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N° VIII.

Copie d'une lettre adressée au ministre de la marine par M. Sénez, commandant la frégate la Dryade.

Monseigneur,

Je saisis l'occasion de M. le colonel Fuht, aide-de-camp de son altesse impériale le prince Jérôme Napoléon, pour avoir l'honneur de vous faire savoir qu'après avoir déposé S. Exc. le duc de Padoue en Corse, je fis de suite voile pour aller à Naples y déposer M. le général Belliard; mais que, le 9 mai, étant à l'ile d'Ischia, j'aperçus au vent à moi un vaisseau, une fregate et un brick anglais qui, aussitôt qu'ils m'aperçurent, me donnèrent chasse. Je n'hésitai point à faire décider M. le général à s'embarquer dans mon petit canot que je laissai pour le débarquer à l'île d'Ischia et prendre chasse. Vers les huit à neuf heures du matin, le brick me joignit à la portée de son artillerie, et me fit feu dessus, dans l'intention de me désemparer: je lui répondis de suite par un feu très-vif de mes canons de retraite, et je l'empêchai de me faire aucun mal majeur.

Le 9 mai, j'entrai à Gaëta. Le 10 dudit, M. le colonel Campbell, commandant de la division anglaise, m'envoya un parlementaire pour me donner avis, par écrit, que le 9 au soir il avait recu des ordres pour laisser librement passer les bâtimens portant le pavillon tricolore. Le 13 mai, j'embarquai à mon bord LL. AA. II. Madame mère et le prince Jérôme Napoléon, et je fis voile pour accélérer mon retour en France : j'arrive dans ce moment 22 mai au golfe Juan, où, ayant beaucoup d'occupation pour le débarquement de leurs altesses et de leurs bagages, je n'ai pu vous adresser un rapport circonstancié de la mission dont on m'a fait l'honneur de me charger, ce que je ferai par la voie de M. le général préfet maritime, aussitôt ma rentrée à Toulon.

J'ai l'honneur, etc.,

A bord de la frégate de Sa Majesté impériale la Dryade, le 22 mai 1815.

No IX.

Signé SÉNEZ.

Pour copie :

Signé P. C. DEcrès.

Extrait des rapports parvenus au ministre de la marine.

Le navire la Confiance, capitaine Dihins, de la Guadeloupe, fut obligé, le 30 mars, par des avaries majeures, de relâcher en Angleterre. Lorsqu'il voulut appareiller pour se rendre au Havre, port pour lequel il était destiné, il n'obtint la permission de sortir que sous la condition d'aller à Bordeaux.

N° X.

Extrait d'un rapport journalier adressé à S. Exc. le ministre de la guerre, par M. le lieutenant-général commandant la neuvième division militaire. (Copie.)

Du 15 mai 1815.

Le commandant de la gendarmerie de l'Hérault rend compte que, d'après la déclaration du nommé Vallat, capitaine de marine commandant un brick marchand d'Agde, venant de Barcelonne, et rentré dans le port de Cette le 12 mai, que le capitaine a déclaré à la santé qu'avant son départ de Barcelonne il était entré un brick de guerre anglais, et que le capitaine dudit brick avait déclaré qu'il faisait partie d'une escadre anglaise de quatorze vaisseaux qu'il avait laissée sur les hauteurs de Mahon, destince à se rendre dans les parages de Toulon, et qu'il devait aller de son côté en croisière sur les hauteurs de Marseille pour intercepter le commerce français. Ledit Vallat a dit aussi qu'il avait appris à Barcelonne que l'armée espagnole se rassemblait dans l'intérieur de l'Espagne pour marcher sur la frontière de la France. Il a ajouté que le duc d'Angoulême était parti le 4 ou le 5 mai pour se rendre à Madrid, et qu'en Espagne on ne recevait plus les espagnols, ni même les français, et que l'on renvoyait tous les français qui se trouvaient en Espagne.

Pour extrait :

Le chef de la troisième division,
Signé le baron SALOMON.

Nota. Le commandant de la place de Cette, en confirmant ces détails, a ajouté, d'après la déclaration du même capitaine Vallat, que M. Blondel, consul de France, n'était plus reconnu en cette qualité; qu'il avait été renvoyé à l'Aigualada en Catalogne, et la chancellerie de ce consulat obligée de revenir en France.

N XI

Copie de l'ordre relatif aux circonstances dans lesquelles on se trouve maintenant contre la France.

Les nouveaux événemens de la France sont aussi d'une grande importance pour notre patrie allemande. Dans leur déclaration du 13 mars, les hautes-puissances alliées ont déjà prononcé sur les événemens et ont fait connaître leurs intentions. Leur étroite union et la coopération de tous les peuples garantit le succès de la bonne cause, et assurera d'une manière stable la prospérité de la paix. C'est avec une ferme confiance que nous pouvons atteindre l'exécution des grandes et fortes mesures qu'en cet instant ils auront déjà décidées. C'est avec une égale confiance que la commission administrative du pays compte sur la droiture réputée et sur le devoûment des habitans du pays du Rhin, depuis la Queich jusqu'à la Moselle, et qu'ils s'emploieront de tous leurs efforts pour le bien général des états

des succès desquels dépend leur bonheur particulier. Cependant, pour éviter davantage l'influence pernicieuse que les circonstances dans lesquelles se trouve la France pourraient exercer sur ce pays, la commission administrative pe trouve obligée d'ordonner ce qui suit:

ARTICLE PREMIER.

L'exportation en France des vivres, chevaux et munitions de guerre de tous les genres, vu le besoin qu'on pourrait avoir de ces objets, est défendu sous peine de confiscation.

ART. 2.

Ce n'est que pour un cas pressant qu'il pourra être permis aux habitans de la campagne de se rendre en France. Les passeports delivrés par les directeurs des cercles devront, pour avoir de la validité, être revêtus de l'approbation de la commission administrative. Les directions de cercle devront en conséquence les soumettre au visa, en énonçant particulièrement les relations des personnes et les motifs de teur voyage.

ART. 3.

Tous ceux qui commettront des actions ou tiendront des discours contraires aux intérêts de la commune patrie allemande et aux déclarations des hautes-puissances alliécs, serout arrêtés conime pertubateurs du repos public et punis selon la sévérité des lois. Toutes les autorités sont chargées, en ce qui les concerne, de l'exécution du présent ordre.

Kreuznach, 31 mars 1815.

La commission administrative austro-bavaroise,
Signé DE ZWACKH, DE DROTZDICK.

N° XII.

COPIE.

Du 26 avril 1815.

Le directeur des postes de Strasbourg donne communication d'une lettre de celui de Kehl, en date du 19 du courant, par laquelle ce dernier le prévient qu'il a reçu ordre de ne plus lui expédiér de dépêches, et de ne plus recevoir les siennes, attendu que toute correspondance avec la France est interdite.

Le postillion de Kehl, porteur de cet avis, a demandé de la part d'un commis de la poste, des journaux français qui lui ont été donnés.

Le directeur de Sarrebruck écrit, en date du 21, que la correspondance avec l'Allemagne est arrêtée également sur ce point. Un courrier, parti le matin dudit jour avec les dépêches ordinaires, avait été renvoyé par l'officier bavarois commandant les avant-postes à la frontière, avec defense de s'y représcater.

Il parait que ces dispositions ont eu lieu d'après les ordres de l'archidae Charles, qui est arrivé le 18 à Mayence.

Il est arrivé des lettres d'Angleterre par Dieppe.

N° XIII.

Extrait d'une lettre du directeur des postes à Saarbruck, adressée à M. le conseiller d'état, directeur-général des postes, sous la date du 21 avril 1815. (Copie.)

Monsieur le comte,

J'ai l'honneur de vous informer que toute communication avec l'Allmagne, par ce point, est coupée. Le courrier qui était parti ce matin de Saarbruck, y est revenu vers sept heures aussi du matin, et a rapporté la malle; l'officier commandant les avant-postes bavarois à l'extrême frontière, deux lienes et demie d'ici, lui a signifié la défense de reparaître.

N° XIV.

Extrait d'une lettre du directeur des postes à Strasbourg, à M. le conseiller-d'état, directeur-général des postes, sous la date du ig avril 1815. (Copie.)

Monsieur le comte,

M. le directeur de l'office des postes à Kehl, vient de m'adresser la lettre que je vous remets ci jointe, par laquelle il m'annonce avoir ordre de ne plus recevoir mes dépêches ni m'en adresser.

Je suis, etc.

Signé LEBLANC,

N° XV.

7

Copie d'une lettre de M. Tredant, directeur des postes à Kehl, adressée au directeur des postes à Strasbourg, sous la date du 19 avril 1815.

Monsieur,

La correspondance avec la France se trouvant interdite, je viens de recevoir les ordres du directeur-général des postes, de ne plus vous expédier, Monsieur, mes dépêches ni de recevoir les vôtres.

J'ai l'honneur, etc.

Le directeur des postes,

Signé TREDANT:

Pour copie conforme :

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Le conseiller-d'état, directeur-général des postes,

Signé LAVALETTE.

N° XVI.

Copie d'une lettre du directeur des postes à Saarbruck, adressée à M. le directeur-général des postes.

Monsieur le comte,

Saarbruck, 22 avril 1815.

Le courrier de l'Allemagne n'arrive plus à Saarbruck; il ne part plus de courrier de Saarbruck pour l'Allemagne; toute communication de toute nature est coupée.....

N⚫ XVII.

Signé GODET.

Copie d'une lettre de M. le sous-préfet de l'arrondissement de Beaune, à S. Exc. le ministre des relations extérieures.

Monseigneur,

Beaune, le 17 avril 1815.

Je crois devoir vous rendre compte que je viens de voir trois lettres écrites par des négocians de cette ville; savoir: par MM. Bouchard, Verry et Chameroy, desquelles il résulte qu'ils sont retenus prisonniers à Liège par l'autorité militaire qui régit ce pays, et qu'ils ne peuvent même pas sortir de la ville sans une permission, qui est toujours à la charge d'y rentrer le jour même....

Je suis, etc.

N° XVIII.

Signs F.....

Copie d'une lettre écrite à M. Colasson, directeur des douanes à Valenciennes, par M. Kategres, lieutenant, principal contrôleur de brigade.

Saint-Amand, 22 avril 1815.

Je reçois à l'instant une lettre du lieutenant de Bonsecours, qui me rend compte que deux voitures chargées de planches s'étant présentées au bureau de ce village, pour payer les droits d'entrée, les hussards hanovriens, malgré que ces voitures étaient sur France et arrêtées devant le bureau, les ont fait retrograder, et M. le receveur voulant s'y opposer, ces militaires étrangers lui ont signifié que s'il ne se retirait pas, ils le sabreraient, qu'ils étaient effectivement en France, et qu'ils iraient quand ils voudraient, et bientôt pour tout-à-fait.

Je rends compte de ce fait à M. le gouverneur de Condé, comme violation de territoire.

Je suis, etc.

Signé KATEGRE.

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