aucune guerre offensive au dehors, sans l'aveu du congrès. Plus les rois se lieront les mains dans toutes les choses qui sont évidemment nuisibles à la félicité de leurs peuples, comme la guerre, plus ils augmenteront et affermiront leur puissance de faire le bien, la seule dont ils doivent être jaloux. Une réunion de savans publicistes et d'habiles jurisconsultes, versés dans la connoissance de l'ancien droit public allemand, et de quelques hommes d'état éclairés, bien pénétrés des vrais besoins de l'Allemagne et de l'Europe, pourroit mûrir les bases et combiner les élémens de la nouvelle Confédération Germanique : on y feroit entrer, comme parties contractantes, l'Autriche, la Bavière, le Wurtemberg, la Saxe, les grands-duchés de Wurtzbourg, de Francfort et de Bade, etc., la Westphalie, dont le territoire fourniroit des indemnités aux princes qui pourroient y avoir des droits, et les Villes Anséatiques. (Celles-ci pourroient faire partie de la confédération du nord, dont il a été fait mention.) Une question délicate et importante, sur laquelle nous ne pouvons rien préjuger, sera celle de savoir, si, pour l'intérêt même de l'Angleterre et du continent, il convient que le roi de la Grande-Bretagne redevienne un des membres du corps germanique, par la réoccupation du Hanovre. V. HOLLANDE. La malheureuse Hollande, qui la première avoit présenté à l'Europe le spectacle imposant et instructif des magiques effets d'une sage économie et des prodiges d'une industrieuse activité, doit reparoître sur le tableau des puissances, comme un état indépendant, sous la protection spéciale de la Russie, de la Prusse et de l'Angleterre, et sous la garantie de la France et du Corps Germanique, qui s'engageront à reconnoître, à respecter et à défendre au besoin son existence politique. VI. SUISSE. L'indépendance et l'intégrité dù territoire de la Confédération Helvétique, qui pourra voir renaître son industrie, ses manufactures, la liberté de son commerce, sa prospérité intérieure, devront être également garanties par l'Autriche, par le Corps Germanique, par la Russie et par la France. VII. ITALIE. L'Italie, si long-temps victime des fureurs des étrangers, qui en faisoient un théâtre de carnage, doit être organisée comme un état fédératif indépendant, sous la protection spéciale de l'Autriche, et sous la garantie du Corps Germanique, de la France, de l'Espagne, de l'Angleterre et de la Russie. Les états particuliers de Naples, de Rome, de la Toscane, de la Ligurie, du Piémont, de la Lombardie, aujourd'hui royaume d'Italie, comprenant l'ancien état de Venise, pourront être réorganisés avec différentes modifications. Comme il convient néanmoins qu'un état fédératif, pour être fortement constitué, ne se compose pas de portions de territoire trop divisées; et comme la nouvelle organisation de l'Europe doit se concilier, autant qu'il est possible, avec la situation présente des choses, en évitant les nouveaux changemens qui ne sont pas absolument nécessaires, il seroit utile de reconnoître et de garantir l'existence actuelle des deux royaumes d'Italie et de Naples. On pourroit même conserver à la tête du royaume d'Italie, dans lequel on comprendroit les villes de Parme et de Plaisance, le jeune prince chargé jusqu'ici de son gouvernement, qui a fait tout le bien que lui a permis son peu d'autorité, qui est étranger au mal qu'il étoit quelquefois obligé de faire, contre sa volonté, en multipliant à l'infini les levées d'hommes, les impôts, les mesures oppressives de finances, de police et de guerre ; qui s'est concilié l'estime, la confiance et l'affection des Italiens par sa modération. Il importera de placer, dans les autres états d'Italie, des souverains capables de faire aimer leur autorit é, de réparer les maux de cette belle contrée, et d'en lier les peuples entre eux par une ligue fédérative, dont les bases soient analogues à celles proposées pour le Corps Germanique. La maison d'Autriche, qui doit rentrer dans. la possession de l'Illyrie, a le plus grand intérêt à traiter l'Italie avec modération et loyauté. Elle en tirera des avantages plus réels, par des relations commerciales bien cimentées, qui assureront la prospérité de Trieste et des provinces Illyriennes, que par une domination directe, dont les avantages seroient douteux et précaires. Il est temps que l'Italie existe par elle-même, et qu'au lieu d'obéir à des maîtres étrangers et éloignés, elle possède sur son territoire ses propres souverains, dont la présence est pour un peuple un moyen essentiel de prospérité. VIII.,ILES IONIENNES. Le sort des iles Ioniennes, ainsi que de Raguse et de Malte, devra être fixé de concert par la Russie, l'Autriche et l'Angleterre, d'après des vues libérales, favorables à la liberté des relations commerciales et à la navigation de la Méditerranée. IX. SERVIE. I importe de faire cesser la guerre prolongée depuis plusieurs années entre les Serviens et les Turcs. Il est digne des puissances alliées d'étendre leurs pensées à toutes les parties de l'Europe, et de généraliser les bienfaits de la paix. X. TURQUIE. La Turquie, qui pourroit devenir plus tard une pomme de discorde, doit être rattachée aux intérêts du continent par les liens de la navigation et du commerce. La politique des cabinets européens doit lui faire apprécier, dans un système de paix immuable, la garantie de son existence et les moyens de faire participer ses peuples aux avantages de la civilisation. On pourroit exiger de la Porte qu'elle fit affranchir la navigation de la Méditerranée des pirateries des puissances barbaresques, et du honteux tribut que leur paient quelques puissances de l'Europe (1). (1) Cette vue politique, qui n'est ici qu'indiquée, la nécessité de faire cesser les pirateries des états barbaresques, est devenue l'objet d'une belle et philanthropique entreprise, conçue et préparée par le célèbre amiral anglois SIDNEY SMITH, et honoré de l'approbation des principaux souverains de l'Europe, qui paroissent devoir concourir à son exécution. Il est temps d'affranchir la navigation de la Méditerranée |