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rivé de celui du radical, qu'aux acides formés par l'oxigène. Leur nombre est si étendu, leur importance si grande, , que je ne vois pas de raison pour renoncer à des noms consacrés par l'usage, qui ont le précieux avantage d'être courts et qui reviennent à chaque instant. Je propose donc de conserver les noms acide iodique et acide chlorique, parce que, d'après nos conventions, ils désignent des acides dont l'oxigène est un des élémens. On ne dira plus alors, comme l'aurait voulu M. Davy, les acides iodiques pour désigner les divers acides formés par l'iode; mais rien n'empêchera de dire les acides de l'iode.

Ayant depuis long-temps considéré le chlore et l'iode comme analogues au soufre et au phosphore, j'avais pro posé de désigner les combinaisons du chlore et de l'iode avec les autres corps qui n'étaient point acides, par les noms génériques chlorures et iodures. Il semblerait au premier abord que, par analogie avec les oxides, on aurait dû plutôt les désigner par les noms chlorides et iodides; mais je persiste à penser que les premières dénominations sont plus convenables que les secondes pour la plupart de ces combinaisons. En effet, un grand nombre de sulfures sont neutres, et dès-lors ils ne doivent pas avoir un nom générique terminé en ide, comme celui d'oxide, qui s'applique en général à des combinaisons qui sont alcalines. Le nom de sulfure, consacré par un long usage, convient donc très-bien aux combinaisons neutres du soufre, et je puis ajouter même à celles qui ne le sont pas, quand on les considère d'une manière générale; mais les combinaisons alcalines du soufre devront être désignées par le nom de sulfurides,

analogue à celui d'oxides. On aurait de même des chlorures et des chlorides, des iodures et des iodides, des phosphures et des phosphides, des cyanures et des cyanides, etc.; noms parfaitement analogues à ceux des acides en eux et en ique. Conséquemment aussi, les combinaisons neutres de l'oxigène qui ne peuvent être appelées des oxides ou des acides, recevraient le nom d'oxures. L'eau, qui est éminemment neutre, serait donc un oxure d'hydrogène ou un hydroxure; et on en dériverait les deux adjectifs hydroxuré et anhydroxuré pour indiquer qu'un corps contient de l'eau en proportion définie, ou qu'il n'en contient pas. Ainsi la potasse fondue, qui contient de l'eau, serait désignée par l'expression potasse hydroxurée, ou par celle d'hydroxure de potasse.

La dénomination hydrure, déjà employée pour plusieurs combinaisons, devrait être conservée, et on ne l'appliquerait qu'aux composés neutres de l'hydrogène avec les autres corps ; et on regarderait en général comme neutres tous les composés d'hydrogène qui ne se combinent ni avec les acides ni avec les bases. Toute combinaison d'hydrogène qui jouirait des propriétés alcalines serait un hydride dans cette nomenclature; il faut seulement ne pas perdre de vue que l'on considère le mot hydrogène comme n'ayant aucun sens, aucune étymologie, et qu'il désigne un fluide élastique particulier qui pèse treize fois moins que l'air, qui est inflammable, etc.

Ce système de nomenclature aurait le double avantage de conserver des noms généralement adoptés depuis longtemps, et d'exprimer d'une manière exacte les divers rapports qu'on a reconnus exister entre les corps. Les découvertes qu'on a faites en chimie exigent évidemment

des changemens dans le langage de cette science; mais comme elles ont été envisagées sous des points de vue différens, on ne s'est pas encore entendu sur les principes de leur nomenclature. Si je me suis permis de proposer quelques changemens, c'est uniquement pour fixer l'attention des chimistes, et les engager à discuter les nouveaux noms qui se multiplient de toutes parts, et qui bientôt porteraient la confusion dans la chimie.

Sur la quantité de matière ligneuse existante dans quelques racines et dans quelques fruits.

Note lue le 3 février 1816 à la Société philomatique, par M. CLEMENT, l'un de ses membres.

Je vais communiquer à la Société une petite observation qui ne sera peut-être pas sans intérêt, parce qu'elle ajoute quelque chose à nos connaissances sur la merveilleuse organisation des êtres vivans, et parce qu'elle peut avoir son utilité dans quelques arts.

On croit généralement que la matière ligneuse (1) de quelques racines et de quelques fruits qui servent à notre nourriture, comme les pommes de terre, les carottes, les betteraves, les pommes et les pois, forme une partie assez considérable de leur masse, ou, par exemple. On regarde le marc de cidre comme épuisé de tout le

(1) Par matière ligneuse, j'entends la substance analogue an bois qui forme le réseau solide des plantes ou des fruits.

liquide que contenaient les pommes lorsqu'il sort de la presse; et tout récemment un chimiste célèbre a écrit le marc de betteraves était d'autant plus propre à que la nourriture des animaux, que c'était une substance presque sèche (1). Cependant, il suffit de regarder ce marc avec la plus légère attention pour voir qu'il n'est formé que de petits morceaux de betteraves parfaitement semblables à ceux qu'on obtient en coupant et hachant la betterave entière avec un instrument bien tranchant, et sans laisser répandre une seule goutte de liquide. Il est impossible de ne pas reconnaître d'abord cette parfaite ressemblance qui frappe les yeux, et qui d'ailleurs est confirmée par l'expérience.

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J'ai coupé une betterave en tranches minces, et cellesci ont été divisées et hachées à peu près au même degré que le marc qui provient de la fabrication du sucre, et qui a rendu de suc. Cependant la betterave ainsi hachée n'a pas fourni de liquide à la pression, et après sa dessiccation au soleil elle s'est trouvée avoir perdu 88 de son poids, c'est-à-dire, précisément autant que le marc desséché par le même

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moyen.

Ainsi, c'est une erreur grande et funeste que d'imaginer que le marc de betteraves rejeté dans la fabrication du sucre est une substance presque sèche : elle contient autant d'eau que la betterave entière (la dessiccation comparative le prouve), et autant de sucre que premier suc extrait; une plus grande division méca

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≈ (1) Annales de Chimie, t. xcxy. Mémoire de M. CHAPTAL sur le Sucre de betteraves.

nique met tout à l'état liquide. On pourrait donc, dans le cas où la fabrication du sucre de betteraves serait convenable, chercher avec certitude de succès les moyens d'employer à la production du sucre cette portion considérable de la racine, qui en forme le tiers environ, et que l'on imaginait si faussement presque entièrement composée de matière sèche.

Ce que je viens de dire est applicable aux fruits employés à faire du cidre ce que l'on regarde comme marc, comme déchet, n'est pas autre chose que la même matière que le cidre, à très-peu près.

Mais d'après cela, la partie ligneuse qui sert d'enveloppe, de soutien à la partie liquide des fruits ou des racines dont j'ai parlé, serait en quantité excessivement petite, puisque la division mécanique suffirait pour la faire disparaître en la faisant flotter dans le liquide.

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C'est en effet ce que j'ai confirmé par l'expérience. J'ai enlevé la peau à des pommes de terre et je les ai râpées; j'ai lavé la pulpe sur un tamis pour enlever la fécule; j'ai pris le marc que j'ai mis dans de l'eau chaude, et j'ai ajouté d'acide sulfurique pour liquéfier la colle qui résultart de la cuisson de la fécule restée dans le marc. J'ai filtré après une coction de quelques heures, et je n'ai trouvé sur le filtre de papier, en tissu ligneux sec, que pour du poids de la pomme de terre. J'avais 34 d'ailleurs reconnu que la fécule, d'abord séparée du marc, ne contenait pas un atôme de matière ligneuse; elle avait formé avec l'eau bouillante acidulée une dissolution parfaitement limpide.

J'ai reconnu par d'autres expériences que la peau des

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