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chacune des parties, même à une de chacune, à un œil, une oreille, &c., felon le danger; enfuite on reprendra les prières omifes.

Lorfque le danger fera fi preffant qu'on aura lieu de craindre de n'avoir que le temps néceffaire pour une feule onction, on fe contentera de faire cette onction fur un feul fens, qui doit fur-tout être celui des yeux, difant: Per iftam fanctam Unctiónem, & fuam piíffimam misericórdiam, indúlgeat tibi Dóminus quidquid per visum, (ou audítum, &c. felon le fens fur lequel on fera l'onction), & álios fenfus deliquifti. . Amen. Si le malade vivoit après cette onction, le Prêtre pourra continuer toutes les autres onctions, fuivant l'ordre ci- deffus, omettant celle du fens fur lequel il aura fait cette onction générale.

DE L'ASSISTANCE DES PERSONNES

LES

MOURANTE S.

ES Curés & les Vicaires, après avoir adminiftré aux malades le Sacrement de Pénitence, le faint Viatique, & même l'Extrême-Onction, ne doivent pas croire avoir rempli tous leurs devoirs envers eux. Les Fidèles n'ont jamais plus befoin de leur afliftance qu'aux approches de la mort, & les Pafteurs font obligés alors, à titre de charité & de juftice, de les vifiter plus affidument pour les foutenir dans ces précieux momens qui doivent décider de leur éternité.

Ils fe perfuaderont facilement de l'importance de ce devoir, s'ils confidèrent, avec les yeux de la foi, l'extréde la foi, l'extrémité à laquelle fe voit ordinairement réduit un Chrétien fouffrant & épuifé de maladie, qui touche de près à cette

dernière heure qui doit être pour lui la fin du temps & le commencement d'une éternité heureuse ou malheureufe. Il fe trouve alors au milieu de fes biens, de fes parens & de fes amis qu'il fe voit obligé de quitter; les remords de fa confcience & le fouvenir de fes péchés le troublent & l'agitent; la vue des jugemens de Dieu l'effraie & le confterne; fes douleurs augmentent; fon efprit, accablé fous le poids d'un corps qui fe corrompt, s'appe fantit & s'énerve. Cependant le démon le tente avec une nouvelle fureur, & il ne faut qu'un inftant pour perdre ou fauver cette ame rachetée du Sang de Jefus - Chrift. Les Curés doivent donc prendre un foin très-particulier des perfonnes mourantes, les vifitant

le plus affidument qu'ils pourront, pour connoître l'état & les difpofitions de leurs ames, & proportionner les fecours qu'ils leur donneront, à leurs forces & à leurs befoins.

Ils s'attacheront principalement à foutenir leur patience & leur courage, par l'efpérance de la vie éternelle, & par l'exemple de Jefus-Chrift & de fes Saints. Ils tâcheront de les animer à la confiance en la miféricorde de Dieu, leur rappelant le fouvenir de fes graces, qui prouvent le defir fincère qu'il a toujours eu de les fauver, & ils les y exciteront fpécialement par la vue des mérites de Jefus-Chrift qui a répandu fon fang pour eux. Ils les exhorteront à fe détacher de la vie, leur repréfentant que la mort n'eft pas un anéantiffement de l'homme; qu'elle eft au contraire le terme de l'exil du Chrétien, & le commencement de fon bonheur éternel. Ils les porteront à fe recommander à Dieu par de fréquentes élévations d'efprit & de cœur, & à implorer l'interceffion de la fainte Vierge & des Saints.

Ils éviteront néanmoins de leur être incommodes par des difcours trop longs, par un ton de voix trop élevé, ou par des redites trop fréquentes. Un moribond épuifé & fouffrant n'eft pas capable de foutenir une exhortation continue. L'ouie, dans l'extrémité de la maladie, eft quelquefois d'une délicateffe qui demande de grands ménagemens; &, en parlant à ce meribond, trop haut ou trop long-temps, on pourroit l'expofer à l'impatience dont fes douleurs ne le rendent déja que trop fufceptible. Il ne faut donc employer alors que des difcours entrecoupés, des paroles vives & touchantes, un ton de voix doux & affectueux; &, après lui avoir parlé, il faut lui donner le temps de méditer ce qu'il a entendu, pour le faire paffer de fon efprit dans fon cœur,

C'est par les mouvemens & les affections de notre cœur, que nous nous uniffons à Dieu; c'eft pourquoi on ne peut rien faire de plus utile pour les mourans, que de les exciter & de les aider à produire fouvent des Actes de foi, d'efpérance & de charité, de contrition, de réfignation à la volonté de Dieu, de defir des biens éternels, &c.

C'est une pratique louable, & fort propre à fuggérer à un moribond de pieux fentimens, de placer ou attacher fous fes yeux quelque image dévote de Notre-Seigneur, & de lui préfenter de temps en temps le Crucifix à baifer, accompagnant cette action de quelque réflexion ou afpiration courte, mais tendre & enflammée, pour lui rappeler le fouvenir confolant de la Pallion de Jefus-Chrift, exciter fa confiance en fes mérites, l'animer à invoquer fon faint Nom, à fe résigner, comme lui, à la volonté du Père céleste, à fouffrir patiemment à fon exemple, & en union à fon Sacrifice.

Si l'on s'apperçoit que ce qu'on dit au mourant, bien loin de l'incommoder, l'édifie, le confole, & faffe naître en lui une fainte ardeur de la parole de Dieu, on pourra faire auprès de l'i quelque lecture qu'on interrompra de temps en temps, de crainte de le fatiguer. Celle de la Paffion de JefusChrift eft, fans doute, la plus utile qu'on puiffe lui faire en cet état. On pourra auffi faire la lecture de temps en temps, felon l'état & les befoins du malade, de quelques chapitres de l'Ecriture, convenables à fes befoins; ou même lui lire quelques autres livres de piété, y mêlant quelques réflexions courtes & animées, dont il puiffe fe faire à lui-même l'application.

Quoique la tendreffe d'un père pour des enfans, d'un mari pour une époufe, d'un fils pour fon père & fa mère, foit louable en elle-même, & fondée fur les loix de la nature & de la Religion

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DES PERSONNES la vue de ces perfonnes pourroit quelquefois attendrir trop fenfiblement un fenfiblement un Chrétien mourant, & retarder ou ralentir les mouvemens de fon cœur vers Dieu. Cependant ces derniers momens font infiniment précieux pour fon falut, & l'on ne doit rien omettre alors pour le détacher, autant qu'il eft poffible, de tout autre objet. Lors donc qu'on a lieu de craindre que leur préfence n'excite en lui ces impreffions trop vives & trop tendres, faut leur perfuader de ne fe pas montrer à lui, & de fe contenter de demander à Dieu pour lui une mort précieuse à fes yeux.

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Lorfque le moribond eft dans une agonie qui le prive de toute connoiffance, le Cure ne doit pas ceffer de le voir, autant qu'il lui eft poffible, pour faire à chaque fois fur lui quelque prière, lui jeter de l'eau bénite, & recommander à ceux qui font auprès de lui, d'en faire de même. Il eft fur-tout de fa charité de ne pas laiffer mourir un malade, fans avoir fait fur lui les prières de la Recommandation

de l'Ame.

Si le malade conferve fa connoiffance pendant que le Curé fera ces prières, il fera bon de les interrompre de temps en temps, pour l'exciter à s'y unir intérieurement, & lui infpirer quelques actes ou afpirations proportionnées à fes befoins.

MOURANTES.

257 Quelque zélés que foient les Pasteurs pour l'affiftance des perfonnes mourantes, il faut convenir qu'étant redevables à toute une Paroiffe, il ne leur eft pas poffible de les vifiter aufli fouvent, & de refter auprès d'eux autant de temps qu'ils pourroient le fouhaiter. C'eft pourquoi il est de leur devoir de choifir & de former, chacun dans leur Paroiffe, des fonnes charitables & d'une piété reconnue, pour les aider dans cette importante fonction, & affifter, à leur défaut, ceux qui font en cet état.

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des ar

On évitera, en vifitant les malades ou affiftant les mourans, de refter trop long-temps dans les maifons, parce que fouvent les familles font bien aises de prendre, dans ces momens, rangemens dont elles ne veulent pas donner connoiffance aux étrangers: il eft de la prudence des Miniftres du Seigneur, de ne pas fe rendre incommodes ni fufpects.

Pour faciliter cette affiftance aux Curés & Vicaires, & aux perfonnes fuppléer, on va rapporter des modèles vertueufes par lefquelles ils fe feront d'actes des vertus chrétiennes, qu'il eft à propos de leur fuggérer, avec les motifs les plus propres à les y exciter. Il faudra fe fervir fur-tout de ceux qui conviennent le plus aux befoins & aux difpofitions du malade.

I, Partie.

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MODÈLES

DES ACTES

DES VERTUS CHRÉTIENNES,

Qu'il eft à propos de fuggérer aux malades, avec les motifs propres à les y exciter.

Pour exciter le malade à RAPPELEZ

APPELEZ-VOUs le fouvenir de vos péchés, M. dans l'amertume de votre cœur. Soyez pénétré d'une vive douleur à la vue de la multitude & de l'énormité de vos offenfes. Quel plus jufte objet de vos larmes que la perte que par-là vous aviez faite de votre Dieu, de fon amour & de fon héritage!

Déteftez de tout votre cœur, ces péchés par lefquels vous avez offenfé le

Acte de

la contrition de fes péchés.

plus tendre de tous les pères, le meil-
leur de tous les maîtres, un Dieu fouve-
rainement aimable. Vous avez mérité
d'être féparé de lui pour jamais, &
d'être la victime de fa colère dans toute
l'éternité. Cependant il attend encore
votre retour; il vous invite à faire pé-
nitence, & vous offre fagrace. Rendez-
vous à fes defirs, & profitez du peu de
temps qui vous reste
pour vous récon-
cilier fincèrement avec lui.

Contrition.

MON DIEU, j'ai un grand regret vivre & de mourir dans le regret d'a

de vous avoir offenfé, parce que vous êtes infiniment bon, & que le péché vous déplaît. Je me propofe, moyennant votre fainte grace, de vivre & de mourir dans votre amour, de ne vous . offenfer jamais, & de faire pénitence du paffé. J'accepte ma maladie avec toutes fes fuites, & la mort même, en efprit de pénitence, pour l'expiation de mes péchés.

Mon Père, j'ai péché contre le ciel & contre vous; je ne mérite plus d'être appelé votre fils, ayant manqué au refpect, à l'amour & à la fidélité je vous devois: brifez mon cœur d'une vive douleur de vous avoir tant offenfé. Mon Dieu, faites- moi la grace de

que

voir fi mal vécu. Triomphez de mes
crimes par votre miféricorde: ayez pi-
tié de moi, Seigneur, & ne me perdez
pas.

Dites à mon ame, Je fuis ton falut.
Delicta juventutis mea, & ignoran-
tias meas ne memineris. Pf. 24. 7.

Reminifcere miferationum tuarum, Domine, & mifericordiarum tuarum, que à feculo funt. Ibid. 6.

Propter nomen tuum, Domine, pro-
pitiaberis peccato meo; multum eft enim.
Ibid. 11.

Deus, propitius efto mihi peccatori.
Luc. 18. 13.

Dic anima mea: Salus tua ego fum.
Pf. 34. 3.

1

Pour animer le malade à la patience.

VOUS DEVEZ regarder cette mala- il châtie celui qu'il aime, & il frappe

die, M. comme un moyen d'expier vos péchés en pratiquant la patience. Pour vous y exciter, jetez les yeux fur Jesus-Christ, l'Auteur & le Confommateur de notre foi, qui a préféré à la vie tranquille & heureuse dont il pouvoit jouir, les fouffrances & l'ignominie de la Croix.

Envisagez la récompense qui vous eft préparée, & vous reconnoîtrez que les fouffrances de la vie préfente n'ont aucune proportion avec cette gloire, qui doit être le prix de votre patience. Refuferiez-vous de fouffrir pour un Dieu qui couronne un moment de peine & de douleur, par une éternité de gloire & de confolation? 2. Cor. 4.17. Rappelez-vous cette exhortation qui vous eft adreffée dans la fainte Ecriture: Mon fils, ne négligez pas le châtiment du Seigneur, & ne vous laiffez pas abattre lorsqu'il vous corrige; car

de verges tous ceux qu'il reçoit au nom
bre de les enfans. Ne vous laffez donc
pas de fouffrir; car quel eft l'enfant qui
ne foit point châtié
ne foit point châtié par fon père ? &
fi vous n'êtes point châtié, tous les au-
tres l'ayant été, vous n'êtes donc
pas
du nombre de fes enfans. Tout chati-
ment, lorfqu'on le reçoit, femble être
un fujet de trifteffe; mais il fait en-
fuite recueillir en paix les fruits de la
juftice. Hebr. 12. 5.

Vous êtes, M. par votre qualité d'enfant de Dieu, fon héritier & le cohéritier de Jefus-Chrift: mais penfez que vous ne partagerez avec JesusChrift l'héritage de votre Père, qu'autant que vous fouffrirez avec JesusChrift. Rom. 8. 17.

Comment pourriez-vous être exempt de fouffrir, puifqu'il a fallu que JefusChrift lui-même fouffrit, & qu'il entrât ainfi dans fa gloire? Luc. 24.26.

Sentiment d'un malade fouffrant avec patience. JE RECONNOIS, ô mon Dieu, le be

foin que j'ai de fouffrir pour l'expiation de mes péchés : je fuis trop heureux de racheter par des peines paffagères les flammes éternelles que j'ai méritées; ne m'épargnez pas dans le temps préfent; pardonnez-moi feulement dans l'éternité.

Mon Dieu, donnez-moi la patience: foutenez mon courage jufqu'à la fin,

A la vue du Crucifix. C'eft avec juftice que je fouffre, & que je porte la peine que j'ai méritée par mes péchés. Mais pour vous, mon Sauveur & mon Dieu, vous n'avez fait aucun mal.

Vertatur obfecro, manus tua contra me. 2. Reg. 24. 17.

Ego in flagella paratus fum. Pf.37.18. Hic ure, hic feca, modò in aternum parcas. S. Aug.

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