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Int. P. 2. 6. 20.

plus ou moins fréquente; car on ne peut établir fur ce point, de regle générale qui ne fouffre quelque exception; & les Directeurs peuvent feuls en prefcrire de particulieres, les proportionnant à l'état, aux befoins & aux difpofitions de ceux qu'ils conduifent. Tout ce qu'on peut faire ici pour leur faciliter ce difcernement, c'eft de leur propofer les maximes qui paroiffent les plus sûres dans la pratique celles qui fuivent font extraites de faint François de Sales, qui les a tirées lui-même des paroles d'un ancien Auteur, inférées dans le Droit Canon on peut les regarder commę des regles fort anciennes, & généralement reçues dans l'Eglife.

I

« 1°, Il feroit imprudent de con» feiller indifféremment à tous la » Communion de tous les jours, » la difpofition requife pour une » Communion fi fréquente devant » être fort exquife & parce que cette difpofition, quoique exquife, » peut fe trouver en plufieurs bon»nes ames, il n'eft pas bon d'en » détourner généralement; mais il » en faut ufer fuivant l'état inté » rieur de chacun en particulier, & » ne point blâmer cet ufage, fur» tout en ceux qui fuivent en cela » l'avis de quelque digne Directeur. » Il faut, pour être admis à cette » Communion, avoir furmonté la plupart des mauvaises inclinations; c'est-à-dire, non-feulement l'affe»ction aux chofes inutiles & dange» reuses, comme font les jeux, les fe» ftins, les parures, & autres chofes femblables, mais encore ces incliP. 1, c. 23. ». nations naturelles, qui n'ayant point pris l'origine de nos péchés parti»culiers, ne font pas proprement » vices ni péchés, mais imperfec» tions; comme font la légereté, » l'inclination à la colere, la mélan

Ibid.

Ibid.

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"

» colie, & autres défauts qui vien» du tempérament & du naturel, & Ibid. c. 244 >> font fouvent contre le gré & la vo» lonté. »

Il est évident qu'on ne peut arriver à cette haute difpofition que par une vigilance & une attention continuelle fur foi-même; & qu'on doit par conséquent regarder comme un empêchement à la Communion de tous les jours, tout ce qui eft incompatible avec cette attention & cette vigilance, tout ce qui la trouble & la rompt, comme les compagnies, l'état & les occupations extérieures, les embarras & les diffipations du dedans.

دو

«2°, Pour communier tous les cr » huit jours, il eft requis de n'avoir » aucun péché mortel, ni aucune affection au péché véniel, & d'avoir » un grand defir de communier. »

Il faut dire à peu près la même chofe de la Communion de tous les quinze jours, fi ce n'eft que plus la Communion eft fréquente, plus cette difpofition doit être parfaite, plus l'éloignement du péché, même véniel, doit être fort, & le defir de communier ardent & pur.

"Pour bien entendre cette ma» xime, il faut remarquer qu'il y a

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une grande différence entre n'a» voir aucun péché véniel, & n'a» voir aucune affection au péché vé»niel; car nous ne pouvons jamais être entierement purs des péchés » véniels, au moins pour perfifter long-temps dans cette pureté ; » mais nous pouvons bien n'avoir » aucune affection aux péchés vé»niels. Autre chofe eft de mentir » une ou deux fois en chofe peu im»portante, & autre chofe eft de fe plaire à mentir, & d'être affec»tionné à cette forte de péché.

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P. 2. c. 201

P.1. c. 224

» On fe convaincra facilement de p. 1. c. 22. » la néceffité de cette difpofition, fi » l'on confidere qu'une ame bien née

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» & généreuse ne peut point nourrir » volontairement en elle la volonté » de continuer & de persévérer en » aucune forte de péché véniel. Le péché véniel, quelque petit qu'il » foit, déplaît à Dieu : & ce feroit » une lâcheté bien grande de vouloir à notre efcient garder dans notre cœur une chofe auffi déplaifante à » Dieu que la volonté de lui déplai» re. L'affection au péché véniel eft » directement contraire à la dévo» tion, comme l'affection au pé» ché mortel l'eft à la charité: " elle eft donc une indifpofition à la Communion; & fi cette affection eft actuelle, continue & délibérée, elle prive du fruit de la Communion.

"

On peut confeiller à tous ceux qui font dans les difpofitions prefcrites dans cette maxime de communier tous les Dimanches, autant qu'il leur fera poffible: « Ils pourront même "Int. P. 2." utilement communier encore plus » fouvent que tous les Dimanches, lorfque celui qui les conduit le » trouvera bon.»

20,

Ibid.

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taines fautes vénielles, & ne font aucun effort pour s'en corriger; combien plus feront-ils réfervés à permettre la fainte Communion à ces perfonnes dont la vie eft fi diffipée, fi inutile, & fi dangereufe pour le falut.

La prudence doit accompagner & régler les Communions des perfonnes qui font en état de communier fouvent. «Avec cette prudence, il n'y a » ni mere, ni époufe, ni mari, ni » pere qui empêche de communiet » fouvent. Cette prudence confifte » à faire enforte que ce faint exer»cice ne leur apporte aucune in» commodité; ce qui arrivera, si le » jour de la Communion, on ne » laiffe pas d'avoir le foin conve »nable à fa condition, fi l'on a » pour eux plus de douceur & d'af » fabilité, & fi on ne leur refuse » nulle forte de devoir.

» Si cependant ceux auxquels on » doit l'obéiffance, ou pour lefquels » on doit avoir du refpect ou certains » égards, étoient affez mal inftruits » ou affez bizarres pour s'inquiéter & » fe troubler à la vue d'une Commu»nion fréquente, il fera bon, après » avoir tout bien confidéré, de con» defcendre en quelque forte à leur » infirmité, en retranchant quelque chofe au nombre des Communions, » fi l'on ne peut vaincre autrement » cette difficulté. »

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Les perfonnes auxquelles la fréquente Communion eft permife choifiront, autant qu'il leur fera poffible, pour s'en approcher, les jours de Dimanches & de Fêtes ; ces jours étant ordinairement plus propres au recueillement, & devant être confacrés à la fanctification. On leur confeillera encore d'y participer les jours de l'anniverfaire de leur Baptême, & de leur Confirmation; les jours du Saint dont ils portent let

Ibid

Ibide

nom, du Patron des Eglifes & Communautés auxquelles ils appartiennent, & des Saints qui ont vécu dans le même état ou la même profefkon. On pourra y ajouter les jours de

l'Ordination pour les Miniftres des Autels, de Prife d'Habit & de Profeffion pour les perfonnes Religieuses, & de l'anniversaire du Mariage pour les perfonnes mariées.

De ceux qu'on peut admettre à la fainte Communion; ou auxquels on doit la refuser.

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OUR participer à l'Euchariftie, il faut avoir été baptifé, & être actuel lement en état de grace. On la donnoit autrefois aux petits enfans; mais les irrévérences extérieures, quoique innocentes qu'ils commettoient, faute de difcerner ce Pain célefte d'une nourriture commune & ordinaire, ont engagé l'Eglife à changer fur ce point fa difcipline, & à ne plus permettre de l'adminiftrer qu'à ceux qui font inftruits des principaux Myfteres de la Foi, & qui ont atteint l'âge de difcrétion.

On ne doit point donner l'Euchariftie, même à la mort, aux infensés qui n'ont jamais eu l'ufage de la raifon depuis leur naiffance. Quant à ceux dont la folie n'eft pas tellement perpétuelle, qu'ils ne jouiffent quelquefois du libre ufage de leur raifon, on peut la leur donner, même pendant leur vie, profitant à cet effet de leurs bons intervalles, s'ils font confidérables; pourvu qu'ils foient d'ailleurs bien difposés, & qu'il n'y ait point de danger d'irrévérence. On l'adminiftrera à la mort aux imbécilles, c'est-à-dire, à ceux en qui l'on n'apperçoit qu'une foible Jueur de raifon, fi l'on peut parvenir à leur donner une certaine connoiffance des principaux Myfteres de a Religion, à les faire confeffer,

& à les inftruire du Sacrement de l'Euchariftie, autant qu'il eft abfolument néceffaire pour difcerner le Corps de Jefus-Chrift. Ils pourront même, à ces conditions, y être admis quelquefois pendant leur vie.

Les fourds & muets de naiffance ne font pas abfolument incapables, par état, de ce Sacrement. Quoique, ordinairement la Foi vienne de ce qu'on a oui, Dieu y fupplée quelquefois : la Foi qu'ils ont reçue infuse dans le Baptême n'étant pas oifive, on peut les inftruire par des fignes & par le moyen des images; la majefté des cérémonies de l'Eglife, l'extérieur refpectueux & recueilli qu'ils remarquent dans les Prêtres & dans les fideles à la vue de la fainte Euchariftie, peuvent bien leur faire comprendre qu'elle renferme quelque chofe de divin. Lors donc qu'après une inftruction convenable à leur état, ils font connoître par leur conduite qu'ils difcernent ce Myftere, qu'ils confeffent leurs péchés par figne, & qu'ils témoignent du regret de les avoir commis, on peut leur donner l'abfolution, & les admettre enfuite à la fainte Table. Cependant, comme il eft fort difficile de juger de leurs difpofitions, on ne les communiera, hors le cas du péril de mort, qu'a

près

près Nous avoir confulté, ou nos Vicaires Généraux.

Dans ce Royaume, l'ufage de P'Eglife ne permet pas d'adminiftrer

ce Sacrement aux criminels condamnés à la mort la raison de cette difcipline eft que leur fentence devant être exécutée le même jour qu'elle eft prononcée, on craindroit de traiter l'Euchariftie avec quelque forte d'indignité, fi on l'uniffoit à un corps qui doit être, peu d'heures après, détruit ignominieufement, & pour l'ordinaire privé de la sépulTure eccléfiaftique, & expofé au public comme un objet d'horreur & d'exécration.

On doit refufer la Communion aux pécheurs publics & scandaleux, lors même qu'ils la demandent publiquement, jufqu'à ce qu'ils aient renoncé à leurs crimes, & réparé le fcandale qu'ils ont causé. On entend ici par pécheurs publics, les excommuniés ou interdits dénoncés, les hérétiques, les fchifmatiques notoires, les perfonnes infâmes par état, tels que font les Comédiens, les Farceurs ou Bateleurs, jufqu'à ce qu'ils aient renoncé à cette profeffion réprouvée,

les ufuriers publics, les concubinaires, les femmes débauchées, & généralement tous les autres pécheurs dont la révolte ou le crime font notoires & in

conteftables. Pour n'avoir rien à fa reprocher, on ne doit refuser publiquement les Sacremens à perfonne, fans Nous avoir confulté ou nos Vicaires Généraux, quand les circonftances permettront de le faire : files circonftances ne le permettent pas, on doit fe conduire felon la regle quî vient d'être établie.

A l'égard des pécheurs dont le crime eft certain, quoiqu'il ne foit pas notoire, s'ils demandent la Communion en fecret & fans témoins, on ne doit pas les y admettre, quand leur indignité eft connue autrement que par la Confeffion, & lorfqu'on eft affuré qu'ils n'en ont fait aucune pénitence; mais s'ils la demandent en public, il n'eft pas permis de la leur refufer. Tout ce qu'on peut faire pour empêcher un fi horrible facrifége, c'eft de les avertir auparavant en particulier de ne fe pas préfenter; les conjurant de ne fe pas rendre coupables de la profanation du Corps de Jesus-Christ.

De la Communion Pafchale. LES Curés avertiront les Fideles

du précepte de l'Eglife, qui leur ordonne de communier dans le temps de Pâques; & pour cet effet, ils publieront au Prône le Décret du Concile de Latran fur la Communion Pafchale, le premier Dimanche de Carême, le Dimanche de la Paffion, & le Dimanche des Rameaux,

Il réfulte de la teneur de ce Décret, que tous les Fideles qui ont atteint l'âge de difcrétion, font obligés, I. Partie.

fous peine de péché mortel, de com

munier à Pâques, c'est-à-dire, fuivant l'ufage de ce Diocèfe, dans l'intervalle qui s'écoule depuis le Dimanche des Rameaux, jufqu'au Dimanche de la Quafimodo.

Les Confeffeurs peuvent néanmoins différer, avec connoiffance de cause, à un autre temps ceux qu'ils ne trouvent pas bien difposés : mais auffi ceux-ci doivent-ils travailler à fe mettre en état de le faire au plutôt ;

T

car s'ils différoient plus long-temps par leur faute, ils fe rendroient coupables de péché. L'obligation de communier ne ceffe pas à l'égard de celui qui n'y auroit pas fatisfait au tems marqué par le Décret; cette Ordonnance n'ayant pas été faite pour reftreindre ou pour limiter l'obligation des Fideles, mais pour les empêcher d'en négliger l'accompliffement. Il en eft de même de l'obligation de fe confeffer une fois l'an.

Ce feroit une impiété de dire qu'on fatisfait à ce précepte par une Communion indigne: c'eft pourquoi ceux qui auroient eu le malheur de communier indignement à Pâques, feroient obligés de s'en confeffer, & de communier une autre fois, pour s'acquitter de ce devoir.

pu

Perfonne ne peut recevoir la Communion Pafchale hors de fa Paroisse s'il n'en a une permiffion expreffe. Ceux à qui cette permiffion feroit accordée, feront tenus de remettre à leur Curé un certificat, portant qu'ils ont fatisfait à ce devoir. Il en exigera auffi un de ceux qui, étant en voyage pendant le temps de Pâques, n'auront communier à leur Paroiffe; & en cas qu'ils manquent d'en rapporter, ou s'il remarque que quelqu'un de fes Paroiffiens affecte de s'abfenter pendant la quinzaine, il Nous en donnera avis, ou à nos Vicaires Généraux, pour recevoir confeil fur la conduite qu'il doit tenir à leur égard. Pendant le tems Pafchal, on doit renvoyer les Paroiffiens étrangers à leurs Curés pour la Communion; il faut excepter de cette regle ceux qui auroient obtenu de Nous, de nos Vicaires Généraux, ou de leurs Curés, la permiffion de communier hors de leur Paroifle, les pauvres mendians qui font fans domicile, les Pélerins, les Voyageurs, & ceux qui, pour la néceffuré de leurs affaires, ou

autre caufe valable, fe trouveroient alors de bonne foi dans une autre. On n'admettra néanmoins les étrangers, s'ils font fufpects, qu'après avoir reconnu par de bons certificats, ou par les éclairciffemens qu'ils pourront donner qu'ils font bons Chrétiens, & n'ont en eux aucun empêchement qui doive les éloigner des faints Myfteres.

Pour ôter à nos Diocéfains toute occafion de faire leur Communion Pafchale dans d'autres Eglifes qu'en celle de leur Paroiffe; « Nous défen» dons très-expressément à tous Prê» tres féculiers & réguliers, exempts »ouprétendus exempts,d'adminiftrer » à qui que ce foit, pendant la Quin→ »zaine de Pâques, le Sacrement » d'Euchariftie dans leurs Eglifes, ou » autres qui ne font pas Paroiffiales, » fans une permiffion expreffe de » Nous, ou de nos Vicaires Géné>> raux, ou des Curés. »

Les Curés remarquerout exactement ceux de leurs Paroiffiens qui auroient manqué de communier à Pâques; ils les avertiront en particulier, & les prefferont de fatisfaire à ce devoir, leur remontrant que fur leur refus ils feront fus ils feront obligés de Nous les dénoncer, & qu'ils s'expofent, felon le Décret du Concile de Latran, à être interdits de l'entrée de l'Eglife, & privés après leur mort de la sépulture eccléfiaftique. Si ces avis ne produifent aucun fruit, ils les réitéreront à leurs Prônes, fans néanmoins nommer ni défigner perfonne, mais parlant en général; & après avoir inutilement tenté ces voies de douceur, fans rien entreprendre contre eux em public, ils nous enverront leurs noms, afin que Nous prenions les mesures néceffaires pour faire ceffer le fcandale.

Les malades n'étant point difpensés de ce précepte, on leur adminiftrera

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