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à une dissolution d'acétate de plomb. Le précipité sera recueilli sur un filtre: après avoir été bien dégagé de l'acétate de plomb superflu, il sera traité par aussi peu d'acide sulfurique étendu qu'il en faut pour saturer l'oxide de plomb, et on le soumettra à l'ébullition. Il est même convenable que la liqueur ait encore quelque chose de doux au goût. Enfin le tout sera mis à part pendant quelques jours, et pendant cet intervallę il se déposera une petite quantité de sulfate de plomb, retenue en dissolution par l'acide malique. La liqueur sera ensuite filtrée, et on en séparera jusqu'aux dernières portions de plomb, au moyen de l'hydrogène sulfuré ; le précipité noir sera séparé par le filtre et la liqueur portée à l'ébullition dans un vaísseau ouvert, jusqu'à ce que le papier humecté d'acétate de plomb ne soit plus noirci par la vapeur. Cet acide est le plus pur que l'on puisse obtenir; il retient une légère odeur d'hydrogène sulfuré, mais elle est détruite complètement par une exposition à l'air de quelques jours.

<< Vauquelin, dit l'auteur, a observé que l'acide malique ainsi obtenu est à peu près sans couleur. Il était donc étendu, car j'ai trouvé qu'il devient parfaitement brun par la concentration, et j'ai décomposé et recomposé le malate de plomb plusieurs fois, usant à chaque fois du même acide malique; mais la matière colorante y adhère si fortement, que je l'ai toujours retrouvée dans l'acide résultant. Ainsi cet acide ne peut être obtenu sans couleur, et l'approximation la plus grande où l'on soit arrivé est celle que l'on obtient par le cédé de Vauquelin. >>

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Réflexions concernant l'état dans lequel les acides peuvent avoir préalablement existé dans les végétaux.

« J'ai été conduit plusieurs fois à cette supposition, que les acides végétaux ne sont pas formés d'abord par l'union immédiate de leurs élémens, mais qu'ils peuvent avoir existé préalablement dans une combinaison définie appelée le principe amer.

<<< Il est possible que ce principe soit une base composée, qui, par son union avec l'oxigène, ou par quelques altérations encore plus compliquées, puisse changer sa nature en devenant acide. Tout cela est une pure conjecture; elle mérite peut-être peu de considération; mais les faits qui l'ont suggérée méritent d'être notés.

« La douceur de quelques jus végétaux a été généralement attribuée à un principe doux, appelé sucre. De même, il a été supposé, il y a peu de temps, que l'amertume dépendait d'un principe amer qui, quoique déguisé de diverses manières, est toujours identique. Le docteur Thomson a montré que, lorsqu'on met de l'eau en diges-. tion sur le quassia, et qu'on l'évapore ensuite à siccité, on obtient une substance transparente, qui diffère, par ses propriétés, de tous les autres principes végétaux : il la considère comme le principe amer, et je crois c'est que avec une très-grande justesse. J'ai trouvé que la liqueur obtenue par cette digestion, quoique légèrement colorée, était transparente, même vers la fin de l'évaporation. La masse résultante était à peu près transparente et en petite

quantité, comparativement au quassia employé : telle était son amertume, qu'une particule placée sur la langue, qui n'excédait pas de grain, répandait une saveur intense dans la bouche entière et jusque dans la gorge.

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« Cette matière, chauffée avec l'acide nitrique, fut dissoute avec effervescence, et l'amertume disparut. La substance qui restait formait dans l'acétate de plomb un précipité qui possédait toutes les propriétés du malate de ce métal, et nul autre que l'acide malique ne paraissait être produit. Les expériences suivantes concordent avec celles-ci d'une manière remarquable.

« Quatre onces de sucre blanc et un poids égal de fort acide nitrique furent mêlés dans une cornue. L'action commença sans l'application d'une chaleur étrangère, et bientôt elle fut violente. Quand tout fut refroidi, le résidu était épais et tenace; sa saveur était acide et extrêmement amère. L'acide malique, extrait d'une portion de ce résidu au moyen de la chaux, avait une amertume qui, n'étant plus déguisée par l'acidité, devenait intense: l'autre portion, qui n'avait pas été saturée par la chaux, étant traitée avec plus d'acide nitrique, perdit toute son amertume, et il se forma de l'acide oxalique. Il paraît, d'après ces expériences, que, par l'action de l'acide nitrique sur le sucre, la substance amère disparaît, et l'acide se montre en son lieu.

<< Ainsi les conjectures précédentes correspondent avec ce fait, que, par l'action de certaines substances les unes sur les autres, le principe amer est développé en même temps que les acides que je suppose avoir été produits par cette base composée. L'apparition simultanée des uns et des autres peut être expliquée, en admettant que la

conversion n'a pas été complète. Si l'on distille en effet de l'alcool avec de l'acide nitrique, il se produit une liqueur dont la saveur est douce: si cette liqueur est redistillée avec une autre portion d'acide, il survient une liqueur amère ; et si cette liqueur amère est distillée une troisième fois avec une nouvelle portion d'acide nitrique, il se forme dans le résidu des cristaux d'acide oxalique. Cette suite de changemens ressemble d'une manière frappante à celle qui est produite par l'action de l'acide nitrique sur le sucre.

« Hauffmann a observé que, lorsque l'acide nitrique est mis en digestion sur l'indigo, il en résulte une substance très-amère, à laquelle Welter a donné le nom d'amer: dans cette expérience il y a aussi formation d'acide oxaliqué.

« Les acides végétaux se forment pareillement par l'action de l'acide nitrique sur les substances animales. Dans le traitement des muscles par ce réactif on obtient l'amer sus-mentionné, et de l'acide oxalique. Dans la bile, le principe amer est toujours formé ; et lorsqu'on le traite par l'acide nitrique, l'acide oxalique est produit.

« L'acte de la végétation nous offre des opérations analogues aux précédentes. Le fruit du pommier sauvage est très-amer quand il est encore peu avancé, et il a peud'acidité; à mesure qu'il avance vers la maturité, son goût devient progressivement acide, et son amertume diminue. Les jeunes baies du sorbus aucuparia sont aussi amères; mais elles contiennent un acide, quoiqu'en petite quantité. Quand ces baies sont mûres, elles contiennent deux acides; la proportion de ce mélange est consi

dérable; mais l'amertume a fait place à une astringence extrêmement rude.

« Il n'est pas improbable que l'amertume produite dans tous les cas précédens soit due à la formation de ce même principe, et son mélange constant avec un acide végétal semble faire paraître qu'il existe entre eux une connexion très-intime, et jusqu'à présent inconnue. »

ESSAI

D'une Classification naturelle pour les Corps simples.

PAR M. AMPÈRE.

LORSQUE les hypothèses arbitraires auxquelles les chimistes s'étaient livrés jusqu'alors furent bannies de la science', et qu'il fut reconnu qu'on devait considérer comme simples tous les corps qu'on n'avait point encore pu décomposer, le nombre de ces corps n'était pas les deux tiers de ce qu'il est aujourd'hui, il s'est accru successivement à mesure que les procédés de l'analyse chimique ont été appliqués à des composés qui n'y avaient point encore été soumis, ou qui ne l'avaient été qu'imparfaitement. Chaque fois qu'on a découvert un nouveau corps simple on a eu un terme de comparaison de plus, de nouveaux rapports ont été observés; il a fallu tantôt restreindre et tantôt généraliser les premières vues des créateurs de la chimie moderne, et le besoin de ranger les corps simples dans un ordre qui en rendit plus sensibles les rapports mutuels et facilitât l'étude de leurs propriétés s'est fait de plus en plus sentir. Cet ordre peut être purement

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