paix, & pour empêcher les deux armées d'en venir aux mains. Elles étoient prêtes à donner bataille le 26 d'Octobre 1630, lorfque Mazarin après avoir propofé divers moïens, fortit des retranchemens des Espagnols qui étoient devant Cazal, & courant du côté des François, leur cria: La paix, la paix. Enfuite il s'adreffa au Maréchal de Schomberg qui commandoit ce jour-là l'armée, & fit des propofitions que nos Généraux accepterent, & qui furent fuivies de la paix. Mazarin en eut toute la gloire. Le Cardinal de Richelieu fut très-fatisfait de fa conduite, & conçut pour lui une eftime qui fut dans la fuite la cause de son élévation. Il fut envoïé en 1634 Vice-Légat à Avignon, & enfuite Nonce extraordinaire en France. Ce fut-là qu'il s'acquit avec la connoiffance des affaires l'amitié du Cardinal de Richelieu, & la protection de Louis XIII. Sur la nomination de ce Prince, le Pape Urbain VIII le fit Cardinal en 1641. Le même Roi, après la mort du Cardinal de Richelieu, le fit Confeiller d'Etat, & le nomma l'un des éxécuteurs de fon teftament. Tels furent les dégrés par lefquels le Cardinal Mazarin s'éleva à cette puiffance prefque abfolue qu'il eut fi longtemps en France. Nous verrons dans la fuite fes principales actions, & fon caractere. I I. III. Les Espagnols voulant profiter de la conLa premie-fufion qui paroiffoit inféparable des prere année du miers jours d'une Minorité, entrerent en Regne de Champagne avec une armée de vingt-cinq Louis XIV mille hommes, & affiégerent Rocroi. Ils ne ble par de doutoient pas que la prife de cette ville ne remarqua de la Cha rité. 1643 leur cût ouvert les plus belles Provinces de grandes France jufqu'aux portes de la Capitale. Le profpérités. Duc d'Anguien depuis Prince de Condé, âgé Inftitution de vingt-deux ans, aiant fous lui le Maré- des Sœurs chal de l'Hôpital, Gaffion, & la Ferté, qui furent depuis Maréchaux de France, vint au fecours de la place, & força les ennemis d'en lever le fiége. Non content de leur arracher une conquête qu'ils croioient sûre, il les défit entiérement, & eut un triomphe complet. Cette célebre bataille fut gagnée cinq jours après la mort de Louis XIII. L'Infanterie Espagnole ne s'eft pas remife de cette défaite. Ce grand avantage fut fuivi de la prife de Thionville dans le Luxembourg, de Trin & du Pont de Stures dans le Montferrat, & enfin de la victoire navale devant Carthagene fur la Méditerranée par le Maréchal de Brezé, Amiral de France. De fi glorieux commencemens furent regardés comme un préfage de la profpérité du nouveau Regne. Le Vicomte de Turenne s'étoit fort diftingué dans la plupart de ces expéditions, & il mérita cette même année à l'âge de trente-deux ans le bâton de Maréchal de France. Il avoit beaucoup contribué l'année précédente à la conquête du Rouffillon. Au commencement d'Octobre, le Roi & la Reine quitterent le Louvre, pour se loger dans le Palais Roïal appellé auparavant le Palais Cardinal, & l'on ouvrit la place qui eft devant, pour y faire le corps de garde. Le Quai des Orfevres fut achevé la même année. Un établiffement d'un autre genre, & qui fut très-utile, eft celui des filles de la Charité ou Sœurs grifes, deftinées à avoir foin des pauvres malades. Elles fe multiplierent beaucoup en peu de IV. temps, & fe difperferent dans toutes les Pro La révolte des Anglois contre Charles L La Reine leur Roi légitime, engagea Anne d'Autriche d'Angleterà envoier le Comte d'Harcourt en Anglere le réfugie en Franterre, pour offrir la médiation de la Frances mais cette démarche fut fans fuccès. Olivier ce. Exploits du Maré- Cromwel devenant chaque jour plus formichal de Tu- dable, Henriette de France Reine d'Anglerenne & du terre chercha fa: sûreté auprès du Roi Louis. Prince de XIV. Elle fut reçue à Paris avec tous les honCondé. neurs dûs à fon rang & à la dignité. Elle fut 1644. Jogée au Louvre, où elle reçut des refpects de toutes les Cours fouveraines, de la Ville, de l'Univerfité, & du jeune Coadjuteur de Paris Jean-François-Paul de Gondi de Retz, facré depuis peu Archevêque de Corinthe. On fou piroit ardemment après une paix dont l'Europe avoit tant de befoin. Mais il y avoit trop d'intérêts différens à ménager, pour fe fatter que cette paix fût prochaine. Nos Plénipotentiaires allerent à Munster, & en paffant à la Haie, ils y frent un Traité entre de Roi & les Etats Généraux. Le Roi leur accorda le titre de Hauts & Puiffans Seigneurs, comme Louis XIII avoit accordé fept ans auparavant le titre d'Alreffe aux Princes d'O range, qui n'avoient que celui d'Excellence. Le Maréchal de Turenne fut tiré d'Italie pour recueillir les débris de notre armée d'Allemagne qui avoit été défaite. Ce grand Général la répara à fes propres frais, & palla le Rhin. Le Duc d'Anguien fe joignit à lui, & tous deux défirent a Fribourg le Général Merci, & acquirent la réputation des plus grands Capitaines de l'Europe. Ils fe rendirent bientôt maîtres de tout le cours du Rhin. V. chefou Le Général Merci fut tué l'année suivante dans une bataille & l'Archiduc Léopold Suite des frere de l'Empereur, vint prendre avec le exploits de Général Galas le commandement de l'armée nos GénéImpériale. M. de Turenne finit la campagne embelli. raux. Paris. par la prise de Tréves, où il rétablit l'Elec- Nouvelles reur, devenu libre par la médiation du Roi, Commuqui déclara que fans cette condition il n'é- nautés. couteroit aucune propofition de paix. Da Mort du côté de la Flandre, le Duc d'Orléans qui Cardinal commandoit, eut des avantages très-confi- de la Ros dérables. Tandis que nos Généraux faifoient caut. au-dehors la guerre, avec beaucoup de fuccès, la Reine Régente perfectionnoit les nouveaux ouvrages pour l'aggrandiffement & F'embelliffement de Paris. On fit de nouvelles portes & de nouvelles rues. I fè forma de nouvelles Communautés, dont la Reine mere voulut fe déclarer Fondatrice, comme Sainte Elifabeth, la Merci & plufieurs autres. Cette Princeffe aimoit fort à multiplier ces fortes d'établiffemens. Cette même année eft remarquable par la mort du Cardinal de la Rochefoucaut, Sous-Doïen du facré Collège, qui avoit une grande autorité dans l'Eglife de France. Il avoit été fucceffivement Evêque de 1645 Clermont & de Senlis, & s'étoit retiré depuis long-temps à Sainte Geneviève dont il avoit été Abbé Commandataire. Il quitta les Emplois de Miniftre d'Etat & de Grand-Aumônier de France, pour s'appliquer uniquement à la réformation des Ordres de S. Benoît, de S. Auguftin, de Citeaux & de Prémontré fous l'autorité du Pape & du Roi. Il travailla à établir la difcipline dans les principales Abbaïes du Roïaume, & fur-tout à mettre la réforme à S. Denys & à Sainte Geneviève. Il obtint qu'il y eût un Abbé régulier dans cette derniere Communauté. Il témoigna toujours un extrême zele pour faire recevoir en France le Concile de Trente.Il étoit grand partifan des opinions ultramontaines, & admirateur du fameux docteur Duval. Nous en avons vu des traits dans la vie de Richer. Il mourut âgé de quatre-vingt-huit ans. Son corps fut enterré à Sainte Geneviève où l'on voit fon maufolée; & fon cœur porté au Collége des Jefuites chez qui il avoit étudié, & de qui il avoit reçu toutes les préventions & les fauffes maximes aufquelles il étoit fi fortement attachê. IV. VI. La Reine Mere aïant différé jufques-là de Fondation du Val-de- s'acquitter d'un vœu qu'elle avoit fait à Dieu Grace à Pa- d'élever à fon honneur un temple fuperbe, ris. Réfor- s'il lui donnoit un Dauphin, entreprit de me de plu- bâtir l'églife, & d'achever le Monastere fieurs Ab- Roïal du Val-de-Grace avec une magnificence baies. roïale. Cette Abbaïe est une fondation dont il eft parlé dès le commencement du treizićme fiècle, fous le nom de Valprofond, de l'Ordre de S. Benoît, fitué originairement à |