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III. CLASSE.

A N. 411.

* Ecrite un peu aprés la precedente.

C'étoit auparavant la 224 & celle qui étoit la

125. eft prefentement la 259.

digne d'étre honorée de vôtre pre

fence.

LETTRE CXXV. *

Pinien étoit venu à Hippone voir faint Au-
guftin, & comme il aßiftoit à la celebra-
tion des faints Myfteres, le peuple s'éle-
va tout d'un coup, demandant qu'il fût
ordonne Prêtre, & ne voulut jamais le
laiffer aller qu'il n'eût juré de ne point
fortir d'Hippone, & que
s'il prenoit re-
folution d'entrer dans la Clericature, il
ne fe feroit point ordonner ailleurs que
dans cette Eglife. Albine & fes enfans
fe plaignirent de cette violence, à quoy
ils crûrent que ceux d'Hippone ne s'étoient
portez, que dans la veuë d'attacher à
leur Eglife un homme ausi opulent que
Pinien, pretendant au reste que le fer-
ment qu'on luy avoit fait faire par force
n'étoit d'aucune confideration. C'eft fur
cela que faint Auguftin écrit à l'Evêque
Aliye, qui avoit été prefent à tout ce qui
s'étoit paffé, & fur les moyens de faire
ceffer les plaintes & les foupçons que cette
affaire avoit fait naître, aprés quoy i!
parle du ferment de Pinien & de l'o-
bligation qu'il pouvoit avoir de le gar-
der, ce qui luy donne lieu d'établir les

plus beaux principes du monde furlamatiere des fermens.

AUGUSTIN & les freres qui font avec luy, faluënt en JEsus - CHRIST fon trescher & tres-faint frere & Collegue, letres-venerable Seigneur ALIPE, & les freres qui font auprés de luy.

I.

III. CLASSE. A N. 411.

JE

Difpofition

tices mêmes

E ne puis que je ne fois touché de toutes ces clameurs du peuple d'Hippone fi injurieufes à vôtre fainteté, & j'en ay une douleur extrême. Mais nous devons étre encore plus touchez de des Saints ce qu'on peut avoir de nous de tels foup- Sur les injuçons, que de ce qu'on fe donne la liber- qu'on leur té de les faire éclater. Car dés que l'on fait. croit que c'est l'amour de l'argent plûtôt que celuy de la fainteté & de la justice, qui nous porte à vouloir retenir des ferviteurs de Dieu parmy nous, ne vaut-il pas mieux que ceux qui le croyent produifent au dehors ce qu'ils ont dans le cœur, & que par-là ils nous donnent moyen de mettre en ufage tout ce que nous avons de plus fort pour les détromper, que s'ils gardoient au dedans le poifon d'un foupçon injufte, qui feroit capable de leur donner la mort ? De forte que comme nous difions, dés avant

III.

CLASSE. que tout ce bruit arrivât, L'OBLIGATION où nous fommes de fervir d'exemple aux autres, nous doit faire plûtôt fonger à détromper les hommes, quand ils croyent du mal de nous, qu'à les reprimer quand ils difent ce qu'ils en croyent.

A N. 411.

Belle regle

pour les Evêques.

Moderation

2. Ma peine ne fe tourne donc pas contre la fainte Dame Albine; & au lieu definte de luy faire la correction, je croy qu'il reffement de ne faut fonger qu'à la guerir d'un tel Saint Au- foupçon. Car encore que dans la ma guftin. niere dont elle s'en eft expliquée, il n'y ait rien qui aille contre moy perfonnellement, mais feulement contre ceux d'Hippone, qui ont fait voir dans cette occafion, à ce qu'elle pretend, que c'est la cupidité qui les pouffe, & que s'ils ont voulu avoir Pinien parmy eux, c'eft parce qu'il cft riche, & qu'il répand volontiers, plûtôt que pour le voir au nombre des Clercs de cette Eglife, il ne s'en eft rien fallu qu'elle n'ait dit hautement qu'elle en penfoit autant de moy ; & ce n'eft pas elle feule, mais fes faints enfans qui en parlerent de cette forte, dans l'enceinte-même de l'Abfide, a dés le jour

a. C'eft l'enceinte de l'Autel, que nous appelons prefentement le Presbitere ou le Sanctuaire. C'étoit un lieu vouté en coquille, à peu prés de la forme de celuy où eft l'Autel de fainte Genefvieve à Paris. Là

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que le bruit arriva. Je croy donc, com.
me j'ay déja dit, qu'il faut fonger à les AN. 411-
guerir de ces foupçons plûtôt qu'à leur
en faire des reproches. Car fi des per-
fonnes auffi faintes, & qui nous font
auffi cheres que celles-là en peuvent
concevoir contre nous de cette nature,
auprés de qui pourrons-nous étre hors
de foupçon ?

III.

CLASSE.

au

Modera

tion de faint

Quant à vous ce n'eft que la multitude qui a cette opinion de vous, lieu que ceux qui l'ont de moy font des plus grandes lumieres de l'Eglife ; & vous voyez bien lequel des deux eft le plus fâcheux. Mais enfin & à vô- Augustin. tre égard, & au mien, il faut fonger à faire ceffer les foupçons plûtôt qu'à nous en plaindre. Car aprés tout ce font des hommes, & ceux qu'ils foupçonnent ne font que des hommes non plus qu'eux. Ainfi quelque faux que foit ce qu'ils croyent, il n'eft ny impoffible ny incroyable ; & comme ils ne font pas d'affez mauvais fens pour croire que ce foit le peuple qui en veüille à leur argent fur tout aprés avoir veu que celuy de Thagafte n'y a point touché, car cela les étoit le trône Epifcopal, où l'on montoit par que'ques degrez, & où il y avoit affez d'efpace pour contenir a outre l'Evêque du lieu,ceux qui venoient de dehors pour celebrer avec luy.

,

doit mettre en repos fur celuy d'Hippone, tous ces foupçons tombent furle Clergé, & particulierement fur les Evêques que l'on voit à la tête, & qui paffent pour étre les maîtres du bien de l'Eglife, & pour en difpofer à leur gré. Qu'il ne foit donc pas dit, mon cher Alipe, que nous ayons contribué à infpirer aux foibles une cupidité fi pernicicufe & fi mortelle. Souvenez-vous de l'entretien que nous eûmes ensemble avant ce fcandale arrivé, qui rend ce que nous disions encore plus neceffaire. Attachonsnous donc par deffus toutes chofes ày mettre ordre, avec la grace du Seigneur; & voyons entre nous ce que nous avons à faire pour cela, fans nous contenter du témoignage de nôtre confcience, l'affaire étant d'une nature à ne devoir. pas nous en tenir là. Car sI Nous ne fommes pas de ces mauvais ferviteurs que Dieu rejette, & s'il y a dans nos cœurs quelque étincelle de cette charité qui ne cherche point fes propres interefts, nous devons avoir foin que ce que nous faifons foit bon, non feulement devant Dieu, mais encore devant les hommes; autrement nous ne pourrions nous garantir du reproche de ne nous étre pas fouciez de troubler l'eau de

III. CLASSE.

A N. 411.

Que ceux qui font en charge dans l'Eglife doi

vent avoir

foin de leur reputation.

Rom. 12.

17.

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