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je saurai que vous l'êtes vous-mêmes Venez, général ! »

Alors le général (on croit que c'était le général Lefebvre-Desnouettes) s'est approché, et il l'a embrassé vivement.

Qu'on m'apporte l'aigle, et que je l'embrasse aussi. >>

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Le porte-drapeau s'est avancé, a incliné son aigle, et l'Empereur en a embrassé trois fois l'écharpe avec la plus vive émotion.

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<< Ah! cher aigle ! que les baisers que je te donne retentissent dans la posté rité !

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Adieu, mes enfans, adieu, mes braves; entourez-moi encore une fois. »

Officiers, soldats, tous étaient attendris; les larmes roulaient dans les yeux de ces vieux guerriers; les officiers étrangers eux-mêmes témoignaient hautement combien ils étaient sensibles à de tels adieux.

L'Empereur reçut alors les derniers hommages de plusieurs personnes de sa

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maison, qui vinrent lui baiser la main. Il monta ensuite en voiture avec le grandmaréchal du palais, le comte Bertrand, aux cris de vive l'Empereur! prononcés par la garde, au désespoir, répétés par la foule des soldats et des habitans réunis. En sortant de la grille, il baissa une des glaces de sa voiture; on crut le voir les larmes aux yeux, comme suffoqué des émotions qu'il venait d'éprou

ver.

Les généraux étrangers le suivirent,ainsi que le général comte Drouot, plusieurs des officiers déjà nommés, et avec eux M. le chevalier Foureau-Beauregard, médecin de S. M., M. Rathery, secrétaire intime, le chevalier Peyruche, trésorier, les chevaliers Deschamp et Baillon, fourriers du palais, M. Gatte, pharmacien de l'Empereur, et les autres personnes attachées à la maison de S. M., et qui toutes devaient s'embarquer avec elle. Il y avait en tout onze voitures, escortées d'une compagnie de grenadiers à cheval.

Sa garde ne devait le rejoindre qu'à l'île d'Elbe, et prit la route de Lyon.

Sa majesté, arrivée à Briard le soir du même jour, en repartit le 21 à midi, et entra à 9 heures du soir à Nevers. Le 22 elle fut coucher à Rouanne, d'où elie se remit en route le 23; et il était dix heures et demie du soir environ quand elle traversa Lyon.

Ce fut à quelque distance de cette ville qu'eut lieu l'entrevue si diversement racontée de S. M. et du duc de Castiglione.

Le maréchal Augereau était à Valence; obligé de quitter à la hâte cette ville où sa vie était menacée par ses soldats mécontens, il s'en allait précipitamment. Il rencontra l'Empereur à deux lieues en-deçà de l'Isère. S. M. n'avait encore aucune connaissance de la proclamation dans laquelle Augereau lui reprochait de n'avoir pas su mourir en soldat (1).

(1) Moniteur d'alors.

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Le maréchal descendit de voiture, l'Empereur sortit aussi de la sienne. S. M. avait son chapeau à la main. Augereau l'embrassa sans ôter la casquette de voyage dont sa tête était couverte. L'entretien qu'il eut avec l'Empereur, en se promenant sur la route, dura près d'une demiheure. En quittant S. M. il l'embrassa de même sans se découvrir,

L'Empereur, arrivé au bord de l'Isère, se vit contraint de passer avec sa voiture dans un bac, parce que le duc de Castiglione avait fait brûler le pont.

Une lieue plus loin l'Empereur trouva sur la route un bataillon qui lui rendít les honneurs dus aux souverains. Un soldat dit à haute voix Sire, le maréchal Augereau a vendu votre armée.

Le soir du 24, à 9 heures, S. M. entra à Montelimar. Pendant la nuit du 25 elle traversa Orange. Il était six heures du matin quand elle passa à Avignon,"

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et une heure après midi lorsqu'elle s'arrêtá à la Calade, près d'Aix. Elle s'y reposa jusqu'à une heure du matin, et fut coucher le 26 auprès du Luc, dans la maison de M. Charles, député au corps législatif.

L'Empereur y rencontra sa sœur, la princesse Pauline. Il s'entretint quelques momens avec elle. Ellé était souffrante, malade, et partit le même soir pour Lemuy.

Le 27, à 11 heures du matin, S. M. arriva à Fréjus, où elle resta toute la journée du 28; et à huit heures. du soir elle se rendit à Saint-Rapheau, dans ce même port où elle avait abordé à son retour d'Egypte, et s'embarqua sur la frégate anglaise the Undaunted, capitaine Usher.

Les commissaires des puissances alliées accompagnèrent l'Empereur jusqu'au vaisseau. S. M., en montant à bord, reçut de la frégate le salut souverain de 21 coups

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