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des trois duchés à S. M. l'infant don CharlesLouis, en réparant promptement les torts qu'on a eus jusqu'ici envers S. M.', imposera au soussigné l'agréable nécessité de garder le silence, et sur ces faits, et sur la cause à laquelle ils doivent leur origine.

Il prie S. A. M. le prince, d'agréer l'assurance de sa haute considération.

Signé, P. GOMEZ Ļabrador.

RELATIVES A LA GUERRE

ENTRE LA FRANCE

ET LA GRANDE-BRETAGNE,

DEPUIS 1803.

No I.

Dépêche de lord Whitworth, ambassadeur d'Angleterre en France, à lord Hawkesbury, datée de Paris, le 21 février 1803,

MYLORD,

A peine la dernière dépêche, dans laquelle je vous rendois compte de ma conférence avec M. Talleyrand, étoit-elle partie, que ce ministre me fit parvenir une note, par laquelle il m'informoit que le premier Consul désiroit que je vinsse le trouver aux Tuileries, sur les neuf heures. Il me reçut dans son cabinet avec assez de cordialité, et après avoir parlé sur différens sujets pendant quelques minutes, il m'invita à m'asseoir : il s'assit lui-même de

l'autre côté de la table qui nous séparoit, et entra en matière. Il me dit qu'il sentoit, après ce qui s'étoit passé entre moi et M. Talleyrand, qu'il étoit nécessaire qu'il me fit connoitre ses sentimens de la manière la plus claire et la plus authentique, afin que je les communiquasse à S. M.; qu'il concevoit que ce moyen seroit plus efficace venant de lui personnellement, que s'il se servoit d'un intermédiaire. Il ajouta, qu'il étoit vivement affecté que le traité d'Amiens, au lieu d'amener la conciliation et tous les effets naturels de la paix, n'eût produit qu'une jalousie et une méfiance continuelle et toujours croissante, et que cette méfiance étoit à présent devenue si forte, qu'elle devoit nécessairement occasionner un résultat fâcheux. Il fit alors l'énumération des provocations réitérées qu'il prétendoit avoir reçues des Anglois. Il établit pour premier grief la non-évacuation de Malte et d'Alexandrie, comme nous étions tenus par le traité de les évacuer. A cet égard, il dit qu'aucune considération sur la terre ne pourroit le faire changer, et qu'il aimeroit mieux nous voir maîtres du faubourg Saint-Antoine que de l'île de Malte. Il parla ensuite de la manière injurieuse dont il étoit traité dans les feuilles.

angloises; mais il dit qu'il y attachoit beaucoup moins d'importance qu'aux libelles françois publiés à Londres. Il considéroit cet outrage comme beaucoup plus grave, parce qu'il tendoit à exciter le peuple contre sa personne et son gouvernement. Il se plaignit de la protection accordée à Georges et à ses semblables qui, au lieu d'être relégués au Canada, comme on l'avoit itérativement promis, avoient la permission de rester en Angleterre, y jouissant de pensions considérables, et ne cessant de commettre toute espèce de crimes sur les côtes de France et dans l'intérieur de la République. Pour confirmer ce qu'il avançoit, le premier Consul me dit, qu'on avoit arrêté deux hommes, depuis peu de jours, sur les côtes de Normandie, et qu'on les amenoit à Paris; que ces hommes étoient des assassins soudoyés et employés par l'évêque d'Arras, par le baron de Rolle, par Georges et Dutheil, comme on en auroit la preuve certaine devant les tribunaux, que leurs crimes seroient rendus publics. Il convint que le ressentiment qu'il éprouvoit contre l'Angleterre augmentoit de jour en jour, parce que chaque vent (je me sers, autant que je puis, de ses propres idées et de ses expressions), parce que chaque vent qui souffloit des

et

Côtes d'Angleterre, n'apportoit rien qu'inimitié et haine contre sa personne. Il revint sur le chapitre de l'Égypte, et me dit que s'il avoit eu le plus petit désir de s'en emparer, il auroit pu le faire, il y avoit un mois, en envoyant vingt-cinq mille hommes à Aboukir, qui se seroient rendus maîtres de tout ce pays, malgré les quatre mille hommes de troupes angloises qui étoient à Alexandrie; que cette garnison, loin d'être un moyen de protéger l'Égypte, ne servoit qu'à lui fournir un prétexte de l'envahir; qu'il ne le feroit pas, quel que pút étre son désir d'en faire une colonie, parce qu'il ne croyoit pas que cette acquisition valút le danger d'une guerre dans laquelle on pourroit peut-être le regarder comme l'agresseur, et qui lui feroit perdre plus qu'il ne pourroit gagner, puisque tôt ou tard l'Égypte appartiendroit à la France, soit soit par la chute de l'empire Ottoman, soit par quelque accommodement avec la Porte (1). Pour preuve de son désir de maintenir la paix, il désiroit savoir ce qu'il avoit à gagner dans une guerre avec l'Angleterre ; une descente étoit le seul moyen dont il pût se servir pour nous faire

(1) Ce passage est aussi en italique dans l'original anglois.

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