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nateur, d'où la probité, l'honneur, le droit des gens, la loyauté, la bonne foi, l'observation des traités, le respect des sermens sont bannis, a été déjouée dans ses calculs. L'évidence et l'urgence du péril ont rallié tous les esprits; un même sentiment a inspiré tous les

cœurs.

La brave Nation Espagnole, qui, par ses seuls efforts, secondés d'une armée auxiliaire angloise, et d'un corps d'armée portugais, défend depuis tant d'années son indépendance, a poursuivi, avec un redoublement d'énergie et de succès, la noble lutte qu'elle soutient: elle a repoussé jusqu'au delà des Pyrénées les malheureux et intrépides soldats, dignes d'une meilleure cause, envoyés, contre leur gré, pour envahir, asservir et ravager ses provinces.

L'Angleterre, inébranlable dans la continuité de ses efforts pour procurer à l'Europe les bienfaits précieux d'un équilibre politiqué fortement garanti, d'une paix générale et durable, du libre développement du commerce, de l'industrie et de la civilisation, a rendu inutiles, par la constance, par la sagesse de ses plans, les machinations qui tendoient à la présenter comme l'ennemie de tous les peuples, et à l'isoler du continent; elle s'est, au con

traire, présentée comme un phare de salut ati continent menacé du naufrage; et une sainte alliance a réuni tous les cabinets avec le cabinet britannique (1).

Les États-Unis d'Amérique, nation heureuse et paisible, long-temps étrangère aux passions et aux fureurs de l'Europe, qui avoient un moment cédé à l'influence malfaisante du dominateur suprême, dont les agens souffloient en tous lieux le poison de la discorde, n'ont pas tardé à se repentir d'avoir associé leur pavillon indépendant à ses aigles ennemies de la liberté et de la tranquillité du monde. Ils paroissent avoir reconnu le besoin de terminer promptement, par des négociations de paix, une guerre sans cause et sans but, entreprise et continuée avec mollesse et tiédeur, comme évidemment contraire à leurs intérêts et à leur politique.

La Turquie, malgré les fourberies diplomatiques, les promesses insidieuses, insidieuses, les intrigues

(1) Il convient maintenant à la politique et aux vrais intérêts de l'Angleterre, autant qu'à son honneur national et à sa gloire, de prouver, par des faits et des résultats, qu'elle n'a point agi pour elle seule et dans des vues purement intéressées, mais par esprit de justice et de générosité, et pour le bien général de l'Europe. (Note de l'éditeur.)

TOME IX.

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vénales et tous les moyens de séduction et de corruption dont le chef des François l'avoit enveloppée, a eu le bon-sens de ne plus se fier à l'hypocrite allié qui avoit envahi l'Egypte ; elle a senti, comme par instinct, qu'il étoit de son intérêt de voir abattre l'hydre continental, qui n'auroit pas manqué de retomber sur elle, après avoir dévoré les autres états.

La belle et malheureuse Italie, écrasée sous un joug de fer, condamnée à prodiguer son sang le plus pur dans des dans des guerres lointaines, étrangères ou plutôt contraires à ses intérêts, n'ose encore lever qu'un timide regard d'espérance et de confiance sur la maison d'Autriche, qu'elle implore en secret, mais dont la politique intéressée de son maître lui fait craindre les ressentimens et les vengeances.

La Suisse, qui n'avoit pu obtenir d'autre compensation de la ruine absolue de ses manufactures, de son industrie, de son commerce, qu'une tranquillité apparente et léthargique, chèrement achetée par un contingent. d'hommes de guerre, livrés tous les ans en sacrifice au nouveau Minotaure, a dû renfermer et dissimuler jusqu'à présent, par le sentiment de sa foiblesse, des vœux ardens, mais stériles, pour le triomphe de la cause

commune.

Enfin, la France elle-même, la Hollande et tous les états associés à ses malheurs, devenus les instrumens du ravage et de la destruction de l'Europe, ont été enchaînés sous les étendards du moderne Gengiskan, par la terreur de sa puissance, par sa perfide politique, qui avoit su diviser et isoler les gouvernemens, les peuples, les individus, et par la crainte que les états coalisés, s'ils étoient victorieux, ne voulussent exercer de cruelles représailles sur les auteurs, même involontaires, de leurs calamités.

Il résulte de l'esquisse rapide qui a précédé, que la cause actuelle des malheurs et des dangers de l'Europe est uniquement la puissance colossale, démesurée, oppressive, l'ambition insatiable, la soif de sang, l'esprit de domination et de conquête d'un seul homme, armé de toute la force de plusieurs peuples, dont il s'est constitué le maître absolu par ses artifices et ses violences, et que le désespoir et la terreur enchaînent encore à ses drapeaux. Une cause antérieure des malheurs publics qu'il est nécessaire de rappeler, afin qu'elle ne puisse plus se reproduire, a été la mollesse, l'inertie, la confiance, la sécurité, la désunion des principales puissances de l'Europe, qui avoient cru la révolution françoise finie, en voyant son ouveau chef adopte è les formes monarchiques

et ceindre la couronne impériale; qui avoient accepté son alliance, égarées par une illusion qui honore le caractère des souverains, qui atteste leur loyauté, et qui leur faisoit trouver, dans la pureté de leurs propres intentions, un motif de croire que le chef des François pourroit vouloir sincèrement la paix, et en observer les conditions avec fidélité. On avoit paru sanctionner, par un assentiment tacite, l'asservissement des petits états et les acquisitions usurpées d'un empire colossal, qui menaçoit d'engloutir le monde. On avoit trop méconnu que les intérêts de tous les membres de la grande famille européenne sont indivisibles. Tous les états avoient successivement cherché leur salut personnel et la tranquillité des peuples dans un système d'isolement et d'égoïsme. C'est ainsi que les malheurs et les dangers sont arrivés à leur comble. Mais, il faut le répéter et s'en bien convaincre, la cause des maux publics est tout entière dans une seule tête, dans une seule volonté, dans un seul homme. Le seul danger imminent et incontestable seroit aujourd'hui de laisser retomber l'Europe sous son joug. A son ambition et à son orgueil, irrités par des revers momentanés, se joindroit l'ardeur de la les nompar vengeance, excitée reuses défections de ceux qu'il appeloit ses

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