L'AMOUR que tous les Prêtres, & principalement les Pasteurs, doivent avoir pour l'Eglife, les oblige à lui procurer, autant qu'ils peuvent, de dignes Miniftres & à éloigner du facré Ministère ceux que le déréglement de leurs mœurs, ou d'autres défauts en rendent indignes; c'eft pour quoi, lorfqu'ils trouvent des enfans qu'ils jugent propres à l'état Eccléfiaftique, ils doivent veiller avec attention à leur éducation, s'appliquer à les former de bonne heure à la piété & à la science, & leur infpirer l'efprit Clerical, & l'amour des fonctions Eccléfiaftiques.

Ils feront connoître aux parens, que comme ils doivent s'eftimer heureux, lorfque quelques-uns de leurs enfans fe fentent appelés de Dieu à l'état Eccléfiaftique, ils doivent les confacrer avec joie au fervice des Autels; qu'ils doivent également fe douner bien de garde d'engager dans la Cléricature, légérement & par des vues intéreffées, ceux qui n'ont pas les marques d'une véritable & légitime vocation à un état fi faint & fi fublime. Et parce que Nous nous repofons de la principale difpofition, qu'il faut y apporter, fçavoir, de la pureté des mœurs, fur le témoignage que les Curés & le Doyen rural du

canton Nous en donnent, Nous leur recommandons de n'accorder des certificats pour se présenter à la Tonfure, qu'à ceux qui ont l'âge compétent, c'est-à-dire, qui font au moins dans leur quatorzième année; qui donnent lieu d'efpérer, par la régularité de leur conduite & leur goût pour la piété, qu'ils ferviront utilement l'Eglife; qui font inftruits du Catéchifme du Diocèfe, des principes de la langue Latine, & qui ont fait leur première année de Philofophie.

Les Cures veilleront avec foin fur la conduite des jeunes Clercs, qui font dans leurs Paroiffes : ils auront pareillement foin qu'ils affiftent en Soutane & en Surplis, à la Grand-Meffe & aux Vêpres, les Dimanches & Fêtes.

L'Eglife, pour n'admettre au rang de fes Miniftres que des perfonnes d'une probité reconnue, a toujours voulu avoir fur ce fujet le témoignage du peuple. Pour obferver une règle fi fage, & afin de prendre toutes les précautions poffibles dans une affaire fi importante au bien de la Religion, lorfque quelqu'un fe difpofera à recevoir les Ordres facrés, on publiera fa future promotion au Prône de la Messe Paroiffiale, par trois jours de Dimonches ou de Fètes, fuivant la Formule.

donnée ci-deffus, page 2 34. Les Curés, dans cette publication, feront entendre aux Fidèles, qu'ils font obligés en confcience de déclarer s'ils ont remarqué en fa perfonne, ou dans fes mœurs, quelque chofe qui le rende indigne des faints Ordres, & qu'ils ne doivent confidérer, en ceci, que le bien & l'honneur de l'Eglife, & nullement l'intérêt d'une perfonne ou d'une famille particulière. C'eft à quoi les Curés doivent eux-mêmes faire une grande attention dans les certificats qu'ils accorderont; fe fouvenant que s'ils les donnent plutôt par complaifance que fuivant la vérité ils trahiffent lâchement les intérêts de l'Eglife, fe rendent coupables devant Dieu d'une très grande infidélité, & participent à tous les péchés que commettent ces indignes Miniftres qui font ainfi promus fur leurs atteftations. Ils donneront auffi un certificat de la publication ci-deffus prefcrite, & y feront mention des pofitions, s'il y en a.

op

Pour être ordonné Sous-Diacre, il faut en outre être pourvu d'un titre Clérical ce titre eft une affurance d'une honnête fubfiftance, qui peut être fondée ou fur un Bénéfice, ou fur un bien qui produife du revenu, ou fur la Profeffion Religieufe.

Autrefois il n'y avoit proprement que le titre de Bénéfice qui eût lieu, parce qu'on n'ordonnoit perfonne qu'en l'attachant à une Eglife, pour y faire les fonctions de fon Ordre, avec droit d'être nourri fur les biens de cette Eglife; mais dans la fuite le nombre des Miniftres s'étant multiplié par le befoin qu'on en a eu, on a voulu du moins que ceux qui feroient ordonnés fans titre de Bénéfice, euffent un titre de patrimoine, pour s'entretenir honnêtement; « Parce qu'il » n'eft pas de la bienféance, dit le

» Concile de Trente, que ceux qui Seff. 21. » font engagés au Service Divin Cap. 2. De » foient, à la honte de leur Ordre, Reform. » réduits à la mendicité, ou contraints » de gagner leur vie à des emplois » bas & indignes de leur état ».

Pour être ordonné fur un titre de Bénéfice, il faut en être canoniquement pourvu, en jouir paifiblement, & que le revenu foit au moins de cinquante livres, fi Nous ne jugeons à propos de le paffer à moindre valeur. Ainfi un Eccléfiaftique, pourvu d'un Bénéfice qu'il voudra faire paffer pour titre, aura foin de Nous repréfenter fes Provifions, & de juftifier fa paifible poffeffion, ce que le Bénéfice produit de revenu annuel, & quelles en font les charges. Celui qui fera ordonné fur un titre de Bénéfice, ne pourra le réfigner qu'avec notre gner qu'avec notre autorifation, que Nous ne donnerons point fans être affurés qu'il a d'ailleurs de quoi subfifter honnêtement.

demande leur état: car, dit faint ChryLib 1. De foftôme, Simpliciter impoffibile eft orando Deo. abfque precationis prafidio cum virtute degere & hujus vita curfum peragere. Ils auront donc foin de donner tous les jours quelque temps à l'Oraifon mentale, & ils s'inftruiront de la manière de s'y appliquer.

3°. Ils doivent être diftingués des Laïques auffi-bien par leur habit extérieur que par leur état : c'eft pourquoi Nous leur enjoignons très-étroitement, conformément aux faints Canons, s'ils font Bénéficiers ou dans les Ordres facrés, d'avoir les cheveux courts & modeftes; la Tonfure bien marquée & proportionnée à leur Ordre; & de porter toujours la Soutane dans le lieu de leur réfidence: Nous leur défendons de porter, même en voyage, des habits d'une autre couleur que de la noire.

4°. Pour conferver plus sûrement le précieux tréfor de la chafteté, & fe rendre irréprochables fur cet article, ils éviteront toute familiarité avec les perfonnes du fexe.

5. Ils doivent s'abstenir de tous les divertiffemens que les Canons défendent, comme font la chaffe, les excès de bouche, le luxe dans la table, dans les meubles, & dans les habits, les danfes, les fpectacles, les jeux de hafard, & généralement tout ce qui choque l'honnêteté, ou la bienféance Eccléfiaftique, qui pourroit avilir leur caractère, ou faire perdre la confiance que les peuples doivent avoir en eux. 6°. Ils doivent s'appliquer avec foin à l'étude; c'eft fur-tout aux Prêtres qu'on doit s'adreffer pour avoir l'intelligence de la Loi de Dieu : c'eft à eux à conduire les peuples dans le chemin du falut; & s'ils ne font éclairés, comMatt. 15. ment le feront-ils? Cacus autem fi caco ducatum praftet, ambo in fovedm cadunt. Le défaut de fcience eft une

14.

espèce d'irrégularité fur laquelle Dieu même femble avoir prononcé, Quia tu Ofée, 4. 6. fcientiam repulifti, repellam te, ne Sacerdotio fungaris mihi. Cette fcience est d'une plus grande étendue qu'on ne penfe; car il faut fçavoir les Mystères de la Religion, la Doctrine des Sacremens, la Théologie morale ou les Cas de confcience, l'Ecriture Sainte, la Difcipline de l'Eglife, & fur-tout avoir la Science des Saints pour conduire les ames.

7°. Comme les Eccléfiaftiques ont renoncé au monde, & pris Dieu pour leur portion & leur héritage, ifs ne doivent point s'embarraffer dans les affaires du fiécle, fuivant l'avis de l'Apôtre, Nemo militans Deo, implicat 2. Timah, Je negotiis fecularibus. Ils doivent pren- 2. 4. dre foin de leur temporel, enforte, cependant, qu'il n'y ait rien de fordide ni d'abject dans les foins qu'ils fe donnent; mais ils ne doivent pas fe charger de l'administration des af faires d'autrui, ni s'engager dans le négoce, fe trouvant dans les foires & dans les marchés, ni pourfuivre des procès, &c. Toutes ces occupations leur font défendues par les faints Canons, parce qu'elles les détourneroient des fonctions de leur ministère & leur feroient perdre l'efprit de leur état.

8°. Ceux qui ont des revenus de Bénéfices, font obligés d'en faire bon ufage; & ils doivent fçavoir qu'après un honnête entretien, le fuperflu doit être donné aux pauvres, où employé en d'autres œuvres pies. Quidquid dit faint Bernard, dans fa 2 Lettre à Foulques, prater neceffarium viclum de altari retines, tuum non eft; rapina eft, facrilegium eft.

Enfin ils doivent éviter l'oifiveté, les compagnies mondaines, les spectacles profanes, & les converfations dangereufes; s'appliquer à l'étude, à