine Providence ne nous ont pas destiné à réparer vos malheurs, nous descendrons du moins dans la tombe avec cette consolante idée, qu'héritier de l'amour que nous portons à nos peuples, celui des nôtres qui doit régner sur vous fera bénir un jour notre mémoire, en exécutant les plans qu'au sein de la fortune la plus adverse, nous avions formés pour votre prospérité.

Mais pendant que nous travaillions à vous. éclairer, nos yeux devoient naturellement se porter sur l'homme éminemment protégé par la fortune et la victoire, qui venoit de s'emparer de l'autorité; cet homme, alors, en sachant dédaigner le fruit odieux des forfaits de ses prédécesseurs, pouvoit recueillir les bénédictions de la France et l'admiration des siècles. Nous lui parlames; il reçut de notre main l'invitation de partager avec nous l'impérissable gloire de fixer vos destinées : nous lui dîmes avec une franchise faite pour toucher une âme généreuse et grande: Nous pouvons assurer les destins de la France. Je dis nous, parce que j'aurai besoin pour cela de Buonaparte, et qu'il ne le pourroit pas sans moi.

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