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entre les animaux purs et impurs; une chose impure peut-elle être bonne? - Comment accorder ce que Dieu dit à Abraham, que les enfants d'Israël reviendront d'Egypte à la quatrième génération avec ce que Moïse écrit ensuite: Les enfants d'Israël sortiront de l'Egypte à la cinquième génération? -Pourquoi Abraham reçut-il le signe de la foi dans la circoncision; et pourquoi Isaac, qui était un homme juste et agréable à Dieu, fut-il trompé dans les bénédictions qu'il donna à ses enfants, en sorte qu'il ne bénit pas celui qu'il avait dessein de bénir, mais qu'il en bénit un autre auquel il ne pensait pas accorder cette bénédiction?» Saint Jérôme répondit à toutes ces difficultés, à l'exception de la seconde et de la quatrième que Tertullien et Novatien avaient déjà expliquées. Il avait prêté au pape les lettres de Lactance; mais Damase ne les lut qu'avec une espèce d'ennui, tant à cause de leur longueur, que parce qu'elles ne traitent que rarement des mystères de notre foi, Lactance s'y étant appliqué à parler de poésie, de géométrie, de philosophie, toutes matières plus conVenables à des sophistes qu'à des chrétiens. Ce fut aussi par ordre de Damase que saint Jérôme corrigea la version latine des psaumes sur le grec des Septante, et qu'il rendit ensuite la version latine du Nouveau Testament conforme à l'original grec. Il lui dédia son Traité des séraphins et ce qu'il avait écrit par son ordre sur l'Hosanna des Hébreux, avec la traduction de deux homélies d'Origène sur le Cantique des cantiques, et le livre de Didyme sur le Saint-Esprit.

Aur Orientaux. On rapporte aux dernières années du pontificat de Damase la lettre qu'il écrivit aux Orientaux: il en avait reçu une dans laquelle, en lui témoignant de leur respect envers le Saint-Siége, ils le priaient de déposer Timothée, disciple d'Apollinaire; le saint pontife leur répondit: «Quand vous rendez au Siége apostolique l'honneur qui lui est dû, le plus grand avantage vous en revient à vous-mêmes, mes très-honorés fils; car, malgré que je sois obligé de tenir le gouvernail de l'Eglise dans laquelle le saint apôtre a enseigné, je me reconnais néanmoins indigne de cet honneur, tout en travaillant de toutes mes forces à mériter la gloire de la félicité qu'il possède. Sachez donc qu'il y a déjà longtemps que nous avons condamné l'impie Timothée avec son maître Apollinaire et leur doctrine sacrilége, de sorte que nous avons lieu d'espérer qu'il ne restera plus rien de cette secte à l'avenir. Si ce vieux serpent revit pour son supplice, après avoir été frappé une ou deux fois d'anathème et chassé de l'Eglise; s'il essaie encore d'infecter de son venin quelques fidèles, évitezle comme une peste, et souvenez-vous toujours de la foi des apôtres, surtout de celle qui a été écrite et publiée par les Pères de Nicée; demeurez-y fermes et immuables, sans souffrir que ni le clergé, ni le peuple commis à vos soins, prêtent l'oreille à des questions déjà résolues; car nous avons une

formule de foi que doit observer quiconque fait profession d'être chrétien. » Cette profession est sans doute celle qu'il adressa à Paulin. Il ajoute ensuite: « Jésus-Christ, Fils de Dieu, Notre-Seigneur, a par ses souffrances mérité à la nature humaine la plénitude du salut, et délivré l'homme entier du péché. Quiconque dit qu'il a une divinité ou une humanité imparfaite, celui-là est un fils de perdition rempli de l'esprit de l'enfer. Pourquoi demandez-vous donc une seconde fois que je dépose Timothée, puisqu'il a été déposé ici, avec Apollinaire, son maître, par le jugement du Siége apostolique, en présence de Pieno, évêque d'Alexandrie?» Ecrits perdus. Saint Athanase en mourant avait désigné Pierre pour lui succéder sur le siége d'Alexandrie. Ce nouveau pontife, élu en effet vers le mois de mai 373, écrivit aussitôt au pape et aux évêques des principaux siéges pour leur faire part de son ordination. Nous avons encore la réponse que lui fit saint Basile; mais les lettres de communion et de consolation que lui adressa le pape Damase sont perdues; il les avait confiées à un diacre qui, après avoir souffert des inhumanités étranges de la part des ariens, entre les mains desquels il était tombé, fut envoyé aux mines de Pheno. Pierre poursuivi à son tour s'échappa de leurs mains et se retira à Rome où le saint pontife Damase le reçut avec la plus paternelle charité.

Indépendamment de la lettre à Paulin dont nous avons rendu compte plus haut, Damase lui avait écrit antérieurement deux autres lettres qui ne sont pas venues jusqu'à nous. Elles avaient trait à Vital et aux doutes que le zélé pontife avait conçus sur sa doctrine.

A la suite d'un concile tenu à Rome en 377 et dans lequel Apollinaire et Timothée virent condamner leurs erreurs, le pape Damase, en renvoyant Pierre à son église, lui remit une lettre pour confirmer les Alexandrins dans la foi à la consubstantia lité du Verbe et légitimer l'ordination de leur évêque. Nous n'avons plus cette lettre.

Saint Jérôme, quoique caché dans son désert de Syrie, ne laissait pas d'être inquiété au sujet du schisme d'Antioche; on lui demandait pour qui il était, s'il prenait parti pour Vital, pour Mélèce ou pour Paulin? L'évêque des ariens et les catholiques du parti de Mélèce lui demandaient s'il admettait trois hypostases dans la Trinité. Pour savoir que répondre et à quoi s'en tenir sur toutes ces questions, il consulta le pape Damase, le priant de l'autoriser par ses lettres à se servir du terme d'hypostase ou à le rejeter, et de lui indiquer en même temps avec qui il devait communiquer à Antioche. Damase ne répondit point à saint Jérôme, ou du moins sa réponse ne lui fut point rendue; c'est pourquoi ce saint lui adressa une seconde lettre sur le même sujet, dans laquelle il le conjure de nouveau de résoudre les questions qu'il lui avait proposées dans la première. « Ne méprisez pas, lui dit-il en finissant sa lettre, une amo

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Symmaque, préfet deRome, ayant reçu ordre de l'empereur Valentinien d'informer sur les dégâts qu'on avait faits aux murailles de la ville, fut quelque temps sans l'exécuter, dans la crainte que ses envieux, qui le savaient ennemi des chrétiens, ne l'accusassent d'avoir cherché dans l'accomplissement de cette commission une occasion de les persécuter. Ce qu'il avait craint arriva en effet, et, pour se justifier sur ces chefs qu'on avait portés devant l'empereur, il obtint du pape Damase une lettre qui témoignait qu'aucun chrétien n'avait été maltraité ni emprisonné dans cette circonstance. Nous n'avons plus cette lettre.

Ecrits supposés. - On a attribué au pape saint Damase un grand nombre d'autres lettres, plusieurs décrets de conciles, et un Pontifical qui porte encore aujourd'hui son nom; mais la critique en a fait justice depuis Jongtemps, et personne ne doute plus qu'ils ne soient supposés.

DANIEL, moine de Lérins, composa vers la fin du x siècle un Commentaire sur les psaumes qui est resté longtemps manuscrit dans la bibliothèque de son monastère. Il est dédié à l'abbé Aldebert ou Eldebert II qui succéda à un autre abbé du même nom en 1066 et qui remplit cette charge jusqu'en 1101; ce qui nous permet de fixer avec certitude l'époque à laquelle florissait cet interprète. Dom Mabillon, qui avait entre les mains l'épitre dédicatoire de Daniel, n'en a pas ports un jugement favorable au talent de l'écrivain. Tel qu'il est cependant, ce commentaire peut servir à montrer qu'on avait en France, sur la fin de ce siècle, un certain zèle pour l'étude de l'Ecriture sainte. Cette étude prit de plus grands développements encore dans le siècle suivant, comme nous aurons occasion de le montrer en rendant compte des différents

commentateurs.

DAPHNOPATES (THÉODORE), patrice de Constantinople, se rendit recommandable par les écrits qu'il publia vers le milieu du

siècle. Un des plus intéressants était la suite de l'Histoire byzantine, continuée jusqu'au siècle de l'auteur, George Cédrène, en

parlant dans sa préface de ceux qui avaient travaillé avant lui sur l'Histoire de Constantinople, met de ce nombre Théodore Daphnopates. Cette histoire ne se trouve plus, mais il nous reste quelques autres de ses écrits; savoir, un discours qu'il prononça en 957, au jour anniversaire de la translation d'une main de saint Jean-Baptiste, d'Antioche à Constantinople. Ce discours est rapporté sans nom d'auteur, sous la date du 29 août, dans Lipoman et Surius. On possède aussi un recueil d'extraits des ouvrages de saint Jean Chrysostome, imprimés parmi les œuvres de ce Père, sous le nom d'Eclogues. Ce recueil, qui ne contient que trenteune homélies dans l'édition de Morel, et trente-trois dans le manuscrit de Nicéphore Botoniate, en comprend quarante-cinq dans l'édition de Savilius. Comme il n'avait donné ces extraits qu'en grec, Dom Montfaucon les a publiés en latin, et a pris soin de noter en marge de chaque homélie les endroits des écrits de saint Chrysostome auxquels ces extraits sont empruntés. Outre le discours sur la translation de la main de saint Jean-Baptiste, Allatius en cite un autre sur la Nativité de ce saint précurseur du Messie. Il est imprimé sous le nom de Théodoret, dans le supplément du P. Garnier aux œuvres de cet évêque; mais il porte le nom de Théodore Daphnopates, dans un manuscrit du Vatican. Son discours en l'honneur de l'apôtre saint Paul fait la trentième homélie des Eclogues. Lambecius parle d'un autre discours à la louange de saint Grégoire de Nazianze; mais il n'a pas encore été rendu public. Le Catalogue de la bibliothèque de Leyde cite, parmi les manuscrits de Vossius qu'elle possède, une Vie de saint Théodore Studite par Théodore Daphnopates. Sous le simple nom de Théodore, on trouve encore, dans les bibliothèques de Vienne et d'Italie, des Commentaires sur les douze petits prophètes. Lambecius et Montfaucon les croyent de Théodore d'Antioche, évêque de Mopsueste en Cilicie, ou de Théodore d'Héraclée; d'autres pensent qu'ils sont de Théodore Daphnopates; mais on ne possède là-dessus aucun renseignement qui permette de trancher la question.

DARDANE (Claudius-Postumus DARDANUS), homme d'esprit et d'érudition, est fort célèbre dans les lettres de saint Jérôme et de saint Augustin. Il était seigneur de Théopolis, aujourd'hui Rochetaillée en Provence. Il avait un frère nommé Claudius Lepidus, qui portait le titre de comte, et qui avait été gouverneur de la première Germanie et intendant du domaine. Dardane fut lui-même gouverneur de la Gaule Viennoise et questeur. Cette dernière charge lui imposait l'obligation de dresser les lois, et supposait en lui la science du droit jointe à un grand fonds d'érudition. A ces qualités Dardane réunissait une élocution si facile que saint Jérôme n'a pas hésité à le qualifier d'homme très-éloquent. Depuis il fut élevé à la dignité de patrice, et eut deux fois l'honneur d'être préfet des Gaules sa patrie. C'est en

cette qualité que l'empereur Honorius lui adressa la loi du 7 décembre de l'an 412 ou 413, touchant les décurions ou chefs des villes. Il paraît par la fin d'une des lettres de saint Jérome adressée à Dardane luimême, qu'il était né dans le paganisme; mais il se convertit si sincèrement à la foi de Jésus-Christ, que le même Père l'appelle le plus noble des chrétiens et le plus chrétien des seigneurs de son temps; christianorum nobilissime, nobilium christianissime, et qu'il le compare au célèbre Pammaque à qui il accorde les mêmes titres. Saint Augustin ne parle pas avec moins d'éloges de l'esprit, du savoir, de la naissance et de la vertu de Dardane. Certes tous ces éloges sont bien opposés au témoignage que lui rend saint Sidoine Apollinaire, lorsqu'il assure qu'il réunissait en lui seul tous les vices partagés entre les trois tyrans, Javin, Géronce et Constantin; mais saint Sidoine parlait sans doute des temps qui avaient précédé sa conversion. On ne saurait nier au moins qu'il fut très-fidèle aux Romains, puisqu'au lieu de céder au tyran Javin, il en débarrassa l'empire par sa mort.

Dardane lisait les écrits de saint Jérome et de saint Augustin et s'etait fait un mérite de lier commerce de lettres avec ces grands hommes. Dans une de ces épîtres, il avait demandé au premier qu'elle est cette terre si souvent promise aux Hébreux, et cette demande lui attira la belle réponse de saint Jérome que nous possédons encore. Dans une autre occasion, s'adressant à saint Augustin, il lui proposa deux questions beaucoup plus difficiles à résoudre que les précédentes. 1° Où était Jésus-Christ; s'il était partout comme homme aussi bien que comme Dieu, et où était le paradis ? 2° Si les enfants ne connaissent point Dieu, puisqu'il paraît que saint Jean l'a connu dès le sein de sa mère, et si le baptême donné aux femmes enceintes n'opère point aussi sur leurs enfants. La nature de ces questions et peut-être de plusieurs autres, a fait dire à un auteur que nous ne connaissons que sous le faux nom de saint Jérome, que Dardane, sans prendre le véritable point de la difficulté, employait au contraire la pénétration d'un esprit plein de ruses à proposer avec assurance un grand nombre de questions sur l'Ecriture qui paraissaient impossibles à résoudre. Mais saint Augustin en jugeait plus sainement et se fit une obligation d'y satisfaire. Cependant, retenu par ses grandes occupations et par la difliculté des questions que Dardane lui avait proposées, il fut un été tout entier sans lui répondre. Plein de reconnaissance pour l'affection que ce seigneur lui portait, et convaincu de la pénétration de son esprit, qui, loin de s'arrêter à la superficie, approfondissait tous les points de doctrine, il ne voulait pas lui envoyer quelque chose qui fût indigne de lui. A tous les témoignages d'estime et d'amitié qui lui avaient été prodigués par Dardane, le saint répond avec une cordialité toute particulière, et comme à un homme

que l'on respecte encore plus pour sa piété que pour le rang qu'il occupait dans le siècle.

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Sur la première question, saint Augustin examine avec beaucoup de soin et d'exactitude, comment la nature divine est présente en toutes choses, et comment elle habite particulièrement dans son temple, c'est-à-dire dans le cœur de l'homme fidèle. C'est ce qui a fait intituler cette réponse qui forme un traité entier, De la présence de Dieu. En satisfaisant à la seconde question, saint Augustin s'appliqua particulièrement à combattre l'hérésie pélagienne qui causait alors beaucoup de troubles dans l'Eglise, quoique cependant il ne la nomme pas en cet endroit. Dardane vivait encore en 417, comme il paraît par les lettres de saint Jérome et de saint Augustin que nous venons de citer, et rien n'empêche même que l'on ne prolonge son existence au delà de ce terme. A la fin du second tome des œuvres de saint Jérome, on trouve une lettre sur les divers instruments de musique en usage chez les Hébreux. Elle est adressée à Dardane qui avait prié le saint docteur de l'instruire sur ce point. Il ne nous reste des écrits de ce seigneur que quelques fragments de lettres que nous retrouvons ça et là dans les ouvrages des deux docteurs avec lesquels il fût presque constamment en relations.

DAVID, moine de Saint-Laurent de Liége, nous est dépeint par Reiner comme un homme extrêmement robuste et un modèle de régularité. Il partageait son temps entre la prière, l'étude et le travail. Son occupation particulière était de copier les livres des anciens docteurs, pour procurer à ses frères les moyens de s'instruire. Chargé de l'éducation de la jeunesse, il tenait ses élèves continuellement occupés, et ne leur permettait de manger du pain qu'après qu'ils l'avait gagné. Ennemi de l'oisiveté, il était infatigable au travail, et, quoique tout courbé par le poids des années, il composa l'Histoire du martyre de saint Blaise et la Vie de saint Eucher, évêque d'Orleans.

DÉFENSEUR embrassa la vie religieuse dans le monastère de Ligugé, près de Poitiers, vers le milieu du vir siècle, et, comme il le dit lui-même, il fit de l'étude une de ses principales occupations. Il s'y rendit si habile qu'il mérita en peu de temps le titre de grammairien qui ne s'accordait qu'aux hommes qui s'étaient distingués en littérature. Il s'appliqua surtout à la lecture des Pères de l'Eglise, et de l'avis d'Ursin, son abbé, qui dirigeait ses études, il en recueillit les endroits qui lui parurent les plus édifiants, et en forma un livre qu'il intitula : Scintillarum seu Sententiarum catholicorum Patrum, Recueil d'étincelles ou de Sentences tirées des Pères orthodoxes.

Il rend compte de son dessein dans une petite préface placée en tête de l'ouvrage, et dit qu'il l'a entrepris pour épargner à ses lecteurs la peine de lire un grand nombre de volumes. Il a eu soin de recueillir dans

le sien tout ce qu'ils pourraient souhaiter sur les matières qu'il y traite, et, pour éviter d'être tax d'imposture, et afin surtout qu'on ne regardât pas son livre comme apocryphe, il s'est appliqué à rattacher à chaque sentence le nom du Père auquel il l'a empruntée. Ces sentences sont ordinairement fort courtes, et les Pères qu'il cite sont saint Clément, Origène, saint Cyprien, saint Basle, sigt Augustin, Eusèbé qui semble être colui d'Emèse, un certain Joseppe qu'on ne connaît presque pas d'ailleurs, saint Césaire, saint Grégoire pape, saint Isidore de Séville. Son recueil est divisé en quatre-vingts chapitres dans les imprimés, quoique certains manuscrits n'en marquent que soixante-dix. C'est un livre tout de morale et où la question de dogme n'est pas même abordée. L'auteur y traite des principales vertus chrétiennes, comme la charité, là patience, l'amour de Dieu et du proch in, l'humilité. On voit par sa préface qu'il était solidement instruit de la doctrine'de saint Augustin. Son style est dur, embarrassé et quelquefois obscur jusqu'à la barbarie, mais ces défauts se trouvent amplement rachetés par la modestie de l'écrivain. Défenseur ne s'y nomme que pour en rapporter la gloire à Dieu et à Ursin son maître, et surtout pour engager ses lecteurs à se souvenir de lui dans leurs prières. Cependant Sixte de Sienne qui avait lu cet ouvrage, puisqu'il en rapporte les premiers mots, ne laisse pas d'en parler avec éloges. Dom Mabillon Dom Mabillon met le recueil de Défenseur parmi les ouvrages qui n'ont pas encore vu le jour, et l'ayant trouvé manuscrit dans la bibliothèque du Mont-Cassin, il en fit imprimer la préface dans l'Appendice au second tome de ses Annales. Cependant Possevin en marque trois éditions différentes: l'une à Anvers chez Stelsius en 1550, l'autre à Venise chez Barthélemi de Albertis, en 1552, et la troisième à Cologne en 1554. Il faut que ces éditions soient rares, car nous ne les trouvons point ailleurs. L'ouvrage de Défenseur a été reproduit dans le Cours complet de Patrologie.

DEMETRIUS, évêque de Cysique, florissait sur la fin du vi ou au commencement du VIII siècle. Il est auteur d'un petit traité sur l'origine des erreurs des jacobites, et des chatzitzariens, ainsi nommés en langue arménienne, parce que, rejetant le culte des images, ils n'adoraient que la croix. Is faisai nt partie de la secte des jacobites. Le P. Combefis, qui a publié cet écrit sans nom d'auteur, remarque, dans ses notes, qu'il est de Démétrius de Cysique, et il s'appuie sur un manuscrit de la Bibliothèque palatine. On en cite un autre de l'Escurial, où cet écrit est également attribué au même auteur.

enseigne que le chef de l'hérésie des jacobites était un moine syrien, nommé Jacques, et surnommé Tzanizale; qu'ayant embrassé l'hérésie d'Eutychès, il la précha chez les Syriens. Il remarque qu'il y avait deux partis parmi ces peuples: les melchites ou royalistes, et les aposchites ou divisés.

Les royalistes suivaient la vraie foi, et, à l'exemple de l'empereur Marcien, ils recevaient le concile de Calcédoine. Les aposchites, attachés à l'erreur d'Eutychès, avouaient qu'il y avait deux natures en Jésus-Christ avant l'union, mais ils soutenaient qu'il n'y en avait plus qu'une depuis, parce que, suivant cux, l'union avait opéré le mélange des deux natures: ce qui les faisait condamner comme théopaschites, parce qu'ils disaient que la divinité avait souffert. Ils ne reconnaissaient d'autres conciles que ceux de Nicée, de Constantinople et d'Ephèse, et condamnaient tous ceux qui les ont suivis. C'est par là que commença l'hérésie des jacobites. Depuis, ils imaginèrent de ne se servir que d'un doigt en faisant le signe de la croix, pour marquer l'unité de nature en JésusChrist; et, au lieu de tracer ce signe de gauche à droite, comme faisaient les catholiques, ils le traçaient dans le sens opposé. Ils mettsient de l'huile dans l'oblation, comptaient pour rien la sainte communion, ne mettaient point d'eau dans le calice, n'avaient que de l'indifférence pour le culte des images, et, au lieu de les baiser, se contentaient de les toucher du doigt, et ensuite de baiser le doigt lui-même. Ils enfouissaient la croix le jour du vendredi saint, la tenaient cachée jusqu'au dimanche, où, dès le point du jour, ils la portaient par les rues et les places publiques; puis, après avoir demandé si JésusChrist était là, ils la découvraient. Ils mangeaient de la chair en carême, célébraient les mystères avec des rites contraires à la tradition, et, à l'imitation de Pierre le Foulon, ajoutaient au Trisagion: Vous qui êtes crucifié pour nous, ayez pitié de nous! Tels étaient les sectateurs de Jacques Tzantzale. Les chatzitzariens étaient de la même secte, mais n'en suivaient pas tous les dogmes. Ils reconnaissaient deux natures en JésusChrist, mais ils semblaient en même temps admettre aussi deux personnes comme les nestoriens. Ils disaient que, pendant la passion, l'une des deux souffrait et l'autre regardait souffrir. Is adoraient la croix et y mettaient des clous, voulant marquer par là qu'ils croyaient que la divinité avait souffert. Ils jeûnaient quelques jours avant le temps où l'on cesse de manger de la viande. En carême, ils mangeaient des œufs, du bourre et du lait les jours de dimanches. Quant à l'oblation, i's la célébraient comme les jacobites. Is baptisaient leurs croix pendant quelques jours. Pour s'autoriser dans toutes leurs pratiques, ils feignaient les avoir reçues par tradition de saint Grégoire, martyr et évêque de la grande Arménie.

Le P. Combefis joint au traité de Démé trius de Cysique un Mémoire sur le schisme des Arméniens, qu'il semble croire du même temps et du même auteur. On y voit les commencements de l'hérésie des eutychéens, sa propagation en Arménie, les schismes qui se formèrent parmi ceux de ce'te secte, les conciles qu'ils tirent pour établir chacun leurs sentiments, le catalogue des évèques catholiques et hérétiques des

Arméniens, la succession des empereurs romains et des rois de Perse. Mais il faut se défier des dates, parce que la plupart sont erronées. Ainsi l'auteur place à la septième année du règne de Constantin le concile de Nicée, qui ne s'est tenu que la vingtième.

I fixe également le fameux concile des Arméniens à Tiban, dans la douzième année du règne de Justin le Jeune, et la vingtquatrième de Chosroës; ce qui ne s'accorde nullement, puisque la dernière année de Justin, c'est-à-dire la dernière de son règne, tombe en 578, qui était la quarante-sixième du règne de Chosroës. L'erreur serait plus grande encore, si on mettait ce concile sous le règne de Justin le Vieux, qui était mort avant que Chosros fût roi de Perse.

DEMETRIUS TORNICIUS a écrit, vers l'an 1173, au nom de l'empereur Isaac Comnène, un Traité de la procession du SaintEsprit, qui se trouve encore aujourd'hui à la Bibliothèque nationale. Allatius en a donné le commencement, dans son livre de la Concorde.

DENYS L'AREOPAGITE (saint). Depuis plusieurs siècles déja, la vie de saint Denys l'Areopagite a été mêlée de tant de fables, et surtout les ouvrages qui lui sont attribués, ont suscité dans l'effervescence de nos querelles religieuses, tant de dires et d'assertions contradictoires, que bien que le procès nous semble aujourd'hui jugé, grâce au beau travail de M. l'abbé Darboy, nous croyons cependant faire plaisir à nos lecteurs en en réunissant les pièces sous leurs yeux, afin de les mettre à même de se faire une opinion. Il y a bien encore çà et là quelques appelants, et quelle cause n'en conserve pas? Les meilleures même sont celles qui en soulèvent le plus, tant il en coûte à l'èsprit de l'homme de se débarrasser des langes de la routine, et à l'orgueil de certains écrivains de s'avouer vaincus; mais nous doutons bien fort que leurs réclamations puissent désormais trouver de l'écho, ni enlever un seul iota de sa force à la chose jugée. Quoi qu'il en soit, comme en acceptant une opinion qui réunit à notre sens toutes les conditions de la certitude morale, nous n'avons nullement la prétention de l'imposer à personne, nous nous contenterons ici, après avoir reproduit l'article de la Biographie universelle, qui résume ce que les critiques des derniers siècles ont trouvé de plus concluant à dire sur saint Denys et sur ses œuvres, d'exposer les raisons alléguées de part et d'autre, sans prendre aucun parti ni pour ni contre, mais en laissant le lecteur parfaitement libre de trancher à son gré la question.

Denys, dit l'Areopagite, était, suivant saint Justin, un des principaux juges de l'Aréopage, lorsque l'apôtre saint Paul parut devant ce tribunal, dont Platon avait redouté l'examen, et qu'Athènes, rangée sous la protection des Romains, conservait encore avec plusieurs de ses anciens priviléges, en considération

de son amour pour les sciences et de l'ancienne dignité de sa république.

Saint Denys, évêque de Corinthe, Aristide, cité par Usuard, et les anciens martyrologistes, rapportent que l'Aréopagite a été converti par saint Paui, et qu'il fut établi par Ini premier évêque d'Athènes. Aristide et saint Sophrone de Jérusalem lui donnent le titre de martyr, et on lit son nom dans les ménologes des Grecs, vers l'an 93 de JésusChrist. Sa fête est marquée au 3 octobre dans les anciens calendriers. Son corps ayant été envoyé à Rome, fut, dit-on, transféré en France à labbaye de Saint-Denis. L'église cathédrale de Soissons croit posséder son chef qui aurait été apporté de Constantinople, en 1203. On a longtemps confondu saint Denys l'Aréopogite avec saint Denis, premier évêque de Paris. Hilduin, qui écrivit en 814 Son Areopagitica, imprimée à Cologne en 1563 parmi les œuvres de Surius, répandit le premier cette erreur sur l'autorité de quelques ouvrages apocryphes; il avança, également le premier que saint Denys, après Son martyre, avait porté sa tête dans ses mains; mais l'opinion d'Hilduin, qui était abbé de Saint-Denis, contredit les monuments historiques et était complétement inconnue avant le 1x siècle. La fête des deux saints est marquée à des jours différents dans Ta plupart des anciens martyrologes, qui distinguent aussi le lieu et les circonstances de leur martyre. L'auteur de la Vie de saint Fuscien, Fulbert de Chartres, Lethaldus et plusieurs autres ne confondent pas non plus l'Aréopagite avec l'évêque de Paris. Sirmond, Delaunay, Morin, Dubois, Denis de sainte Marthe et de Tillemont ont réfuté solidement cette opinion d'Hilduin, qui, supposée fausse dans les nouveaux Bréviaires de Paris et de Sens, est aussi rejetée par les plus habiles critiques de France et d'Italie. Elle était passée de Paris à Rome et de Rome dans la Grèce, par Methode qui écrivit la Vie de saint Denys; elle repassa en France avec la traduction de cette vie, faite par Anastase.

On trouve dans la Bibliothèque historique de France la liste des nombreux ouvrages qui ont été publiés pour ou contre l'opinion d'Hilduin. Dans le ve siècle, on mit sous le nom de saint Denys l'Aréopagite plusieurs ouvrages qui ont été inconnus à tous les écrivains des quatre premiers siècles de l'Eglise; et sans s'arrêter aux divers caractères de supposition qu'on y remarque, il suffira de dire qu'il y est question de plusieurs points de discipline qui sont postérieurs à saint Denys. Quoi qu'il en soit, les ouvrages qui portent son nom ont été traduits du grec en latin par Denis le Chartreux, Joachin Périon, François Dany, Pierre Lanssel, Halloix et Balthasar Corder. Ces trois derniers ont donné les meilleures éditions des œuvres attribuées à saint Denys, Paris, 1615, in-folio, Florence 1616, Anvers 1634, et Paris 1€44, 2 volumes in-folio. Cette édition est la plus estimée.

On a plusieurs vies de saint Denys tirées des Ménées des Grecs, de Siméon Métaphraste, de Suidas, de Nicéphore, de Michel

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