Page images
PDF
EPUB

font horreur. Alors mourut M. Colbert, qui des Calvipaffe avec raifon pour le plus grand Minif- iftes. Suitre qu'ait eu la France. La même année na- tes de cette quit le Duc d'Anjou depuis Philippe V Roi révocation. d'Efpagne. Le Roi reprit les armes, faute de

l'exécution du Traité de Nimegue. L'année 1684 & suż. fuivante 1684 les Algeriens demanderent au Roi la paix aux conditions qu'il voudroit. Il y eut une treve conclue entre la France, l'Espagne & l'Empire. On vit venir en même-temps des Ambaffadeurs qui fe difoient envoïés par le Roi de Siam, pour admirer la puiffance de Louis XIV. Tunis & Tripoli demanderent & obtinrent une paix aufli honteufe pour ces Nations, que glorieufe pour la France. Le grand événement de l'année fuivante eft la révocation de l'Edit de Nantes, & le parti que prit le Roi d'extirper de fon Roïaume le Calvinifme, qui y avoit caufé tant de maux. Le deffein étoit jufte & légitime; mais on s'y prit fort mal pour l'exécution. Les Jefuites, qui font animés d'un efprit fort différent de celui de l'Eglife, communiquerent au Roi leurs vûes & les lui firent goûter. En conféquence au lieu d'emploïer la douceur & la perfuafion, on eut recours à la force & à la violence. On envoioit dans chaque maison de Calvinistes des Dragons, qui s'y conduifoient à difcretion. Le Roi comprit par la feule droiture de fon efprit, qu'il falloit ufer d'autres moïens. Les Peres de l'Oratoire furent choifis, pour faire des Miffions. On répandit par-tout des Nouveaux Teftamens 4 traduits en François. MM. de Port - Roïal compoferent des Ouvrages pleins de force. & de lumiere, & on comprit par le fuccès,

mée dans toute l'Europe:

1687 & fui.

combien il eft important d'emploïer pour la converfion des hérétiques les moïens qui font conformes à l'efprit de la Religion.

XLII. La fameufe ligue d'Aufbourg projettée en Ligue d'Au 1686 fut conclue en 1687 à Venife, où le fbourg. La Duc de Savoie & l'Electeur de Baviere fe guerre allu- rendirent. Le Prince d'Orange qui ne cherchoit qu'à brouiller en étoit le moteur. L'Empereur, le Roi d'Efpagne, l'Electeur de Brandebourg, en un mot tous les confederés de la derniere guerre fe réunirent. L'affaire des franchifes à Rome, dont nous avons parlé dans l'Article d'Italie, ne contribua pas peu à fortifier la ligue d'Aufbourg. La grande révolution d'Angleterre, dont le Roi fut détrôné par les fujets, qui donnerent fa Couronne au Prince d'Orange, alluma encore davantage le feu de la guerre. Nous n'entrerons pas dans le détail de cette guerre qui fut fi longue & fi vive. Les avantages que remporta la France par la valeur des Maréchaux de Luxembourg & de Catinat & de nos autres Généraux, lui couterent bien cher. N'oublions pas que la guerre eft un des plus terribles fleaux dont Dieu puiffe punir fon peuple. Peu de gens étoient alors attentifs à remonter jufqu'à la premiere caufe de cet ébranlement général de toute l'Europe. La colere divine éclatoit de toutes parts, fans que l'on fongeât à l'appaifer par la pénitence. Faut-il s'étonner fi Dieu ne ceffoit d'avoir le bras levé, pour punir les iniquités des Chrétiens?

XLIII.
Divers

Traités de

paix. La

[ocr errors]

Les dernieres années du 17 fiécle font remarquables par plufieurs événemens qui ont rapport au regne de Louis XIV, & qu'il eft à d'Efpagne propos de rapporter ici en peu de mots En

Monarchie

1697 quatre Traités de paix furent fignés donnée au à Rifvick. Charles XI Roi de Suede, qui petit-fils de étoit médiateur, mourut: Charles XII fon Louis XIV. Divers évéfils quoiqu'en minorité continua la médianemens de tion. Le premier Traité fut figné avec les la fin du Hollandois, qui rendirent Pondicheri: le lix-feptiéfecond avec l'Espagne; le Roi y facrifioit me fiécle. tout ce que l'on vouloit, prévoïant bien la mort prochaine du Roi d'Efpagne dont la Couronne devoit paffer à fon petit-fils le Duc d'Anjou. Du moins il s'en flattoit, & l'événement a juftifié fes espérances. Le troifiéme Traité étoit avec l'Angleterre : le Roi s'engagea à ne point inquiéter le Prince d'Orange devenu Roi de la Grande-Bretagne, dans la poffeffion des Roïaumes dont il jouiffoit. Enfin par le quatriéme avec l'Empereur, Fribourg lui fut rendu, & le Duc de Lorraine fut rétabli dans fes Etats. La même année se fit la cérémonie du mariage de M. le Duc de Bourgogne, avec la Princeffe de Savoie. De ce mariage eft né Louis XV aujourd'hui regnant. L'année suivante tous les Princes de l'Europe s'envoïerent des Ambaffades reciproques. En 1700 Charles II Roi d'Efpagne déclara par fon Testament, héritier de toute la Monarchie d'Espagne, Philippe de France Duc d'Anjou, fecond fils de M. le Dauphin. Il mourut un mois après, & Louis XIV fit valoir le Teftament & reconnoître Roi d'Efpagne fon petit-fils, qui fut proclamé à Madrid. Ce fut le fujet d'une nouvelle guerre; mais elle appartient à l'hiftoire du dix-huitiéme fiécle, de même que les quinze dernieres années du regne de Louis XIV. Pendant le cours du dix - feptiéme fiécle, la Ville de Paris changea de face,

1700.

On y ouvrit un grand nombre de nouvelles rues, on en élargit beaucoup d'autres; on éleva des Palais fuperbes & de magnifiques portes on fit de belles places, des quais, des ponts, des jardins & des promenades publiques: on établit plufieurs nouvelles Communautés; on embellit & on décora les Eglifes; on vit fleurir les arts & les fciences, & briller dans tous les genres une multitude de grands hommes, dont les Ouvrages feront l'admiration de la pofterité.

I. Affaire de

ARTICLE VII.

'Affaire de la Régale. Démêlé avec la Cour de Rome fur les bornes de la puissance temporelle & de la puissance Eccléfiaftique.

N

I.

Ous avons affez parlé jufqu'ici d'af

la Régale. confidérer celles qui font purement EccléEn quoi fiaftiques. Le Formulaire qui condamne les confifte ce cinq propofitions & les attribue à Jansequ'on ap- nius, eft celle qui a fait le plus de bruit pelle le droit de Réfous le regne de Louis XIV, & qui a eu de gale. plus grandes fuites. Nous en parlerons dans d'autres Articles. Nous renvoïons auffi le Quiétisme à un Article particulier, & nous n'examinerons dans celui-ci que l'affaire de la Régale, & les conteftations avec la Cour de Rome au fujet des principales maximes des libertés de l'Eglife Gallicane.

[ocr errors]
[ocr errors]

La Régale, fur le pied ou nos Rois en jouiffent aujourd'hui, eft le droit de percevoir les revenus des Archevêchés & Evêchés du Roïaume pendant la vacance du fiége & de conférer de plein droit tous les bénéfices qui en dépendent, excepté ceux qui font à charge d'ames, comme les Cures; jufqu'à ce que le nouvel Evêque ait prêté ferment de fidelité, qu'il en ait fait enregistrer l'acte à la Chambre des Comptes à Paris, qu'il ait obtenu de cette Cour pour une certaine fomme d'argent, arrêt de main-levée des fruits, & qu'il ait pris en perfonne poffeffion de fon Evêché. La Régale, comme on voit, eft bien différente de ce qu'étoient autrefois les inveftitures & tous les droits de fiefs. Les Princes fe contentoient de donner l'inveftiture aux nouveaux Evêques fans s'attribuer les revenus des Evêchés; au lieu que pendant l'ouverture de la Régale, le Roi le regarde comme proprietaire de ces revenus. Les inveftitures d'ailleurs ne regardoient que les fiefs donnés à l'Eglife par les Princes au lieu que par la Régale le Roi s'attribue tous les autres revenus & même les dîmes, & de plus confere tous les bénéfices & dignités Eccléfiaftiques à l'exception des Cures. Ce droit eft auffi fort différent du droit de patronat, puifque le patron peut feulement préfenter au bénéfice, & non pas le conferer. D'ailleurs le patron veille pour empêcher la diffipation du revenu pendant la vacance du bénéfice; au lieu que le Roi regarde comme lui appartenans les revenus des Evêchés tant que dure la Régale.

Les Auteurs ne s'accordent pas fur l'origi ne de ce droit. Les uns difent qu'il est atta

« PreviousContinue »