Page images
PDF
EPUB

religion et à l'église de France. Il en est résulté que la négociation engagée avec la cour de Rome, loin de présenter une issue prochaine et favorable, rendait presque inévitables de très-longues discussions d'un autre genre et non moins fâcheuses; si donc l'on peut espérer un prompt et heureux rétablissement de la paix de l'église, c'est depuis le retour de Sa Majesté, qui, n'ayant plus avec le pape les mêmes intérêts temporels et politiques à discuter, et n'ayant jamais voulu, quant aux matières ecclésiastiques, s'écarter du droit public que les deux autorités ont toujours reconnues en France, doit se flatter que de nouvelles démarches auprès de Sa Sainteté, et le désir qu'elles auront l'une et l'autre de mettre une prompte fin à ces troubles malheureux, ne tarderont pas de rendre à l'église le calme qui lui est, si nécessaire, į

Lorsque Sa Majesté manifeste ainsi ses senti. mens, le clergé ne peut douter qu'il ne soit dans son intention de faire respecter la religion et ses ministres et c'est en leur donnant toutes les preuves d'une protection spéciale, qu'il ramènera vers des pasteurs égarés des habitans qui auraient à s'en plaindre.

Sa Majesté elle-même oubliera que des plaintes multipliées lui ont été portées contre des ecclésias,

1

tiques pour avoir manqué aux devoirs que la reli gion prescritenvers le Souverain : elle est persuadée que le clergé en général est fidèle aux principes religieux, ainsi qu'à la foi des sermens qu'il lui a prêtés, et à la reconnaissance que lui inspire le grand bienfait du rétablissement des autels et de sa propre existence.

ORDRE

JUDICIAIRE.

Des dispositions ont été faites pour rendre à la justice répressive toute son action; et pour remplacer ceux des magistrats qui n'ont pas paru mériter de continuer leurs fonctions, ou qui se sont même fait justice en donnant leur démission.

Au criminel, l'institution du juri justifie de plus en plus le grand intérêt qu'elle inspire l'expérience, dont naguères encore on invoquait une plus longue épreuve, pour se ménager sans doute les moyens d'y porter atteinte, n'a plus rien à révéler; elle ne laisse plus de doute sur les avantages que procure une telle institution.

La sagesse des décisions qui émanent de ce tribunal de citoyens, est un sujet presque continuel d'éloges de la part des présidens des assises, dans

les rapports que ces magistrats, à la fin de chaque session, adressent au ministre de la justice. Cependant quelques mesures législatives et réglementaires, paraissent nécessaires pour rendre moins pénibles à une partie des citoyens, des fonctions dont tous s'acquittent avec la plus grande dignité,

DÉPARTEMENT DE LA GUERRE.

L'Empereur a rétabli sur ses anciennes bases l'armée dont le gouvernement des Bourbons avait dispersé les élémens.

Tous les braves ont reconnu sa voix et se sont ralliés à leurs aigles. L'armée française est sur un pied respectable; les différentes armes sont relativement dans la proportion nécessaire, et les forces convenablement réparties sur les différentes frontières de l'empire: toutes les branches du service militaire ont reçu une nouvelle impulsion.

J'en présente l'analyse en évitant d'entrer dans les détails dont il est important que les en emis n'aient pas connaissance.

FORCE DES ARMÉES.

er

Au 1 avril 1814, l'armée française, soit en

campagne, soit dans les places fortes et garnisons d'Allemagne, d'Italie, d'Espagne et de France se composait de 450,000 combattans, et si l'on y comprend 150,000 prisonniers, soldats les plus aguerris qui devaient nous être rendus, la force totale de l'armée s'élevait encore à 600,000 hommes. On ne comprend point dans cette énumération la levée des conscrits de 1815, parce que sur les 160,000 conscrits mis à la disposition du gouvernement, 45,000 seulement ont été appelés.

Inquiet, effrayé de ses propres forces, le gouvernement royal fit de longs et vains efforts pour les dissoudre. Les provocations à la désertion, les encouragemens offerts par les agens des puissances étrangères, l'abandon des armes et des effets mi. litaires, laissaient encore dans les rangs 250,000 vieux soldats; et pour ébranler leur fidélité, pour mutiler l'armée jusqu'à la proportion prescrite par un système de finance, dont toutes les économies devaient uniquement peser sur l'armée, il fallait encore expulser 110,00 braves.

Le désordre fut grand, la désorganisation si rapide, qu'on fut obligé de faire un rappel de 60,000 hommes, au mois de novembre 1814: mais la confiance était perdue; au 20 mars dernier, 35,000

hommes seulement étaient rentrés, et cette force de plus de 600,000 hommes se trouvait en moins d'un an réduite à 175,000.

Depuis le 20 mars, en deux mois, l'armée de ligne s'est élevée de 175,000 à 375,000 hommes. Ce résultat se vérifie par le détail suivant.

Enrôlemens volontaires...

[ocr errors]
[merged small][merged small][ocr errors]

20,000

80,000

Vieux soldats rentrés dans les cadres des bataillons d'élites des gardes nationales... 25,000 Militaires en retraite formés en cinquantecinq bataillons et trente-six compagnies d'anciens canonniers.

Seize régimens de jeune garde qui avaient été dissous....

Grenadiers et chasseurs de la vieille garde, infanterie ou cavaliers rentrés sous leurs aigles.....

Cinquante compagnies de canonniers

gardes-côtes réorganisés.

...

33,000

20,000

5,000

6,000

Chasseurs des Pyrénées et des Alpes... 6,000

Huit régimens étrangers...

12,000

Cette masse de 200,000 hommes, si l'on en excepte

« PreviousContinue »