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fût, ne pouvait entrer dans le port sans qu'il l'aperçût. Cette salle faisait partie des appartemens destinés à la princesse Pauline, au premier étage. S. M. occupait le rez-de-chaussée.

Madame mère avait une maison particulière dans la ville.

De vieilles masures entouraient le

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lais, elles furent démolies; les rochers furent applanis, les moulins disparurent. L'un des deux longs bâtimens qui servaient de logement aux officiers, masquait la vue; il fut rasé jusqu'à la hauteur de la terrasse construite devant le château. La partie inférieure fut voûtée, et servit ainsi à augmenter les dimensions de cette terrasse, qui, quoiqu'irrégulière par la disposition du terrain, se trouva former alors une place d'armes suffisante pour y ranger deux bataillons et les passer en revue.

Non loin du château une caserne, depuis long-temps abandonnée, devint, embellie par ses soins, tour-à-tour salon

de réception, salle de bal ou de spectacle; et les officiers de la garde, les dames d'honneur des princesses y représentèrent une fois les Fausses Infidélités et les Folies amoureuses.

De beaux jardins s'élevèrent comme par enchantement. Ceux qui existaient derrière le palais furent recréés ; des terres fécondes, transportées à grands frais sur le plateau où s'élevaient les moulins, y formèrent un potager, un verger utiles.

Dans la ville, S. M. fit réparer divers bâtimens pour y loger ses officiers. Les anciennes casernes furent assainies, et les vastes magasins de la Linguella transformés en casernes nouvelles.

Les écuries furent établies hors la ville, dans les grands magasins de la Tonare, qui appartenaient à l'entreprise des sels.

Les remparts se trouvaient en assez bon état; mais on avait laissé tomber en ruines, à l'extrémité de la Linguella, une tour antique qui achevait de fermer

le port. Cette tour, que lesToscans avaient autrefois appelée la Tour mortelle, par les ravages qu'en plusieurs circonstances elle avait causés aux Turcs et aux autres corps Barbaresques qui avaient assiégé Porto-Ferrajo, fut jugée importante par S. M. dans le système de fortification et de défense adopté. Elle fut relevée et armée.

Avant l'arrivée de S. M. le pavé des rues de Porto-Ferrajo était formé de larges dalles de pierre, dont la surface plane était très-dangereuse pour les chevaux ; par ses ordres, les pierres des rues que l'on ne pouvait parcourir qu'à cheval, furent taillées inégalement au ciseau ; et les rues où l'on pouvait circuler en voiture furent repavées en entier.

La porte de terre n'était praticable que pour des mules; personne avant S. M. n'avait osé y passer à cheval. Des rochers inclinés n'offraient que peu d'espace, une pente rapide rendait ce passage très-périlleux. A l'aide d'une terrasse la route

fut élargie, et devint praticable pour toutes sortes de charrois.

Avant que l'Empereur eût ordonné ce travail, qui fut achevé promptement, il était forcé de faire un grand détour, de traverser la ville, le port, et de sortir par la porte de mer, pour aller rejoindre ensuite la route ancienne qui le conduisait dans l'intérieur du pays, toutes les fois qu'il voulait se rendre en voiture à sa maison de campagne de Saint-Martin.

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Ce lieu de plaisance n'était qu'une simple chaumière, qu'il fit reconstruire, agrandir et meubler avec goût, mais simplicité. Lorsque ces réparations furent très avancées :-Ce sera, disait S. M., la maison d'un bon bourgeois qui peut bien avoir 15 mille livres de rente.

Cette maisonnette, au reste, n'était pour S. M. qu'un but de promenade; placée au centre de vignobles très-considérables, l'aspect en était des plus pittoresques; un torrent mugissait à côté; assise au pied d'un mont, dans le fond du golfe, envi

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ronnée de pampres verdoyans, la vue pouvait embrasser à la fois le développement animé de la ville et du port, la vaste

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étendue de la mer, où flottaient les pavillons des diverses nations, et dans un lointain vaporeux les rivages de l'antique Étrurie.

S. M. allait presque tous les jours Saint-Martin, quelque temps qu'il fit. Elle avait aussi une habitation à Rio; cette habitation avait appartenu à la chancellerie de la légion d'honneur; le produit des mines de fer de Rio lui était spécialement affecté.

L'Empereur s'était aussi réservé une maison à Porto-Longone, dans l'intérieur de la citadelle : cette petite ville lui dut aussi des embellissemens utiles, entr'autres une route entièrement neuve, pour aller de la marine de Longone à la citadelle bâtie sur un roc.

II fit réparer et rendre propre au roulage la route de Porto Ferrajo à Porto

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Longone; en fit construire une autre

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