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pereur partit de Gap, et la population de la ville toute entière était sur son pas

sage.

A Saint-Bonnet, les habitans voyant le petit nombre de guerriers qui formaient son escorte, eurent des craintes et proposèrent à S. M. de sonner le tocsin, pour réunir les villages et l'accompagner en masse. - Non, dit l'Empereur, vos » sentimens me font connaître que je ne » me suis pas trompé ; ils sont pour moi » un sûr garant des sentimens de mes sol>> dats; ceux que je rencontrerai se rangeront de mon côté; plus ils seront plus mon succès sera assuré : restez donc tranquilles chez vous. »

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On avait imprimé à Digne (1) plusieurs

(1) Le Moniteur, que la rapidité de notre travail nous oblige de suivre dans une partie des détails circonstanciés qu'il a donnés, se trouvent les mêmes que ceux que nous avions obtenus de plusieurs officiers qui n'ont pas quitté S. M.; il se trompe cependant en cet

milliers des proclamations de S. M. à l'armée et au peuple. Ces proclamations se répandirent avec la rapidité de l'éclair dans tout le Dauphiné.

Les vérités, les grandes pensées qu'elles contenaient, réveillèrent tous ces hommes qui, depuis une année, entendaient un langage si différent. C'était avec cette noble simplicité, cette mâle énergie qu'il s'adressait à tous les souvenirs, et ranimait toutes les espérances.

PROCLAMATION A L'ARMÉE.

« Soldats!

» Nous n'avons pas été vaincus. Deux hommes sortis de nos rangs ont trahi nos

endroit. Ce fut à Digne, et non à Gap, que ces proclamations, d'abord tracées à la main pendant la traversée de l'Empereur, par tous les militaires qui savaient écrire, à bord du brick de S. M. qui les leur dictait, furent imprimées ensuite pour la première fois.

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ils viennent, et là, s'ils le veulent, ils régneront comme ils prétendent avoir régné depuis dix-neuf ans.

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Vos biens, vos rangs, votre gloire, les biens, les rangs et la gloire de vos enfans, n'ont pas de plus grands ennemis que ces princes que les étrangers nous ont imposés; ils sont les ennemis de notre gloire puisque le récit de tant d'actions héroï→ ques, qui ont illustré le peuple français combattant contre eux pour se soustraire à leur joug, est leur condamnation.

» Les vétérans des armées de Sambre et

Meuse, du Rhin, d'Italie, d'Égypte, de l'Ouest, de la Grande-Armée, sont humi

liés ;

leurs honorables cicatrices sont flétries; leurs succès seraient des crimes, ces braves seraient des rebelles, si, comme le prétendent les ennemis du peuple, des souverains légitimes étaient au milieu des armées étrangères. Les honneurs, les récompenses, les affections sont pour ceux qui les ont servis contre la patrie et

nous.

» Soldats! venez vous ranger sous les drapeaux de votre chef. Son existence ne sé compose que de la vôtre; ses droits ne sont que ceux du peuple et les vôtres ; son intérêt, son honneur, sa gloire, ne sont autres que votre intérêt, votre honneur et votre gloire. La victoire marchera au pas de charge; l'aigle avec les couleurs nationales volera de clocher en clocher jusqu'aux tours de Notre-Dame : alors vous pourrez montrer avec honneur vos cicatrices; alors vous pourrez vous vanter de ce que vous aurez fait ; vous serez les libérateurs de la patrie.

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»Dans votre vieillesse, entourés et considérés de vos concitoyens, ils vous entendront avec respect raconter vos hauts faits; vous pourrez dire avec orgueil : Et moi aussi je faisais partie de cette grande armée qui est entrée deux fois dans les murs de Vienne, dans ceux de Rome, de Berlin, de Madrid, de Moscou, qui a délivré Paris de la souillure que la trahison et la présence de l'ennemi y ont empreinte. Honneur à ces braves soldats,

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la gloire de la patrie! et honte éternelle aux Français criminels, dans quelque rang que la fortune les ait fait naître, qui combattirent vingt-cinq ans avec l'étranger pour déchirer le sein de la patrie!

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PROCLAMATION AU PEUPLE FRANÇAIS,

« Français,

» La défection du duc de Castiglione livra Lyon sans défense à nos ennemis ; l'armée dont je lui avais confié le commandement était, par le nombre de ses bataillons, la bravoure et le patriotisme des troupes qui la composaient, à même de battre le corps d'armée autrichien qui lui était opposé, et d'arriver sur les derrières du flanc gauche de l'armée ennemie qui menaçait Paris.

» Les victoires de Champ-Aubert, de Montmirail, de Château-Thierry, de Vauchamp, de Mormans, de Montereau, de Craone, de Reims, d'Arcy-sur-Aube et de Saint-Dizier, l'insurrection des braves paysans de la Lorraine, de la Champagne,

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