Page images
PDF
EPUB

CHAPITRE VIII

TROISIÈME COALITION

La France exécute ses engagements d'Amiens.

[ocr errors]

Conduite opposée

de l'Angleterre. Mesures prises par le Premier Consul: Tarif de Douanes; Réunion de l'île d'Elbe et du Piémont; Acte de Médiation suisse; Recès de sécularisation. Convocation du Parlement anglais : demande de subsides. Le Rapport du Géné

[ocr errors]

ral Sebastiani. - Première entrevue du Premier Consul et de Lord Whitworth. Nouvelle demande de subsides. Seconde entrevue du Premier Consul et de Lord Whitworth. Ultimatum anglais. Mensonge du Gouvernement anglais au sujet de l'île de Malte. - Rupture de la Paix, le 16 Mai 1803. Avant cette rupture le Gouvernement anglais délivre des lettres de marque contre les bâtiments de commerce français. Représailles du Premier Consul. Politique de l'Angleterre. Politique de la France. — Occupation du Hanovre, de Hambourg et de Naples. Préparatifs de descente en Angleterre. Acte de Défense nationale du Gouvernement britannique. Ordres du Conseil ordonnant le blocus de l'Elbe et du Weser. Efforts des deux Puissances pour gagner la Russie. — Situation de l'Autriche, de la Prusse, de l'Espagne. Napoléon Empereur. Pitt reprend le pouvoir. Ordre du Conseil du 9 Août 1804. Incidents des Galions et de Barcelone. Troisième Coalition. Attitude de Napoléon. Buts des Puissances coalisées.

[blocks in formation]
[ocr errors]

-

[ocr errors][merged small][merged small]

Leurs forces. Traités de sub

Article séparé renfermant le Programme du Congrès de

La courte paix d'Amiens suspendit un instant la grande affaire des Neutres. A la reprise des hostilités elle se présenta aussi formidable, aussi difficile que jamais, et un ensemble de mesures violentes et attentatoires au droit des gens recommença entre la

France et l'Angleterre, mais toujours avec le même caractère d'initiative de la part de celle-ci et de représailles de la part de celle-là.

Il n'entre pas dans le cadre de cette étude de mentionner tous les faits politiques, diplomatiques ou militaires qui marquèrent la période dans laquelle nous entrons. Notre but étant de faire ressortir les attentats commis contre le Droit maritime International, et d'exposer aussi clairement que possible les abus monstrueux des systèmes de guerre employés sur mer et sur terre, il sera nécessaire cependant d'entrer plus avant que nous ne l'avons fait jusqu'ici dans l'étude des faits qui provoquèrent, de part et d'autre, tant de violences et tant de mépris pour les droits des nations maritimes.

Par le traité d'Amiens (27 Mars), la France et l'Angleterre s'étaient engagées à évacuer, l'une le royaume de Naples, l'autre l'Egypte et l'île de Malte La France avait rempli ses engagements; l'Angleterre, sous tous les prétextes, non seulement n'abandonnait pas Malte mais encore complétait par de nouvelles fortifications les défenses de la place.

D'un autre côté le Premier Consul, ne voulant pas que la France fût tributaire de l'Angleterre pour tous les produits coloniaux et industriels, établit, aussitôt après la paix, des tarifs de douane, et les imposa à tous les pays qui se trouvaient dans la sphère d'influence de la France la Hollande, la Suisse, les Républiques italiennes et l'Espagne, réservant ainsi à l'industrie française l'exploitation de ces riches marchés. La paix devenait ainsi pour les Anglais plus onéreuse que la guerre, car, grâce à celle-ci, l'empire de la mer et le monopole du commerce des denrées coloniales leur étaient assurés.

Non content de faire pièce aux Anglais sur ce terrain, Bonaparte réunit l'île d'Elbe à la France, le 26 Août, et le Piémont, le 24 Septembre; il s'occupa des affaires de Suisse, et, imposant sa médiation, fit accepter par les Cantons l'Acte du 11 Février 1803; enfin, sans se soucier même des Puissances les plus intéressées, comme l'Autriche, aux questions qui agitaient l'Allemagne, il procéda à la répartition des indemnités et fit signer, le 25 Février 1803, le Recès de sécularisation.

Le Cabinet anglais, bien décidé à ne pas rendre Malte, mais n'ayant, pour le moment, aucune chance d'organiser une nouvelle coalition, se contenta, en attendant, de convoquer le Parlement le 23 Novembre 1802, et de lui demander « d'adopter les mesures de sûreté les plus capables de conserver la paix, » et un subside nécessaire pour porter à 50,000 le nombre des matelots et à 128,000 hommes la force de l'armée de terre. La discussion qui suivit cette demande fit comprendre que déjà c'en était fait du Traité d'Amiens.

D'autres symptômes vinrent bientôt confirmer cette opinion. L'impression au Moniteur du 30 Janvier 1803 du rapport du Général Sebastiani dans lequel ce Général accusait les Anglais « d'entretenir avec les chefs mamelouks et les officiers de la Porte de secrètes intelligences, de les pousser à la rébellion et de travailler, par tous les moyens possibles, à détacher l'Egypte de la Turquie ; » l'entrevue de Bonaparte avec Lord Whitworth, le 17 Février, dans laquelle il lui déclara qu'

il aimerait mieux voir les Anglais maîtres du faubourg Saint-Antoine que de Malte ;

et que

si la guerre devait éclater, il était résolu de tenter une descente, quelque danger qu'elle offrit, et il ne s'en dissimulait aucun;

l'aveu fait, le 1er Mars, par Lord Hawkesbury au Général Andréossy que son Gouvernement désirait la cession définitive de Malte à l'Angleterre et qu'il était en droit de l'exiger: tous ces faits précédant la nouvelle demande de subsides que le Roi d'Angleterre présenta, le 8 Mars, au Parlement, décidérent le Premier Consul à faire un éclat, persuadé qu'il était que même la cession de Malte ne lui donnerait pas une paix solide et durable. Aussi, le 12 Mars, en présence des Ambassadeurs d'Espagne et de Russie, il dit à Lord Whithworth: « Pourquoi des armements? Contre qui des mesures de précaution?.... Si vous voulez vous battre, je me battrai. Vous pouvez tuer la France, mais jamais l'intimider; » et il donna l'ordre à son Ambassadeur à Londres de demander formellement l'évacuation de l'île de Malte. Lord Whitworth répondit, le 16 Mars, en énumérant tous les accroissements de territoire et de puissance que la France s'était assurés depuis la paix et en déclarant que l'occupation de Malte était la seule compensation possible pour l'Angleterre. Le 26 Avril, il reproduisit la même proposition sous la forme d'un ultimatum et fixa un délai de sept jours pour obtenir satisfaction. Bonaparte chercha à faire. traîner les négociations en longueur et à gagner encore quelques semaines pour permettre au commerce français de se mettre à l'abri des vexations anglaises; mais, le 3 Mai, Lord Whitworth réclama ses passeports. Bonaparte insista et proposa de remettre l'île entre les mains de la Russie. Le Cabinet anglais déclara qu'il consentirait volontiers à confier la garde de l'île à la Russie MAIS QUE CELLE-CI AVAIT

« PreviousContinue »