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temps ordinaire on met quarante-cinq jours à parcourir.

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A la vue des aigles l'Empereur reprit la parole et dit aux soldats: «Voilà les of »ficiers du bataillon qui m'a accompa» gné dans mon malheur. Ils sont tous >> mes amis. Ils étaient chers à mon coeur! >> Toutes les fois que je les voyais, ils me » représentaient les différens régimens de l'armée; car dans ces six cents braves, » il il y a des hommes de tous les régimens. >> Tous me rappelaient ces grandes jour» nées dont le souvenir est si cher, car » tous sont couverts d'honorables cicatrices recres à ces batailles mémorables! » En les aimant, c'est vous tous, soldats de toute l'armée française, que j'aimais. »Ils vous rapportent ces aigles! qu'elles » vous servent de point de ralliement! En » les donnant à la Garde, je les donne à » toute l'armée.

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» La trahison et des circonstances mal» heureuses les avaient couvertes d'un

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crêpe funèbre mais grâce au peuple

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français et à vous elles reparaissent resplendissantes de toute leur gloire. Jurez qu'elles se trouveront toujours partout » où l'intérêt de la patrie les appellera! Que les traîtres et ceux qui voudraient

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» envahir notre territoire n'en puissent jamais soutenir le regard!»

«Nous le jurons!» s'écrièrent avec enthousiasme tous les soldats. Les troupes défilèrent ensuite au son de la musique, qui jouait l'air: Veillons au salut de l'Empire!

Ainsi s'est terminée, sans rencontrer un obstacle, sans effusion de sang, sans brûler une amorce, cette magnanime entreprise qui rétablit la nation dans ses droits, dans sa gloire, et effaça la souillure que la trahison et la présence de l'éstranger avaient répandue sur la capitale ;ainsi s'est manifesté le voeu unanime du Grand Peuple; les combinaisons de la politique étrangère, les rêves de la plus insultante présomption se sont dissipés. Les préjugés, les prétentions de la fae

tion royale, n'ont servi qu'à dessiller tous les yeux. L'esprit public est recréé en France. C'est ce feu sacré des premiers jours de la révolution. Malheur maintenant aux monarques qui oseraient s'élever contre la volonté puissante de la France libre, et guidée par le plus grand capitaine du siècle!

C'est maintenant que l'Europe peut juger quel est du Roi ou de l'Empereur le souverain légitime des Français : le premier, le fils des Bourbons n'arrive dans cette France, que ses nobles conseillers lui représentent comme le patrimoine de ses aïeux, son héritage et le leur, qu'escorté de cinq cent mille baïonnettes étrangères. Le second, élevé sur le pavois de Pharamond et de Clovis par les descendans de ces Francs qui donnèrent le trône au plus digne, après onze mois d'exil et d'outrage s'élance à la voix de la nation qui le rappelle du rocher d'où l'on voulait encore le bannir; il descend, à peine suivi de neuf cents guer

riers, à deux cents lieues de la capitale, traverse le royaume, et repasse sous les arcs de triomphe qu'il a élevés, que les rois ses rivaux respectèrent; rentre dans ce palais où ses aigles, ses chiffres existaient encore, en voyant ses peuples, ses armées, tous les voeux, tous les cœurs voler sur son passage.

Cet homme, que suivant notre usage nous avons appris de l'univers à admirer, et sur le front duquel tous les monarques ont consenti à laisser un diadême, il ne lui manquait peut-être que l'expérience du malheur, que les dures leçons de l'adversité: un concours inouï d'événemens extraordinaires lui a fait éprouver ce qu'aucun souverain n'avait éprouvé avant lui; il a été calomnié par ses flatteurs.

Maintenant et désormais, c'est au nom de la souveraineté du peuple qu'il veut régner. Les Français ont reconquis leur liberté, la France sa force politique. Un ministère imposant, des lois fondées sur

ces principes immuables, consacrés par les lumières du siècle, seront irrévocablement fixés par le consentement volontaire de la nation assemblée. La solemnité du Champ-de- Mai, comme aux temps de Charlemagne et des rois Francs ralliera toutes les affections

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autour du trône et de la patrie; et en dépit des prédictions de la haine et de la vengeance déçue, nous ne verrons revenir ni ces temps d'anarchie révolutionnaire, où, du haut de la tribune aux harangues, des orateurs démagogues signalaient à la proscription jusqu'à la vieillesse et l'enfance, ni ces époques désastreuses de Rome et de Bisance, qui livrèrent le double empire des Césars aux caprices des gardes prétoriennes, à l'avarice d'une soldatesque effrénée qui faisait ou défaisait à son gré les Empereurs.

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