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la substance huileuse. Ces deux combinaisons ne différeraient donc, d'après cela, que par la proportion d'hydrogène; ce qui est entièrement conforme à nos expérien

ces,

de

et ce qui rend compte de la différence de volatilité et pesanteur qu'on remarque entre l'éther et cette huile. De telles conclusions, s'accordent bien peu avec les. résultats qu'on obtient par l'analyse eudiométrique; et comme jusqu'à présent nous ne sommes point en mesure de donner une explication satisfaisante de ces différences, nous nous bornerons à une simple exposition des faits. Analyse du Gaz hydrogène carboné de l'Éther.

155 parties de ce gaz donnent, par leur combustion, un volume d'acide carbonique de 61,21 parties. Or, on a employé, pour faire cette analyse eudio nétrique, 183 parties de gaz oxigène pur, dont il n'est resté, après la combustion, que 33,33, etc.; il y en a donc eu 149,67 qui ont servi à brûler et le carbone et l'hydrogène du gaz soumis à l'analyse; sur ces 149,67 parties, il y en a eu 61,21 employées à la formation d'autant d'acide carbonique, et par conséquent 88,46 seulement ont transformé en eau le double d'hydrogène, c'est-à-dire, 176,92 parties de ce dernier.

Maintenant, si nous concluons le poids du carbone d'après la quantité d'acide carbonique observée, nous le trouverons égal à 22,2 : d'un autre côté, celui de l'hydrogène et celui du gaz soumis à l'expérience, conclus l'un et l'autre d'après leurs pesanteurs spécifiques respectives (1), sont pour les 176,92 parties du premier

(1) Celle du gaz inflammable dont il est ici question est de 0,34284.

T. I. Avril 1816.

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12,95, et pour les 155 du second 53,14: retranchant de ce dernier poids la somme de l'hydrogène et du carbone, on a un reste de 17,98, et par conséquent une perte égale. Or, cette perte est ordinairement attribuée à de l'eau qui a été formée aux dépens d'une portion d'hydrogène et d'oxigène appartenant au gaz analysé. Ainsi il y aurait dans ce gaz une quantité d'eau de constitution faisant à très-peu près le quart de son poids. Or, 17,98 d'eau contiennent 15,89 d'oxigène, et par conséquent 2,09 d'hydrogène; mais 15,89 d'oxigène représentent un poids d'oxide de carbone égal à 27,87, ou, en volume, à 28,80; donc, si les 155 parties en volume du gaz analysé étaient un mélange d'oxide de carbone et d'hydrogène carboné, il Ꭹ aurait en volume 28,80 d'oxide de carbone, et par conséquent 126,20 d'un hydrogène carboné, contenant un volume d'hydrogène égal à 205,47, et fournissant par sa combustion 61,21 d'acide carbonique représentant pareil volume de vapeur de carbone.

Analyse du Gaz de l'Huile des Chimistes hollandais.

Un volume de 157,5 du gaz inflammable obtenu en faisant passer l'huile du gaz oléfiant à travers un tube de porcelaine élevé à la température rouge, a fourni par sa combustion un volume d'acide carbonique de 48,83 parties. Or, sur les 173,76 parties d'oxigène qui ont été mêlées aux 157,5 de gaz pour en opérer l'analyse eudiométrique, il y en a eu 69,83 que la combustion n'a point employées; donc 103,93 parties seulement sont entrées en combinaison pour former de l'eau et de l'acide carbonique; mais ce dernier en a pris 48,83; donc il n'y

en a eu que 55,10 employées à former de l'eau aux dépens de l'hydrogène de ce gaz inflammable.

Il résulte de là que le poids du carbone, déduit comme dans la précédente analyse, est de 20,31 pour un volume de 157,5 de gaz inflammable, ou, ce qui revient au même, pour 1,15 en poids de ce même gaz; car sa pesanteur spécifique est de 0,45176. D'autre part, 55, 10 d'oxigène ayant brûlé 110,20 d'hydrogène, il suit que le gaz soumis à l'analyse contient au moins 8,07 d'hydrogène en poids. Retranchant la somme des poids de l'hydrogène et du carbone de celui du gaz, il reste 42,77, représentant l'eau formée aux dépens de l'oxigène propre aux gaz et d'une quantité d'hydrogène qui lui appartient aussi.

Ainsi le gaz inflammable obtenu en décomposant par le feu l'huile des chimistes hollandais contiendrait, comme celui de l'éther hydro-chlorique, une quantité notable d'oxigène. Or, comment admettre qu'un produit résultant de la combinaison du chlore et de l'hydrogène percarboné, dont la nature a été parfaitement étudiée et dont les proportions se trouvent concorder avec les pesanteurs spécifiques; comment, disons-nous, peut-on admettre dans un tel produit une proportion d'oxigène aussi forte, surtout si on remarque que des corps qui en sont aussi avides que le potassium ne peuvent y démontrer la présence de la moindre portion de ce gaz; et d'ailleurs, s'il en était ainsi, il faudrait en conclure que cet oxigène est contenu ou dans le chlore ou dans le gaz oléfiant, puisque ce sont les seuls corps qui concourent à la formation de l'huile des chimistes hollandais. Nous craindrions de hasarder une opinion à cet égard, et nous

nous proposons de poursuivre nos expériences sur ce point intéressant.

Malgré tous les soins que nous avons apportés dans ces expériences eudiométriques, cependant nous n'osons y ajouter un grand degré de confiance, en raison de la difficulté qu'on éprouve à déterminer bien exactement la densité d'un petite quantité de gaz. Remarquons néanmoins que ces résultats se rapprochent de ceux obtenus par M. Thénard, qui, en traitant directement l'éther hydro-chlorique dans l'eudiomètre, a été amené à conclure que cet éther contient un poids d'oxigène double de. celui de l'hydrogène surabondant à l'acide hydrochlorique.

Quoi qu'il en soit, il n'en est pas moins constant que l'huile du gaz oléfiant est un véritable éther hydro-chlorique, ne différant de celui que M. Thénard a fait connaître que par le rapport et non par la nature de ses élémens, par une pesanteur plus grande et par une moindre volatilité. Ainsi l'acide hydro-chlorique, ou ses élémens, est susceptible d'entrer comme principe constituant dans deux éthers différens, et par conséquent il est encore analogue en ce point à l'acide hydriodique.

Nous terminerons ce premier Mémoire par appeler l'attention des médecins sur ce nouvel éther: sa moindre volatilité en rend l'emploi beaucoup plus facile, et nous ne doutons point qu'il ne jouisse de propriétés qui lui soient particulières, et qui le feront peut-être ranger au nombre des médicamens utiles.

1

Justification de la Théorie de M. Dalton, sur l'Absorption des Gaz par l'eau, contre les Conclusions de M. de Saussure.

PAR M. JOHN Dalton (1).

(AU D'. THOMSON.)

Manchester, 22 janvier 1816.

MON RESPECTABLE AMI,

Dans les Annales de novembre, je trouve un article de M. de Saussure sur l'absorption des gaz par les liquides (2). Je l'ai lu avec d'autant plus d'intérêt, que je m'étais occupé de cet objet avec beaucoup d'attention il y a quelques années, et que depuis je ne l'avais pas perdu de vue. J'ai été fort surpris de voir les conclusions déduites de mes expériences si mal comprises par un physicien aussi instruit et aussi pénétrant que Saussure; et je me suis flatté que les lecteurs ne manqueraient pas de s'apercevoir que ses objections sur ce qu'il appelle ma théorie de l'absorption des gaz sont en grande partie mal appliquées ; à moins qu'on n'admette comme axiome que, si de quantités égales on retranche des quantités iné

(1) Traduit des Ann. of philos. by dr. Thomson. Mars 1816.

(2) Le Mémoire original est imprimé dans le tome 1er de la Bibliothèque britannique, p. 127.

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