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S. Germain-en-Laie, fit femblant de vouloir obéir; mais fon caroffe fut arrêté, & les feinmes du Marché neuf firent d'un étau unè efpece de brancard fur lequel elles le reporterent à l'Archevêché. Le lendemain on fignifia un ordre du Roi au Parlement de fe tranfporter à Montargis, à la Chambre des Compres d'aller tenir fes féances à Orléans, & au Grand-Confeil de fe retirer à Mantes, pour y faire fes fonctions. Le Parlement à la vûe d'un pareil ordre, députa vers la Reine qui refufa de donner audience. Sur ce refus, que l'on attribuoit au Cardinal Mazarin de même que les derniers ordres, le Vendredi 8 le Parlement déclara ce Cardinal perturbateur du repos public, ennemi du Roi & de fon Etat'; lui enjoignit de fe retirer le même jour de la Cour, & du Roïaume dans huitaine; après ce terme ordonna à tous les fujets du Roi de lui courir fus. Le Coadjuteur de Paris qui étoit l'ame de la fronde, voulant inspirer plus de confiance aux Parifiens, amena la Ducheffe de Longueville à l'Hôtel de Ville pour y établir fa demeure. Comme elle étoit enceinte quand elle y entra, elle y accoucha d'un fils dont le Prevôt de Paris fut parain & la Ducheffe de Bouillon maraine au nom de la ville de Paris, & qui pour cela fut nommé Charles Paris. La céremonie fe fit le 29 de -Janvier.

XV. La Police générale compofée des Députés La guerre des trois Cours fouveraines, le Parlement, civile s'al- la Chambre des Comptes, & la Cour des Aides, du Duc de Montbazon Gouverneur, du Prevôt des Marchands, des Echevins, & des fix Corps des Marchands, arrêta le Vendredi après midi, de faire une levée de gens de

plus en plus.

guerre, pour faire venir des vivres & les efcorter. On fit pour cela un fonds de deniers auquel tout le monde contribua. Plufieurs Ducs & Pairs vinrent offrir leurs fervices à la Ville. Le Prince de Conti & d'autres Seigneurs mécontens de la conduite du Cardinal Mazarin, imiterent leur exemple. Le Prince de Conti fut déclaré Généraliffime des troupes du Roi dans Paris, & les autres Seigneurs fes Lieutenans-Généraux. Le Parlement, la Chambre des Comptes, le Grand-Confeil, les Tréforiers de France, l'Univerfité, tous les Corps fe cotti ferent, & même tous les particuliers, pour fournir aux frais de cette malheureufe guerre civile, dont le spécieux prétexte étoit de défendre la liberté publique, & l'autorité Roïale contre les entreprifes du Cardinal Mazarin. Le Parlement de Normandie s'unit à celui de Paris, comme on le voit par fa lettre du premier de Février. Malgré la précaution du Parlement, de Paris pour faire entrer dans fes intérêts les autres Parlemens il ne ceffoit de chercher les moïens d'appaiser le Roi & la Reine. Il fit des remontrances qui furent imprimées, & travailloit à tranquillifer le peuple. Le Prince de Condé étoit à la tête des troupes de la Cour, qui défoloient la campagne, & s'efforçoient d'arrêter les vivres destinés à la fubfiftance de la ville: mais dans le tems qu'on s'y attendoit le moins, la Reine donna une audience favorable à de nouveaux Députés du Parlement. Elle lui envoïa un Héraut d'armes ; mais le Parlement refufa de le recevoir, faifant dire à la Reine par les Gens du Roi, que les Rois n'envoïoient point de Hérauts à leurs Sujets. Cette remontrance fur

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XVI.

ment. Trai

té de paix.

fort agréable à la Reine, & ouvrit les voies à un accommodement.

On indiqua le village de Ruel à trois Conférence lieues de Paris pour le lieu d'une conférence. pour un ac- Le Parlement y envoïa douze Députés ; les commode Maîtres des Requêtes, la Chambre des Comptes & la Cour des Aides envoïerent les premiers Préfidens avec un ou deux de ces deux Compagnies. La Ville députa fon premier Echevin & deux Confeillers de Ville. Tous ces Députés allerent à Ruel le 4 de Mars. Le Duc d'Orléans y étoit avec le Prince de Condé & les autres Seigneurs nommés par la Reine. Les Parifiens ne laifferent pas de penfer à leur sûreté. Ils firent un nouveau camp dans la plaine de Ville-Juive, ou les Généraux alloient coucher alternativement. Le Prince de Conti fit le 7 la vifite du camp & la revue de l'armée. On apprit alors que le Maréchal de Turenne avoit paffé le Rhin avec quatre cens chevaux & cinq cens hommes d'infanterie qu'il amenoit à Paris pour le fervice du Roi & du Parlement. Par reconnoiffance le Parlement annulla la déclaration rendue contre lui au Confeil, & prit des mefures pour la fubfiftance du Roi & de fes troupes. It reçut pareillement les offices du Duc de la Trimouille, qui venoit de lever en Poitou & ailleurs huit mille hommes & deux mille chevaux prêts à marcher aux premiers ordres. Cependant l'accommodement fut conclu à Ruel le 11. Le Traité contient vingt-un articles, dont voici les principaux. Les Arrêts foit du Confeil, foit du Parlement, rendus depuis le 6 de Janvier fur les troubles civils, demeureront nuls. Les gens de guerre levés par la Ville ou le Parlement,

feront licentiés, & les troupes du Roi feront renvoiées aux lieux de leur garnison. Le Prince de Conti & autres, Princes, Ducs Officiers de la Couronne, Gentilshommes, Villes & Communautés qui ont pris les arferont dans le même état où ils étoient auparavant, & ne pourront être inquiétés fous aucun prétexte.

mes,

XVII.

Mazarin

Quand on fçut à Paris que le Cardinal Mazarin avoit figné le traité, la haine du Fin de la peuple fe réveilla tout-à-coup contre lui. Le premierę Parlement appaifa ce tumulte, & fit fentir guerre de aux Seigneurs qui fe plaignoient du traité, Paris. Le combien ils devoient en être contens. On Cardinal autoit bien voulu obtenir l'expulfion du Car- refte Midinal Mazarin; mais la Cour paroiffoit dif- niftre. pofée à ne jamais reculer fur cet article. Le i d'Avril la Déclaration du Roi contenant les Articles de paix, fut publiée & enregiftrée au Parlement, en présence du Prince de Conti & des Généraux. Après cela le Parlement envoïa des Députés remercier le Roi & la Reine d'avoir donné la paix à leur peuple, & les fupplier d'honorer la ville de Paris de leur préfence. Le Lundi de Pâques s d'Avril on chanta à Notre-Dame avec beaucoup de folemnité un Te Deum qui fut fuivi de toutes les réjouiffances qui ont lieu après les plus heureux événemens. Les Chaf fes de Sainte Geneviève & de Saint Germain qui étoient découvertes depuis plufieurs mois, furent recouvertes après une proceffion folemnelle. Ainfi finirent les premiers troubles de Paris fous la minorité de Louis XIV. Mais comme le Cardinal Mazarin continuoit d'être Miniftre, les gens fenfés pré virent bien que le repos ne feroit pas long.

XVIII.

il revient à

En effet, ce fut alors que le Coadjuteur de Paris & les Officiers qui ne s'étoient pas accommodés avec la Cour, adopterent le titre de Frondeurs, & prirent même des cordons de chapeau qui avoient quelque forme de fronde.

X.

La Reine faifoit efpérer qu'elle revienLe Roiva droit bientôt à Paris avec le Roi ; mais la à Amiens nouvelle du fiége d'Ypres par les Espagnols Paris. Il re qui faifoient de grands préparatifs de guerçoit le Sa- re en Flandre, obligea le Roi d'aller d'acrement de bord à Compiegne, & de-là à Amiens. Confirma- La Reine prétendit qu'il étoit nécessaire tion, & fait qu'elle ne s'éloignât pas des Frontieres. fa premiere L'abfence du Roi fut prolongée jufqu'au 17

Communion.

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d'Août; il partit ce jour-là de Compiegne, & arriva le lendemain à Paris, où on lui fit la plus magnifique reception qu'on puisse imaginer. La paix dont on paroiffoit jouir n'empêcha pas les troubles dans le Roïaume, furtout en Provence & en Guienne, ου les Parlemens s'étoient déclarés contre leurs Gouverneurs, le Comte d'Alais & le Duc d'Epernon. Le Roi parvenu à fa douzième année,commença à prendre connoiffance des affaires d'Etat. Il entra pour la premiere fois au Confeil des Finances le 7 d'Octobre,& opina fi judicieusement, que dès-lors on conçut ce qu'on devoit attendre de lui dans un âge plus avancé. Un mois après, il reçut le Sacrement de confirmation dans la Chapelle du Palais-Roïal, & communia pour la premiere fois le jour de Noël fuivant dans l'Eglife de S. Eufta che fa Paroiffe.. L'Archevêde Paris avoit ordonné auparavant les

que

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