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SUPPLIQUE EN FRANÇOIS,

Pour obtenir Difpenfe du Vau de chafteté perpétuelle, Ad contrahendum.

Monfeigneur,

LA Suppliante a fait vœu de chasteté perpétuelle, ou de fe faire Religieufe; mais elle fe trouve en péril de le violer, à caufe des violens aiguillons de la chair qu'elle reffent; (ou parce qu'ayant perdu fon père & fa mère, elle eft exposée à bien des dangers;) c'eft pourquoi, pour mettre fa confcience en repos, elle demande trèshumblement que fonvœu lui foit commué à l'effet de pouvoir contracter Mariage. L'adreffe eft: A fon Eminence, Mon

Seigneur le Grand-Pénitencier, à Rome. Il faut marquer avec bien plus de précaution ceux à qui la réponse doit être adreffée; & ne point craindre le détail. On dira, par exemple: Votre Eminence aura la bonté d'adresser sa réponse à Monfieur N. demeurant à N. Province de N. Paroiffe de N. route de N. & de commettre, pour accorder à la Suppliante la grace qu'elle demande, la perfonne de Monfieur N. fimple Confeffeur, ou Curé de N. auquel la Suppliante a commencé fa confeffion, ou ouvert fa conscience.

SUPPLIQUE POUR OBTENIR DISPENSE Des Vœux fimples de Religion.

Eminentiffime & Reverendiffime
Domine,

EXPONITUR

XPONITUR humiliter Reverentia Veftra pro parte devoti oratoris Titii ou Petri, quòd ipfe aliàs gravi morbo laborans fe Religionem ingreffurum fimpliciter vovit. Cùm autem orator ob fti

mulos carnis quos fentit, continenter vivere poffe non fperet; pro fua confcientia quiete cupit votum hujufmodi, ad effectum contrahendi Matrimonium, in alia pœnitentia & pietatis opera per Sedem Apoftolicam commutari. Quare Eminentia Veftra humiliter fupplicat, ut fuper his de opportuno remedio auctoritate Apoftolicâ providere dignetur.

SUPPLIQUE POUR OBTENIR DISPENSE

De l'empêchement qui provient de l'adultère séparé de l'homicide.

EXPONITUR

XPONITUR humiliter Reverentia Veftra pro parte devotorum oratorum Titii, & Agatha, quòd ipfi aliàs vivente oratricis marito, infimul adulteraverunt, datâ fibi ad invicem fide de Matrimonio inter fe contrahendo, fi dictus maritus pramoreretur; & deinde illo defuncto, neutro tamen oratore in ejus mortem machinante de Matrimonio inter fe contrahendo tractarunt. Cùm autem impedimentum ex pramiffis pro

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veniens fit occultum, tractatus verò publicus, & nifi ad effectum perducatur, fcandala inde exoritura fint, ad ea vitanda, ac pro fua confcientia quiete cupiunt oratores à pramiffis, de quibus plurimùm dolent, per Sedem Apoftolicam abfolvi, fecúmque defuper difpenfari. Quare Eminentia Veftra humiliter fupplicant, ut fuper his de opportuno remedio auctoritate Apoftolica providere dignetur.

MODÈLES DE BREFS
DE LA PÉNITENCER I E.

Nous joignons ici quelques Mo- Nous avons dreffé des Suppliques; &

dèles de Brefs de la Pénitencerie, rela

tifs aux empêchemens pour lefquels

Nous en expliquerons les clauses qui peuvent embarraffer.

BREFS DE DISPENSE

D'un empêchement d'affinité, provenant ex copula illicita.

I. Ad contrahendum.
Lucius, Miferatione Diviná, Epifcopus
N. S. R. E. Cardinalis,

DISCRE
ISCRETO viro N. Confeffario,
Theologia Magiftro, (ou Decretorum

Doctori), ex approbatis ab Ordinario per latorem (ou latricem) prafentium eligendo, ad infrafcripta fpecialiter deputato, Salutem in Domino.

Ex parte latoris prafentium nobis oblata petitio continebat, quòd ipfe de Matrimonio contrahendo tractavit cum

muliere, cujus matrem carnaliter cognovit. Cùm autem, ficut eadem petitio fubjungebat, dicta carnalis cognitio cum prafata mulieris matre fit occulta; & nifi lator cum dicta muliere Matrimonium contrahat, periculum immineat fcandalorum: ideò ad dicta fcandala evitanda, & pro fua confcientia quiete, cupit per Sedem Apoftolicam abfolvi, fecúmque difpenfari. Quare fupplicavit humiliter, ut fibi fuper hoc, de opportuno remedio providere dignaremur. Nos difcretioni tue committimus, quatenùs fi ità eft, dictum latorem, auditâ priùs ejus Sacramentali Confeffione, ac fublata occafione ampliùs peccandi cum dicta mulieris matre, ab inceftu & exceffibus hujufmodi abfolvas hác vice in forma Ecclefia confueta, injunctâ ei pro tam enormis libidinis exceffu, gravi pænitentiá falutari,& aliis qua de jure fuerint injungenda. Demùm, dummodò impedimentum ex pramiffis proveniens occultum fit, & aliud canonicum non obftet, cum eodem latore, quòd pramiffis non obftantibus, Matrimonium cum dicta muliere, & uterque inter fe publicè, fervatá forma Concilii Tridentini, contrahere, & in eo postmodùm remanere licitè valeat, mifericorditer difpenfes: prolem fufcipiendam exinde legitimam pronunciando in foro confcientia,& in ipfo actu Sacramentalis Confeffionis tantùm, & non aliter, neque ullo alio modo; ità quòd hujufmodi abfolutio & difpenfatio in foro judiciario nullatenus fuffragentur. Nullis fuper his adhibitis testibus, aut literis datis, feu proceffibus confectis, fed prafentibus laceratis, quas fub pœna excommunicationis late fententia laniare tenearis, neque eas latori restituas : quòd fi restiEueris, nihil ei prafentes Litera fuffragentur. Datum Roma, &c.

Nous avons donné quelques règles touchant l'exécution de ces Brefs, dans la première Partie de ce Rituel. Nous ajouterons ici quelques obfervations

néceffaires. On ne peut trop éclaircir une matière fi intéreffante.

Ex approbatis ab Ordinario. Il fuit de là qu'un homme qui feroit approuvé dans un autre Diocèfe, ou qui l'auroit été autrefois dans celui où le Pénitent s'adreffe à lui, ne pourroit le difpenfer. Si un Confeffeur n'eft pas approuvé pour les Religieufes, il ne peut exécuter les Brefs qui les concernent; ni celui qui eft approuvé pour un Monaftère fans l'être pour l'autre, difpenfer en celui-ci; parce que le GrandPénitencier fuit l'approbation de l'Ordinaire, & n'admet pas ceux que celuici a exclus.

Hac vice, in forma Ecclefia confueta. Le Pape ne donne fes pouvoirs que pour l'exécution de la grace: ainsi, quand le Confeffeur a rempli fon miniftère, en donnant l'absolution & la difpenfe, il ne peut plus fur le Pénitent que ce qu'il pouvoit en vertu de nos pouvoirs. En fuppofant que la grace ait été nulle à caufe des mauvaifes difpofitions du Pénitent, plufieurs fçavans Canoniftes foutiennent que le Confeffeur peut encore exécuter le Bref, parce que fa commiffion n'eft pas finie: il eft plus sûr d'obtenir un autre Bref.

Injuncta ei gravi pænitentiâ falutari. Il faut avoir foin de ne donner jamais de pénitence qui puiffe faire foupçonner le crime du pécheur: fa faute étant fecrette, il a droit à fa réputation; & on ne peut, fans injustice, la lui enlever.

Et aliis que de jure fuerint injungenda. Cette claufe eft générale, & on la fous-entend quand elle n'eft pas exprimée. Il eft clair que fi un Penitent qui veut être difpenfé, s'accufe d'avoir noirci la réputation du prochain, de n'avoir pas reftitué le bien d'autrui, de vivre dans le libertinage, il faut l'obliger, fur chacun de ces articles,à

faire ce que demandent la juftice & la raifon.

Et aliud canonicum impedimentum non obstet. Si un Confeffeur trouvoit fon Pénitent lié d'un empêchement qu'il n'a pas découvert, foit par ignorance ou autrement, il faudroit récrire à la Pénitencerie, lui rappeler l'empêchement dont elle avoit accordé la Difpenfe, & lui exposer celui dont on n'avoit pas parlé.

contracto.

Matrimonium cum eadem muliere, & utérque inter fe de novo, fecretè ad evitanda fcandala, pradictis non obstanti bus contrahere, & in eo postmodùm remanere licitè valeat, mifericorditer dif penfes; prolem fufceptam, fi qua fit, & fufcipiendam exinde legitimam decernendo in foro confcientia, &c.

Ce Bref contient quelques claufes qui méritent d'être éclaircies.

que

A quibufvis fententiis, cenfuris, &c. Il ne peut être question ici des II. Ad remanendum in cenfures décernées par le Droit com-, mun, ou par les ftatuts particuliers contre ceux qui contractent des Mariages inceftueux, ou dans des degrés prohibés; parce que la Difpenfe qu'accorde la Penitencerie pour des cas occultes, ne peut regarder un homme qui auroit été nommément frappé de cenfures pour avoir contracté un Mariage invalide.

Q

pour

U AND la Difpenfe eft accordée valider un Mariage nul à caufe d'un empêchement avec lequel il a été contracte; le difpofitif du Bref, quoiqu'affez femblable à celui que Nous venons d'expliquer, a quelques claufes particulières. Le Grand-Pénitencier, après avoir répété l'expofition qui lui a été faite, continue à-peu-près ainfi: Nos igitur difcretioni tua committimus, quatenùs fi ità est, dictum latorem audictum latorem auditá priùs, &c. à quibufvis fententiis, cenfuris & panis Ecclefiasticis, quas propter pramiffa quomodolibet incurrit, abfolvas.... injunctâ ei pro tam enormis libidinis exceffu gravi pænitentiá falutari, ac Confeffione Sacramentali femel quolibet menfe per tempus arbitrio tuo statuendum, & aliis injunctis, &c. Demùm, dummodò impedimentum prafatum occultum fit, & feparatio inter latorem & dictam mulierem fieri non poffit abfque fcandalo, & ex cohabitatione de incontinentia probabiliter timendum fit, aliúdque canonicum non obstet, cum eodem latore, ut dicta muliere de nullitate prioris confensus certioratâ, fed ità cautè ut latoris delictum nufquàm detegatur,

Quas propter pramiffa quomodolibet incurrit, abfolvas. Ces paroles reftreignent le pouvoir du Confeffeur aux le Pénitent a encourues cenfures que pour le crime qui eft l'objet de la Difpenfe. Si on lui trouve d'autres cas, & d'autres cenfures réfervées, on ne peut l'en abfoudre fans un pouvoir fpécial de Nous, ou de nos Vicaires Généraux.

Utérque inter fe de novo fecretè. Ainfi les Confeffeurs doivent fe garder de forcer les Parties à contracter de nouveau devant eux & devant des té. moins; ils agiroient contre l'intention du Saint Siége. Cette conduite ne peut avoir lieu, que quand on n'a rien à craindre, & jamais il ne faut de témoins. Au reste, de quelque manière que les Conjoints renouvellent leur confentement, il fuffit, , pourvu qu'il ne foit pas purement intérieur,

BREF

DE DISPENSE

Du Vœu de chasteté perpétuelle, ou de Religion,

Ad contrahendum.

LE Grand-Pénitencier, après avoir Pontife fans tache, à la Reine des Vier

répété la Supplique, ajoute: Nos difcretioni tua committimus, quatenùs fi ità eft, dictam latricem, &c. abfolvas, injunctâ ei pœnitentiâ falutari, fibíque votum prafatum ad hoc tantùm ut Matrimonium legitimè contrahere, & in eo debitum conjugale exigere & reddere licitè valeat, in Sacramentalem Confeffionem femel quolibet menfe, & in alia panitentia opera perpetua per te injungenda, inter que fint etiam aliqua (Religionis quam ingreffura fuiffet) que quotidiè facere teneatur, ad eum finem ut ea adimplens meminiffe femper poffit obligationis quá hujufmodi voto aftringebatur, prout fecundùm Deum ipfius anima faluti expedire judicaveris, difpenfando commutes in foro confcientia tantùm, &c.

La plus difficile de ces claufes eft, quatenùs fi ita eft, c'est-à-dire, fi conftet oratricem carnis ftimulis adeò agitatam effe, ut & maximè dubitet continere poffe, & proptereà de ejus incontinentia probabiliter timendum fit. Le Confeffeur doit examiner de quelle nature eft la tentation de fa Pénitente: fi elle n'étoit que légère ou médiocre, il ne doit ni en être furpris, ni la difpenfer. Dans le doute fi la tentation eft affez forte pour vérifier la claufe du Bref, ou fi on ne pourroit point la diminuer, il faut propofer à la Pénitente des pratiques de piété propres à calmer fon cœur, lui prefcrire d'avoir fouvent recours à celui que l'Ecriture appelle le

ges, à fon Ange Gardien; lui enjoindre des aumônes, la fréquentation des Sacremens, &c. Enfin il faut faire at tention aux degrés, à la force, & à la durée de l'habitude, & ne pas inférer aifément qu'elle eft détruite, de ce qu'elle a ceffé pendant quelques jours, ou même pendant quelques femaines, Le danger probable de chute eft une raifon fuffifante pour la Difpenfe. Le Pape ne demande pas autre chofe : Proptereà de ejus incontinentia probabi liter timendum effe.

Injuncta ei pænitentiâ falutari. C'est toujours un mal de ne pas continuer d'accomplir un vou; & il eft rare qu'on ne fe foit pas mis, par sa faute, dans une forte d'impuiffance de l'accomplir. C'est le motif de la pénitence dont parle le Bref.

Sibique votum ad hoc tantùm, &c, Si la Pénitente faifoit autre chofe quàm quod in Matrimonio licet, elle tranfgrefferoit fon vou, parce que le vœu fubfifte pour tout le refte; & fi elle ne vouloit plus fe marier, fon vœu revivroit tout entier. Enfin, après la mort de fon époux, elle ne pourroit en reprendre un fecond fans difpenfe, à moins que la première ne fût générale; ce qui n'arrive guères, le Bref portant d'ordinaire, ità quòd fi viro cui conjun getur, fupervixerit, caftitatem fervet. Quand les tentations font violentes, on doit l'exhorter à ne pas différer fon Mariage, pour lui épargner les rechûtes

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