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Pendant l'expédition des Français en Egypte, une commission d'ingénieurs des ponts et chaussées fut chargée, sous la direction de M. Le Père, d'exécuter le nivellement de l'isthme de Suez, et par là fut résolue la célèbre question agitée dès la plus haute antiquité, de l'élévation de la mer Rouge au-dessus de la Méditerranée et du sol de la Basse-Egypte. Il résulte, en effet, des travaux de la commission que le niveau de la mer Méditerranée est in- ·

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férieur de 8, 12 aux basses mers et de 9,9 aux hautes mers de la mer Rouge. Une partie du bassin des lacs amers est remarquable par son abaissement de 8 mètres au-dessous du niveau de la Méditerranée, ce qui la place par conséquent 16 mètres plus bas que la mer Rouge; d'autres points du sol et même des lieux habités sont inférieurs aux niveaux de l'une et de l'autre mers. Les eaux de la mer Rouge, par exemple, pourraient couvrir la totalité de la surface du Delta, et les craintes d'une submersion étaient, comme on voit, assez naturelles à des époques reculées, lorsque cette partie de l'Egypte était moins élevée qu'elle ne l'est aujourd'hui.

A défaut d'observations exactement correspondantes pour évaluer la différence d'élévations de deux stations très-éloignées, les physiciens se sont quelquefois servis de la comparaison des moyennes barométriques ; ce procédé, qu'on regardait comme un pis-aller, est susceptible de beaucoup de précision, comme M. Ramond l'a montré, si on s'arrête aux moyennes des mêmes heures afin d'éviter les effets des variations périodiques. Pour déterminer les hauteurs relatives des niveaux de la mer du Sud ́et de l'Océan Atlantique, il doit donc suffire de comparer les hauteurs moyennes du baromètre sur les deux

côtes opposées de l'Amérique. Le journal de M. de Humboldt nous fournira pour cela les données nécessaires.

En effet on y trouve d'abord, qu'à Carthagène et à Cumana, dans le golfe du Mexique, la moyenne du baro

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mètre=0,7620 par une température de 25° centigrades. Au port de la Vera-Cruz, le thermomètre étant à 20o, cette hauteur =0,7613; mais, corrigée de la dilatation du mercure, elle devient, comme à Cumana, 0,7620. A zéro de température et au niveau de l'Océan Atlantique, entre les tropiques, la hauteur moyenne du baromètre est par conséquent=0,7585.

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Sur les bords de la mer du Sud, au Callao, port de

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Lima, M. de Humboldt trouva baromètre 0,7606, thermomètre 20°; et à Acapulco, toujours sur l'Océan Paci

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fique, baromètre=0,7617, thermomètre 27° centigrades. Ces hauteurs ramenées à zéro de température donnent, pour la pression moyenne de l'air au niveau de la mer

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du Sud, 0,7578. Si la légère différence qu'on remarque entre ce nombre et celui qui représente la pression moyenne au niveau de l'Océan Atlantique ne pouvait pas être attribuée aux erreurs inévitables dans des observations aussi délicates, il en résulterait que la mer du Sud serait plus élevée que l'Océan d'environ 7 mètres. D'autres observations de M. de Humboldt, quin'ont pas encore été publiées, donneraient une différence un peu plus grande et dans le même sens; mais ce célèbre voyageur, qui ne s'est servi de ses baromètres que pour un nivellement géologique, pense que, pour lever complètement les

doutes que peut présenter encore la question de l'élévation relative des deux Océans, il faudrait avoir recours à des instrumens plus précis et exposés à des voyages de terre moins longs; tenir compte à la fois des inégales hauteurs des marées, des heures différentes des établissemens des ports sur les deux côtes opposées de l'Amérique, et des variations horaires du baromètre qui, trèsrégulières quant aux heures où elles arrivent, ne le sont tout-à-fait autant qu'on l'a supposé quant aux quantités qui les mesurent. Quoi qu'il en soit, les observations que nous venons de rapporter prouvent déjà que, s'il existe une différence de niveau entre l'Océan et la mer Pacifique, elle doit être très-petite.

pas

Le peu de vitesse et de constance que les marins ont remarqué dans les courans du détroit de Gibraltar, montre que, dans ces parages, la Méditerranée et l'Océan ont à peu près le même niveau. Il pouvait cependant paraître curieux de comparer, sous ce point de vue, deux points très-éloignés, puisque, contre toute attente, le nivellement de l'isthme de Suez, dont nous avons ci-dessus présenté les résultats, a prouvé que deux mers qui communiquent entre elles peuvent cependant avoir des niveaux très-différens. Or, la mesure de la méridienne de France présente un enchaînement non interrompu de triangles qui s'étendent depuis Dunkerque jusqu'à Barcelone; les élévations relatives des divers sommets peuvent se déduire des observations réciproques de distances au zénith; la hauteur absolue d'une seule station servira donc à trouver la hauteur absolue de toutes les autres, et cela, soit qu'on parte de la Méditerranée pour se rapprocher de l'Océan, soit qu'on suive la marche contraire. C'est T. I. Janvier 1816.

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d'après cette méthode que M. Delambre a calculé l'élévation de Rodés sur la Méditerranée et sur l'Océan, premièrement en partant du Mont-Joui, à Barcelone, dont Méchain avait trouvé directement la hauteur; et secondement à l'aide d'un signal de Dunkerque, qui n'était qu'à 66 mètres du niveau de la basse mer ces deux. déterminations s'accordant à une fraction de mètre, on peut en conclure, sinon que le niveau de l'Océan à Dunkerque est exactement le même que le niveau de la Méditerranée à Barcelone, du moins que l'inégalité de hauteur, si elle existe, doit être insensible.

MÉMOIRE

Sur la détermination des Quantités de plomb nécessaires pour passer à la coupelle les Essais d'argent à différens titres.

PAR M. D'ARCET

L'ART d'essayer l'argent est fondé sur le peu d'affinité qui existe à une haute température entre l'oxigène et ce métal, et sur la propriété qu'a le phosphate de chaux, réduit en coupelles, de se laisser pénétrer par des oxides métalliques tenus en dissolution au 10 ou 12° degré du pyromètre de Wedgwood dans les oxides de plomb ou de bismuth mis en fusion.

Ces derniers oxides, élevés à cette température, dissolvent et entraînent le cuivre oxidé, en ne laissant que l'argent fin sur le bassin de la coupelle.

Le plomb (1) que l'on ajoute à l'argent que l'on veut essayer ne sert donc qu'à détruire l'adhésion des molécules métalliques, à favoriser leur oxidation, età dissoudre l'alliage oxidé; d'où il semblerait que l'on peut déduire ce principe général, que les quantités de plomb à employer pour passer les essais d'argent, doivent croître dans la même raison que les quantités d'alliage, et que les deux premiers termes de la progression étant bien connus, il devrait suffire d'intercaler entre eux un certain nombre de moyens arithmétiques pour connaître les quantités de plomb nécessaires pour l'affinage de l'argent à différens titres. Mais il n'en est pas ainsi, et l'expérience prouve que les quantités de plomb ne doivent pas augmenter dans une raison constante avec l'alliage qui se trouve dans l'argent dont il s'agit de faire l'essai ; il existe même dans l'espace qui sépare les extrêmes des anomalies si fortes, que la pratique seule et un long tâtonnement peuvent indiquer les différens termes de cette progression. Je me bornerai ici à examiner les tables des quantités de plomb qui ont été publiées jusqu'à présent, à en démontrer le peu d'exactitude et à donner le résultat des expériences qui ont servi à former la table qui fait le sujet de ce Mémoire.

En 1760 on n'employait encore que deux doses de plomb, 8 parties pour l'argent au-dessus de 0,500, et 16

(1) Il est bien démontré que le plomb et le bismuth peuvent tous deux opérer la coupellation; mais l'expérience prouve que l'emploi du plomb présente moins d'inconvénient, et nous détermine à ne nous occuper ici que de ce métal.

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