Page images
PDF
EPUB

semblable à celle des matières animales, fournit du carbonate d'ammoniaque et une huile rouge pourpre, mais presque pas de gaz.

8o. Après avoir éprouvé ainsi l'action de la chaleur, elle ne se dissout plus dans les acides ni dans les alcalis: elle est réduite à l'état charbonneux. Comme cette matière ne change pas sensiblement de volume dans cette opération, elle doit contenir beaucoup de charbon.

9°. Cette matière étant par elle-même insoluble dans l'eau, il faut que dans le sang il y ait quelque substance qui en opère la dissolution; c'est probablement de l'alcali, car il n'en faut qu'une très-petite quantité pour dissoudre cette matière.

Cependant, comme la couleur du sang se dépose à la longue du lavage de son caillot, il semblerait qu'elle n'y serait qu'en suspension.

10°. La dissolution du principe colorant du sang dans l'acide nitrique étendu d'eau, n'éprouve pas de changement dans sa couleur : le nitrate d'argent ne la trouble pas; mais l'acétate de plomb y forme un précipité brun, ⚫ et la décolore entièrement.

11°. Le caillot de sang qui a bouilli plusieurs fois avec l'acide sulfurique, se dissout entièrement dans une petite quantité de potasse, d'où l'acide muriatique la précipite entièrement, à moins qu'on ne mette un excès de ce dernier : alors la solution conserve une couleur rouge.

12°. Quand, par des lavages réitérés à l'eau froide, on a enlevé de la masse du sang la plus grande partie de l'acide sulfurique, le résidu se dissout abondamment dans l'eau chaude; mais la dissolution qui en résulte

n'a pas une couleur rouge : elle est, au contraire, brune.

13°. L'albumine du sang qui contient de la matière colorante, la dépose par le repos au bout d'un certain temps, et la liqueur devient jaune-verdâtre. Mais si cette matière colorante reste dans l'albumine jusqu'au moment où celle-ci commence à se décomposer, elle se redissout, et la liqueur reprend une couleur écarlate, parce que l'ammoniaque qui se développe par la putréfaction produit cet effet, et la dissolution qui est rouge devient écarlate en se mêlant à l'albumine qui est jaunâtre.

14°. Si sur l'albumine de boeuf on verse 2 parties d'alcool froid, et qu'après avoir filtré la liqueur et égoutté le coagulum on le fait bouillir avec 7 à 8 parties de nouvel alcool, celui-ci se colore en beau jaune de citron ; enfin, si l'on réitère trois ou quatre fois la même opération, l'alcool cesse de se colorer, et l'albumine devient blanche.

L'alcool évaporé dans une cornue, laisse une huile grasse, d'une couleur jaune, d'une saveur douce et d'une consistance molle.

15o. D'après les expériences de M. Brande et les miennes, qui en sont une confirmation dont, à la vérité, elles n'avaient pas besoin le doit sa couleur à une masang , tière particulière de nature animale, produite par les forces vitales, et particulièrement par l'influence de la respiration; et l'opinion des médecins et des chimistes qui jusqu'à ces derniers temps attribuaient à la présence du fer cette propriété, doit être abandonnée, au moins comme en étant la seule cause, puisque l'on peut obtenir cette substance isolément exempte de ce métal.

Réflexions.

Quoique l'on tire du sang, à l'aide des moyens énoncés plus haut, une couleur dans laquelle les épreuves les plus délicates ne peuvent faire découvrir la plus petite trace de fer, cependant il faut avouer que la couleur de cette matière diffère beaucoup de celle du sang entier : celui-ci a, comme tout le monde sait, une couleur rouge vive, analogue à l'écarlate. Le principe dont il s'agit, lorsqu'il a été séparé du sang, a une couleur rouge pourpre, et même violacée, qui paraît verdâtre par réfraction.

Il est vrai que le sang, privé pendant quelque temps de l'influence de l'air, contracte une couleur pourpre vineuse, assez semblable à celle du principe colorant isolé; mais aussitôt que ce sang est de nouveau exposé à l'air, il reprend sa couleur vermeille telle qu'elle était auparavant, et c'est ce qui n'arrive pas au principe colorant, qui ne change nullement à l'air.

Cette matière aurait-elle subi quelque altération par les acides et la chaleur qu'on est obligé d'employer pour la séparer des autres substances qui l'accompagnent dans le sang? ou est-ce au mélange ou à la combinaison de ce principe avec les autres élémens du sang que la couleur de celui-ci est due ?.

Si l'existence de l'huile dont nous avons parlé plus haut est constante dans le sang de l'homine et des animaux, ce fluide serait composé de quatre élémens essentiels et constitutifs; savoir: 1o d'albumine; 2o de fibrine; 3o de matière colorante ; 4° d'huile grasse et douce.

[ocr errors]

J'ai, à l'exemple de M. Brande, essayé de fixer sur le coton, à l'aide de différens mordans, la matière colorante

du sang, dissoute, soit dans les acides, soit dans les alcalis; mais je n'ai rien obtenu de beau ni de solide. Je doute que cette matière puisse être jamais employée avec succès pour la teinture.

EXPÉRIENCES

Sur la combustion du Diamant et d'autres
Substances carbonacées;

PAR M. HUMPHRY DAVY.

Lu à la Société royale, le 23 juin 1814.

DEPUIS qu'on a montré, par différentes expériences exactes, que le diamant et les substances carbonacées communes, consument, en brûlant, à peu près la même quantité d'oxigène, et produisent un gaz ayant les mêmes caractères apparens, on a formé plusieurs conjectures pour expliquer les différences remarquables des propriétés physiques de ces corps, en admettant quelque légère différence dans leur composition chimique; mais ces conjectures ayant été souvent discutées, il ne sera pas nécessaire de nous y arrêter. MM. Biot et Arago, d'après le grand pouvoir réfringent du diamant, ont supposé qu'il pouvait contenir de l'hydrogène. J'ai avancé moi-même, dans ma troisième leçon Backerienne, d'après sa propriété non conductrice et l'action que le potassium exerce sur lui, qu'il pouvait renfermer une petite portion d'oxi

gène ; et dans ma relation de quelques Expériences nouvelles sur les Composés fluoriques (1), j'ai émis l'idée que le principe carboné pouvait être combiné avec quel

que

que

nouvel élément subtil, de la classe des soutiens de la combustion. M. Guyton-Morveau, qui croyait avoir prouvé par des expériences faites il y a quatorze ans, les substances charbonneuses communes étaient des oxides de diamant, paraît encore persister dans la même opinion, d'après ses dernières recherches exécutées de la même manière que celles de MM. Allen et Pepys; seulement il admet dans le charbon une quantité d'oxigène beaucoup plus petite qu'il ne l'avait supposée d'abord, et il considère le diamant comme du carbone pur, contenant peut-être quelques atômes d'eau de cristallisation.

J'ai eu long-temps le désir de faire quelques recherches sur la combustion du diamant et des autres substances carbonées, et ce désir s'était renouvelé à l'occasion des faits nouveaux présentés par l'iode, qui, en se combinant avec l'hydrogène, produit un acide si analogue à l'acide muriatique, qu'il a été confondu pendant quelque temps avec lui. Mon objet, dans ces recherches, était d'examiner avec une scrupuleuse attention s'il se séparait quelque matière particulière du diamant pendant sa combustion, et de déterminer si le fluide élastique qui en ést le produit, avait exactement toutes les propriétés de celui que donne la combustion du charbon. J'ai été dernièrement en état d'accomplir mes désirs, et je vais avoir maintenant l'honneur de communiquer mes résultats à la Société royale.

(1) Trans, philos. pour 1814. Partie 1, pag. 72.

T. I. Janvier 1816.

2

« PreviousContinue »