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o serment le Dieu de saint Louis, celui qui juge les justices.

Donné le 2 décembre, l'an de grâce 1804, et de notre règne le dixième.

Signé LOUIS.

Et plus bas :

Alexandre-Angélique TALLEYRAND-Périgord, Archevêque de Rheims.

Le Comte D'AVARAY.

LETTRE

ADRESSÉE

A NAPOLÉON BUONAPARTE,

LE Ier JUILLET 1813,

PAR LE CHEVALIER JACOBI,

Membre du corps législatif et président du consistoiregénéral de la confession d'Augsbourg, à Cologne, Et remise à Buonaparte, à Dresde, par M. Daru.

SIRE,

Les vérités déplaisantes restent ordinairement cachées aux souverains, puisque les dire

l'est pas le moyen de parvenir aux grandeurs lu monde, mais bien celui d'entrer dans les prisons ou de monter à l'échafaud. Il n'y a donc qu'un dévouement pur à la personne du prince, et la conviction de faire une bonne action, qui peuvent engager un homme à faire un pas aussi dangereux. Je sens ce dévouement et j'ai cette 'conviction', donc je ne consulte pas une âme vivante et fais ce que l'esprit me dicte.

Le ministre de la police - générale n'a pu ignorer que, parmi les méchancetés débitées par les Parisiens l'hiver passé, il y avoit celle-ci : que V. M. faisoit l'inverse de l'œuvre de la Rédemption, où un mourut pour tous, tandis qu'à présent tous doivent mourir pour un. L'idée que le bonheur de tous dépend de la mort d'un seul, est celle que cette prétendue plaisanterie doit faire naître, et elle a de quoi effrayer ceux auxquels votre vie, Sire, est chère et précieuse.

Personne ne sait si V. M. rendra la paix au monde, mais je pense qu'elle le feroit, si elle connoissoit entièrement la FORCE de la ferveur avec laquelle tous les peuples désirent de sortir de l'état actuel des choses, ainsi que

cette masse effroyable de malheurs qui pèsent sur l'humanité, par suite de guerres aussi longues et terribles.

Celui qui connoit, comme moi, le génie le plus éminent que jamais la terre a vu naître, ne peut douter que ce génie n'ait conçu un vaste plan, qui a pour objet un meilleur avenir, car la devise de V. M. est : per ardua ad astra; et je suis sûr qu'elle n'attend que le moment qui lui paroîtra être le vrai, pour prouver à l'univers, que jamais elle n'a entendu subordonner la gloire du bon souverain à celle du grand conquérant.

Mais, Sire, c'est cette conviction même qui rend urgent de ne pas cacher à V. M. que le désespoir règne dans le cœur de vos peuples et de vos ennemis, qu'on n'entend que des gémissemens et des plaintes depuis le Tage jusqu'à la Newa, dont l'écho retentit en Amérique, et que vos peuples souffrent plus que vos ennemis, puisqu'ils ne combattent pas depuis longtemps des agresseurs de leurs foyers, mais qu'on les force de dévaster les foyers d'autrui, sans qu'ils en sentent le besoin, ni le bonheur qui peut en résulter pour

eux, ce qui leur donne la crainte de l'arrivée de Némésis.

Redoutez, de grâce, Sire, les suites de ce désespoir, et n'écoutez pas ceux qui tenteroient de vous faire accroire qu'il n'existe pas. Croyez que vos anciens et fidèles serviteurs voient V. M. avec effroi en butte aux coups de la vengeance et de la trahison, et daignez réfléchir, Sire, que quand même un fer ennemi ou parricide ne vous atteindra pas, que tou→ jours vous êtes mortel, et qu'après votre mort il ne dépendra plus de V. M. de prévenir des malheurs plus grands, peut-être, que ceux qu'elle fit cesser lors de la paix d'Amiens, où elle fut adorée comme l'ange tutélaire du monde. Profitez, Sire, des momens qui sont à vous pour le redevenir une seconde fois! Croyant à une autre vie, et doué de toutes les qualités pour y recevoir la plus belle palme, ah! Sire, ne la dédaignez pas !

J'ai dit, Sire, ce que je me suis senti forcé de dire. Je sais que ma liberté, ma vie, enfin toute mon existence mondaine est entre vos mains, et je ne prétends pas mieux aussi,

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sinon que vous en disposiez à votre gré, car
jusqu'au dernier moment,

Je suis avec le plus profond respect,
SIRE,

De Votre Majesté Impériale et Royale,
Le plus humble et le plus soumis sujet,

LE CHEV. JACOBI,

Membre du Corps Législatif, et président du consistoire-général de la Confession d'Augsbourg, à Cologne.

er

Aix-la-Chapelle, 1o1 juillet 1813.

PÉTITION

AU DICRETOIRE EXÉCUTIF (1).

CITOYENS DIRECTEURS,

L'amour des arts, le désir de conserver leurs chefs-d'œuvres à l'admiration de tous les

peu

(1) Nous croyons devoir rappeler à nos lecteurs cette pétition que le public paroît avoir oubliée. Elle fait pendant à celle des artistes actuellement réunis à Rome, qui se trouve pag. 247 ce volume.

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