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des Graces intérieures & furnaturelles ; mais qu'il n'avoit jamais voulu confeffer la Grace efficace, qui eft la vraie Grace de JefusChrift. Le plus long de tous les Traités hiftoriques eft für Caffien & Faufte Sémi-pélagiens, dont il expofe & combat toutes les erreurs, & démêle tous les artifices. Il met au nombre des Sémi-pélagiens Gennade & Vincent, dont les objections font réfutées par S. Profper. Il diftingue ce Vincent du célebre Vincent de Lerins. Il rapporte la condamnation des erreurs de tous ces hérétiques par le Pape Céleftin, par les Conciles d'Orange & de Valence, & nomme les Papes & les Auteurs qui les ont réprouvées. Enfin le fixiéme Traité hiftorique contient les nouveautés de Molina fur le péché originel, la volonté de Dieu, fa fcience, la Prédeftination & la Grace. Il rapporte ce qui s'eft paffé à Louvain, en Espagne & à Rome à l'occafion de cette nouvelle doctrine. La feconde partie du premier Tome renferme fix autres Traités qui font dogmatiques. Dans les autres Tomes il traite à fond les matieres de la Grace & de la Prédeftination. Lemos a fait un très-grand nombre d'autres Ecrits fur ces mêmes matieres, non-feulement pendant le cours des Congrégations de Auxiliis, mais encore depuis; & il n'a ceffé jufqu'à la mort de combattre les nouveaux défenfeurs des anciennes erreurs fur la Grace, & de les poursuivre dans tous leurs retranchemens. Dans un de ces Ecrits il prouve la Prémotion phyfique. Dans un autre il attaque un Ouvrage de Bellarmin fur la Grace. Il en avoit préfenté un au Pape Paul V, où il montre que le dogme de la Grace efficace ap

XLII.

de Trani.

partient à la Foi. Ce profond Théologien écrivoit avec beaucoup de facilité, de netteté & de méthode. Il poffédoit parfaitement S. Auguftin & S. Thomas, dont il favoit très bien concilier tous les principes. Il étoit auffi très-habile dans la Scolastique ; on admiroit combien il avoit de fupériorité dans la difpute; il ne s'écartoit jamais de la queftion, fe fervoit de preuves folides, & donnoit des réponses claires & précifes aux difficultés.

XVIII.

Didace Alvarès, Dominicain Efpagnol, Didace Al- après avoir profeffé la Théologie en Efpagne varès Ar- & à Rome pendant trente ans, fut élevé chevêque à la dignité d'Archevêque de Trani dans le Roïaume de Naples en 1606. Il vivoit encore en 1640. Il attaqua, lorfqu'il étoit en Efpagne, les erreurs de Molina, & fut envoïé à Rome en 1996 pour en folliciter la condamnation. Il fut choifi pour combattre les Jefuites dans les Congrégations de Auxiliis. 11 y affifta toujours, mais y parla rarement, afin de laiffer paroître fon confrere Lemos dont il admiroit les talens. Il a compofé des Ouvrages de Théologie, dont voici les titres. Un Commentaire fur Ifaie en deux Volumes imprimés à Rouen en 1599 & en 1602. Quatre-vingts Difputes fur l'Incarnation, imprimées à Lyon en 1614, & d'autres Difputes fur la premiere partie de la feconde de S. Thomas, imprimées à Trani en 1617. Mais l'Ouvrage le plus confidérable qu'il ait composé, eft fon Traité des Secours de la Grace & des forces du Libre Arbitre, imprimé à Lyon en 1611 & à Cologne en 1621;&

une Réponse aux Objections touchant l'ac cord du Libre Arbitre avec la Prédestination, & touchant l'origine de l'héréfie de Pélage, imprimé à Lyon en 1622. Le but qu'Alvarès s'eft propofé dans cet Ouvrage, a été d'y recueillir en douze Livres toutes les matieres que S. Thomas & les autres Théologiens ont traitées, & qui ont rapport aux vérités de la Grace & de la Prédeftination.

ARTICLE III.

Eglife de France. Regnes d'Henri IV, & de Louis XIII.

A

I.

Différend

entre l'Ar

U mois d'Avril de la premiere année du I. dix-feptiéme fiécle, il s'éleva entre Regne l'Archevêque d'Aix & le Parlement de Pro- d'Henri IV. vence un différend qui fit beaucoup de bruit. Un Prêtre qui avoit commis un crime abo- chevêque minable, fut pourfuivi au Parlement. L'Of- d'Aix & le ficial de l'Archevêque prétendit que l'affaire Parlement devoit être inftruite à fon tribunal. Mais le de Proven Parlement ordonna qu'il en feroit informé ce. par le Juge roial. Le Prêtre fut condamné par Arrêt au fupplice que fon crime méritoit. Avant de l'exécuter, le Parlement fomma l'Archevêque de le dégrader. Mais comme en Provence les Eccléfiaftiques prétendoient jouir des mêmes privileges qu'en Italie, l'Archevêque fe plaignit qu'on eût bleffé les Libertés de l'Eglife; & fur ce prétexte, il excommunia tous les Membres du

II.

de Bordeaux.

Parlement qui avoient jugé le criminel, défendit par tout le Diocèle de les admettre à la participation des Sacremens, & envoïa leurs noms dans toutes les églifes. Le fcandale fut d'autant plus grand, qu'il éclata vers la Quinzaine de Pâques. Le Parlement décréta l'Archevêque d'ajournement perfonnel, & déclara fon excommunication nulle & abufive, ordonna qu'il la leveroit, & qu'il en mettroit un acte au Greffe de la Cour dans trois jours, fous peine de quatre mille écus d'amende. Comme l'Archevêque ne vouloit point obéir, le Parlement fit faifir fon temporel, & auffi-tôt le Prélat leva l'excommunication.

Au mois de Mars de l'année suivante Autre dif- (1602) il y eut auffi à Bordeaux une affaire férend en- qui fit beaucoup d'éclat. Le Cardinal de Sourtre l'Arche- dis qui en étoit Archevêque, avoit démoli vêque & le Parlement un aurel dans l'Eglife Cathédrale fans en avoir conféré avec le Chapitre. Les Chanoines s'étant mis en devoir de le rebâtir, furent maltraités par les gens de l'Archevêque. Le Parlement prit connoiffance de l'affaire ; & fur la plainte du Chapitre, fit emprisonner le maçon qui avoit abbatu l'autel. Le Cardinal força la prifon, & l'en tira. Quelques jours après, le Parlement fit rebâtir l'autel. Le Cardinal en fut fi indigné, que le Dimanche fuivant il alla dans une églife où il favoit qu'étoient le premier Préfident, Mallouin de Seffac, & le Président de Verdun. II y porta le faint Sacrement, & excommunia folemnellement ces deux Magiftrats. Le Parlement irrité de l'injure faite à fon Chef, donna un Arrêt qui lui enjoignoit de révóquer fes cenfures, & d'en faire publier la ré

vocation dans la même églife, à peine de quatre mille écus d'amende, défendant à tous Evêques d'emploïer les cenfures à l'avenir contre les Juges faifans la fonction de leurs Charges, fous peine de dix mille écus d'amende. Mais le Roi évoqua à lui la connoiffance de cette affaire. Par ce moien le délit de l'Archevêque demeura impuni, & il fe crut en droit de fe rendre indépendant de toute Juftice féculiere, comme il fit de nouveau en 1606.

Le Parlement de Bordeaux avoit déclaré abufive une Ordonnance de ce Prélat. L'Arrêt lui aiant été fignifié, il fit par écrit une réponse très-impérieufe au Parlement. Deux Députés qui lui furent envoiés par cette Compagnie, apprirent de lui-même qu'elle étoit fon ouvrage, & qu'il étoit difpofé à la figner de fon fang. Il fit plus : il donna à tous les Confeffeurs de la ville une lifte des Juges qui avoient rendu l'Arrêt, & leur défendit de les abfoudre, réservant leur abfolution à lui & à fon Pénitencier. Le Parlement ne laiffa pas cet attentat impuni. Par Arrêt du 30 Décembre, il déclara abufives les défenfes faites aux Confeffeurs & la réferve de l'abfolution; leur ordonna de n'y avoir aucun égard, d'écouter la confeffion de ceux qui étoient compris dans la liste, & de leur impartir le bénéfice de l'abfolution, fous peine d'être punis comme perturbateurs da repos public. Il flétrit la réponse du Cardinal, le condamna à une amende confidérable, & lui défendit & à tous autres d'emploïer de pareils moïens contre les Officiers, du Roi exerçans leurs Offices.

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