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volatil qui ne se décompose pas à la chaleur de l'eau bouillante, et qui ne peut changer les dissolutions d'or: caractère qui convient aussi à l'oxide formé par l'acide nitrique. J'ajouterai enfin que le sulfate rouge de manganèse, qui est un réactif beaucoup plus sensible que la dissolution d'or, n'est décoloré ni par le spiritus Libavii, ni par la dissolution de l'étain dans l'acide nitrique et l'acide hydro-chlorique ; et que le chlore, en se dissolvant dans le spiritus Libavii, ne perd point la propriété de décolorer l'indigo. En conséquence, on ne doit admettre jusqu'à présent que deux oxides d'étain; l'un, que l'on obtient en dissolvant l'étain dans l'acide hydro-chlorique, et l'autre en l'oxidant par l'acide nitrique.

M. Berzelius adopte, d'après ses expériences, les proportions suivantes pour ces deux oxides :

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Je crois cependant avoir l'antériorité sur lui; car j'ai donné précisément les mêmes nombres dans les Annales de Chimie, tome LXXX, page 169, novembre 1811; et ceux de M. Berzelius, autant que je sache, n'ont paru qu'à la fin de 1812, dans le vie volume du Journal de M. Schweiger. Je ne puis cependant réclamer que la détermination du protoxide; car celle du peroxide coïncide avec celle donnée très-antérieurement par M. Klaproth. Je ne fais ici cette observation que parce que M. Ber

zelius a trop négligé de rappeler les chimistes qui, avant lui, avaient porté de l'exactitude dans un grand nombre d'analyses.

Aux deux oxides d'étain dont nous venons de parler répondent deux sulfures d'étain: le sulfure noir et le sulfure jaune ou l'or mussif. M. Berzelius considère avec raison ce dernier comme étant un véritable sulfure mé-* tallique et non un sulfure d'oxide; et les nombreuses expériences de Pelletier, sur cet objet, ne comportent pas d'autre conclusion. En effet, Pelletier a obtenu de l'or mussif en chauffant ensemble parties égales de sulfure noir d'étain et de cinnabre; et comme il est reconnu aujourd'hui que le cinnabre ne contient pas d'oxigène, il est évident que l'or mussif n'en doit pas contenir non plus. On obtient d'ailleurs ce composé, quoiqu'avec peu d'éclat, en faisant passer du soufre en vapeur sur du sulfure d'étain, et lorsqu'on distille de l'or mussif du commerce il ne se dégage pas de gaz sulfureux, mais il se volatilise du soufre, de l'or mussif de la plus grande beauté, du per-chlorure d'étain ou spiritus Libavii, et il reste du sulfure noir. D'après les proportions des deux oxides d'étain, 13,6 d'oxigène pour l'un, et 27,2 pour l'autre, celles du sulfure noir seront de 27,2 de soufre, et celles du sulfure jaune de 54,4 pour 100 de métal.

La dissertation de M. Berzelius sur des oxides d'antimoine ne m'a pas paru non plus renfermer des preuves suffisantes pour admettre l'existence de quatre oxides ; je serais porté à croire, avec d'autres chimistes, qu'il n'en existe que deux; mais je n'ai point encore d'expériences assez précises pour entreprendre une discussion à cet égard. J'observerai seulement ici que plusieurs des com

binaisons auxquelles M. Berzelius a donné le nom d'antimoniates ou d'antimonites ne sont que des mélanges, et que c'est probablement la cause pour laquelle elles deviennent incandescentes à une certaine température, parce que ce n'est réellement qu'alors que la combinaison s'opère. Je pense aussi que l'incandescence qu'a observée M. Davy, en calciuant la zircone, est due à l'oxide de fer dont il est très-difficile de la débarrasser. ( Élém., 1. Ier, p. 492.)

RELATION

De la chute d'une pierre météorique tombée dans les environs de Langres, communiquée à M. Virey par M. Pistollet, médecin de la même ville.

VOTRE amour pour les sciences naturelles, et le succès avec lequel vous les cultivez, m'engagent à vous faire part d'un phénomène météorologique qui vient d'avoir lieu dans la commune de Chassigny, village situé, comme vous le savez, au sud-est de Langres, dont il est éloigné de près de quatre lieues.

Le 3 octobre dernier, environ à huit heures et demie du matin, le temps étant clair et serein, le vent d'est soufflant très-légèrement, on entendit dans la commune de Chassigny et les villages environnans, à une distance de trois et quatre lieues, un bruit qui paraissait être dû à de nombreuses décharges de mousqueterie, entremêlées de gros coups de canon. Ce bruit, dont la direction

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semblait venir du nord-est et provenir d'un nuage que l'on remarquait au-dessus de l'horizon, d'une forme indéterminée et de couleur grise, durait déjà depuis quelques minutes, lorsqu'un homme travaillant dans une vigne à quelque distance du village, et qui avait les yeux fixés sur ce nuage, entendant un sifflement semblable à celui d'un boulet, vit tomber à environ 400 mètres de lui un corps opaque dont s'échappa une épaisse fumée. Étant accouru, il vit un trou d'environ 0,27 de

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profondeur et de 0,50 ou 0,60 de diamètre, dans un terrain fraîchement cultivé, et tout autour, des fragmens d'une pierre qui lui parut d'une nature particulière. Ayant ramassé un de ces fragmens, il le trouva chaud comme s'il eût été exposé à un fort soleil ; il le rapporta au village, où bientôt, ce fait s'étant répaudu, d'autres habitans allèrent ramasser de ces pierres. Arrivé dans ce village le surlendemain, et m'étant fait représenter une de ces pierres, j'eus bientôt reconnu un aérolithe, ayant une pierre semblable qui m'a été envoyée d'Allemagne, qui n'en diffère que par un grain plus fin et une texture plus compacte. M'étant fait accompagner sur le lieu de la chute par le paysan qui en avait été témoin, je recueillis tous les renseignemens décrits ci-dessus, et je trouvai encore environ une soixantaine de petits fragmens, dont quelques-uns, recouverts par la terre et pénétrés d'humidité, s'écrasaient très-facilement entre les doigts. Le globe de feu qui accompagne d'ordinaire la chute des aérolithes ne fut point aperçu ici. On ne vit point de vapeurs s'échapper du nuage lors des différentes détonnations; sa hauteur ni sa forme ne purent être appréciées et décrites, parce

qu'il paraît qu'il ne présenta rien de remarquable que la couleur, que différentes personnes qui l'avaient aperçue comparaient au gris foncé de la fumée de paille : ce qu'il y a de certain, c'est que le bruit cessa après la chute de ces pierres. Si l'on en croit différens rapports, il paraîtrait qu'au même moment d'autres pierres furent lancées dans différentes directions; mais n'ayant point été retrouvées, ce fait n'a pu être suffisamment constaté: seulement un morceau assez considérable a été retrouvé sept à huit jours après dans une vigne distante d'environ 160 mètres du lieu où tombèrent les autres. Ayant pesé tous les morceaux qui ont été ramassés, ce poids total est de près de 4 kilog. Je ne doute point que tous ces fragmens n'aient appartenu à la même pierre; je suis même fort fenté de croire que ce que nous avons rassemblé n'était qu'un fragment d'une pierre encore plus considérable qui aura éclaté en l'air. J'en possède un morceau, pesant près de 1 kilog., qui n'est que la moitié d'un angle, d'après lequel on peut supposer la pierre d'un poids d'au moins 8 kilog. Sa pesanteur spécifique très-considérable, ainsi que cela se remarque dans toutes ces pierres, n'est cependant pas la même dans chaque fragment, dont quelques-uns semblent offrir plus de densité. On remarque aussi des différences dans la coloration de la croûte qui recouvre ces différens morceaux : d'un noir très-foncé sur les uns, elle n'est sur les autres que d'un brun marron ; et en général, moins la couleur est noire, plus cette croûte est unie et luisante, et vice versá, au point que dans les croûtes les plus noires on remarque des élévations ou soufflures, qui ont l'air d'être le produit d'une ébullition subitement interrompue.

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