de l'autre c'est une violence qu'elle fouffre; mais non pas une tache qui la foüille. Car LA PURETE' du cœur eft d'une figrande vertu, que tant qu'elle demeure en fon entier, tout ce que la violence peut fur le corps ne donne point d'atteinte à la chafteté Vous trouverez peutétre cette lettre courte, à en juger par rapport à ce que vous defiriez de moy, mais elle est fort longue par rapport à mes occupations, & au peu de loifir que m'a donné celuy qui la doit porter. Que vôtre charité s'en contente donc : le Seigneur vous fera trouver dans fes Ecritures des confolations plus abondantes, fi vous les lifez avec tout le foin & toute l'application qu'on y doit apporter. LETTRE CXII. * à Saint Auguftin exhorte Donat, qui fortoit 11. CLASSE. AN. 409 I. Ο UELQUE defir que j'cuffe de vous voir, pendant que vous étiez en charge, je n'ay pû y parvenir non pas même dans le temps que vous vinstes à Tibily, & je croy que Dieu l'a permis, afin que je pûffe jouir de vous plus à mon aife lorfque vousauriez l'efprit débarraffé des foins des affaires publiques. Car dans le temps que j'avois deffein de vous rendre cette vifite, j'étois de mon côté affez de loifir, mais vous étiez fi occupé que nous n'aurions pû jouir l'un de l'autre comme nous defirions. Pour moy quand je rappelle le fouvenir de ce qu'on a vû en vous, dés vôtre premiere jeuneffe, d'honnêteté, de pureté & de droiture, je croy que vôtre cœur eft de ceux qui font propres à recevoir une effufion abondante de l'efprit de Jesus-Chrift; qui vous fera rapporter des fruits encore plus capables de vous produire dans le Ciel une gloire immortelle, que de vous attirer fur la terre des louanges & des acclamations paffageres. 2. Car de tous ceux que j'ay entendu parler fur la maniere dont vous vous étes conduit dans les fonctions de vô-tre charge, ou à qui j'en ay demandé des nouvelles, il n'y en a pas un qui n'en ait parlé avec éloge, comme de ce qu'on a jamais vû de plus ferme & de plus pur en ce genre-là. J'ay trouvé tout le monde parfaitement d'accord fur cela; & j'ay eu d'autant plus fujet de faire fond fur ce qu'on m'en a dit, que l'amitié qui eft entre nous n'étoit point connue de ceux qui me parloient fi avantageusement de vous, & qu'ils ne fçavoient pas même que je vous connuffe le moins du monde. Ainfi je ne puis douter. que ce ne foit la verité qui les ait fait parler, & non pas la complaifance. Car LES LOUANGES ne font jamais moins fufpectes que lorsqu'on pourroit blâmer les perfonnes qu'on louë, fans craindre de déplaire à ceux à qui l'on parle. QUE I I. CLASSE. Belles re gles pour bien juger Mais vous fçavez,mon tres-cher & treshonoré frere, & il ne faut tout au plus que vous en faire fouvenir, que sI QUELchofe nous donne de la joye dans cette approbation des hommes, ce ne doit pas étre de voir qu'ils approuvent ce que nous avons fait, mais d'avoir mes. fujet de croire que nous avons fait ce qu'il falloit faire. Car LE PRIX des bonnes actions vient d'elles-mêmes, & non pas de ce qu'en peuvent dire les hommes, dont l'efprit n'est que tenebres; & QUAND il leur arrive d'improuver ce II. CLASSE. & par qui eft bien, ce font eux qui font diAN. 409. gnes de compaffion, & non pas celuy qui eft condamné pour avoir bien fait'; la même raison, LORSQUE Ce que nous faifons de bien cft approuvé, & nous attire les louanges des hommes, le prix de nos bonnes actions n'augmente pas pour cela; puifqu'il dépend uniquement du fond de la verité ; & qu'il ne fubfifte que fur le témoignage de la bonne confcience. Ainfi quand les hommes jugent bien, c'est à eux-mêmes, plûtôt qu'à celuy dont ils jugent, que leur jugement eft avantageux. 3. Comme il n'y a rien dans ce que je viens de vous dire qui ne vous foit parfaitement connu, il ne me refte, mon cher frere, qu'à vous conjurer de tourner tous vos regards fur Jefus-Christ, comme vous avez commencé, & de les tenir fortement & uniquement arrêtez fur luy. Dépouillez-vous de tout le fafte de la vanité humaine, pour vous élever vers ce divin Sauveur qui porte, non à une grandeur trompeufe & apparente, mais au faifte d'une grandeur toute angelique & toute celefte, ceux qui fe convertiffent à luy, & qui les Y fait arriver par les démarches feures & folides d'une veritable foy. Je vous conjure par ce même Jefus-Chrift de me faire réponse, & de travailler dans un efprit de douceur & de charité, à faire rentrer dans la communion de l'Eglife Catholique tous ceux qui dépendent de vous dans le territoire de Sinit & d'Hippone. Je fçay que vous y avez fait revenir vôtre pere, & qu'en cela vous étes devenu le fien. Permettezmoy de le faluër icy, & de luy rendre ce que je dois à un homme de fa confideration & de fon merite. Venez nous voir, je vous en conjure: je ne le fouhaite qu'afin de vous pouvoir donner lieu de mettre tout ce que vous avez icy en meilleur état par rapport à Dieu; & cela doit excufer la liberté que je prends de vous faire cette priere. Que la mifericorde de Dieu vous tienne fous fes aîles, & qu'elle vous préserve de tour ce qui luy peut déplaire. II. CLASSE. AN. 409. |