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compléter leur cœuvre, les plénipotentiaires jugèrent bon de faire rentrer dans le droit international certains principes contestés ou méconnus. Ils déclarèrent donc la course abolie. Ils posèrent comme invariable règle: 1° que le pavillon neutre couvre la marchandise ennemie, à l'exception de la contrebande de guerre ; 2° que la marchandise neutre, à l'exception de la contrebande de guerre, n'est pas saisissable sous pavillon ennemi. Ils proclamèrent enfin que les blocus, pour être obligatoires, doivent être effectifs. Jusque-là rien n'était plus louable ni plus correct. Voici qui le fut moins. - Pendant les conférences, M. de Cavour était demeuré silencieux. Une seule fois, il avait pris la parole à propos des Principautés danubiennes. Cette réserve voilait une activité et des démarches incessantes. Au nom des vingt-huit Sardes tués au combat de Traktir, le ministre piémontais jugeait naturel que les meilleurs profits de la guerre fussent attribués à son pays. Comme le congrès ne s'écartait pas assez vite de son programme, il avait consigné, dans une note du 27 mars aux représentants de France et d'Angleterre, les doléances de ses compatriotes. Il dénonçait les vues du gouvernement pontifical, s'élevait contre les occupations autrichiennes, critiquait surtout le régime des Légations et demandait qu'elles fussent pourvues d'institutions autonomes. En dépit de cette invitation directe, le traité fut signé sans que le nom de l'Italie eût été prononcé. Mais les amis de la Sardaigne reprirent courage quand, à la séance du 8 avril, M. Walewski engagea ses collègues à échanger leurs idées sur divers sujets. Le président du congrès commença par parler de la Grèce et finit en flétrissant les excès de la presse belge. Entre les deux et comme sous forme incidente, il signala la condition anormale des États romains, émit un vœu en faveur d'une prochaine évacuation par les troupes françaises et autrichiennes, se livra enfin à une assez longue critique du gouvernement napolitain. Ce que M. Walewski venait de dire sous une forme modérée et en revendiquant même pour l'Empereur le titre de fils aîné de l'Église, lord Clarendon le répéta sous forme de réquisitoire. Cette incursion dans un domaine si imprévu avait de quoi surprendre.

Que deviendrait l'indépendance des États si leur régime intérieur pouvait être débattu sans qu'ils fussent représentés? Ces sortes d'intervention, si elles se tranformaient en coutume, ne seraient-elles pas fatales aux faibles toujours soumis aux remontrances comminatoires des forts réunis en congrès? Le comte Orlof se récusa, objectant l'absence d'instructions. Le comte Buol fit de même, se contint d'abord, puis éclata. M. de Manteuffel, voyant qu'il était permis de parler de tout, se mit à signaler l'état de la principauté de Neufchâtel qui tenait fort à cœur à son maître. Le Turc, à qui le Pape importait peu, garda le silence comme à l'ordinaire. Quant à M. de Cavour, il eût trompé l'attente générale s'il n'eût repris en les accentuant les griefs déjà développés. Il se garda bien d'y manquer, en sorte. que l'acte d'accusation fut complet. Le 16 avril, un second memorandum du ministre sarde invita de nouveau les cabinets de Paris et de Londres à pourvoir à l'état de l'Italie.

Ce serait anticiper sur l'avenir que de raconter ce qui suivit; ce serait exagérer la portée de l'incident que de lui attribuer des conséquences décisives et surtout immédiates. Officiellement, rien ne fut changé dans la Péninsule; les notes sardes des 27 mars et 16 avril demeurèrent même sans réponse. En fait, la Sardaigne avait gagné de puissants protecteurs : c'étaient la plupart des hommes d'État anglais, amis des nouveautés par haine du papisme et goût du désordre chez les autres : c'était le prince Napoléon : c'était, avec plus de réserve, l'Empereur lui-même. La question italienne avait été solennellement posée, posée en dépit de l'Autriche, posée dans la plus grave des assemblées, posée sous les auspices de Napoléon III. Autour de lui et jusqu'aux Tuileries même, M. de Cavour avait entendu murmurer: Il faut faire quelque chose pour l'Italie. Que serait ce quelque chose? Dans l'áme méditative de l'Empereur, cette pensée allait germer, grandir, se développer à travers toutes sortes d'influences contraires, devenir dominante au point d'absorber tout le reste, y compris le souci de la patrie française. Dès lors, adieu la prudence, adieu la modération des premiers jours, adieu le rêve de cette politique nationale qui aurait pu être le fruit, le fruit glorieux de la guerre de Crimée et le meil

leur que la France pût cueillir. Une idée fixe obsédera l'âme du souverain et mêlera un élément de confusion même à ses plus honnétes, à ses plus patriotique desseins. Désormais, et sauf quelques éclaircies de bon sens, l'histoire extérieure du second Empire pourra se résumer en ces mots du chancelier Oxenstiern à son fils « Mon fils, vous serez étonné de voir avec com« bien peu de sagesse le monde est gouverné "

T. I.

FIN DU TOME PREMIER.

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Com-

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Le plus urgent est de régler

le sort des vaincus du coup d'Etat. Les Représentants arrêtés : décret
du 9 janvier 1852 trois catégories. Nombre immense de prisonniers à
Paris et dans les départements.
Leur nombre embarrasse le gouvernement
Paris : mesures adoptées.

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:

lui-même.
Départements création des
Commissions mixtes: fonctionnement de ces Commissions leurs décisions.
— Missions extraordinaires du général Canrobert, de M. Quentin-Bauchart,
du colonel Espinasse. Rapport de M. Espinasse et prétendue impopularité
de la clémence. Nombreuses grâces collectives accordées par Louis-Napo-
léon en 1852 et en 1853...

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III. LA CONSTITUTION.

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Le

Comment elle est empruntée à l'époque consulaire.
Le pouvoir exécutif : extraordinaire étendue de ses attributions.
Corps législatif son rôle de quelle façon il est subordonné au Conseil
d'Etat. Le Sénat nature de ses fonctions: il ne participe directe-
ment ni au pouvoir exécutif, ni au pouvoir législatif, ni au pouvoir judiciaire :
hautes et nombreuses attributions dont il est revêtu.
les exercer ou les laissera-t-il tomber en désuétude?
de la Constitution. OEuvre plus théorique que pratique.
Obscurités. Mécanisme plus ingénieux que résistant.
pourtant pas le pouvoir absolu.

gnée »....

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Subtilités.
Elle n'organise

La liberté est « momentanément éloi-
24
Mesures de compression contre
les républicains et socialistes: Associations ouvrières : Débits de boissons :

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