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La Providence et le Desțin, par M. Ballanche.

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Correspondance particulière.

Le Repas Pascal ou le Benit. Tableau de mœurs polonaises, par L. P.

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Coup d'œil sur Wilna. Administration, Commerce, Industrie, etc.

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La Mongolie et la Chine en 1830, par Kowalewski.
Deuxième Compte rendu de la Société polonaise des études
établie à Paris

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Des femmes et des mariages en Russie. Tableau de Mœurs, 356 par L. P.

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ATHENEUM
PROVIDENGE ET BESTIN.

Lorsque, il y a trois mois, j'insérai dans le Polonais quelques mots sur la Providence et le Destin, je craignais que, d'après la marche naturelle des choses et la direction des événemens, la funeste puissance du Destin ne tendît à se résumer, pour l'Europe, dans un homme de l'Asie, et que cet homme ne fût le czar de Russie.

Heureusement nous sommes très éloignés du moment où une telle personnification pourrait se produire; et nul homme, à présent, n'aurait assez de valeur par lui-même, ni assez de force par sa situation, pour dominer sur le monde par un principe.

La France est donc restée à la tête des destinées de l'Europe continentale. Sa mission d'avenir est si énergiquement providentielle, que, malgré ses fautes et ses passions, elle ne saurait être, de sitôt, dépouillée de cette mission divine.

Le Polonais a raison de s'intituler, dès aujourd'hui, Journal des intérêts de l'Europe; car c'est ce qu'il y a de vivant au fond du tombeau de la noble nation polonaise, qui continue de refouler en Asie l'influence russe.

Au lieu donc d'achever l'article la Providence et le Destin, je crois devoir signaler la loi historique, c'est-à-dire la loi qui gouverne les sociétés humaines, à mesure que les faits se produisent sur le théâtre de l'histoire.

Les affaires humaines, nous le savons, ne sont point livrées aux contingences du hasard : les faits du monde intellectuel et moral, comme les faits du monde physique, TOME V. JUILLET 1835.

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sont dirigés par des lois, et des lois également irréfragables.

Ces lois, pour le monde intellectuel et moral, reposent dans l'harmonie de la Providence divine et de la liberté humaine.

C'est l'ensemble de ces lois qui sert de fondement à la loi historique.

Si la loi historique eût pu se développer sous la Restauration, elle aurait pacifiquement conquis l'Europe.

Mais il est arrivé que la liberté humaine a réagi avec violence, tant du côté du pouvoir que du côté du peuple. Le résultat de la lutte a été la révolution de 1830.

Un nouveau pouvoir a succédé au pouvoir vaincu. Il y a eu interrègue dans la loi historique.

La liberté humaine, pour le peuple victorieux, s'étant ainsi trouvée subitement affranchie de la loi historique, n'a plus connu ses véritables limites.

De là, pour le pouvoir, la nécessité d'une dictature. Or toute dictature est temporaire.

Mais le pouvoir', dès qu'il est parvenu à assurer son existence, a pu rentrer dans sa liberté. Alors, pour lui finit la dictature, et commence la responsabilité de ses actes.

La question maintenant est de savoir s'il reprendra librement le joug de la loi historique, et s'il le fera librement accepter au peuple.

Et la loi historique est l'accord de la Providence divine et de la liberté humaine; en d'autres termes, elle est le christianisme se développant au sein de la sphère civile et politique.

Si je ne parle ici que de la France, c'est parce que la France est initiatrice à l'égard de l'Europe.

Si le peu de paroles que je viens de dire ont pu trouver place dans le Polonais, c'est parce qu'il est devenu le Journal des intérêts de l'Europe. BALLANCHE.

L'EUROPE EN 1835 (1).

Sans la liberté, sans la paix de l'Italie, il n'est pour les peuples qui l'environnent ni complète liberté, ni paix honorable. Depuis les temps les plus reculés, des liens multipliés l'ont unie avec l'élite du genre humain : la religion, le génie, la langue, les arts, les relations commerciales, les armes, les souvenirs, sa position topographique et sa forme même, tous ces liens ne sont pas rompus, et la uature défend même qu'ils le soient jamais. Or, si les intérêts de l'Italie sont absolument inséparables de ceux de l'Europe, il est bon, je crois, à propos des malheurs et des espérances de l'Italie, de parler sommairement des malheurs et des espérances de la grande famille.

A mesure que les haines s'attiédissent, il semble que le doute s'élève avec plus de force dans les âmes; la guerre a passé de la matière à l'esprit; chaque homme se sent divisé de ses frères, parce que la division est dans le fond de son cœur : tous fuient un léthargique repos; et le bien qu'ils ne connaissent pas, ils le cherchent dans le changement, pour cela seul que c'est le changement; ils le cherchent soupçonneux, impatiens, enflammés d'un amour en courroux et d'un sombre courage; ils le cherchent sans s'inquiéter du chemin le plus sûr pour y arriver; ils le croient toujours tout proche, se précipitent à sa rencontre, et ne sentant dans de passagères satisfactions qu'un désir impuissant, ils s'irritent et ne savent plus où se prendre.

Voyez la France, cette France si enviée et si redoutée: incertaine du présent, soucieuse de l'avenir; rien de fortement arrêté : tantôt une langueur maladive, tantôt un em

(1) Cet article, sorti de la plume d'un écrivain italien distingué, et que nous allons donner presque en entier, sans nous rendre cependant solidaire de toutes ses opinions, sert d'introduction à un ouvrage intitulé: Dell'Italia, qui est sur le point de paraître.

(Note du R.)

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portement furieux; aujourd'hui, la prudence craintive d'un vieillard, demain la nouveauté poursuivie avec une puérile convoitise. Voyez dans l'apparente inertie des choses, les idées précipiter leur marche, se dévorer l'une l'autre, et se confondre là où elles paraissent le plus opposées; la république dans beaucoup de têtes, ressembler à la tyrannie, et la monarchie s'incliner en pente vers la république; les illusions se succéder et s'évanouir comme l'éclair, sans laisser la moindre trace de leur existence dans les esprits; les plus terribles problèmes que la providence ait jamais offerts à la nature humaine, mal posés et plus mal résolus; les pensées, les espérances, les besoins des autres peuples, sourdement accueillis par des voies occultes, éclater en France, comme par un cratère ouvert, et se répandre sur toute l'Europe en noire fumée ou en flamme menaçante.

Voyez en Espagne la guerre s'allumer entre des hommes dévoués à un ordre de choses vieilli, et d'autres à de trop jeunes espérances; voyez un oncle disputer le trône à sa nièce encore balbutiant, et se cacher derrière l'épée de ses partisans; voyez dans les conflits du plus petit nombre contre le plus grand les garanties des droits populaires, refusées aux uns au nom de la liberté, imposées aux autres comme un châtiment, prêchées à tous avec les armes, incendies et les rapines; et tant de volontés, tant d'idées se repoussant les unes les autres, venir se confondre et se perdre dans le faible esprit d'une jeune femme.

les

Voici le Portugal entre les mains d'un enfant (car les trônes de l'Europe sont aujourd'hui presque tous encombrés par l'enfance ou par la vieillesse): le voici qui espère trouver la paix dans la lassitude des discordes, et la liberté dans les arbitres de quelques hommes, tandis que la liberté de ce pays ressemble au crépuscule, non pas d'un jour qui se lève, mais d'un jour qui s'éteint. Un trône environné d'une cour rampante, de ministres timides ou vains, ou insoucieux: nul soin du peuple, pas plus que si le peuple n'é

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