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qui l'avait toujours traité comme un ami fidèle, laissant un des flancs de l'armée sans défense, il osait encore stipuler pour la vie et la liberté de son général, de son Empereur (1).

(1) Adhésion du duc de Raguse. «Que si, par » suite de ce mouvement, les événemens de la » guerre faisaient tomber entre les mains des » puissances alliées la personne de Napoléon » Bonaparte, sa vie et sa liberté lui seront » garanties dans un espace de terrain et dans » un pays circonscrit au choix des puissances » alliées et du gouvernement français. » (Moniteur du 7 avril). La colonne voisine du même journal offre un rapprochement singulier dans la conduite d'un général vraiment français.

En invitant ses frères d'armes à ne point s'écarter de leur devoir, il ajoutait:

« La nuit dernière des corps entiers ont quitté leurs positions : j'avais l'ordre d'occuper Cor» beil, aucun ordre contraire ne m'a été donné,

je suis donc resté fidèle avec vous à mon » poste. Les braves ne désertent jamais: ils doivent » mourir à leur poste. Nous avons constamment » servi la patrie, nous la servirons avec loyauté >> sous tout gouvernement que la majorité de » la nation adoptera. Les corps armés ne doivent

Les alliés avaient fait leur entrée solen-* nelle dans Paris : quinze heures plus tard ils s'éloignaient vaincus, ou n'y entraient plus que domptés et captifs (1).

» pas délibérer, mais obéir. Les hommes guidés » par l'honneur et la fidélité sont partout et » toujours respectés. ››

Signé le général LUCOTTE.

Corbeil, 5 avril, trois heures après midi

(1) Ils étaient coupés de leurs parcs de réserve, de leurs magasins; l'empereur manœuvrait sur leur derrière; et tout Paris attestera, j'entends tous les vrais Français, que l'on refusait des armes à de vieux soldats devenus d'honpêtes artisans, et qui brûlaient de se défendre; aux habitans des faubourgs; au peuple enfin dont le patriotisme n'eut pas été comprimé par la crainte de voir brûler ses habitations, et à qui l'on faisait payer jusqu'aux piques qui devaient lui être fournies, tandis que plus de cent mille fusils neufs furent livrés ensuite aux troupes ennemies.

Le parc d'artillerie demeura presque entier au Champ-de-Mars; les pièces que servit la jeunesse guerrière de l'école polytechnique, restè

Le sénat conservateur, si docile tant que le prince avait été heureux; le sénat, au nombre de soixante six mem

rent sans munitions ; des obus furent envoyés pour des boulets, des boulets pour des obus; on trouva du son, du charbon pilé dans des cartouches et des gargousses; enfin des pelotons d'infanterie, qui gênaient par un feu trop bien nourri quelques corps russes qui se préparaient à tourner la butte Chaumont, reçurent ordre d'occuper des positions où ils ne pouvaient plus nuire à l'ennemi,

Nombre d'officiers russes, une fois tranquilles dans Paris, avouèrent naïvement qu'il ne leurrestait pas pour seize heures de munitions. Le comte Langeron, qui conserve encore l'âme d'un Français en servant la Russie, répondit à un de ces jeunes gens, que l'on vit depuis décoré de l'uniforme vert et de l'épaulette, et qui le félicitait, comme général russe, du peu d'efforts qu'avait exigé la soumission rapide de la capitale : « On voit bien que vous n'avez >> pas fait la campagne, monsieur. Moi qui l'ai » faite et me vois à Paris, je suis encore étonné » d'y être ».

bres (1), implorait une audience d'Alexandre, se déclarait libre sous trois cent mille baïonnettes russes, et déliait, pour accourir au secours d'une nation délaissée.... (2), par la seule autorité qu'il s'était déléguée, le peuple français et l'armée du serment de fidélité au monarque qui marchait alors au secours de şa bonne ville, avec ces vieilles bandes dont l'ennemi n'avait jamais pu soutenir les regards (3).

Un désir, exprimé d'abord par un faible parti dans la capitale, un désir manifesté ensuite comme le vœu unanime des Français,

, provoqua bientôt du gouvernement provisoire un décret qui rappelait au trône héréditaire de saint Louis, la race antique de nos rois, le chef de la maison de Bourbon, sous la garantie d'une cons

(1) Dix au moins n'étaient pas Français.
(2) Moniteur d'avril.

(3) Voilà les gros bonnets, disaient-ils, et rien ne pouvait les faire tenir.

titution qui devait assurer à jamais les droits de la nation, du monarque et des citoyens (1).

C'est alors que l'empereur, qui pouvait en appeler à la nation des décrets de soixante et quelques sénateurs, et que la volonté seule du peuple librement convoqué, eût pu déterminer à porter plus long-temps le faix d'une couronne (2); voulant éviter des déchiremens toujours funestes pour la patrie, annonça à l'armée que les puissances alliées proclamant qu'il était le seul obstacle au rétablissement de la paix en Europe (3), il n'était aucun

(1) Expression des adresses des grands corps de l'Etat. (Moniteur du 5 avril.)

(2) Ordre du jour de sa majesté. (Fontainebleau, 4 avril.)

(3) L'Empereur de Russie, dans l'audience qu'il donna au Sénat, déclara qu'il avait fait la guerre à Napoléon et non à la France. (Moniteur du 2 avril. )

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