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nombreuses différences. Les uns sont éminemment fixes et infusibles, et il paraît qu'il en est de même de leurs combinaisons avec le chlore, du moins à en juger par le chlorure de chrome, qui a offert cette propriété à M. Dulong. C'est avec l'oxigène qu'ils produisent les acides dont les chimistes ont tiré le caractère qui les distingue. Les autres sont très-fusibles; les combinaisons qu'ils forment avec l'oxigène ne présentent que des caractères acides peu prononcés; car on ne doit pas compter parmi eux l'arsenic, qui, comme je l'ai déjà dit, doit être réuni aux corps que l'on considère comme non métalliques, et, sans les travaux de MM. Chevreul et Berzelius, l'acidité des peroxides d'étain et d'antimoine serait encore ignorée; mais ces métaux produisent avec le chlore des composés liquides ou d'une consistance butyreuse, volatils, et qui jouissent des propriétés les plus essentielles des acides. Il est aisé de voir que les corps simples non métalliques se joignent d'une part aux métaux infusibles acidifiables par le carbone et le bore, et de l'autre à l'étain et à l'antimoine par le phosphore et l'arsenic, dont les combinaisons avec le chlore ont la plus grande analogie avec l'acide chloro-stannique (spiritus Libavii). Tous les autres métaux doivent donc être placés entre l'étain et l'antimoine d'une part, et les métaux infusibles acidifiables de l'autre. Ceux qui joignent à la plus grande affinité pour l'oxigène la propriété de former avec lui des combinaisons alcalines, occupent en quelque sorte le milieu de cet intervalle, et se lient d'un côté à l'étain et à l'antimoine, de l'autre au tungstène, au colombium, au chrome et au molybdène par deux séries de métaux qui présentent dans l'une et l'autre

séries tous les degrés d'affinité pour l'oxigène, et dont les oxides passent aussi graduellement par les divers degrés d'alcalinité et d'acidité qui caractérisent cette sorte de composés; mais les corps dont se composent les deux séries offrent d'ailleurs assez de différences pour qu'il soit toujours aisé de déterminer celle à laquelle ils appartiennent. Tel est l'ordre où j'ai été conduit, non par quelques vues systématiques dont je devrais me méfier, mais après avoir fait un grand nombre de tentatives, pour voir si l'on n'en pourrait point adopter un autre sans s'écarter des analogies naturelles, et après avoir comparé les corps simples sous tous les points de vue que peuvent présenter les propriétés dont ils sont doués.

(La suite à un des Numéros prochains.)

Extrait des Séances de l'Institut.

Séance du lundi 4 mars 1816.

M. Thénard présente le quatrième et dernier volume de sa Chimie.

M. Arago fait un rapport verbal sur le voyage aux Terres australes, rédigé par M. Louis Freycinet.

L'ouvrage est partagé en quatre livres : le premier porte le titre d'Itinéraire, et fait connaître l'ordre successif des opérations; le deuxième comprend les descriptions nautiques et géographiques; le troisième est destiné à l'analyse des cartes ; le quatrième enfin renferme les résultats généraux des observations, les mesures d'inclinaison et de déclinaison de l'aiguille aimantée, les remarques de différens genres qu'on a eu l'occasion de faire pendant le

voyage, et les observations météorologiques journalières. L'ensemble de toutes les opérations est représenté dans trente-deux cartes très-belles. M. Freycinet les a dessinées directement sur le cuivre et par des procédés qui lui sont propres. Le chapitre dans lequel il décrit sa méthode, aussi-bien que celui qui est relatif à la division des échelles, méritent de fixer l'attention des ingénieurs qui ont beaucoup de travaux de ce genre à exécuter (1).

(1) La nature de ce Journal ne nous permet pas de nous occuper des nombreuses découvertes géographiques qui ont été faites pendant le long et pénible voyage dont M. Louis Freycinet vient de publier l'histoire; nous pensons néanmoins que nos lecteurs ne seront pas fâchés de trouver ici quelques détails que nous allons extraire du rapport, et qui sont relatifs à la colonie anglaise du port Jackson, le seul établissement que les Européens aient formé jusqu'à présent sur le vaste continent de la Nouvelle-Hollande.

« Les navigateurs recueilleront avec soin les détails nautiques que M. Freycinet a rassemblés sur Brocken-Bay, qui borne la colonie au nord, et dans laquelle se jette la rivière d'Hawkesburry; sur Botany-Bay, au sud, bassin trop vaste pour offrir en tout temps un refuge assuré aux bâtimens qui voudraient y séjourner, et sur le port Jackson, qui, par son étendue, la disposition de ses parties et sa commodité, forme peut-être le plus beau port de l'univers. La ville de Sydney, capitale des colonies anglaises aux terres Australes, est bâtie sur les revers de deux coteaux voisins, à l'une des extrémités du port Jackson. Une planche détaillée, la trentième de l'Atlas, offre le plan détaillé de cette ville. M. Freycinet nous a conservé, dans des extraits de son journal et de ceux de ses compagnons de voyage, des renseignemens curieux sur les

M. Biot lit un Mémoire qui lui est commun avec M. Pouillet, sur la détermination expérimentale de la diffraction qu'éprouve la lumière simple ou composée lorsqu'elle passe entre deux biseaux parallèles. Les au

productions du comté de Cumberland, qui sans contredit forme la partie la plus fertile des côtes de la Nouvelle-Hollande. L'auteur rapporte que dans le voisinage de la ville de Parramatta, sur les bords de l'Hawkesburry, le froment, par exemple, fournit, année commune, cinquante pour un. Le pays renferme d'immenses couches de charbon de terre, placées à la surface du sol, et par conséquent d'une exploitation très-facile. Aussi ce combustible était-il déjà en 1802 l'objet d'une exportation considérable pour le Bengale et le cap de Bonne-Espérance. Les minéralogistes de l'expédition trouvèrent une assez grande abondance de fer oxidé et de sel gemme: mais, en 1802, la colonie, dans toute son étendue, n'avait pas encore offert le moindre vestige de pierre calcaire, et les colons étaient réduits à se servir, dans leurs constructions, de la chaux qu'ils obtenaient par la calcination des coquillages. La majeure partie des végétaux utiles de l'Europe et de l'Asie, et nos arbres fruitiers, prospèrent au port Jackson; la culture des cafiers et des cotonniers promettait d'heureux succès. En 1802, les cultivateurs du comté de Cumberland étaient persuadés que dans peu d'années l'Angleterre pourrait tirer de la Nouvelle-Hollande toute la laine nécessaire à ses fabriques : ajoutons que le pays fournit plusieurs espèces de bois propres aux constructions navales, et parmi lesquels le casuarina paraît avoir une dureté égale à celle des chênes du Nord.

<< La colonie du port Jackson renfermait, en 1802, plus de 12,000 individus, parmi lesquels 370 seulement n'avaient pas

teurs rapportent des mesures de franges prises à diverses distances des biseaux sur un verre dépoli; et, en les construisant, ils en déduisent le mode de séparation des rayons et la division définitive que la diffraction leur imprime. D'après ces mesures, les bandes les moins déviées ont leur origine dans les points de l'intervalle les plus voisins de chaque biseau, et les plus déviées ont leur origine le plus près de l'axe central, les unes et les autres étant déviées vers le biseau dont elles sont originairement le plus distantes. Pour chaque écartement donné des biseaux, l'incidence restant toujours perpendiculaire à leur intervalle, les déviations des particules lumineuses de nature diverse sont proportionnelles aux longueurs de leurs accès dans le milieu où se meut la lumière; et lorsque le milieu change, toutes les autres circonstances restant les mêmes, la grandeur absolue des déviations, et par conséquent les intervalles des franges, varient aussi proportionnellement aux accès. La nature des corps qui limitent le milieu ne change rien à cette loi, quelle que

été convicts ( condamnés), et 3170 avaient déjà recouvré leur liberté. Le reste de la population se composait d'enfans nés dans la colonie, et d'hommes et de femmes encore convicts. Les Anglais n'ont tiré jusqu'à présent aucun parti des naturels, et ceux-ci ne paraissent guère disposés à abandonner leurs anciennes habitudes, quoiqu'ils n'aient qu'une existence extrêmement misérable. L'usage veut, parmi ces sauvages, que les femmes se coupent les deux dernières phalanges du petit doigt de la main gauche, et que les hommes se fassent arracher une des dents de devant sur la mâchoire supérieure, etc. >>

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