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l'Euchariftie à la maison pendant la Quinzaine de Pâques, quand même ils l'auroient reçue peu de jours avant en Viatique, & alors, ils la recevront à jeun. Si leur maladie eft affez dangereuse pour obliger de les communier en Viatique pendant le temps de Pâques, ils fatisferont par cette

Communion au précepte de la Communion Pafchale. Les Pasteurs pourront néanmoins diffèrer aux malades, felon leur prudence, la Communion Pafchale, forfqu'ils auront lieu de ju→ ger qu'ils feront probablement en état de fe rendre à l'Eglife peu de temps après la Quasimodo.

De la premiere Communion des Enfans. RIEN

IEN de plus important pour les Enfans que de faire faintement leur premiere Communion; elle influe or dinairement fur celles qui la fuivent, & leur falut éternel dépend fouvent des difpofitions qu'ils y ont apportées. Les Pasteurs doivent donc la regarder comme une œuvre des plus dignes de leur follicitude, & apporter tous leurs foins pour les y préparer.

Cette Communion fe fera dans l'Eglife Paroiffiale, & ne pourra fe faire ailleurs, même hors le temps de Pâques, fans l'agrément du Curé. On ne doit excepter de cette regle que les jeunes filles penfionnaires dans les Communautés, Religieufes, & qui y demeurent actuellement.

Il n'eft pas facile de fixer l'âge auquel les enfans peuvent y être admis. On en voit, qui, n'étant encore âgés que d'onze ou douze ans, font affez inftruits & capables de réflexion pour difcerner cette célefte nourriture; d'autres, d'un efprit plus pefant & plus difficile, ont befoin d'être différés quelque temps. On remarquera feulement pour ceux-ci, que quand ils font arrivés à l'âge de quatorze ans, on doit confiderer que le précepte de la Communion les prefle, & qu'ainfi on ne peut les en priver que pour des rai

fons confidérables. Les Curés feront donc alors de nouveaux efforts, n'exigeant d'eux que les inftructions effentielles, & les admettront, s'ils ne remarquent en eux des empêchemens qui doivent abfolument les en exclure.

A l'entrée du Carême, les Curés nommeront ceux qu'ils croiront de voir préparer à la premiere Communion, les avertiront d'affifter exactement aux Catéchifmes qui fe feront dans le cours de la femaine fans néanmoins en exclure les autres qui y viendroient d'eux-mêmes ou que les parens parens y envoieroient. Ils tâcheront même d'y attirer les perfonnes plus âgées qu'ils jugeront n'être pas affez inftruites de leur Religion.

Ils étudieront fur-tout pendant ce temps les inclinations de ces enfans, veillant plus particuliérement fur leur conduite, & en conférant avec leurs peres & meres, maîtres & maîtresses. Quinze jours avant la Communion, ils les examineront eux-mêmes pour choifir ceux qu'ils jugeront dignes d'y être admis; & ils s'appliqueront enfuite avec zele à difpofer plus prochainement à une fi fainte action ceux qu'ils auront ainfi choifi, les voyant quelquefois en parti

culier, pour leur parler en peres, les exciter à la douleur de leurs péchés, leur faciliter leur examen de confcience, & leur infpirer les fentimens de la tendre & folide piété qui doit les accompagner à la faint Table. Comme il arrive affez fouvent que les enfans, faute de lumiere & de réflexion, ne font pas des Confeffions aflez sérieuses avant d'être admis à la premiere Communion, on les difpofera à en faire une générale, les entendant à cet effet pendant le Carême, enforte qu'ils n'aient befoin que d'être réconciliés la veille de leur Communion. La Confeffion annuelle & les longs offices de la Semaine - Sainte occupant entiérement les Curés & les Vicaires pendant le temps Pafchal, on pourra remettre la premiere Communion des enfans à quelqu'un des Dimanches après Pâques, même à l'Afcenfion, ou à la Pentecôte. On leur apprendra quelques jours auparavant la maniere de fe préfenter à la fainte Table, de tenir la nappe de la Communion, &c. On les exercera à cet effet dans l'Eglife avec des hofties non confacrées; il fera même bon de le faire en préfence du peuple, afin de profiter d'un moyen fi favorable pour apprendre fenfiblement aux perfonnes avancées en âge à fe préfenter & à fe tenir à la Table facrée dans l'ordre & la décence convenables.

Le jour de la premiere Communion on chantera la Meffe avec toute la folemnité poffible, afin que l'éclat de la Cérémonie puiffe contribuer à graver plus profondément dans l'efprit de ces enfans la mémoire d'une fi fainte action, & à feur en infpirer un haute idée. Ils y affifteront tous enfemble & dans des places diftinguées, les garçons à la droite, & les filles à la gauche,

Ils feront tous vêtus proprement & modeftement, felon leur état, & tien dront en main, autant qu'il le pourra un cierge allumé, qu'ils porteront à l'offrande.

Le Prêtre qui célébrera, après avoir pris le Précieux Sang, fe tournera vers eux pour leur faire une exhortation, qui doit être courte, mais tendre & pathétique, pour exciter leur foi, leur defir & leur amour pour un Dieu qui va fe donner à eux tout entier & fans réserve. Il entonnera enfuite l'Hymne Veni Creator, & pendant que le Chaur la continuera, il donnera la Communion aux enfans; après quoi it leur fera une autre exhortation pour les engager à remercier Dieu, & à profiter avec foin d'une fi grande grace. Cette Cérémonie feterminera par le Cantique Te Deum, & pendant qu'on le chantera, tous feront debout; le Célébrant dira enfuite le Verfet & l'Oraison qui se trouvent dans le Miffel, Pro gratiis Deo agendis. Enfin, avant de remettre le faint Ciboire dans le Tabernacle, il er donnera la bénédiction, fans rien dire, & il achevera la Meffe.

Chaque Curé dreffera un Acte de tous ceux qui auront fait leur premiere Communion : cet Acte fera figné de lui, & contiendra les nom, furnom & âge de chacun, & le nom de leurs pere & mere. On fe fervira pour cela d'un Regiftre particulier, ou de celui fur lequel on doit dreffer les Actes de ceux qui auront été confirmés; & afin que ce Regiftre foit: foigneufement confervé, il fera joint à ceux des Baptêmes, que le Curé doit garder, & qui Nous fera repréfenté, ou à nos Vicaires Généraux, dans le cours des vifites.

Ils travailleront enfuite avec un nouveau zèle à cultiver, dans ces jeunes plantes, une grace fi précieuse.

que

Ils tâcheront, pour cet effet, de les
engager à fe confeffer tous les mois,
& à communier auffi fréquemment
leur Confeffeur jugera à propos
de le leur permettre : il fera bon mê-
me de leur affigner des jours de
Communion générale, & de les voir
quelquefois en particulier, pour les
foutenir dans leurs bonnes réfolu-
tions; fur-tout, ils n'oublieront rien
pour les
porter à continuer de venir
aux Catéchifmes le plus long-temps
qu'il fera poffible, les y attirant par

des récompenfes, leur y donnant des
places diftinguées, les piquant d'ému-
lation, & fe fervant de tout ce que
le zèle pourra leur infpirer
leur infpirer pour leur
faire goûter les vérités de la Religion,
& les intéreffer à leur propre inftruc-
tion. Ils leur repréfenteront fouvent
l'obligation où ils font de tenir une
conduite qui puiffe fervir de modèle
à ceux qui fe difpofent à faire leur
première Communion l'année fui-
vante, & les engageront à commu-,
nier le même jour & avec eux.

De la Communion des Malades.

LES CURÉS S'informeront avec foin des malades qui font dans leurs Paroiffes. Ils les vifiteront, les prépareront de bonne heure à fe confeffer, & les difpoferont à communier par forme de Viatique, fitôt qu'ils les verront en danger de mort.

On trouvera dans les inftructions fur le Sacrement de pénitence, les règles qui doivent être obfervées pour la Confeffion des malades.

Les Curés représenteront aux malades qui paroîtroient effrayés de la propofition qu'ils leur feroient de fe difpofer à recevoir les Sacremens, ou qui voudroient qu'on attendît, pour les leur adminiftrer, que le dan

ger

fût plus grand, qu'en matière de falut, il faut prendre le plus sûr, de crainte d'être furpris; qu'en différant plus long-temps, ils courent rifque de fe trouver accablés & affoiblis par la violence de la maladie, au point de n'y pouvoir donner l'application néceffaire; qu'il pourroit même leur furvenir un tranfport, une toux, des vomiffemens, qui les en rendroient incapables; qu'ils ne doivent pas regarder les Sacremens comme des préfages funeftes d'une mort prochaine; qu'ils font, au contraire, pour un I. Partie.

malade, de précieux gages de la protection de Dieu; que Jefus-Chrift a fouvent guéri les corps par fa préfence; que tout au moins il fanctifie les âmes, les confole, les fortifie, & leur donne la grâce de faire un bon ufage de leurs fouffrances.

Si le malade refuse de se rendre à ces follicitations, le Curé, bien loin de l'abandonner, redoublera pour lui fes prières, fes foins & fes affiduités, jufqu'au dernier moment: il le preffera avec zèle, employera à cet effet ceux qu'il croira avoir le plus d'afcendant fur fon efprit ; & fi le temps le permet, Nous en donnera avis, ou à nos Vicaires Généraux.

Les Curés ne doivent point porter le faint Viatique aux malades, qu'au paravant ils ne les aient vifités & confeffés, ou du moins qu'ils ne foient sûrement inftruits qu'ils l'ont été. C'est pendant le jour qu'on doit porter le Viatique, à moins qu'une néceflité preffante n'obligeât de le porter pendant la nuit.

On fe gardera bien de donner le faint Viatique aux pécheurs publics, jufqu'à ce qu'ils fe foient confellés, & qu'ils aient réparé le fcandale; on fuivra, tant à leur fujet, qu'à l'égard * T iij

des infenfés, des fourds & muets, &c. les principes qui ont été établis, pages 144 & fuivantes.

On ne doit pas l'adminiftrer à ceux en qui on remarqueroit un délire, une toux, un crachement ou un vomiffement continuel, qui donneroit lieu de craindre quelque irrévérence, quoique involontaire, contre le Saint Sacrement, ou qui ne pourroient confommer la Sainte Hoftie. Si l'on doutoit que le malade pût l'avaler, on pourroit faire un effai avec une hoftie non confacrée, l'avertiffant qu'on ne la lui donne que pour éprouver s'il pourra recevoir l'Euchariftie; on pourra même, pour plus grande facilité, ne lui donner qu'une parcelle de l'Hoftie, lui faisant prendre l'ablution tout de fuite pour l'aider à avaler; mais on ne doit jamais tremper la fainte Hoftie dans quelque liqueur que ce foit, pour la lui faire prendre plus facilement.

On donnera le Viatique aux enfans malades qui font en péril de mort, fuffent-ils même au-deffous de l'âge qu'on a coutume d'exiger pour la première Communion, pourvu qu'ils foient confefsés, & qu'ils aient affez de raifon pour difcerner le Corps de Jefus-Chrift. Si néanmoins ils reviennent en fanté, on ne les admettra à communier à l'Eglife, qu'après les avoir préparés & éprouvés avec ceux qu'on difpofe pour la première Communion. Ceux qui, après avoir communié à l'Eglife dans la quinzaine de Pâques, ou dans un autre temps, tombent dangereufement malades ne font pas difpensés par cette Communion antérieure, de recevoir le Viatique: on doit donc le leur adminiftrer, même pendant ce temps.

Il n'appartient qu'au Curé d'adminiftrer ce Sacrement aux malades de fa Paroiffe, ou de commettre à cet effet, & nous défendons à tous

Prêtres Séculiers ou Réguliers, fous peine de fufpenfe, de le porter aux malades fans le confentement du Curé, à moins qu'il ne fût abfent, & de prendre en ce cas le Saint Sacrement ailleurs que dans l'Eglife Paroiliale. On n'excepte de cette règle que le cas d'une preffante néceflité, qui ne permettroit pas d'y recourir. Les Curés ne commettront à cet effet cet effet que des Prêtres approuvés pour entendre les Confetlions, à moins qu'il n'y eût un Confeffeur préfent; les malades demandant fouvent d'être reconciliés avant de communier.

S'il arrivoit qu'un inconnu tombât malade, & que le Curé lui administrât le Sacrement de Pénitence & le faint Viatique, il aura foin de pren dre avec le malade toutes les mefures néceffaires pour pouvoir, en cas de mort, avertir fa famille.

On ne peut donner à un malade l'Euchariftie comme Viatique, s'il n'eft en danger de nort; & pour lors, il la peut recevoir à toute heure fans être à jeun. S'il arrive que le danger continue, on pourra de nouveau le communier en Viatique, pourvu qu'il en témoigne un grand defir, & qu'il y ait au moins dix jours d'intervalle entre les deux Communions. Mais fi le malade, après s'être mieux porté, retombe encore en danger de mort, on doit lui adminiftrer de nouveau le Viatique, quand même il ne fe feroit pas écoulé dix jours depuis qu'il l'a reçu.

On portera pareillement l'Euchariftie aux autres malades, qui, fans être en danger de mort, defireront de communier par dévotion, & on leur accordera cette grâce, plus ou moins fréquemment, fuivant leurs difpofitions. Il eft même du devoir des Curés de les vifiter & de les exhorter à s'y difpofer, fur-tout aux

approches des grandes Fêtes; mais dans ce cas, ils exigeront d'eux qu'ils foient à jeun pour la recevoir, c'eftà-dire, qu'ils n'aient rien pris depuis minuit, ni par forme de nourriture, ni par forme de médicament.

S'il arrive que le malade vomisse après avoir communié, & que les efpeces facrées paroiffent, il faudra les séparer, les mettre dans un vafe propre, autre que le Ciboire, les rapporter à l'Eglife pour les y conferver dans un lieu décent, & attendre qu'elles foient corrompues pour les jetter dans la piscine. Si l'on ne peut découvrir les efpeces facramentelles, on effuiera & étanchera ce qu'il aura vomi avec des étoupes ou quelqu'autre matiere femblable, brûler enfuite le tout, & en pour jetter les cendres dans la piscine.

On avertira ceux qui font auprès du malade de bien nétoyer la chambre & les autres lieux de la maison par lesquels le Saint Sacrement doit paffer, de couvrir le lit d'un linge blanc, de préparer devant lui, &, s'il fe peut, à la vue, une table auffi couverte d'un linge blanc, & de mettre fur cette table deux chandeliers avec des bougies ou cierges allumés, un bénitier avec l'afperfoir, deux vafes, dont l'un fervira à purifier les doigts du Prêtre, & l'autre contiendra de la liqueur dont use le malade, pour la lui donner après la Communion.

Tout étant ainfi difpofé, on tintera la cloche pour inviter les Fideles à fe rendre à l'Eglife, pour accompagner Notre-Seigneur chez le mafade; on fera porter par les affiftans, & fur-tout par les Confreres du Saint Sacrement, des flambeaux ou cierges allumés. Les Curés exhorteront fouvent leurs Paroiffiens à s'y rendre, exacts, autant que leurs occupations le leur permettront, leur

repréfentant les graces qui font attachées à une fi fainte action, & PIndulgence de quarante jours que Nous accordons à ceux qui y affiftent.

Le Prêtre qui portera la fainte Euchariftie marchera fous un petit dais, qui, au défaut d'Eccléfiaftiques, fera foutenu par les Officiers de l'Eglise, les parens du malade, les Confieres du Saint Sacrement, ou autres perfonnes. Il fera précédé d'un Clerċ qui fonnera une clochette pour avertir les Fideles de fuivre Notre-Seigneur, ou du moins de fe profterner pour l'adorer. Quand il ne fortira pas de la Ville ou des Villages, ou lorfqu'il n'ira qu'à des maisons qui n'en feront pas éloignées, il portera le Ciboire couvert de fon pa villon, y mettant plus d'Hofties, confacrées qu'il n'en faudra pour communier les malades, & les rapportera dans le même ordre. Mais s'il faut aller loin dans la campagne, il fe fervira d'une Cuftode d'argent & dorée par dedans, n'y mettra d'Hofties qu'autant qu'il y aura de malades à communier, & reviendra fans cérémonie.

Lorsqu'il faudra porter le Saing Sacrement dans des maifons champêtres & éloignées de l'Eglife Paroiffiale, dans des temps fi fâcheux, ou par des chemins fi difficiles qu'on ne puiffe y aller a pied, le Curé ou Vicaire mettra la Cuftode dans une bourfe de foie, qu'il paffera dans fon col: il marchera en cet état fous le dais, accompagné en la maniere ordinaire, jufqu'à la porte de la Ville, ou à l'extrémité du Village. Y étant arrivé, il pourra monter à cheval ou dans quelque voiture s'envelopper d'un manteau noir, & même fe couvrir de fon chapeau, & fe fera précéder de deux affif tans dont l'un portera un cierne al

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