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Du nombre & des

y a fept Sacremens dans la loi nouvelle, fçavoir, le Baptême, la Confirmation, la Pénitence, l'Euchariftie, l'Extrême-Onction, l'Ordre & le Mariage. Tous contiennent la grace qu'ils fignifient, & la confèrent à ceux qui n'y mettent point d'obstacle.

quand on n'en a point de certaine ; parce qu'il vaut mieux expofer un Sacrement à être nul, qu'un homme à la damnation éternelle, les Sacremens étant inftitués pour les hommes.

A l'égard d'un changement dans la matière ou dans la forme, qui ne feroit qu'accidentel, c'eft péché de le faire hors le cas de néceffité; & même le péché feroit mortel, fi ce changement étoit confidérable, ou s'il se faifoit par le retranchement de quelques chofes que Jefus - Chrift ou l'Eglife ont prefcrites; tel feroit, par exemple, le retranchement de ces mots, Novi & Æterni Teftamenti. Il en feroit de même, fi un Prêtre adminiftroit publiquement un Sacrement en langue vulgaire, ou fi un Prêtre Latin fe fervoit de pain levé pour confacrer, &c.

Effets des Sacremens.

Le Baptême & la Pénitence produifent par eux-mêmes la grace fanctifiante en ceux qui ne l'avoient pas encore reçue, ou qui en étoient déchus; & on les nomme Sacremens des morts. Les cinq autres augmentent la grace dans ceux qui l'ont déja reçue; & on les appelle Sacremens des vivans, parce qu'on ne doit les recevoir qu'en état de grace: c'eft de quoi on aura foin d'avertir ceux qui s'y préfentent.

Chaque Sacrement, outre la grace fanctifiante qu'il produit, donne encore droit à certaines graces actuelles que Dieu s'eft engagé, en les inftituant, de donner en temps & lieu à celui qui

les reçoit avec les difpofitions requifes. C'eft ce qu'on appelle Graces facramentelles, parce qu'elles corref pondent à la nature de chaque Sacrement, & en font les effets propres & fpécifiques. Ainfi le Baptême donne droit aux graces néceffaires pour vivre en enfant de Dieu & conformément à l'Evangile : la Confirmation, pour profeffer & défendre la Foi dans les occafions: la Pénitence, pour fe purifier du péché & éviter la rechûte : l'Euchariftie, pour fe nourrir & croître dans la vie fpirituelle : l'ExtrêmeOnction, pour fe fortifier contre les douleurs de la maladie, les craintes de la mort, & les tentations du démon en ce dernier paffage : l'Ordre, pour s'acquitter dignement des fonctions facrées, & travailler avec zèle au falut des ames: le Mariage, pour purifier & fanctifier l'amour conjugal, porter chrétiennement les charges de

cette fociété, & élever les enfans dans la crainte & l'amour de Dieu,

Enfin des fept Sacremens, il y en a trois, fçavoir, le Baptême, la Confir mation & l'Ordre, qui impriment dans l'ame un Caractère ou une marque fpirituelle, qui fait qu'on ne peut

les réitérer cette marque ne s'efface jamais; elle diftingue tous ceux qui ont reçu le Sacrement qui la produít, de ceux qui ne l'ont pas reçu, & les confacre d'une façon particulière au fervice de Dieu, & à certains devoirs de la Religion.

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Du Miniftre des Sacremens.

ous les hommes indifféremment ne font pas les Miniftres de tous les Miniftres de tous les Sacremens: il y en a que les feuls Evêques peuvent conférer; d'autres font réfervés aux Evêques & aux Prêtres; & tout le monde peut, en cas de néceffité, adminiftrer le Baptême.

Pour adminiftrer validement un Sa'crement, il faut avoir au moins l'intention de faire ce que fait l'Eglife. Le Miniftre, pour fatisfaire à fon obligation fur ce point, doit avoir la volonté de faire, ou le Sacrement dont il emploie le rit extérieur, ou ce que Jefus Chrift a inftitué en établissant ce rit dans fon Eglife; ou du moins il doit vouloir faire ce que les Chrétiens pratiquent en pareille occafion.

On ne peut trop recommander aux Miniftres des Sacremens d'y procéder avec une intention actuelle, c'est-àdire, d'en pratiquer le rit extérieur

avec réflexion actuelle ou attention au Sacrement qu'ils opèrent. Mais l'efprit humain eft fi fujet à fe diftraire dans les actions même les plus faintes, quelques efforts qu'il faffe pour y foutenir fon attention, qu'il n'eft pas toujours le maître de conferver cette attention actuelle dans le moment qu'il confere le Sacrement; auffi n'eft-il pas effentiel de la conferver, & il fuffit, pour la validité, que le Miniftre ait une intention virtuelle dans le moment de l'action,

c'est-à-dire, qu'il ait eu véritablement l'intention actuelle avant d'agir, & qu'il faffe le rit extérieur en vertu de fa première volonté. Cette intention perfévérant en lui malgré les distractions qui peuvent lui furvenir dans l'action, la néceflité de cette intention ne doit point lui caufer de scrupuj le, puifqu'il ne doit aucunement douter de l'avoir eue, lorsqu'il y a procédé comme font les hommes raifonnables dans les affaires férieufes de la vie, qu'ils ont une véritable intention de faire, quoiqu'ils ne forment pas toujours, dans le moment qu'ils les font, un nouvel acte de leur volonté, par lequel ils veulent les faire.

L'Eglife a défini dans le premier Can. 8. Concile d'Arles & dans le Concile de Seff.7. Can. Trente, qu'un Sacrement eft valide, 4. de Bapt. quoiqu'il foit conféré par un Miniftre pécheur & impie; parce que les Sacremens tirent leur efficace, non des mérites du Miniftre, mais du fang de Jefus - Chrift. Mais fi les graces que ces Miniftres confèrent font utiles aux autres autres, elles leur font inutiles, ou plutôt elles leur font pernicieuses, puifqu'ils fe rendent coupables d'autant de facrilèges, qu'ils adminiftrent ou qu'ils reçoivent de Sacremens en cet état. Que les Prêtres aient donc une attention continuelle d'entretenir en eux cette pureté de confcience qu'exige la fainteté de leur Ministère.

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Qu'ils fe rappellent fans ceffe l'obligation où ils font de traiter faintement les chofes faintes.

Cependant s'il arrivoit, ce qu'à Dieu ne plaife, qu'un Prêtre, oubliant la dignité de fon état, fe fût rendu coupable de péché mortel, & qu'il ne fe trouvât point d'autre Prêtre qui pût adminiftrer les Sacremens, ni à qui il pût lui-même recourir pour fe confeffer, à raifon du temps & des circonftances; en ce cas de néceffité, qu'il gémiffe dans le fond de fon cœur; qu'il s'excite de tout fon pouvoir à la douleur que doit lui caufer le péché qui le jette dans la funefte néceflité où il fe trouve; qu'il tâche de faire un acte de contrition animé de cette charité, qui, jointe au defir du Sacrement, puiffe le réconcilier avec Dieu; & qu'il adminiftre le Sacrement avec frayeur & tremblement; mais qu'auffi-tôt après il fe confeffe,& qu'ilexpie fes péchés fuivant les règles de la pénitence, & les confeils d'un guide pieux, fage & éclairé. Quand les Prêtres feront appelés pour donner les Sacremens, même à des heures incommodes, ils feront toujours prêts, & ne témoigneront jamais aucune peine, pour ne pas ôter aux peuples la confiance & la liberté de s'adreffer à eux. Ils n'auront même jamais plus de joie, s'ils ont l'efprit de leur état, que quand ils feront occupés dans ces fonctions facrées, parce que rien ne peut être plus agréable à un vrai Pafteur que le falut des ames le falut des ames & leur progrès dans la vertu. C'eft pourquoi ils auront foin d'avertir leurs peuples de ne les point ménager à cet égard par aucune confidération : & que ni la fatigue, ni la longueur du temps, ni la difficulté des chemins, ni aucune autre incommodité, ne les empêcheront jamais de leur donner tous les fecours dont ils peuvent avoir befoin, tant en fanté qu'en maladie.

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cremens, ils avertiront ceux qui y afliftent, de fe tenir dans le refpect que demandent les chofes faintes, & de montrer par leur filence & leur retenue, la vénération dont ils font pé nétrés pour les myftères de notre Religion. Ils prononceront diftinctement & dévotement la forme & les oraisons prefcrites: ils liront exactement dans le Rituel, fans se fier à leur mémoire, qui fouvent eft infidelle. Durant l'ac tion, ils ne falueront perfonne, ne parleront à perfonne, & ne donneront aucune marque de refpect humain. En un mot, ils tâcheront d'honorer & de faire refpecter leur ministère, en fe comportant comme il convient à des Miniftres de Jefus-Chrift, & à des difpenfateurs fidèles des Myftères de Dieu.

Il leur eft défendu de rien exiger, ni directement, ni indirectement, pour l'administration des Sacremens: ce feroit une avarice fordide & une déteftable fimonie, dont il faut éviter les moindres foupçons. S'ils font obligés quelquefois de demander l'honoraire qu'ils ont droit de percevoir pour leur fubfiftance à l'occafion de l'adminif tration des Sacremens, ils auront soin de le faire d'une manière pleine de charité, & qui ne puiffe éloigner les Fidèles de la perception des Sacremens; furtout ils fe fouviendront qu'étant redevables des fecours fpirituels à leurs Paroiffiens à titre de juftice, ils ne peuvent en confcience les refufer, à aucun d'eux, ni même les différer, à raifon des difficultés qu'ils pourroient faire de leur payer les rétributions ou honoraires qui leur font dûs pour certaines fonctions. On fuivra, pour ces honoraires, le Réglement du Diocèfe, auquel on fe conformera d'autant plus exactement, qu'on ne peut exiger rien au-delà fans un péché contre la juftice, qui oblige

Pendant l'administration des Sa à reftitution,

Des Perfonnes capables de recevoir les Sacremens.

ESUS-CHRIST n'ayant inftitué les Sacremens que pour les hommes, eux feuls font capables de les recevoir. Le Baptême eft pour tous, & il faut néceffairement l'avoir reçu pour recevoir validement les autres. Tous ceux néanmoins qui font baptifés, ne font pas capables de les recevoir tous. Une femme, par exemple, ne peut recevoir l'Ordre ; & les enfans ne peuvent être admis à la Pénitence avant l'ufage de

la raison.

Il faut auffi, dans les adultes, l'intention ou la volonté de recevoir les Sacremens; & l'on ne peut en adminiftrer aucun à celui qui n'auroit jamais témoigné par aucun figne qu'il voulût le recevoir. Il y a cependant quelque différence à faire fur ce fujet : car, pour le Mariage, il faut au moins une intention virtuelle & un confentement libre qui perfévère moralement; pour le Baptême, il faut que celui à qui on l'adminiftre, s'il a perdu l'ufage de la raifon, ait voulu être baptifé, & que cette volonté n'ayant point été rétractée, foit réputée perfévérer moralement. On expliquera, en traitant de chaque Sacrement, ce qu'il y a de particulier fur ce point.

Nous difons, dans les adultes; car pour les enfans, on les baptife fans qu'il foit befoin d'attendre ou de préfuppofer leur confentement; autrefois même on leur adminiftroit le Sacrement de Confirmation, & en plufieurs Eglifes celui de l'Euchariftie; ce qui prouve que l'Eglife les en juge capables. Il faut dire la même chofe des infenfés qui ont toujours été privés de l'ufage de la raifon: pour ceux qui ont de bons intervalles, on tâchera d'en

profiter pour leur faire recevoir les Sacremens. A l'égard de ceux qui font fourds & muets de naiffance, on Nous confultera, ou nos Vicaires Généraux, avant que de les y admettre.

On n'admettra aux Sacremens que ceux auxquels on a droit de les adminiftrer; autrement l'administration en feroit toujours illicite, & même nulle à l'égard de la Pénitence & du Mariage. On expliquera plus amplement ce principe en traitant de chaque Sacrement en particulier; on traitera auffi en particulier des difpofitions que chaque Sacrement exige des adultes qui fe difpofent à le recevoir, & dont les Curés doivent inftruire ceux qui s'y préfentent.

Jefus-Chrift défend de donner les Matth. 7. chofes faintes aux chiens, c'est-à-dire, aux indignes: on doit donc refuser les Sacremens à ceux qui se préfentent en mauvais état pour les recevoir. Cependant il faut examiner fi leur crime est fecret, ou s'il eft public. S'il eft fecret, le pécheur se presente ou en public & avec les autres, ou en particulier & fans témoins. Dans le premier cas, on doit les lui accorder, pour éviter le fcandale & d'autres grands inconvéniens. Mais, dans le fecond cas, il ne faut pas l'admettre, lorsque son mauvais état eft connu autrement que par la Confeffion facramentelle.

Si le crime eft notoirement publie & fcandaleux, on doit refufer, même en public, les Sacremens à celui qui en eft coupable, jufqu'à ce qu'il ait quitté, & qu'il ait réparé le fcandale. Il faut, en ce cas, fe conduire avec beaucoup de difcrétion, & Nous confulter, fi les circonftances le permettent.

Can. 3.

Des Cérémonies des Sacremens.

GLISE a inftitué plufieurs Cérémonies qu'elle veut être obfervées dans l'adminiftration des Sacremens. La fin qu'elle fe propofe dans la pratique de ces Cérémonies, eft d'infpirer de la dévotion à ceux qui reçoi vent les Sacremens & qui les adminif trent, d'exciter à la piété ceux qui y affiftent, de représenter plus fenfible ment les effets de chaque Sacrement, & les obligations que l'on contracte en les recevant.

Quoique ces Cérémonies ne foient pas effentielles aux Sacremens, on ne peut, fans péché, les omettre ou les changer de fa propre autorité, foit en ajoutant, foit en diminuant. Voici de quelle manière s'en explique le faint Seff. 7. Concile de Trente. * «Si quelqu'un » dit que les Cérémonies reçues & approuvées dans l'Eglife Catholique, » & qui font en ufage dans l'administration des Sacremens, peuvent » être méprifées fans péché, ou omifes felon qu'il plaît aux Miniftres, ou qu'elles peuvent être changées en » d'autres nouvelles par tout Pasteur » tel qu'il foit; qu'il foit anathême ». Les Prêtres doivent donc obferver très-exactement ces Cérémonies, foit quant aux actions, foit quant aux paroles. Ils auront foin de les prévoir, de les apprendre & de s'y exercer, afin

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d'acquérir la facilité de les faire avec toute la bienféance requife. Ils s'inftruiront auffi de leur fignification, afin de pouvoir l'expliquer aux peuples, lorfqu'il fera néceffaire & convenable.

Hors le cas de néceffité, ils n'adminiftreront aucun Sacrement, fans être revêtus d'une foutane, d'un furplis & d'une étole de couleur convenable excepté le Sacrement de Pénitence qu'on peut adminiftrer fans étole à l'Eglife, & même fans furplis dans les maifons particulières, aux infirmes : ils fe feront auffi affifter d'une ou de plufieurs perfonnes en habit décent, &, s'il fe peut, d'Eccléfiaftiques revê tus de foutane & de furplis, pour répondre aux prières, porter & préfenter ce qui fera néceffaire.

Ils feront enforte que tout ce qui fert à l'administration des Sacremens comme les Vases, les Linges, les Livres & Ornemens, foit dans la décence & propreté que demande la Religion.

Enfin ils fe mettront à genoux avant d'adminiftrer les Sacremens, pour fe recueillir & faire quelques pieufes réflexions fur la fainteté de l'action qu'ils vont faire, demandant à Dieu, par la prière fuivante, la grace de s'en acquitter comme ils le doivent.

*Si quis dixerit, receptos & approbatos Ecclefiæ Catholicæ Ritus in folemni Sacramentorum adminiftratione adhiberi confuetos, aut contemni, aut fine peccato à Miniftris pro libito omitti, aut in novos alios per quemcumque Ecclefiarum Paftorem mutari poffe: anathema fit. Seff. 7.

Can. 13.

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