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qui publia la Bulle de canonifation de Saint Ignace de Loïola, donnée par Grégoire XV. Il en fixa la fête au 31 de Juillet, & les Jéfuites eurent la hardieffe d'effacer du Calendrier le nom de S. Germain d'Auxerre, qui y fut rétabli par Arrêt du Parlement de Paris, Tom. IX. comme nous l'avons dit ailleurs. Il abolit pag. 412. par une Bulle de 1630 l'Ordre des Jéfuiteffes, qui s'étoit multiplié en Italie & dans les Pays-Bas. La Bulle éteint, anéantit, & retranche du corps de l'Eglife ce nouvel Ordre, comme infolent, arrogant, oppofé à la faine doctrine, aux bonnes mœurs, comme une zizanie femée par le diable dans le champ du Seigneur. C'eft l'idée que le Pape donne des Jéfuiteffes. Pendant les démêlés des François & des Efpagnols au fujet de la Valteline, Urbain VIII impofa un tribut fur tout le Clergé d'Italie, qui étoit fous la domination Espagnole, fit fortifier le château -Saint-Ange, & plufieurs autres endroits de Rome. Il renouvella plufieurs fois la fameufe Bulle In Cana Domini, dont on a en France une fi jufte horreur, quoiqu'on la publie toujours à Rome le Jeudi -Saint. Il avoit beaucoup de zéle contre les hérétiques, & exhortoit fouvent les Princes Catholiques à les réprimer par tous les moiens qu'ils avoient en main. Il s'appliqua à réunir à l'Eglife Romaine les Schifmatiques d'Orient; & il y réuffit à l'égard de plufieurs. L'Allemagne étant défolée par les armes victorieufes des Suédois, & par celles de quelques-uns de fes Princes unis aux François, Urbain fournit quelque argent à l'Empereur, pour le détourner de la paix que l'on vouloit faire aux dépens des biens du Clergé. Il exhorta les

Evêques à procéder contre les femmes qui ofoient paroître à l'églife d'une maniere indécente & contraire à la modeftie. Quelques Auteurs louent fa facilité à pardonner les injures, & ils citent pour exemple fa conduite à l'égard du Cardinal Deti, dont la conduite étoit très-déréglée. Il en avoit été fort mal traité avant fon Pontificat; mais il n'en témoigna aucun reffentiment, & le mit au contraire en poffeffion du Décanat, contre l'avis de plufieurs Cardinaux, qui lui repréfentoient l'indignité du sujet. Si, difoit-il, j'ôtois le Décanat a Deti, parent & "créature de Clément VIII, je ferois plus de tort à la mémoire de ce grand Pape, qu'à la perfonne de ce Cardinal; & d'ailleurs je manquerois à la reconnoiffance envers Clément, à qui je dois le commencement de ma fortune, Će langage eft peu digne d'un fouverain Pontife. Sa conduite à l'égard de Boi appellé communément le Siracufain, l'eft encore moins. Cet homme étoit si fameux par fon habileté furprenante au jeu d'Echecs, qu'aïant été pris par les Turcs, ils ne lui demanderent d'autre rançon que quelques leçons d'Echecs. Le Pape voulut récompenfer ce rare talent par un riche Evêché, que Boi refufa, parce qu'il ne vouloit point entrer dans l'état Eccléfiaftique.

Ce fut fous le Pontificat d'Urbain VIII, que parut le célébre Ouvrage de Janfénius intitulé Au uftinus. Les Jéfuites s'étoient fort intrigués pour empêcher qu'il ne fut publié. Ils avoient mis en mouvement pour cela la Cour de Rome, & avoient fait valoir la défenfe d'écrire fur les matieres de la Grace, Aïant été imprimé malgré leur oppofition,

XII.

X. Son dé

mêlé avec

Parme.

ils obtinrent un décret de l'Inquifition du I d'Août 1641, qui en interdifoit la lecture. Urbain VIII donna l'année fuivante une Bulle, qui renouvelle celles de Pie V contre Baius, & les autres qui défendent de traiter les matieres de la Grace. La même Bulle d'Urbain déclare que l'Auguftin de Janfenius renferme plufieurs propofitions déja condamnées. Les Jéfuites, pour obtenir cette Bulle, avoient eu foin de dire au Pape que le Livre de Janfenius renouvelloit les propofitions enfeignées par Baïus. Mais nous parlerons ailleurs de cette grande affaire & de fes fuites.

VIII.

Urbain VIII mourut au mois de Juillet Sa mort. 1644 dans la foixante-dix-huìtiéme année de Election fon âge, après avoir tenu le Saint-Siége d'Innocent vingt & un an. Le Conclave qui fuivit la mort, fut un des plus embarraffés & des plus le Duc de difficiles. Après bien des brigues, le Cardinal Pamphile fut élu le 15 de Septembre, quoique la France lui eût donné l'exclufion. Il étoit âgé de foixante & douze ans, & il prit le nom d'Innocent X. Il étoit Romain, d'une famille noble & ancienne. Il fit fes études au Collége Romain, fut Avocat Confiftorial, puis Auditeur de la Rote, Nonce à Naples, Dataire dans la Légation du Cardinal François Barberin en France & en Efpagne, & enfin il fut fait Cardinal en 1629 par Urbain VIII. Le nouveau Pape ne tarda point à rompre la paix dont la France avoit été médiatrice entre le Saint-Siége & le Duc de Parme. Voici quelle fut l'occafion de la rupture. Rainuce II, Duc de Parme, aïant appris

qu'Innocent X vouloit donner pour Evêque à la ville de Caftro un fujet dont ce Prince n'avoit pas une idée favorable, fic prier le Pape d'en nommer un autre. Innocent X, qui étoit fuzerain du fief, n'eut aucun égard aux représentations du Duc. Celui qui avoit été élu fachant que fa perfonne n'étoit pas agréa ble au Duc, & qu'il n'auroit que du chagrin dans une ville qui lui appartenoit, pria inftamment le Pape de le difpenfer d'accepter cet Evêché. Mais Innocent X, qui étoit abfolu dans fes réfolutions, le fit facrer Evêque, & le força d'aller prendre poffeffion de fon Eglife, lui promettant toute fa protection contre les mauvaifes difpofitions du Duc. Le nouvel Evêque en prenant congé du Pape, lui dit en pleurant, que fa Sainteté l'envoïoir à la mort ; mais le Pape perfifta à vouloir qu'il partît, en lui réitérant les promeffes de toute fa protection. Il fut affafliné avant qu'il eût pris poffeffion, & le crime. fut commis avec des précautions qui n'en laiffoient point connoître l'Auteur. Le Pape néanmoins le mit fans héfiter fur le compte du Duc, & fit auffi-tôt démolir entiérement la ville, & pofer au lieu où elle avoit été une pyramide avec cette infcription: Qui fu Caftro. Le Pape aïant déclaré le Duc de Parme déchu de cette Principauté, donna par-là occafion à une nouvelle guerre. Les Puiffances de l'Europe s'intérefferent pour ce Prince, mais ne purent rien obtenir. Il fe fit lui-même reftituer le Duché par la force de fes armes. Mais dans la fuite, le Duché de Caftro fut réuni à la Chambre Apoftolique, & le Duc en fut déclaré entièrement déchu.

XIII.

Innocent X étant ennemi déclaré du CarLe Pape fe dinal Mazarin, premier Miniftre de France, déclare en- ne pouvoit attendre de cette Cour que des nemi des mortifications très-fenfibles. Mais le CardiBarberins, nal Antoine Barberin, qui avoit favorisé qui fe ré- l'élection de ce Pontife, éprouva le premier fugient en le reffentiment de Mazarin. Un mois après

France.

l'élection d'Innocent X, l'Ambassadeur de France eut ordre de demander à Barberin le brévet de Protecteur des affaires de cette Cour, dont le Roi l'avoit honoré, & de lui dire de faire ôter les armes de France de deffus la porte de fon Palais, pour avoir contrevenu directement aux ordres de fa Majefté dans le Conclave. Le Pape fut très-aise de voir ce Cardinal brouillé avec la France, afin de pouvoir plus aisément perdre ce Cardinal & toute fa Maison. Cette difpofition du Pape contre les Barberins fut regardée comme une extrême ingratitude, parce qu'il leur avoit de grandes obligations, & qu'il devoit à Urbain VIII fon élévation, & ce que le monde appelle fortune. Mais on dit qu'ils voulurent trop exiger à titre de récompenfes; qu'Innocent qui n'avoit rien de trop pour fatisfaire l'avarice infatiable de fes neveux, ne vouloit rien accorder, & que ce fut la caufe fecréte de leur méfintelligence. Le nouveau Pape ne manqua pas de prétextes pour le débarraffer des Barberins. Les biens immenfes & les plus importantes Charges de la Cour qu'ils poffédoient, pourroient bien Y avoir contribué plus qu'aucune autre cause. On fit des pourfuites contre tous ceux qui avoient manié les deniers de la Chambre Apoftolique. Le Cardinal Antoine étoit plus expofé que perfonne à ces pourfuites, à caufe

de

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