par le foin fi particulier qu'il a pris de vous conduire & de vous gouverner, AN. 409. vous ayez fujet de le remercier auffi de ce qu'il aura fait en nous. C'est ce que j'efpere, fi vous voulez bien achever par le fecours de vos prieres, ce que vôtre feul exemple a déja fait en moy, en m'infpirant le defir d'étre tel que vous étes. II. CLASSF. Vous voyez ce que produit le bien qui eft en vous; & combien il nous est utile que vous foyez fi bon: combien yous nous portez à l'amour du prochain, qui eft le degré par où on s'éleve à l'amour de Dieu, en forte que quand on eft parvenu à l'un,il n'y a plus qu'un pas à faire pour arriver à l'autre Car l'un & l'autre fe tiennent: on eft, pour ainfi dire, fur le bord de l'amour de Dieu quand on aime le prochain, & l'on en eft fi prés, qu'on reffent déja les ardeurs de Pun auffi bien que de l'autre ; & à mcfure que nous fommes plus embrafez & plus purifiez par l'amour du prochain, nous defirons d'autant plus d'étre embrafez du feu encore plus pur & plus noble de l'amour de Dieu, dans lequel nous n'avons point de mesure marquée comme dans celuy du prochain; LA MESURE de celuylà étant d'aimer fans mesure. Ainfi bien II. CLASSE. A N. 409. loin de craindre de trop aimer nôtre di- 3. Ce que vous venez de lire vous marquera la joye qu'a produite en moy l'heureux loifir que j'ay goûté dans cette maison des champs où je fuis, & qui m'ayant donné moyen de jouïr de vous tout à mon aife, a diffipé tous mes chagrins par les charmes d'une occupation fi douce. J'en étois-là de cette lettre, quand j'ay vû finir cette même joye par l'arrivée de ce vénerable Evêque, qui a bien voulu me venir vifiter; & ce qu'il y a de plus admirable, c'eft qu'il arriva le même jour que je l'avois écrite. D'où vient donc, ô mon ame, qu'une telle joye fe diffipe fi aifément ? C'est fans doute que ce qui la caufe, quelque bon & quelque honnête qu'il foit, n'est qu'un bien particulier, & n'eft point d'une utilité affez étenduë, puifqu'il fe termine à moy-feul. Songeons donc à nous unir au bien general & univerfel; & pour cela travaillons à devenir de jour en jourplus purs,& plus capables de cette union, autant que nos pechez nous permettront de nous rendre maîtres de cette partie de matiere à quoy nous fom mes attachez, & qui fait une portion de nous-mêmes. › Voila une grande lettre non par rapport à vôtre grandeur, mais par rapport à ma petiteffe. Je voudrois bien neanmoins qu'elle pût m'en attirer une de vous qui fût proportionnée, non à ma petiteffe, mais à vôtre Grandeur. Quelque longue qu'elle puiffe étre, elle fera courte pour moy, qui trouve court tout le temps que je mets à lire ce qui vient de vous. Marquez-moy le lieu & le temps où je vous iray trouver pour l'affaire pour laquelle vous m'avez témoigné le defirer. Je ne manqueray pas de m'y rendre, fi l'affaire eft encore en même état, & que vous n'ayez point changé d'avis. Mais quand les chofes auroient changé, ne m'empéchez point de fuivre l'ébranlement où m'a mis la propofition de vous aller trouver; car c'eft la feule chofe qui m'ait paru preferable au bonheur que je goûtois. Je faluë en Jesus-Chrift tous les freres qui fervent ce divin Sauveur avec vous, & je defire fort de les voir, &Q II. CLASSE. AN. 409. * Ecrite l'an 499 C'étoit auparavant la 135 & celle qui étoit la 10. eft prefentement la 213. * On a vû qui étoit ce Severe par une note fur le titre de la lettre 62. paremment *C'eft apce même Ti mothée fur le fujet duquel il y avoit et quelque forte de difpute LETTRE C X. * Saint Auguftin fe plaint à Severe, mais d'une maniere douce & obligeante, des grandes louanges que Severe luy avoit données dans la lettre precedente, & le prie de trouver bon qu'il achevât les ouvrages à quoy il travailloit actuellement, plutôt que de les interrompre pour faire ce que Severe fouhaitoit de luy. AUGUSTIN, & les freres qui font avec luy, faluë en JESUS-CHRIST fon tres - cher, & tres - aimable fiere & Collegue, le tres-venerable Seigneur SEVERE,& les freres qui font avec luy. LA A lettre que vous a portée de moy mon tres-cher fils & Collegue dans le Diaconat Timothée, * étoit déja entre fes mains, & luy prêt à partir, lors que nos chers enfans Quodvultdeus & Gaudence arriverent icy avec des lettres pour moy de vôtre part; & fi Timothée ne vous en a pas porté la réponse, c'est parce qu'il n'a par les lettres refté que tres-peu de temps avec nous depuis l'arrivée des autres, & qu'il n'y a été que comme devant partir de mo entre faint Auguftin & me il paroît Severe com & 63. I. ment en moment. Mais quand je vous aurois fait reponse par luy, je ferois en- AN. 409. core vôtre redevable, puifque je le feray même encore aprés que je me feray acquité de cette réponse que je vous fais Et ce qui fait que je le feray, ce. n'eft pas feulement la charité qui eft une forte de dette dont nous fommes d'autant plus tenus que nous avons plus de foin de nous en acquiter; enforte que nous ne ceffons jamais d'en étre rede-. vables les uns aux autres, comme l'Apôtre nous l'apprend lorsqu'il dit, Ne demeurez redevables envers perfonne que de la charité que vous vous devez reciproquement; mais c'est cette lettre même à quoy je fais réponse. Car quand pourrois-je étre quitte envers vous fur. tout ce que vous y dites de doux pour moy, & fur l'ardeur qu'elle fait voir que vous avez pour tout ce qui vient de moy? Elle m'étoit déja connuë, & vôtre lettre ne m'apprend rien de nouveau fur ce fujet, mais elle exige encore de moy de nouveaux écrits. Rom. 13. 8. 2. Ce que je vous dis que cette lettre me charge envers vous de dettes dont je me trouve hors d'état de m'acquiter, vous furprendra peut-être, & d'autant plus que vous avez meilleure II. CLASSE. |