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qui l'ont conciu, est entendue en ce sens, S. M. est prête à la donner. Autrement le Roi agira d'accord avec les autres souverains, pour ce qui concerne les opérations militaires ; mais lorsqu'on aura à traiter, soit pendant la guerre, soit après, S. M. traitera en son nom, et ne se croira nullement comprise dans les stipulations faites par les plénipotentiaires des autres puissances, si celui de S. M. n'a point été appelé, sans réserve, aux discussions et négociations, conformément à ce que l'égalité parfaite et absolue inhérente aux gouvernemens indépendans exige, égalité à laquelle pourront renoncer, soit explicitement, soit de fait, des états moins puissans, mais nullement l'Espagne, qui, par son étendue, par sa dignité, par sa force réelle, et par les services éminens qu'elle a rendus, et qu'elle se dispose à rendre encore à la cause commune, ne sauroit point être placée qu'au premier rang.

Après avoir fait cette franche déclaration des intentions du roi, son auguste maître., le soussigné est en droit d'espérer que S. E. M. le comte de Clancarty, plénipontentiaire de la Grande-Bretagne, qui, au nom de sa cour, et conjointement avec LL. EE. MM. les plé. nipotentiaires d'Autriche, de Prusse et de

Russie, fit à l'Espagne la proposition d'accéder au traité d'alliance du 25 mars, voudra bien donner communication de cette note à MM. ses collègues les plénipotentiairesin diqués, et, se concertant avec LL. EE., faire connoître au soussigné, en réponse, la détermination des quatre cours alliées. Si elles acceptent les conditions proposées par le sous-, signé, il est prêt à faire le traité, et si par la non-acceptation S. M. C. est obligée à ne pouvoir pas faire partie de l'alliance, elle n'en sera pas moins disposée à combiner avec les puissances qui l'ont contractée, les opérations de la guerre, aussitôt qu'on lui aura fait connoître le plan de campagne et les mouvemens qu'il seroit possible de concerter entre les armées desdites puisssances et celles de S, M.

Signé GOMEZ LABRADOR.

TOME IX.

36

DERNIERS ACTES

SIGNÉS

PAR JOACHIM MURAT.

No I.

Projet d'une proclamation qui devoit étre adressée aux habitans du royaume de Naples (1).

JOACHIM NAPOLEON, roi des Deux-Siciles, à

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BRAVES NAPOLITAINS,

Votre Joachim vous a été rendu; il est au milieu de vous; ses maux et les vôtres sont finis. En vous annonçant son retour, il ne vous offre pas le pardon; vous ne l'avez jamais offensé : il ne fait que renouveler le serment de vous rendre heureux, sans ajourner, comme Ferdinand, le moment de la vengeance. Je vivois

(1) Murat se proposoit de publier cette proclamation après les premiers succès qu'il espéroit; la date est en blanc dans l'original. L'authenticité de cette pièce et de la suivante paroît indubitable.

dans la retraite, dans un de ces asiles que la noble pauvreté ouvre toujours au malheureux; je n'y prenois pas garde aux poignards des assassins de Marseille; de ces cannibales qui, de tout temps, se sont baignés dans le sang de leurs concitoyens. C'est là que je voulois attendre une époque fortunée pour tenter de nouveau la conquête de mes états, lorsque l'indignation dont me pénétra la lecture de la lettre de Ferdinand au feld-maréchal baron Bianchi, m'en fit sortir. Je ne souffrirai pas qu'il traite de hordes ennemies, cette armée composée de la fleur de toutes les classes de la nation; cette armée de braves dont j'ai été le créateur et le chef; cette armée qui par son courage et sa fidélité, s'est couverte de gloire, et a élevé le peuple de Naples au rang des nations, et dont les désastres n'ont été causés que par les proclamations ennemies qui l'appeloient à la défection, et par le bruit de la mort de son roi. Une barque de pêcheur m'a porté en Corse; j'y ai trouvé l'hospitalité et de l'assistance chez tous les braves qui appartenoient ci-devant à l'armée de Naples; j'y ai perfectionné le plan pour reconquérir mes états, et pour nous venger de nos ennemis communs.

Qui, citoyens et soldats, vous tous qui avez une âme noble et aimant la patrie, vous sentez que l'outrage nous est commun. Un prince qui donne à des soldats Napolitains la qualification de hordes ennemies, injurie toute la nation; il perd ses droits au trône, et Ferdinand a renoncé au sien, en écrivant cette lettre au baron Bianchi.

Réunissez-vous tous avec votre roi pour chasser un prince qui, aussi souvent qu'il a juré de vous pardonner, n'a pensé qu'à se venger. Que cette maison de Casalanza, que Ferdinand vouloit ériger comme un monument de la honte nationale, soit détruite de fond en comble! qu'elle soit remplacée par une colonne dont l'inscription dira : « C'est ici que l'armée nationale, après beaucoup de victoires, écrasée par le nombre de ses ennemis, fut forcée d'accepter la paix »; mais que Fer-i dinand, qui, par cette raison, éleva cet endroit à un fief de l'empire, et qui traita l'armée nationale de hordes ennemies, soit par la nation napolitaine déclaré déchu du trône.

Oui, la nation a été outragée! Quel Napolitain peut désormais se présenter avec orgueil dans la grande société des nations? Aux armes! que la nation se lève ! que quiconque aime l'hon

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