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fantes, ou de peur de faire du bruit, & que ce bruit ne vienne à éclater. Car il » femble que tout notre gouvernement n'ait » point d'autre but que de couvrir les fautes, » & de jetter de la cendre deffus, comme fi » le feu pouvoit manquer tôt ou tard de jet• ter de la fumée. Si l'on exerce quelque ri"gueur, c'eft fur de pauvres malheureux, (Jefuites) qui n'ont ni force, ni protection; nous en avons affez d'exemples. Les autres feront de très-grands maux, fans qu'on touche feulement à leur robe. Un → Provincial ou un Recteur renversera tout > violera les regles & les conftitutions; le châtiment qu'on lai fera après plufieurs > années, fera de lui ôter fa charge; & encore le plus fouvent on rendra fa condition » meilleure. Connoit-on quelque Supérieur qui ait été puni pour ces fortes d'excès? >> Pour moi je n'en ai aucune connoiffance. » Et après avoir dit qu'il feroit à fouhaiter qu'il y eût dans la Société des récompenfes pour les bons, & des châtimens pour les vicieux, il ajoûte: « C'eft une chofe déplorable, & que Dieu permet à caufe de nos » péchés, qu'on faffe le plus fouvent tout le contraire: car parmi nous les bons font affligés, & même mis à mort fans cause, ou pour des caufes très-légeres ; ( quelquesans y ont été mis très-injuftement & pour des raifons qui leur étoient honorables: on en voit des exemples dans la Morale pratique:)" parce qu'on eft affuré qu'ils ne réfifte

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ront pas. De quoi l'on pourroit rapporter plufieurs exemples très-triftes: & les méso chans font fupportés, parce qu'on les » craint : ce qui eft une conduite capable

de faire que Dieu abîme la Compagnie. » Voilà de quelle maniere cet Auteur parle de la Société des Jefuites dont il étoit membre, & dans laquelle il a vécu jusqu'à l'âge de quatre-vingt-fept ans. Il mourut en 1624.

Villalpande, Jefuite de Cordoue, mort quinze ans auparavant, a fait fur le Prophete Ezéchiel un Commentaire en trois vofumes in-folio. Il contient une belle defcription de la ville & du temple de Jerusalem. Ribera, autre Jefuite Efpagnol, & qui mourut vers la fin du feiziéme fiécle, nous a laiffé un Commentaire fur les douze petits Prophetes; un autre fur l'Epêtre aux Hébreux, fur l'Evangile de S. Jean & fur l'Apocalypfe, & enfin un Traité du temple & de fes différentes parties.

D'autres Jefuites cultiverent alors diverfes autres portions de la fcience Eccléfiaftique. Fronton-le-Duc & André Schoth ont traduit plufieurs Ouvrages des Peres Grecs. Poffevin Italien a paffé une partie de fa vie en négociations dans les différentes Cours de l'Europe; & néanmoins a beaucoup écrit. Ses deux Ouvrages les plus confidérables font l'Apparat facré & la Bibliothéque choifie des études. Le premier comprend les noms & l'hiftoire de tous les Auteurs Eccléfiaftiques avec le catalogue de tous leurs Ouvrages. L'on y trouve des fautes & des négligences. Dans la Bibliothéque il traite de la Philofophie & de toutes les fciences.

Gretfer Allemand s'eft attaché à l'étude de l'Antiquité Eccléfiaftique. Il a défendu les Controverfes de Bellarmin contre les Proteftans qui les avoient attaquées. Cette défense de Bellarmin contient deux volumes in-folio

On a de lui fur le feul fujet de la Croix deux volumes in-quarto. Le nombre de fes Ecrits eft prodigieux. On y trouve une Apologie du Pape Grégoire VII, & des Traités fur toutes fortes de matieres. Il a publié plus de vingt Ecrits différens en faveur de la Société, dont il prenoit la défense avec zele envers & contre tous. Becan Jefuite Flamand a donné au Public une Théologie fcholaftique courte & méthodique. Nous remarquerons que tous ces Ecrivains Jefuites ont répandu dans leurs Ecrits les opinions fauffes & dangereufes de leur Société, comme nous pourrions le faire voir par plufieurs paffages.

VI.

Jacques Sirmond naquit à Riom en Auvergne en 1559, & fe fit Jefuite à l'âge de LeP. Sir dix-fept ans. Il enseigna cinq ans à Paris mond. dans le Collège de Clermont, & ce fut dans ce peu de temps qu'il acquit une parfaite connoiffance des Langues Grecque & Latine, & qu'il forma fon ftyle, qui a été tant eftimé. Le Général Aquaviva l'appella à Rome en 1590, & le fit fon Secrétaire. L'étude de l'Antiquité faifoit dès-lors fa principale occupation. Il vifitoit les Bibliothéques & confultoit les Manufcrits. Il s'appliquoit auffi à l'étude des Infcriptions & des Médailles. II fournit au Cardinal Baronius quantité de piéces traduires du Grec en Latin. Il revint à Paris en 1608, & ne ceffa de donner quelqu'Ouvrage au Public. Il a paffé la plus grande partie de fa vie à chercher dans les Bibliothèques les écrits des Auteurs du moïen âge, à les copier, les faire imprimer, les enrichir de notes favantes. En 1629 il donna en trois volumes in-folio une édition des Conciles de France avec des notes. Les Eu

vres d'Hincmar & de Théophilacte forment deux autres volumes in-folio: celles de Théodoret font en quatre, & celles de Pafcase Ratbert en un. Le P. de la Baune Jefuite a recueilli en cinq volumes in-folio tous les autres Ouvrages que le P.Sirmond avoit donnés au Public en différens temps & en différentes formes, y ajoutant tout ce qui s'étoit trouvé dans les papiers du P. Sirmond, pour fervir d'additions & de corrections. On y trouve les Opufcules d'Ennode, de Facundus, de S. Avit, d'Athanafe le Bibliothécaire, & quelques Capitulaires de nos Rois qui n'avoient point paru pendant la vie du P. Sirmond; diverfes Leçons des PP. Labbe, Garnier, Dom Luc d'Acheri, Combefis, Mabillon, & M. Baluze. Le P. de la Baune y a auffi mis quelques notes de fa façon, & des Préfaces à la tête de chaque Tome fur les Auteurs & les Quvrages qu'ils contiennent. Le quatrième volume in-folio de ce grand Recueil renferme les Ouvrages de la compofition du P. Sirmond, & le cinquiéme comprend les Traités de S. Théodore Studite en Grec & en Latin, que le P. Sirmond vouloit publier lorfqu'il mourut. Ces cinq gros volumes ont été im→ primés au Louvre en 1694. Il a vécu 92 ans.

Cet Auteur qui avoit une grande érudition, eut différentes difputes avec plufieurs Savans fur divers fujets; avec Godefroi & Saumaife fur l'étendue des régions fuburbicaires, d'où dépend la décifion de l'étendue du Patriarchat de Rome; avec Richer fur la puiffance Eccléfiaftique & féculiere; avec le P. Petau fon confrere touchant le Concile de Sirmich. I publia une Differtation pour prouver que S. Denys l'Aréopagite étoit dif

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férent de S. Denys de Paris. Tout le monde fe fouleva d'abord; mais peu-à-peu on s'eft rendu à la folidité de fes preuves, & les Savans ont embraffé le même fentiment. Son hiftoire Prédeftinatienne n'eut pas le même fuccès. Il étoit de l'intérêt de fa Société de réaliser cette fecte qui n'a jamais exifté ; & le P. Sirmond fit tous les efforts pour donner quelques couleurs à cette prétention. Il fou tint dans un Traité, que l'Eglise Romaine s'étoit autrefois fervie de pain levé pour la célébration de l'Euchariftie, & fon fentiment fut combatru par le favant P. Mabillon. Il fit une Differtation pour prouver que les crimes Lecrets n'étoient point autrefois foumis à la pénitence publique. Le P. Morin & M. Arnauld étoient d'un fentiment contraire.

VII.

Denis Petau naquit à Orléans en 1585, & entra dans la Société des Jefuites à l'âge de Le P. Petaw dix-huit ans. Il fe rendit fort habile dans les Langues Grecque & Latine, & ne négligea pas l'Hébraïque. Il s'appliqua particulière ment à la Chronologie, & entreprit de corriger Scaliger fur cette matiere. Il publia en 1617 en deux volumes in-folio fon grand Ouvrage de la Doctrine des temps, qui passe pour un chef-d'œuvre en ce genre, dont il a donné comme un abrégé dans fon Rationarium temporum. Cette étude féche & abftraite ne l'empêcha pas de travailler à des Ouvra ges Eccléfiaftiques. Nous avons de lui des editions & des verfions nouvelles de Synefius, de l'abrégé de l'hiftoire de Nicéphore & de S. Epiphane avec des notes très-favantes. L'édition de S. Epiphane renferme pluhieurs differtations fur différens points importans, outre les remarques qui ont rap

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