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après son entrée, S. M. se mit en route pour faire le tour de l'île, et visiter dans

des lièvres, des martres, des porc-épics; mais point de bestiaux, pas de ruches, quoique le pays soit propre aux abeilles. On n'y voit point de bêtes fauves, mais un grand nombre de reptiles infectent les campagnes.

On cite au sujet de cette île une anecdote assez singulière. Vers le milieu du dix-septième siècle, l'île se trouva couverte d'une multitude de lapins qui, chaque année, dévoraient les récoltes, et reduisaient le cultivateur au désespoir. On ne trouva d'autre moyen de s'en débarrasser que de jeter dans les lieux les plus peuplés par ces animaux des chattes pleines, et les lapins disparurent en peu d'années.

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L'ile offre encore en oiseaux agréables ou utiles, outre les espèces domestiques, des cailles, des perdrix, des pigeons, des grives, des moineaux, des canaris, des rossignols, quelques ortolans, etc.

La mer qui baigne les côtes abonde en poissons de toutes les espèces. Il y a deux endroits où l'on pêche le thon : le golfe de Porto Ferrajo et le golfe de Procchio, dans le territoire de Marciana.

les moindres détails toutes les parties de son domaine.

Les Elbois sont attachés au sol qui les a vus naître. L'amour du travail, la bravoure et la probité, ordinaire partage de l'homme laborieux, les distinguent particulièrement. Leur territoire est-il menacé de quelqu'invasion, ils sont tous soldats. Leur taille est ordinaire et régulière; leur constitution robuste. Ils naissent marins, aiment passionnément la chasse, et en général tous les exercices pénibles. Leurs cheveux sont noirs, leur peau brune, leur regard vif et pénétrant. La vie active et frugale à laquelle ils sont accoutumés, contribue conservant leur santé, à les rendre forts, ardens, courageux. Quoiqu'ignorans et crédules, ils sont plus superstitieux que fanatiques, et ne font point usage du stilet, comme dans d'autres contrées d'Italie.

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Le luxe des cités de l'Europe est encoreignoré de ce peuple simple, doux et hospitalier. Le costume des femmes se réduit à un chapeau de païlle noire, un corset blanc, et une jupe courte rouge ou bleue. Toute leur coquetterie qui n'est pas sans charmes, consiste en une fleur, des rubans, un gros anneau, de larges

Un brick de dix-huit canons et plusieurs petits bâtimens, schebeks, felou

boucles d'oreilles et une chaîne de mauvais or. Le sang est beau, la vieillesse dans les deux sexes y offre rarement ce caractère de décrépitude trop ordinaire chez les nations avancées dans la civilisation. On ne peut pas dire que les femmes soient jolies, mais elles sont agréables, et surtout fidèles et excellentes mères.

La nourriture de ces insulaires se compose de légumes secs, d'un fromage fait avec du lait de brebis, et dont l'odeur est celle d'une graisse rance, de lard, de viandes salées et fumées d'un pain grossier, de poissons frais, de thon mariné, et d'une sorte de gâteau fait avec de la châtaigne; mais en général les habitans préfèrent pour leur nourriture la viande et le poisson aux végétaux. Toute leur batterie de cuisine est en terre cuite, qu'ils tirent de Naples et de Toscane. Leurs maisons sont basses, l'intérieur en est tenu avec propreté. Les meubles sont simples et solides. Un seul lit suffit souvent à toute une famille.

Ce peuple n'est pas très-vif dans ses plaisirs ; ses danses mêmes offrent peu de gaieté. Son langage est un patois dérivé du toscan. Son

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ques, etc., composaient toute sa marine.

insouciance est cause qu'il ne s'est point encore livré à l'éducation des troupeaux et des abeilles, ni à celle des vers à soie, dont la température de l'île rendrait la multiplication si facile. On ne trouve dans le pays ni fabriques, ni manufactures. Il a perdu la pêche des nacres, dont quelques-unes renfermaient des perles, et jusqu'à l'art si commun de fabriquer des briques. Le séjour des Français et les regards de leur souverain ont éveillé leur industrie.

Le commerce des Elbois consiste dans l'importation des grains, fromages, bestiaux, etc. et dans l'exportation du thon, du sel, des vins, du vinaigre, du granit, et surtout du minerai, que le défaut de bois dans l'île oblige de transporter, pour le fondre et le travailler,

sur les côtes de Gênes ou de Corse.

L'île d'Elbe renferme deux villes : PortoFerrajo et Porto-Longone, et quelques bourgades et villages.

Porto-Ferrajo (en latin Portus-Ferratus), jolie petite ville, se présente sur une longue pointe de rochers très-escarpés, à l'ouest de la baie du

même nom.

Arrivé au port de Marciana, l'Empereur fut salué par tout ce qu'il y avait

Son port, vaste et profond, peut recevoir les plus gros vaisseaux, et se nommait du temps des Romains Portus-Argous.

Cette ville appartenait au duc de Toscane 9 et les Anglais, qui la gardaient en son nom, ent soutenu contre les Français un siége opiniâtre qui n'a cessé qu'en 1802. Elle se trouvait comprise dans le département de la Méditerranée. On y compte trois mille habitans.

En 1537, Côme Ier, duc de Florence, obtint Porto-Ferrajo des seigneurs de Piombino, il y éleva des remparts et y bâtit une forteresse , pour la mettre à l'abri des corsaires. La ville prit le nom de son fondateur, en s'appelant Cosmopoli, et celui de Porto-Ferrajo lui fut aussi donné à cause des mines de fer qui se trouvent dans ses environs. Tout le contour de la place, mesuré à la portée du canon, depuis le fort jusqu'au bastion des moulins, c'est-àdire la partie de l'île qui appartenait au grandduc, comprend une étendue de 1666 quatre cinquièmes, la toise à raison de trois brasses. Le 10 mai 1738, on commença à exécuter sur l'ordre de l'empereur François, le plan projeté

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