rut, comme nous l'avons dit, avant que d'avoir pris poffeffion de l'Archevêché de Paris, auquel il avoit été nommé après la démission du Cardinal de Retz. Il confia en inourant fes manufcrits à M. Baluze, qui a donné de nouvelles éditions du fameux Livre, De Concordia Sacerdotii & Imperii. La fuite de cet Ouvrage n'a été imprimée qu'après la mort de M. de Marca, comme il l'avoit demandé. L'Auteur y revient à fes premiers fentimens, plus finceres & plus vrais que ceux de fa rétractation. C'eft aux foins de M. Baluze que nous devons encore les Œuvres pofthumes de M. de Marca, avec de favantes Préfaces, notes & additions. Nous aurons occafion de parler encore ailleurs de ce Prélat, qui étoit grand politique, habile critique, & bon jurifconfulte. Il eft dit de lui dans le Diction naire de Moréri, qu'il faifoit fervir les faits aux deffeins & aux fins qu'il avoit, au lieu d'ajufter fes deffeins à la nature des faits. Hardouin de Beaumont de l'erefixe, qui avoit été Précepteur du Roi & Evêque de Rhodès, fut nommé Archevêque de Paris après la mort de M. de Marca, & n'eut fes Bulles qu'en 1564, à caufe de la divifion qui étoit alors entre la Cour de France & celle de Rome, au fujet de l'infulte faite par les Corfes de la garde du Pape, au Duc de Créqui, Ambaffadeur de France à Rome. Dans d'autres Articles nous parlerons beaucoup de M. de Perefixe qui gouverna huit ans l'Eglife de Paris.

XIV.

Toute la fuite du Regne de Louis XIV ne XXXIII. préfente que des guerres, des victoires, des

Satisfac

afin

tions écla- entreprises éclatantes. Nous nous bornerons
tantes fai aux principaux événemens de ce genre,
tes à Louis de nous arrêter enfuite plus long-tems à ceux
XIV.
qui font purement Eccléfiaftiques, & qui
font l'objet direct de cet Abrégé. En 1662 le
Roi avoit donné audience à l'Ambaffadeur
d'Efpagne, qui protefta folemnellement en
préfence de vingt-fept Ambaffadeurs & En-
voïés de Princes, que le Roi fon maître
ne difputeroit jamais le pas à la France.
Cette glorieufe fatisfaction fut exigée en ré-
paration d'une infulte que l'Ambassadeur
d'Efpagne avoit faite à celui de France en
Angleterre. Le Pape Alexandre VII fut obligé
de faire au Roi une fatisfaction encore plus
autentique en 1664, comme nous l'avons vû
dans la vie de ce Pape. Vingt ans après Gènes
en fit une qui dut beaucoup couter à cette
fiere République. Elle fut forcée d'envoïer à
Louis XIV, fon Doge & quatre Sénateurs
faire fa foumiffion à ce Prince.

commerce

& les Arts.

1664.

XXXIV. Quoique la paix regnât en 1664 dans les Le Roi fait Etats Chrétiens de l'Europe, les armes du fleurir le Roi ne demeurerent point oifives. Il les tourna contre les Maures, qui éprouverent auffi bien que les Turcs la valeur des François. Le Roi s'occupoit alors principalement à faire fleurir le commerce & les Arts. Des Colonies Françoifes partirent pour s'établir à Madagascar & à Caïenne. L'Académie de Peinture & de Sculpture fut établie ; & le Canal pour la jonction des deux mers en Languedoc fut commencé. Le mois de Janvier de l'année fuivante 1665, vit naître à Paris le Journal des Savans, qui a comme enfanté tant d'autres Journaux de cette espece, que les Savans de toutes les Nations de l'Europe

ont publiés depuis. Pour mettre les François en état de tirer tout ce qui leur étoit néceffaire du fein de la France, & de fe paffer de l'induftrie des Etrangers, le Roi établit dans fon Roïaume des Manufactures de glaces, de points de France, de toiles, de laine, de tapifferies. On commença à élever la façade du Louvre fuivant les deffeins du Chevalier Bernin.

XXXV.

bert. Con

Roi en

1667.

Les Anglois avoient refufé de déférer aux bons offices du Roi en faveur des Hollan- Sage goudois, avec lefquels ce Prince avoit paffé une vernement ligue offenfive. Le Roi leur déclara la guerre de M. Colpour foutenir fes Alliés. On envoïa contre eux des troupes en Hollande, & ils furent quêtes du défaits en Amérique & chaffés de l'ifle de S. Flandres. Christophe. La paix qui fut faite à Breda entre l'Angleterre, la Hollande, la France & le Dannemarc, au mois de Janvier 1667 termina cette guerre. Cette même année eft une époque célebre pour tous les fages Reglemens du Regne de Louis XIV. M. Colbert qui avoit rétabli les Finances, porta fes vûes plus loin. Commerce, Marine, Police, tout le reffentit de l'efprit d'ordre qui a fait le principal caractere de ce Miniftre, & des vues fupérieures dont il envifageoit chaque partie du Gouvernement. Il forma à ce sujet un Confeil où toutes ces matieres feroient difcutées, & d'où l'on vit fortir tant de Reglemens, & tant de belles Ordonnances, qui contribuerent beaucoup à la fageffe de notre gouvernement. Pendant que M. Colbert s'occupoit à rendre le Roiaume floriffant, M. de Louvois fongeoit à faire triompher les armes du Roi, en faisant valoir les droits acquis par la mort de Philippe IV, à la Reine Ma

XXXVI.

marqua

bles.

rie-Thérefe fa fille du premier lit, à l'exclu fion de Charles II, fils du deuxième lit. Le Roi marcha en Flandre, aiant fous lui le Maréchal de Turenne. La Reine l'y fuivit avec toute la Cour. Il prit en moins de trois mois un grand nombre de villes, entr'autres, Charleroi, Tournai, Douai, Lille. Le Roi pour fe délaffer de fes conquêtes, fit bâtir à fon retour à Paris l'Obfervatoire pour les Mathématiciens & les Phyficiens. L'Académie Roiale des Sciences avoit été fondée l'année précédente en leur faveur. Pour réprimer les vexations que la chicane faifoit fouffrir à ceux qui étoient dans la triste néceffité de plaider, le Rci fit publier la même année le Code Louis.

Au commencement de 1668 on vit recomDivers évé- mencer la guerre. Toute la Franche Comté nemens re- fut conquife dans le mois de Février. Mais le Traité d'Aix-la Chapelle conclu au mois de Mars fuivant contre l'avis de M. de Turenne, 1668 fui. la fit rentrer fous la domination des Elpagnols, qui céderent au Roi toutes les villes qu'il avoit prifes en Flandre. Pendant que le Roi s'appliquoit à réformer les abus qui s'étoient gliffés dans fon Etat ; qu'il fongeoit à rétablir la navigation que fes prédéceffeurs avoient négligée; qu'il prenoit des mesures pour extirper le Calvinifme; l'Angleterre, la Suéde & la Hollande qui s'étoient unies par une triple alliance, s'engagerent en 1669 à la confervation des Pais-Bas. Les Hollandois n'en demeurerent pas là: ils traiterent peu après avec l'Empereur & l'Espagne : mais les fuites de ces Ligues n'éclaterent que deux ans après. Cependant le Roi fit dépouiller de fes Etats par le Maréchal de Créqui

le Duc de Lorraine, qui ne ceffoit de brouiller contre la France. Il pafla l'année 1671 à vifiter fes conquêtes, à les fortifier, à faire la revue de fes troupes, fans qu'il cefsât néanmoins de protéger les Arts. Ce fut dans ce même-temps qu'il établit l'Académie d'Ar chitecture, & qu'il envoïa avec de grands frais, en différens endroits de l'Europe, d'Afrique & d'Amérique, d'habiles Mathématiciens, pour y faire des obfervations utiles. On commença alors à bâtir l'Hôtel Roïal deftiné pour les foldats invalides, établiffement digne de la grandeur & de la magnificence de Louis XIV.

du Roi dans la Hollan

de.

16720

L'année 1672 fut autant funefte pour les XXXVII. Hollandois que glorieufe pour le Roi. Ce Conquêtes Prince irrité des fréquens complots que formoient contre lui ces peuples, redevables à la France de leur élévation, leur déclara la guerre au mois d'Avril. Dès le mois fuivant,' il paffa la Meufe avec fon armée commandée fous lui par le Prince de Condé & par le Maréchal de Turenne. Après plufieurs avantages, l'armée Françoife animée par la préfence de fon Roi, traverfa le Rhin à la nage vers Tholhuis, malgré le feu des ennemis qui étoient en bataille fur le bord oppose. On en fit quatre mille prifonniers ; & la terreur qui fe répandit dans le païs ennemi, engagea la province d'Utrecht à prévenir par une foumiffion volontaire, le fort qui la menaçoit. La Religion Catholique fut réta blie à Utrecht, & on célébra la Meffe dans la grande églife, après qu'elle eut été purifiée. En peu de mois les armées du Roi traverferent trois rivieres, prirent les trois pro vinces de Gueldres, d'Utrecht, & d'Overiffel