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DES

ÉVÉNEMENS DE PARIS.

Depuis quelques jours les bruits de coups d'état s'étaient évanouis; les députés recevaient leurs lettres closes pour l'ouverture des Chambres, et tout annonçait un changement de ministère. Une impatiente curiosité régnait dans le public et une inquiétude vague se manifestait à la Cour. La réception du dimanche 25 juillet fut triste; des nouvelles contradictoires circulaient, et l'on se demandait tout bas : Que faut-il croire ? Que faut-il craindre ? M. de Vitrolles était rayonnant, et disait d'un air mystérieux: Il y aura quelque chose. M. de Montbel était sérieux et répondait : Je reste...

Les journaux de ce jour et ceux du lendemain étaient dans une sécurité parfaite, et rien enfin n'annonçait la résolution désastreuse et

insensée prise par le gouvernement, quand tout-à-coup le Moniteur et le Bulletin des Lois du lundi 26 jetèrent parmi nous les ordonnances liberticides qui devaient à la fois débarrasser la France des hommes stupides que lui avaient imposés les étrangers, et lui offrir l'occasion de conquérir glorieusement une sage et durable indépendance.

Voici le texte de cette œuvre de déraison, de mauvaise foi et de parjure.

RAPPORT AU ROI.

SIRE,

Vos ministres seraient peu dignes de la confiance dont votre Majesté les honore, s'ils tar— daient plus long-temps à placer sous vos yeux un aperçu de notre situation intérieure, et à signaler à votre haute sagesse les dangers de la presse périodique.

A aucune époque, depuis quinze années, cette situation ne s'était présentée sous un

aspect plus grave et plus affligeant. Malgré une prospérité matérielle dont nos annales n'avaient jamais offert d'exemple, des signes de désorganisation et des symptômes d'anarchie se manifestent sur presque tous les points du royaume.

Les causes successives qui ont concouru à affaiblir les ressorts du gouvernement monarchique, tendent aujourd'hui à en altérer et à en changer la nature: déchue de sa force morale, l'autorité, soit dans la capitale, soit dans les provinces, ne lutte plus qu'avec désavantage contre les factions; des doctrines pernicieuses et subversives, hautement professées, se répandent et se propagent dans toutes les classes de la population; des inquiétudes trop généralement accréditées agitent les esprits et tourmentent la société. De toutes parts on demande au présent des gages de sécurité pour l'avenir.

Une malveillance active, ardente, infatigable, travaille à ruiner tous les fondemens de l'ordre et à ravir à la France le bonheur dont elle jouit sous le sceptre de ses rois. Habile à exploiter tous les mécontentemens et à soulever toutes les haines, elle fomente, parmi

les peuples, un esprit de défiance et d'hostilité envers le pouvoir, et cherche à semer partout des germes de troubles et de guerre civile.

Et déjà, Sire, des événemens récens ont prouvé que les passions politiques contenues jusqu'ici dans les sommités de la société, commencent à en pénétrer les profondeurs et à émouvoir les masses populaires. Ils ont prouvé aussi que ces masses ne s'ébranleraient pas toujours sans danger pour ceux-là même qui s'efforcent de les arracher au repos.

Une multitude de faits, recueillis dans le cours des opérations électorales, confirment ces données, et nous offriraient le présage trop certain de nouvelles commotions, s'il n'était au pouvoir de Votre Majesté d'en détourner le malheur.

Partout aussi, si l'on observe avec attention, existe un besoin d'ordre, de force et de permanence, et les agitations qui y semblent le plus contraires n'en sont en réalité que l'expression et le témoignage.

Il faut bien le reconnaître: ces agitations qui ne peuvent s'accroître sans de grands périls, sont presque exclusivement produites et ex

citées par la liberté de la presse. Une loi sur les élections, non moins féconde en désordres, a sans doute concouru à les entretenir; mais ce serait nier l'évidence que de ne pas voir dans les journaux le principal foyer d'une corruption dont les progrès sont chaque jour plus sensibles, et la première source des calamités qui menacent le royaume.

L'expérience, Sire, parle plus hautement que les théories. Des hommes éclairés sans doute, et dont la bonne foi d'ailleurs n'est pas sus→ pecte, entraînés par l'exemple mal compris d'un peuple voisin, ont pu croire que les avantages de la presse périodique en balanceraient les inconvéniens, et que ses excès se neutraliseraient des excès contraires. Il n'en a par pas été ainsi, l'épreuve est décisive, et la question est maintenant jugée dans la conscience publique.

A toutes les époques, en effet, la presse périodique n'a été, et il est dans sa nature de n'être qu'un instrument de désordre et de sédition.

Que de preuves nombreuses et irrécusables à apporter à l'appui de cette vérité! C'est par l'action violente et non interrompue de la

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