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Le peroxide de mercure étant exposé pendant longtemps à la lumière, une partie se décompose complètement: il est soluble dans l'eau et lui communique une forte saveur métallique, la propriété de verdir le sirop de violettes, de brunir par l'acide hydrosulfurique, de se troubler de suite par l'ammoniaque, qui y forme un ammoniure moins soluble que l'oxide lui-même, de se recouvrir à l'air d'une pellicule éclatante qui se renouvelle à mesure qu'elle se précipite, et qui, rassemblée et séchée, laisse apercevoir à la loupe du mercure métallique.

Le composé d'ammoniaque et de peroxide de mercure laisse dégager beaucoup d'ammoniaque lorsqu'on l'expose à l'action de la chaleur; une autre portion de l'alkali se décompose et donne naissance à de l'eau : 108 parties de peroxide, représentant 100 parties de métal, produisent 114,7 d'ammoniure de mercure. Par le calcul, en prenant une quantité d'ammoniaque telle que son hydrogène sature l'oxigène de l'oxide, on trouve que 108 parties d'oxide doivent produire 113,7 d'ammoniure.

Aux deux oxides de mercure correspondent deux sulfures, le sulfure noir et le sulfure rouge. Le premier, préparé en faisant agir de l'acide hydrosulfurique en excès sur le protochlorure de mercure, est d'un beau noir si on le chauffe, on obtient du mercure et du cinabre; il se produit aussi de l'acide hydrochlorique et de l'acide hydrosulfurique; mais la quantité en est trop petite pour qu'on doive les regarder comme essen

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avec l'air; mais ses résultats ne me paraissent pas assez concluans pour qu'on les admette. G. L.

tiels à la nature du sulfure. Ce sulfure présente, comme le protoxide, la propriété de donner du mercure lorsqu'on le comprime; et, d'après ce fait, on doit le considérer comme étant un mélange de cinabre et de mercure: chauffé avec du fer, on obtient 100 parties de mercure pour 108,2 de sulfure.

En décomposant le deutochlorure de mercure par de l'acide hydrosulfurique en excès, on obtient un précipité noir, qu'il serait impossible de distinguer du précédent par son aspect extérieur, mais qui en est très-différent; car, en le sublimant, il se change entièrement en cinabre. Décomposé par le fer, on trouve qu'il est formé de 100 parties de mercure et de 16,0 de soufre, de même que le cinabre du commerce. Ces proportions, d'accord avec celles qui ont été obtenues par plusieurs chimistes, confirment celles des deux oxides. M. Guibourt pense que le sulfure noir obtenu en décomposant le deutochlorure de mercure par l'acide hydrosulfurique en excès, ne diffère du cinabre que par l'interposition de quelques atomes de corps étrangers, et il en donne pour preuve qu'il y a manière d'opérer la décomposition du deutochlorure par l'acide hydrosulfurique pour qu'il en résulte du cinabre. Avec du temps et du repos les molécules du sulfure se rapprochent de plus en plus, expriment, pour ainsi dire, les molécules étrangères qui les séparent, et enfin arrivent au degré de densité nécessaire pour produire la couleur rouge. On n'obtient pas constamment le cinabre par le moyen indiqué: sur trois essais, deux seulement ont réussi à M. Guibourt.

La variété des couleurs qu'offre souvent le sulfure de mercure a été regardée par plusieurs chimistes comme

une preuve de l'existence de plusieurs sulfures. M. Guibourt montre l'insuffisance de cette preuve, et il conclut des expériences qu'il a faites, qu'il n'existe qu'un sulfure de mercure, celui qui correspond au peroxide de mercure ou le cinabre.

Lorsqu'on précipite une dissolution de deutochlorure de mercure par l'acide hydrosulfurique, on obtient, si ce dernier acide n'est pas en quantité suffisante, un précipité d'un blanc gris, dans lequel MM. Fourcroy et Thenard avaient reconnu l'existence du soufre et de l'acide muriatique. M. Guibourt remarque que ce composé est un chlorosulfure de mercure, et que le précipité que produit l'acide hydrosulfurique dans le nitrate de mercure doit être un oxisulfure. C'est un ordre particulier de composés sur lesquels M. Gay-Lussac a fixé l'attention des chimistes dans son Mémoire sur l'acide prussique, et dont il s'était borné à citer un petit nombre.

Ce court exposé montre l'importance de la thèse de M. Guibourt: nous désirons, pour l'Ecole de Pharmacie, qu'on lui en présente souvent de semblables.

G. L.

Note relative au Mémoire de MM. Colin et

Robiquet.

PAR M. BERTHOLLET.

que

En poursuivant en 1785 (1) les propriétés du chlore je regardais alors comme un composé, j'examinai son action sur l'alcool, et particulièrement sur l'éther. Les

(1) Mémoires de l'Académie de 1785.

idées où je fus conduit ne méritent pas d'être rappelées ; mais je retirai, en traitant l'éther, une substance huileuse aromatique qui me paraît avoir beaucoup de ressemblance avec celle que MM. Robiquet et Colin ont formée par la combinaison du chlore et du gaz oléfiant, ou hydrogène percarburé, et qu'ils font connaître dans le Mémoire qui précède.

Au commencement de 1815, j'ai cherché à obtenir des résultats plus positifs de l'action du chlore sur l'éther: j'ai fait passer sur de l'éther placé dans un petit flacon auquel succédait un second flacon vide et entouré de glace, ainsi que le premier, du chlore qui, en se dégageant, traversait un tube qui contenait, dans sa longueur, du chlorure de chaux qui avait subi la fusion. J'ai continué cette opération jusqu'à ce que la vapeur qui se dégageait d'un tube adapté au second flacon ne fût plus du gaz hydrochlorique, mais du chlore non altéré.

La liqueur qui était contenue dans le premier flacon, et qui avait passé en partie dans le second, avait acquis une augmentation en poids de 6 grammes sur 16; mais son volume avait subi une petite diminution. Transparente, uniforme et seulement colorée par un petit excès de chlore, elle a été étendue de quatre parties d'eau distillée; elle s'est troublée et s'est bientôt divisée en deux couches transparentes. La couche supérieure a été séparée : elle avait une forte saveur d'acide hydrochlorique. C'est la couche inférieure, encore lavée avec de l'eau distillée, qui me paraît analogue à celle que MM. Robiquet et Colin ont décrite, si elle n'est identique. On a mis sur cette liqueur, qui avait l'apparence huileuse, une solution de sous-carbonate de soude, dont l'alkalescence

était dominante. La partie qui refusait de se mêler å l'eau a diminué peu à peu par l'action de l'alkali; le lendemain son volume était réduit à, et non-seulement l'alkalinité avait disparu, mais la liqueur était devenue acide on a saturé l'acidité en laissant un petit excès d'alkali. Le jour suivant, la couche inférieure s'est encore trouvée diminuée, et la liqueur avait repris de l'acidité. On a continué ainsi depuis le 25 janvier jusqu'au 12 février la liqueur à continué de s'acidifier et de décroître; mais cet effet allait en diminuant, de sorte que, lorsqu'on a fini l'expérience, il était devenu trèsfaible. Sur la fin, la liqueur a pris une légère teinte jaune, et lorsqu'on a cessé l'expérience, son volume était réduit à un peu moins du cinquième, et cependant elle pesaît un peu plus de huit grammes. Elle a été traitée à chaud la par potasse et évaporée à siccité. En redissolvant et filtrant, il est resté sur le filtre une matière noire fort charbonnée, soluble en partie dans l'alcool. Toutes les liqueurs alkalines ont été réunies; elles ont donné avec le nitrate d'argent du chlorure d'argent qui, étant fondu, a pesé 4208,773.

On aperçoit que, dans l'expérience précédente, il se dégage ou il se forme beaucoup d'eau ; car le liquide que l'on obtient d'abord contient beaucoup d'acide hydrochlorique, qui exige, pour être réduit à l'état liquide, une grande proportion d'eau, et le chlore avait été desséché ; l'éther avait été employé au plus haut degré de concentration.

Cette eau est due aux proportions d'hydrogène et d'oxigène qui se trouvaient dans l'éther et qui se réunissent pendant que l'éther est décomposé par l'action du chlore;

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