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Il passe à l'examen des corps impondérables, et surtout du calorique, dont il considère le rayonnement et la propagation. Il est conduit par là à la dilatation des corps dans leurs différens états; il décrit avec soin les thermomètres et leur construction, et particulièrement le thermomètre différentiel de M. Leslie. Il s'occupe ensuite du rapport de la force de cohésion qui tend à unir les molécules intégrantes des corps, et la force répulsive du calorique qui tend à les éloigner; ce qui le conduit à examiner la liquéfaction des corps par le calorique, la formation et la tension des vapeurs, l'ébullition des liquides. Il considère ensuite la décomposition des corps par le calorique et leur contraction par le froid, leur calorique spécifique et les différentes méthodes par lesquelles on le déterminé, enfin les sources dont il émane, et qui sont le soleil ou les corps qui l'abandonnent, soit par l'effet de la compression, soit par celui de la combinaison.

L'auteur examine ensuite la lumière; mais il ne la considère que sous le rapport des effets chimiques qu'elle produit. C'est sous ce même rapport qu'il examine l'électricité; il s'arrête particulièrement à la description de la pile, qui est devenue l'instrument le plus puissant de l'analyse chimique, et dont le génie de Davy s'est servi pour produire une grande révolution dans la science. Il décrit la construction de la pile, les principes de son action, les soins qu'elle exige et les effets de la polarité qu'elle introduit entre les élémens des combinaisons.

Après avoir examiné les caractères généraux de l'affinité et les propriétés des fluides impondérables dont l'action s'étend sur toute la nature, l'auteur l'auteur passe

à

l'examen des corps pondérables simples et composés, et d'abord il établit les règles de la nomenclature qui doivent guider dans la dénomination des corps composés, pour qu'elle puisse indiquer les élémens qui entrent dans leur composition et les rapports qu'ils ont avec les autres élémens, secours puissant pour l'étude, pour l'enseignement et pour les communications mutuelles.

L'oxigène étant le corps dont l'action est la plus générale et la plus importante à connaître, c'est par lui que l'auteur commence l'étude des corps pondérables; il s'occupe ensuite des corps combustibles simples et composés ; il passe de là aux oxides et aux acides, ou aux composés qui résultent de la combinaison des corps combustibles avec l'oxigène. L'examen des oxides et des acides le conduit à traiter de leur action réciproque et des nombreux composés qu'ils peuvent former. Il profite des notions acquises jusque-là pour exposer l'extraction des métaux. Après avoir fait connaître les propriétés des minéraux ou des corps inorganiques, il expose celles des corps organiques ou des matières végétales et animales.

En général il examine les corps sous sept rapports: il expose 1o leurs principales propriétés physiques; 2° celles de leurs propriétés chimiques qui dépendent du rang qu'ils doivent occuper-; 3o les divers états sous lesquels on les rencontre dans la nature; 4° la manière dont on peut les obtenir purs; 5° leur composition; 6° leurs usages; 7° l'histoire abrégée de leur découverte ou de celle de leurs propriétés les plus saillantes. J'observerai, à cet égard, qu'on ne doit point reprocher à M. Thenard de n'avoir pas indiqué tous les travaux par lesquels les chimistes se sont signalés; ces détails

auraient été étrangers à un ouvrage élémentaire : ainsi, en traitant des oxides, il a dû s'arrêter aux résultats qui lui ont paru mériter le plus de confiance par la perfection à laquelle l'analyse a été portée récemment; tels sont en particulier ceux que l'on doit au célèbre Berzélius, que l'auteur a cru devoir adopter.

Il ne suffit pas à celui qui étudie la chimie d'avoir une connaissance exacte des propriétés des corps; il faut encore qu'il apprenne par quels procédés on peut déterminer leur nature, la proportion de leurs principes constituans et leur application : ce sont ces procédés qui constituent l'analyse chimique proprement dite.

Cette partie importante, qui vivifie la science, a fait, de nos jours, de grands progrès qui sont dus particulièrement aux propriétés découvertes et surtout à l'alliance de la physique, qui en a fait elle-même de considérables. M. Thenard expose les principes de l'analyse dans huit chapitres : dans le premier, il traite des manipulations communes à un grand nombre d'analyses; dans le second, de l'analyse des gaz; dans le troisième, de celle des corps combustibles; dans le quatrième, de celle des corps brûlés; dans le cinquième, de celle des sels; dans le sixième, de celle des eaux minérales ; dans le septième, de celle des substances organiques: on trouve dans ce chapitre la description du procédé ingénieux dont il a fait usage, avec son ami Gay-Lussac, dans le bel ouvrage qu'ils ont publié en commun, et celle des procédés analogues de MM. Berzélius et de Saussure. Enfin, dans le huitième chapitre, il donne les moyens de reconnaître facilement à quelle classe un corps qu'on veut ana ́lyser appartient.

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Le premier volume de cet ouvrage date de 1813 les circonstances qui nous ont enveloppés ont retardé la blication des autres volumes, et ce n'est qu'en 1816 que le dernier a pu paraître; mais dans ces trois ans la science a fait des découvertes qui affectent même les bases sur lesquelles elle était établie. L'auteur fait connaître, dans des additions, ces découvertes avec le soin qu'il a mis dans le tableau général de nos connaissances, telles qu'elles étaient à l'époque où il a commencé la publication de son ouvrage.

L'iode; l'explication des phénomènes de l'acide muriatique oxigéné, considéré, sous le nom de chlore, comme un être simple; la nature de l'acide prussique dévoilée par M. Gay-Lussac; les corps gras qui, par l'action des alkalis, prennent le caractère d'acide, et qui ont été placés par M. Chevreul au rang des substances qui forment des combinaisons régulières; les phénomènes que présentent l'acide oxalique et quelques oxalates qu'a fait connaître M. Dulong, sont une partie des objets nouveaux dont traite M. Thenard dans ses additions; il termine enfin son ouvrage par la description de l'ingénieuse échelle synoptique des équivalens chimiques de M. Wollaston.

Dans les acquisitions rapides que la chimie continue de faire, ceux qui ne peuvent plus suivre que de l'œil les nobles émules qui brillent dans la carrière, conservent néanmoins le plaisir d'applaudir à leurs succès.

Extrait d'une Thèse sur les Combinaisons du Mercure avec l'Oxigène et le Soufre, présentée à l'Ecole spéciale de Pharmacie de Paris;

PAR M. GUIBOURT,

Chef des Magasins de la Pharmacie centrale des Hôpitaux civils.

Le protoxide de mercure, dont l'existence n'est point douteuse, pendant qu'il est en combinaison avec les acides, ne peut être obtenu isolé. En décomposant du protonitrate ou du protochlorure de mercure par la potasse, et en excluant avec soin la présence de l'air, on obtient un précipité d'un noir jaunâtre, qui, traité par l'acide hydrochlorique, donne du protochlorure et du deutochlorure de mercure. Ce même précipité, lavé et séché, présente de petits globules de mercure visibles à la loupe, et qui le deviennent à l'œil nu lorsque l'on comprime le précipité entre deux corps durs (1).

(1) On savait que le protoxide de mercure se change, par la chaleur ou par la lumière, en mercure et en deutoxide; et comme M. Guibourt ne parle pas de l'action de la lumière, et qu'il a employé quelquefois la chaleur, on pourrait conserver quelque doute sur l'exactitude du résultat qu'il annonce : mais je me suis assuré, en répétant ses expériences dans l'obscurité à la température ordinaire de l'air, qu'il est parfaitement exact. Quoique le précipité du protonitrate de mercure, récemment obtenu, donne du protochlorure de mercure lorsqu'on le traite par l'acide hydrochlorique, on n'en peut pas conclure qu'il renfermait du protoxide, parce que le mercure qui se sépare au moment de la précipitation,

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