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nant pitié de l'indigent et en venant au secours de sa misère.

On cite encore deux discours tirés d'un manuscrit de la Bibliothèque Vaticane. Le premier, sur la Circoncision de Jésus-Christ, peut bien être de saint Fulgence; mais le second, sur la Purification de la Vierge, n'est certainement pas de lui, puisque l'institution de cette fête est postérieure à son siècle. Tous les autres sermons publiés sous son nom sont évidemment supposés, et c'est avec raison qu'on les a rejetés à la fin du recueil.

ECRITS PERDUS.-C'est là tout ce qui nous reste des OEuvres de saint Fulgence. Nous avons perdu son vrai Traité contre Pinta, sa Conférence avec le roi Thrasimond, son livre 'de la Procession du Saint-Esprit à Abragilas, sa Lettre aux catholiques de Carthage, deux traités du Jeûne et de l'Oraison, deux lettres écrités à Stéphanie au nom des évêques relégués en Sardaigne, une lettre à un évêque nommé Jean, dans laquelle saint Fulgence rappelait que la douceur chrétienne ne permet pas de livrer un coupable aux juges séculiers. Nous n'avons plus que des fragments de ses dix livres contre Fabien; mais les sept livres qu'il écrivit contre Fauste de Riez sont entièrement perdus.

Le Traité de la prédestination et de la grace, quoi qu'en dise Théophile Raynaud, n'est point de saint Fulgence; ce n'est ni son style, ni sa manière large et assurée d'envisager cette matière, et de la traiter sans hésitation. On voit au contraire que l'auteur de ce livre n'avait sur la question de la grâce aucuns principes arrêtés. Tantôt il en raisonne en semi-pélagien, et l'on reconnaît les arguments avancés par Cassien dans ses conférences; et tantôt il se rattache à la doctrine de saint Augustin. Enfin on ne retrouve nulle part cette netteté et cette abondance qui se rencontrent partout dans les ouvrages de saint Fulgence. Quel que soit l'auteur de ce livre, il est très-ancien, et paraît remonter à l'époque du saint docteur.

Le savoir et la vertu de saint Fulgence en ont fait un des plus beaux ornements de l'Eglise d'Afrique. Vrai disciple de saint Augustin, il ne se contenta pas d'en épouser les sentiments, mais il en imita la conduite, et comme lui il fut le défenseur de la grâce

GALBERT, syndic, ou, suivant l'expression du temps, pensionnaire de la ville de Bruges, nous a laissé une relation ample et détaillée de l'assassinat de Charles le Bon, comte de Flandre. Il avait vécu dans l'intimité de ce

de Jésus-Christ contre les semi-pélagiens, et de sa divinité, contestée pas les sectateurs d'Arius. Son style, moins pur et moins châtié que celui de son maître, mais aussi moins hérissé de pointes et moins chargé de jeux de mots, est partout net, facile, sans ambiguité et sans confusion. Il avait l'esprit vif et subtil, comprenait facilement les choses, et exposait les matières les plus abstraites sous un jour si lumineux, qu'il savait les rendre intelligibles aux esprits les moins pénétrants. Toutefois, soit crainte de ne les avoir pas assez développées, soit par tout autre motif que nous ne saisissons pas, il tourne et retourne les mêmes choses, et ne se lasse pas de les reproduire sous des termes différents, jusqu'à ce qu'il croie les avoir épuisées. Cette habitude lui occasione des redites qui le rendent diffus et le fort pécher par trop d'abondance; et en même temps elle ôte du nerf à son discours, qu sans cela serait partout plein de force et de vigueur. Il ne décide jamais sans s'appuyer sur l'autorité des saintes Ecritures qu'il pessédait à fond; il allègue aussi les témoignages des Pères et particulièrement de saint Augustin. Il donne pour maxime, et il la suivait Jui-même, que dans toutes les questions qui pouvaient présenter quelque doute par leur obscurité, il fallait s'en tenir à leurs détinitions. Dieu, suivant lui, les avait éclairs gratuitement et par une grâce de choix at de les faire croire; puis il les avait remplis de son Esprit afin qu'ils pussent enseigner les autres.

Ses OEuvres, imprimées par parties à dif férentes époques dont la plus reculée re monte à 1556, ont été réunies en un seul volume in-4 à Paris, 1684. Casimir Oudin fait l'éloge de cette édition. En effet, l'éditeur a collationné les ouvrages de saint Fulgence sur plusieurs manuscrits, et les a enrichis de variantes que le P. Chifflet lui avait conmuniquées, après les avoir tirées lui-mè de divers manuscrits de la bibliothèque de la Chartreuse des Portes. Il ne manque à cette édition que quelques notes théologiques el historiques et un peu plus d'ordre dans classement des ouvrages, pour lequel on n' suivi ni la chronologie, ni l'importance de matières. Ces défauts se trouvent corrig dans le Cours complet de Patrologie.

G

prince qui l'honorait de sa confiance; il était dans Bruges lorsqu'il y fut mis à mort, et il fut témoin des malheurs qu'entraina ce tragique événement. L'agitation qu'ils lui causèrent ne l'empêcha pas d'en remarquer avec attention toutes les circonstances. Il

eut soin, comme il le dit lui-même, décrite les faits sur des tablettes, à mesure qu'ils se passaient: Summam rerum in tabulis nolati. Son dessein dès lors était d'en donner un relation suivie aussitôt après le retour du calme. C'est ce qu'il exécuta vers l'an 1130 Ce morceau d'histoire est divisé en deus parties, Dans la première, Galbert rapporte tout ce qui s'était passé depuis le 2 1127, date funeste de cet abominable parre cide, jusqu'à la punition complète des co

pables, arrivée le 30 avril 1128. La seconde partie n'est, au jugement des éditeurs, qu'une addition qui n'entrait point dans le premier plan de l'écrivain. Quoi qu'il en soit, elle renferme le récit de la révolte des Flamands contre Guillaume le Normand, investi du comté de Flandre par le roi Louis le Gros, après la mort de Charles, l'élection séditieuse de Thierri d'Alsace, la guerre que ces deux princes se firent jusqu'à la mort du premier, enfin les contradictions que le survivant eut encore à subir, jusqu'à la paisible jouissance de sa conquête. Galbert dans T'une et l'autre partie suit la même méthode qui consiste à placer chaque événement sous sa date précise, en forme de journal. Cette relation porte l'empreinte visible de la droiture et de la bonne foi.

Ce qui fait le mérite de ce morceau d'histoire, c'est qu'il est écrit par un homme d'Etat. Galbert y montre une grande connaissance des affaires publiques, et démêle avec une rare sagacité les intérêts qui mettaient en mouvement les différents partis. Il décrit avec des détails techniques les différents systèmes de fortification, les opérations des siéges, les machines qu'on y employait, soit pour l'attaque soit pour la défense. I parle de l'état des lettres en Flandre, et de la jurisprudence qui régissait le pays. Il s'en faut de beaucoup que la latinité de Galbert soit marquée au bon coin, et porte le cachet des bons écrivains. Il en convient lui-même, et demande grâce au secteur pour la grossièreté de son style, en faveur de la sincérité de sa narration. Les rieux, et surtout les glossographes, lui pardonneront aisément ce défaut, du reste sur-bondamment compensé par un grand eure d'usages anciens que ses expressions barbares donnent lieu de découvrir. Du Cange et ses continuateurs ont profité de Son travail et peut-être auraient-ils pu en irer un meilleur parti.

On est redevable de cette production aux oins des Bollandistes. Elle fait suite dans eur recueil à la relation de Gauthier de Térouane sur le même sujet. Nous renroyons à son article ceux de nos lecteurs Jui auraient perdu de vue le souvenir de ce ragique événement. Ces deux relations, qui nt leur place marquée parmi les pages les lus curieuses de l'histoire du moyen âge, nt précédées d'une savante dissertation, accompagnées de notes qui répandent un and jour sur le texte. André Duchesne ait déjà donné des extraits de la première rte de l'écrit de Galbert dans son Histoire nealogique des maisons d'Ardres et de wine; mais la seconde n'a paru que dans Collection des Actes des Saints. GALBERT, ou WALBERT, nous a transmis -même le récit des principaux événements sa vie, récit d'autant moins suspect qu'il 'est nullement flatteur, et aussi peu intéssant par la médiocrité de celui qui en est auteur et l'objet. Galbert était Flamand origine; dès son enfance il fut mis au onastère de Marchiennes, où il fit profes

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sion de la vie religieuse à l'âge d'environ seize ans; mais il ne tarda pas à se repentir de cet engagement. Ce qui contribua le plus à le dégoûter fut le relâchement où était tombé le monastère sous le gouvernement de l'abbé Richard, et le peu de secours qu'il pouvait espérer de ses confrères pour son. instruction. Il le quitta furtivement et s'en fut étudier les belles-lettres à Utrecht sous un célèbre professeur nommé Lambert. Comme la vanité était le mobile de ses études, à peine eut-il fait quelques progrès dans cette école qu'il voulut faire parade de son petit savoir. L'école de Bourges était alors dans sa splendeur; Galbert s'y rendit, non pour y puiser de nouvelles connaissances, mais dans la vue de s'escrimer avec quelques-uns des savants qu'elle renfermait; mais le silence qu'il garde sur le succès de ces combats donne lieu de présumer qu'il n'y acquit pas beaucoup de gloire. Il erra de la sorte de pays en pays, pendant l'espace d'environ trente-deux ans, étudiant parfois, et se livrant sans réserve à tous les plaisirs que le monde pouvait lui offrir. Sur la fin de ses courses, il revint trouver le trouver le professeur Lambert, qui continuait toujours ses leçons. Les passions amorties par l'âge lui laissant alors plus de liberté de faire des retours sur lui-même, il eut honte de ses égarements; il invoqua sainte Rictrude, patronne de Marchiennes, et prit la résolution de rentrer dans son monastère. L'abbé Amand, qui le gouvernait alors, reçut avec bonté lé fugitif repentant, et l'éleva au sacerdoce, après s'être assuré par de longues épreuves de la sincérité de sa conversion. On ne sait pas au juste l'époque de sa mort; nous nous en rapportons à la conjecture des Bollandistes, qui l'assignent à l'an 1134.

SES ÉCRITS. - Galbert n'attribuait pas seulement sa conversion à sainte Rictrude; mais il croyait encore lui être redevable de la guérison d'une paralysie qui avait résisté à tous les remèdes, et dont les médecins lui avaient dit qu'il ne pouvait revenir à cause de son âge avancé. La reconnaissance de ce double bienfait l'engagea à composer deux livres des miracles de la sainte. L'ouvrage, publié par les Bollandistes, au 14 mai, est dédié à un nommé Saswalon, chanoine et secrétaire de Robert, évêque d'Arras, le même qui avait conféré le sacerdoce à l'auteur. Parmi les merveilles qui s'y trouvent rapportées, celle-ci nous paraît digne d'être notée à part, parce qu'elle aide à juger du discernement de Galbert. « Un militaire, nommé Baudouin, avait embrassé la vie de brigand, et s'était rendu par ses forfaits la terreur de toute la contrée. Une nuit, comme il dormait plus profondément qu'à l'ordinaire, il se vit transporté en songe dans l'église de Marchiennes, et ce qui parait plus singulier, c'est qu'il y aperçut sainte Rictrude, qui célébrait la messe en habits sacerdótaux, assistée d'un jeune moine, nommé Anselme, neveu de l'abbé Amand. Saisi de frayeur, il sortit et se tint caché dehors à côté de l'église. Mais la bienheureuse prêtresse s'étant

retournée vers le peuple après l'Evangile, découvrit Baudouin à travers l'épaisseur de la muraille, tant sa vue était perçante. Elle ordonne aussitôt à sa fille Eusébie, qui était auprès d'elle, de le lui amener. La jeune vierge obéit, va saisir le coupable et le traîne de force, tremblant, pleurant, sanglotant aux pieds de Rictrude. Baudouin s'étant éveillé là-dessus, n'eut rien de plus pressé que de se rendre à Marchiennes, pour faire part de son rêve à l'abbé Amand et lui demander ses conseils. Il y reconnut parmi les moines Anselme qu'il n'avait jamais vu, ce qui le confirma dans la pensée que son rêve était une vraie révélation. Aussitôt il demande avec les instances les plus vives à être admis dans le monastère. On hésite quelque temps, dans le doute où l'on était de la sincérité de son changement. Il persiste, il se lamente, il se désole, et enfin il est exaucé.

La plupart des autres miracles, décrits par Galbert, sont des punitions divines exercées contre les usurpateurs des biens du monastère. On y voit peu de guérisons. Il est vrai qu'il parle fort au long de la sienne; mais dans ce qu'il en dit, on n'aperçoit pas des caractères bien sensibles de l'intervention surnaturelle et divine. C'est dans le prologue et dans d'autres endroits du même ouvrage qu'il rapporte les divers événements de sa vie. Lorsque ces deux livres parurent, on trouva que Galbert n'y avait pas fait entrer tout ce que l'on connaissait de merveilles opérées par la sainte. On lui fournit sur ce sujet de nouveaux mémoires à l'aide desquels il composa un second écrit dans le genre du premier, et qui peut en être regardé comme le supplément. Il est adressé à un nommé Gérard qui, de clerc de l'église de Saint-Tron, s'était fait moine dans le même lieu. L'auteur nous initie à une dévotion de son temps qui paraît fort étrange, mais qui nous est attestée par d'autres écrivains : c'est que quand les saints différaient trop longtemps d'exaucer les prières qui leur étaient adressées, on fouettait leurs reliques à coups de verges, par une espèce d'impatience qu'on croyait propre à les fléchir.

Le style de Galbert est affecté, diffus; sa narration manque de méthode et de précision, ses réflexions sont puériles, alambiquées et rarement à leur place. Il avait néanmoins quelque érudition et possédait assez bien ses auteurs profanes et écclésiastiques; mais toute cette science était mal digérée, faute de jugement. L'Histoire de sainte Rictrude, comme il le dit lui-même, n'était ni le seul, ni le premier ouvrage de ce genre sorti de sa plume; mais les autres ne sont pas venus jusqu'à nous. Il se mêlait aussi d'écrire en vers. L'assassinat de Charles le Bon, comte de Flandre, avait exercé sa verve, comme celle de beaucoup de poëtes du méme siècle; mais le temps nous a encore envié ce morceau. Si la poésie de Galbert était à la hauteur de sa prose, on peut facilement s'en consoler.

GALFREDE, plus vulgairement connu sous le nom de GEOFFROI le GROS, était moine

de Thiron, lorsque Godefroi gouvernait l'Eglise de Chartres. Il lui dédia la Vie de saint Bernard, fondateur de son monastère. Bernard était abbé de Saint-Cyprien de Poitiers, dès l'an 1100; mais, dégouté de sa charge et entraîné par l'amour de la solitude, il se retira, avec quelques disciples, dans une campagne du Perche, au milieu d'un bois appelé Thiron, du nom du ruisseau qui l'arrose. Il y bâtit un monastère, avec l'agrément d'Yves de Chartres, son évêque diocésain, de qui il reçut la bénédiction. Le monastère de Thi ron s'accrut en peu de temps par les libéralités du comte Rotrou, et devint chef d'une congrégation nombreuse. Galfrède assure qu'à l'époque où il écrivait, il y avait déj cent maisons de son ordre, répandues tant en France qu'en Angleterre et en Ecosse. La renommée que Bernard s'était acquise per ses vertus fit souhaiter à Louis le Gros, ro de France, à Guillaume, duc d'Aquitaine, a Foulques, comte d'Anjou, à David, roi d'Ecosse, et à plusieurs autres princes, de le voir. Il mourut le 25 avril 1116, et Galfrède, son disciple, écrivit sa Vie, sur ce qu'il en avait vu par lui-même, ou appris par des per sonnes dignes de foi. Elle fut imprimée à Paris en 1649, avec le Catalogue des abbés de Thiron. On la trouve encore au tome Il d'Avril, dans la collection des Bollandistes.

GALL (Saint), fondateur et premier abbe du monastère qui porte son nom, est appele aussi GALL D'HIBERNIE, parce qu'il était né en Irlande. Dès son enfance, il fut consacre à Dieu et placé dans le monastère de Bangor, où florissait alors une école célèbre, dirigée par saint Colomban. Gall fut un des plus illustres parmi ses disciples. Sous un aussi bon maître, il ne tarda pas à se rendre habile dans la grammaire, la poésie et la science de l'Ecriture; et avec de tels exe ples sous les yeux, il se forma promptemen à la piété et aux autres vertus religieuses, Vers l'an 585, Colomban, dévoré du zèle d gagner des âmes à Jésus-Christ, obtint de son abbé la permission de quitter le mon tère de Bangor et de passer en France. Ga fut un des douze religieux qui l'accomp gnèrent pour l'aider dans son pieux dessein. Ils vinrent en Austrasie, où, accueillis p le roi Thierry II, ils prêchèrent la foi sos sa protection. Mais Colomban ayant osé procher à ce prince le concubinage dans le quel il vivait, se vit condamné à l'exil, e récompense de sa liberté, et contraint de re passer en Italie. Gall, déjà prêtre, retenu par une maladie grave, ne put le suivre, et resta dans la partie du royaume d'Austrasie, qui depuis a porté le nom de Suisse, où il yasal encore du bien à faire. Il båtit quelques cellules dans le voisinage de Bregenz, deux lieues du lac de Constance, et travali: avec zèle à la conversion des idolâtres q habitaient sur ses bords. Tels furent humbles commencements de la célèbre ab baye de Saint-Gall, dotée si richement p Charles Martel et ses descendants, el er en principauté souveraine par Henri mais qui sut aussi se procurer dans la suite,

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une

le goût et la culture des bonnes études, illustration plus honorable que ces nobles et magnifiques prérogatives. A la mort de saint Eusthase, arrivée en 625, les moines de Luxeuil lui députèrent six de leurs frères, venus comme lui d'Hibernie pour le conjurer de se charger de leur conduite; mais son humilité ne put être vaincue, et il refusa constamment cette charge, dans laquelle il ne voyait qu'une haute dignité. Il mit la même opiniâtreté modeste à refuser le siége de Constance, et proposa Jean, son disciple, qui l'avait accompagné dans toutes ses courses et secondé dans tous ses travaux, comme la personne la plus digne de le remplir. Jean fut agréé, et Valafride Strabon, historien de saint Gall, fixe sa mort peu de temps après cette époque; mais Dom Mabillon à prouvé qu'il fallait la reculer jusqu'au 16 octobre 646, jour auquel l'Eglise honore sa mémoire.

Le seul écrit de saint Gall qui soit parvenu jusqu'à nous, est un discours qu'il prononça dans l'église de Saint-Etienne, le jour de la consécration de Jean, élu évêque de Constance. C'est un abrégé fait avec beaucoup de méthode de l'histoire de la religion. Il commence par rapporter le péché des anges et la création de l'homme; puis, touchant légèrement l'histoire des patriarches et la successon des rois, il passe à la naissance de Jésus-Christ, dont il rappelle le baptême, les tentations dans le désert, les miracles, la mort, la résurrection, et finità la descente du Saint-Esprit sur les apôtres, en exhortant les fidèles à vivre conformément aux engagements qu'ils avaient pris de renoncer au démon, à ses pompes et à ses œuvres. I enseigne que les anges ont été créés avant le monde, et que leur péché est antérieur à Lotre création qui ne s'est faite dans la suite que pour remplir le vide causé par leur arostasie. Ce sentiment du reste a été commun à beaucoup d'anciens. Il croit que le don des langues accordé aux apôtres et à leurs disciples, consistait à se faire entendre dans la langue de tous les peuples auxquels ils annonçaient l'Evangile, mais sans qu'ils ces sassent de parler leur langage. Le style de ce discours est simple, plein de force et d'onction, et soutenu d'une érudition qui étonne pour ces temps-là. On le trouve dans les deux éditions des Anciennes leçons de Canisius; dans le Manuel biblique imprimé à Francfort en 1610; dans la Bibliothèque des Pères de Paris 1644, et de Lyon 1677. Son titre le plus commun est celui de Discours ou Sermon; mais il porte aussi les titres d'Abrégé de l'Ecriture sainte, d'Abrégé de la doctrine chrétienne, et enfin de Discours et manière de gouterner l'Eglise.

GALLUS, Gaulois d'origine et disciple de saint Martin de Tours à l'abbaye de Marmoutiers, lui resta attaché jusqu'à sa mort. On peut juger de l'estime que le saint professait pour son mérite par le choix qu'il avait fait de lui pour l'accompagner dans tous ses voyages. Il se trouva présent au miracle qu'il opéra à Chartres en ressuscitant un

mort. Il lui dut également la guérison miraculeuse d'un de ses oncles, et reçut de lui en toutes circonstances des marques de pieuse et sainte affection. A la mort de son saint protecteur il se retira auprès de saint Sulpice Sévère, à qui il fournit le fond de ses deux dialogues sur les actions de saint Martin. Nous en rendrons compte dans l'examen des écrits de ce saint auteur. On ignore l'époque de la mort de Gallus, qui resta simple moine, refusant par humilité de prendre aucun degré dans la hiérarchie ecclésiastique.

GALON, que l'on a souvent confondu avec un cardinal du même nom, qui ne florissait que dans les premières années du siècle suivant, était d'une honnête famille du diocèse de Beauvais. Entré de bonne heure dans l'institut des chanoines réguliers de SaintQuentin, il eut l'avantage d'y être élevé sous les yeux et par les soins du célèbre abbé Yves, qui devint dans la suite évêque de Chartres. C'est à son école qu'il acquit ce fond de savoir et cette connaissance de la discipline ecclésiastique qui lui ont mérité des éloges de la part de tous ceux qui l'ont connu. A la science il sut joindre les bonnes mœurs, et passait pour un homme d'une vie exemplaire et d'une grande piété, vir bene religiosus. Saint Anselme qui l'a beaucoup connu pendant son séjour en France, lui rend ce témoignage qu'il n'a jamais rien découvert dans sa conduite ni rien appris sur son compte, qui ne pût lui faire honneur. Un mérite aussi réel et aussi généralement reconnu, fit choisir Galon pour succéder à son maître dans sa dignité d'abbé, lorsque celui-ci fut promu à l'épiscopat en 1091; mais il ne tarda pas à s'y voir élevé lui-même. Vers l'an 1101, Etienne de Garlande, élu évêque de Beauvais par la volonté du roi Philippe 1, et de la fameuse reine Bertrade, ayant été déclaré indigne de l'épiscopat, on procéda à une seconde élection, et l'abbé Galon fut choisi par la plus saine partie du clergé, de l'avis des seigneurs et avec le consentement du peuple. Tous les gens de bien, Yves de Chartres à leur tête, applaudirent à ce choix, et ce prélat se hâta d'en informer Manassès, archevêque de Reims et métropolitain de la province, en le priant d'accélérer la consécration du nouvel élu; mais les brigues d'Etienne de Garlande, et l'opposition du roi la retardèrent. Yves de Chartres et saint Anselme de Cantorbéry écrivirent au Souverain Pontife pour appuyer son élection. Enfin, on réussit à l'ordonner; mais il ne fut pas possible de le mettre en possession de son siége, parce que le roi Philippe avait juré qu'il ne serait jamais évêque de Beauvais. Dans cette extrémité, Galon prit le parti d'aller à Rome. Son ordination y fut confirmée; et pour que ses talents ne fussent pas inutiles à l'Eglise, le Pape l'envoya en Pologne avec la qualité de légat du Saint-Siége. Galon, après avoir remédié aux abus qu'il trouva dans ce pays, revint à Rome rendre compte de sa légation. Il eut la consolation d'y revoir saint Anselme

de Cantorbéry, avec lequel il séjourna quel que temps, et qu'il retrouva encore à Lyon fors de son retour en France. Ceci se passait en 1103. Cependant Foulques de Paris étant mort le 8 avril 1104, le clergé et le peuple s'accordèrent à élire Galon pour lui succéder. Le roi Philippe, revenu de ses préventions, y souscrivit d'autant plus volontiers, qu'il savait que pendant son séjour à Rome, ce prélat avait agi en sa faveur auprès du Souverain Pontife; mais il fallut du temps pour lever les obstacles que faisait naître sa translation d'un siége à un autre. Galon fut même obligé d'entreprendre un second voyage de Rome, d'où le Pape Pascal, après lui avoir fait l'accueil le plus favorable, le renvoya dans les premiers jours d'avril de l'année suivante, 1105, avec une lettre de recommandation pour l'Eglise de Paris qu'il félicite d'avoir rencontré un si digne évêque. Ce ne fut donc qu'en cette année qu'il prit possession de son évêché. Sitôt qu'il fut entré dans le ministère pastoral, il figura dans toutes les affaires de l'Eglise de France. Dès le 4 octobre 1105, il se trouva avec Yves de Chartres et Geoffroi de Beauvais, à l'élection de Raoul, nommé pour succéder à Odon, qui l'avait remplacé lui-même dans le gouvernement de l'abbaye de Saint-Quentin. Le 2 décembre suivant, il fit partie de la célèbre assemblée qui se tint à Paris, pour absoudre le roi Philippe de l'excommunication qu'il avait encourue à cause de son alliance avec Bertrade. En 1106, le Pape Pascal s'étant refugié en France, asile ordinaire des Papes persécutés, Galon l'alla visiter à La Charité-sur-Loire, et en obtint la permission d'expulser de leur communauté les religieuses de Saint-Eloi, dont la conduite plus qu'irrégulière était devenue un scandale, et de convertir leur maison en un prieuré dépendant de Saint-Maur-des-Fossés. Philippe, roi de France, étant mort à Melun le 24 juillet 1108, Galon fut un des premiers qui conduisirent son corps à Saint-Benoît-surLoire, où ce prince avait choisi sa sépulture. De là il se rendit à la cérémonie du sacre de Louis le Gros, qui se fit à Orléans le 2 août suivant. Anselme, ancien chanoine de Notre-Dame de Paris, et alors chantre du Saint-Sépulcre à Jérusalem, voulant donner à son ancienne église quelques marques de son souvenir, lui envoya en 1109 une portion de la vraie croix, qui s'y trouve encore conservée. La relique et les lettres dont elle était accompagnée furent adressées à l'évêque Galon et à ses chanoines. Daïmbert, archevêque de Sens, et les évêques de sa province, croyant devoir s'opposer au privifége que l'empereur Henri V avait extorqué du Pape Pascal au sujet des investitures, tinrent un concile en 1111. Galon fit partie de cette assemblée, souscrivit à la lettre adressée à Josceranne, archevêque de Lyon et à tous les autres règlements qui y furent arrêtés. En 1113 il souscrivit à Châlons-surMarne, avec l'archevêque de Reims et huit autres évêques, le diplôme pour la fondation de l'abbaye de Saint-Victor de Paris.

A la mort de Geoffroi, évêque de Beauvais, Etienne de Garlande se donna des mouvements pour y faire transférer Galon, et occuper le siége de Paris à sa place; mais ses menées n'obtinrent aucun succès, et Galon continua de gouverner son Eglise jusqu'à sa mort, qui arriva le 23 février 1116. Le Nécrologe de l'abbaye de Saint-Quentin lui donne le titre d'évêque de sainte mémoire; et son épitaphe composée par Hildebert, évêque du Mans, le représente comme un appui de la foi, et un grand partisan de la justice et de la simplicité.

SES ÉCRITS.-La confusion introduite entre Galon, évêque de Paris, et Galon, cardinal au commencement du XII siècle, a fait attribuer au premier plusieurs écrits qui appartiennent au second; mais aujourd'hui que la critique a fait la part de chacun, il est facile de préciser ceux qui sont réellement de notre prélat.

D'abord il y a de lui une Constitution. pour convertir, en raison des motifs qui y sont exposés et dont nous avons dit un mot plus haut, l'abbaye de Saint-Eloi de Paris, habitée jusque-là par des filles, en un prieuré dépendant de l'abbaye de Saint-Maur-desFossés, qui portait encore à cette époque le titre de Saint-Pierre. Ce changement fut fait avec le concours des deux puissances, c'està-dire avec la permission du Pape et l'assis tance de l'autorité royale.Cet écrit, daté de l'ar née 1107, est intéressant à plusieurs égards. Ce qui le rend ainsi, ce n'est pas seulement l'histoire de la conversion d'une maison con sidérable en une autre maison, qui a subi encore avec les siècles un autre changement, en passant aux Barnabites; mais c'est qu'on y trouve le nom de tous les chanoines qu composaient alors le chapitre de la cathédrale avec leurs dignités et leurs grades de prêtres, diacres et sous-diacres. On y voit de plus quelles étaient les coutumes établies alors entre les deux églises, c'est-à-dire entre Notre-Dame et Saint-Eloi. Enfin, l'ouvrage est de bon goût et bien écrit pour son siècle. Il a été jugé si intéressant qu'on en a donné au public plusieurs éditions. Les auteurs de l'ancienne et de la nouvelle Gaule chrétienne l'ont fait entrer dans leurs recueils. Jacques Petit, éditeur du Pénitentiel de saint The dore de Cantorbéry, l'a inséré parmi les pièces curieuses qui composent le second volume de cet ouvrage; et le P. Dubois de l'Oratoire l'a publié dans son Histoire de l'Eglise de Paris.

On nous a conservé un autre écrit de l'évêque Galon sur la liturgie. C'est une assez longue lettre en réponse à la prière que Lambert, évêque d'Arras, son ami, lui avai faite de l'instruire sur la manière de célébrer l'office canonial. Lambert était persuadé qua les églises particulières devaient se confr mer sur celle de Rome, non-seulement en ee qui regarde la doctrine et l'administration des sacrements, mais encore pour la celé bration de l'office divin. En conséquence, Galon lui détaille ce qu'il avait observé je dant le séjour qu'il avait fait à Rome. Dans

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