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des Consulats.

SECTION V

LA GUERRE COMMERCIALE

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Séquestre des marchandises anglaises et coloniales. Mesures de surveillance sur les côtes de la Hollande et de la Baltique. — Décret de Trianon, 5 Août 1810. Détails sur l'application de ce Décret. Les origines permises. Réorganisation du Service Contrecoup en Angleterre. Application du Décret en Europe. Encombrement du Holstein. Décret du 4 Octobre. Encombrement en Suisse. Occupation des cantons suisses-italiens. Occupation du Valais. Décret de Fontainebleau, 19 Octobre. Napoléon se crée de nouvelles difficultés exRéunion à l'Empire des villes Hanséatiques et de Progrès de la Chimie.

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térieures.
l'Oldenbourg.. Difficultés intérieures.

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Budgets.

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Régie des tabacs. Revenus propres du Blocus.

Le Coton. La Betterave. Le Pastel. Etat des Finances. Idées de Napoléon sur l'Emprunt et sur les impôts. — Crise commerciale et industrielle. Aide direct aux manufactures. — Décrets somptuaires. — La manufacture lyonnaise. — Les ouvriers sans travail et la classe indigente. Disette de blé.

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de voitures. Réserves de blé. Naissance du Roi de Rome. Napoléon veut étendre sa puissance continentale. Préparatifs de la guerre de Russie. Traités avec la Prusse, l'Autriche et le Danemark. Chute de Napoléon. Que voulait-il de l'Angle

terre?

Tout en préparant ainsi ses flottes pour de futures batailles maritimes, Napoléon ne cessait de faire la guerre à l'Angleterre sur le Continent.

S'il donnait à des navires chargés de sel l'autorisation conditionnelle d'entrer en Hollande, d'autre part, le 3 Août 1810, il donnait l'ordre de séquestrer les marchandises coloniales qui passeraient en Hanovre; le 6 Août, celles qui passeraient en Westphalic; le 7, celles qui étaient arrivées à Stettin; le 29, celles qui se trouvaient à Francfort, dans les places du Mecklembourg et de l'Oder; le 9 Septem

bre, tous les cotons du Levant arrivés en Italie par une autre voie que celle des provinces illyriennes et de la Bosnie. Le 26 Août, il faisait saisir à Ancône des bâtiments naviguant sous pavillon ottoman; le 2 Septembre, à Trieste, tous les bâtiments fraudeurs, et, le 28, il prescrivait l'établissement d'une triple. ligne de surveillance sur l'Elbe, le Weser, la Yahde, y faisait envoyer des brigades de douaniers et des chaloupes canonnières chargées de garder les embouchures. Il organisait d'ailleurs d'une façon rigoureuse la surveillance des côtes de la Hollande à la Baltique il envoyait un général chargé des rives de la Yahde à Cuxhaven; un autre à Cuxhaven, pour toutes les rives de l'Elbe jusque vis-à-vis Hambourg; la division Morand devait garder la ligne depuis l'Elbe jusqu'à la Baltique, tandis qu'un Général de brigade devait exercer tout le Mecklembourg. Ainsi la contrebande et la navigation anglaise allaient se trouver absolument arrêtées depuis la Hollande jusqu'à la Poméranie suédoise, d'autant plus que Napoléon promettait aux soldats de Davoût une part dans les prises.

Toutes ces mesures de rigueur étaient le complément nécessaire du Décret de Trianon que Napoléon avait rendu le 5 Août de la même année. Ce Décret inaugurait une nouvelle forme donnée au Blocus. Comme nous l'avons montré, la fraude s'exerçait partout. Les Anglais qui supportaient de grandes pertes par suite de l'avilissement des marchandises accumulées dans les entrepôts, et dont les manufactures avaient trouvé, des rivales, particulièrement en France, par suite du blocus et des progrès de la chimie, les Anglais allaient jusqu'à abandonner 40 et même 50 pour cent aux contrebandiers. Néan

moins, malgré leur audace et des infractions inévitables aux ordres donnés, les produits coloniaux se trouvaient grevés de frais énormes à leur arrivée aux lieux de consommation, et les peuples de l'Empire, du royame d'Italie, ceux enfin qui se trouvaient les plus près des regards du maître, payaient d'autant plus cher qu'ils étaient plus rapprochés. Le but principal de Napoléon était d'interdire partout l'arrivée des denrées coloniales; puis, voyant qu'il ne pouvait en interdire l'usage, il voulut diminuer la consommation par la cherté.

Le Décret de Trianon permit l'introduction de certaines denrées coloniales, mais il les greva d'un droit de 50 pour cent ad valorem. Le sucre brut, par exemple, dut payer 30 sous la livre, poids de marc; le café, 40 sous; l'indigo, 4 francs 10 sous; le cacao, 5 francs. L'interdiction se trouva ainsi convertie en une taxe et les douaniers furent chargés de percevoir la prime offerte précédemment aux contrebandiers. La taxe dut être payée à l'entrée ou au passage des frontières, ou même quel que fut le lieu où l'on rencontrât la marchandise; et, sur les points de consommation, si elle ne pouvait prouver qu'elle avait acquitté la taxe, elle était saisie et confisquée.

L'application du Décret de Trianon dut être immédiate tant pour les denrées déposées dans les entrepôts que pour celles qui se trouvaient dans les magasins des négociants. Pour faciliter le payement de la taxe les agents reçurent l'ordre d'accepter des lettres de change de 2 à 6 mois de date, et même une partie des marchandises.

Mais on se ferait une idée fausse de la portée de ce Décret si l'on pensait que, grâce à lui, toute marchandise pouvait arriver sur tout bâtiment dans tous

les ports, quitte à payer la taxe. Comme nous l'avons déjà dit, celle-ci devait s'appliquer aux marchandises déposées dans les entrepôts ou actuellement dans les magasins des négociants, mais encore ces marchandises devaient-elles provenir de ce que Napoléon appelait les origines permises, savoir:

1o Les marchandises provenant des ventes qui suivaient les prises faites par les corsaires ;

2o Celles qu'apportaient les navires à licences; 3o Celles que le trésor mettait en vente après confiscation;

4o Celles enfin qui étaient venues sur des bâtiments neutres vraiment neutres.

En un mot, de quelque manière que les denrées. arrivassent sans violer les lois du blocus elles étaient soumises aux droits.

Les avantages que Napoléon se promettait étaient les suivants : sans rien changer à l'avilissement des denrées anglaises, le trésor s'enrichirait aux dépens de la contrebande: les correspondants des négociants anglais ne pouvant ou ne voulant pas payer les droits fixés par le tarif, et craignant d'ailleurs de voir confisquer leurs denrées, celles-ci seraient chassées du Continent par la cherté et la diminution de la consommation.

Quant aux mesures prises pour l'application du Décret nous en avons déjà signalé quelques-unes et elles se résumaient en des visites soudaines pour constater l'existence et l'origine des denrées, pour leur faire payer les droits ou les confisquer. Des courriers furent envoyés dans tous les pays soumis. ou alliés en Westphalie, en Prusse, en Saxe, dans la Confédération du Rhin, à Naples, en Danemark,

dans l'Ost-Frise, en Russie même, pour y faire adopter le Décret du 5 Août et en provoquer l'exécution simultanée.

Le service des Consulats français fut réorganisé en vue du système commercial; les Consuls reçurent l'ordre de régler leur conduite d'après ce principe que toute marchandise coloniale arrivant sur bâtiment américain ou autre venait évidemment d'Angleterre et devait être confisquée, et de ne délivrer de certificats d'origine qu'aux bâtiments allant en France, car l'Angleterre fabriquait publiquement des papiers faux.

Dans toute l'étendue de l'Empire, dans le royaume d'Italie et dans tous les pays occupés par les troupes françaises, la taxe rapporta de grosses sommes, et d'immenses saisies furent exécutées qui rendirent tout à coup le trésor propriétaire de quantités considérables de marchandises. Ce stock s'accrut des denrées que les négociants donnèrent en payement et que Napoléon consentit à recevoir pour les faire vendre ensuite aux enchères au profit du trésor; encore ne pouvaient-elles être enlevées après la vente qu'après avoir payé la taxe.

Le résultat immédiat du Décret de Trianon fut, tout en enrichissant le Trésor, de causer une grande terreur au commerce interlope; le contre-coup s'en fit sentir immédiatement en Angleterre, et sept cents. bâtiments environ que des vents contraires arrêtaient dans la Baltique ou à l'entrée des Détroits, rebroussèrent chemin, furent pris par les corsaires français, ou retournèrent en Angleterre pour rejeter dans les docks emcombrés les marchandises dont ils étaient chargés.

Les Puissances auxquelles Napoléon s'adressa ac

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