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gnerons toujours au Lecteur le trifte détail, on élut le Cardinal de Florence qui prit le nom de Léon XI. Clement VIII, qui l'aimoit, lui avoit dit plufieurs fois qu'il feroit fon fucceffeur ; & l'événement juftifia cette efpéce de prédiction. Il fe nommoit auparavant Alexandre Octavien, de la Maifon de Médicis, qui régnoit à Florence fa patrie. Clément VIII connoiffant fon mérite, l'em ploya à la paix générale de l'Europe. Il s'ac quitta avec honneur de cet emploi, & furtout de la Légation qu'il exerça en France, pour y abbattre les reftes de la Ligue. Il s'y conduifit avec beaucoup de fageffe pendant les deux années qu'il y demeura en qualité de Légat. La nouvelle de fon exaltation répandit la joie dans toute l'Europe, à caufe des grandes efpérances qu'on avoit conçues de lui; & le caractere que les Hiftoriens lui donnent, fait juger que ces espérances étoient peut-être encore inférieures à fon mérite. Il étoit pendant fon Cardinalar l'ornement de la Cour de Rome, avoit auprès de lui plufieurs perfonnes de Lettres, & montroit une magnificence qui lui fit un grand nombre d'amis. I haïffoit les concuffions, la vengeance, la tyrannie, la trop grande complaifance pour les parens, la diffimulation. On l'avoit comblé de bénédictions, lorf qu'on lui avoit vû employer fes revenus à la conftruction de plufieurs églifes & au foulagement des pauvres. Son élévation ne changea pas les mœurs, & il eut toujours la même affabilité pour ceux qui l'approcherent. Il ne fongea point à répandre fes bienfaits fur fes parens, quoiqu'un de fes amis, pour lui faire fa cour, lui en eût donné une liste, où

III.

fon Pontifi

les plus éloignés étoient nommés. Il avoit
deffein de faire une promotion de Cardi-
naux ; mais il étoit bien réfolu de n'y renfer
mer que des perfonnes d'un mérite diftin-
gué, & qui fuffent capables de fervir l'E-
glife. Il maintint dans les Charges ceux qui
en avoient été pourvûs par fes Prédéceffeurs,
& confirma dans les Légations ceux dont les
peuples faifoient l'éloge. Il pria. les Cardi-
naux de ne lui rien demander contre fa con-
fcience, & leur promit de leur accorder avec
plaifir tout ce qui feroit jufte. Il foulagea
autant qu'il put les Provinces, des impofi-
tions que Clément VIII avoit établies pour
l'entretien des troupes. Il le fit à la priere de
Gallo; & quoiqu'il pût s'en faire honneur
il voulut qu'on en eût l'obligation toute en-
tiere à ce Cardinal; & loua fon zéle, de ce
que la premiere grace qu'il lui avoit deman-
dée, regardoit le bien, public. Il mourut
vingt-cinq jours après fon élection, à l'âge
de foixante & dix ans, univerfellement re-
gretté à caufe de fon rare mérite.

I I I.

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Après que les factions eurent fait jouer Election tous leurs refforts, le plus grand nombre de de Paul V. voix tomba fur le Cardinal Camille BorCommen- ghèfe, qui prit le nom de Paul V. Il avoit cement de un extérieur très-avantageux, & n'étoit âgé cat. Son déque de cinquante-trois ans. Sa famille qui étoit de Sienne en Tofcane, s'étoit établie à la Républi- Rome où nâquit Camille. Son pere, qui se que de Ve-nommoit Marc-Antoine Borghèfe, étoit Avonife. cat Confiftorial. Camille, l'un de fes quatre fils, fut d'abord Clerc de la Chambre, & enfuite Nonce en Espagne, où il fit paroître fa

mêlé avec

prudence fous Clément VIII, qui le créa Cardinal du titre de S. Chryfogone. Dès qu'il fut Pape, il donna fon chapeau à un de fes neveux, & éleva les deux freres qui lui reftoient aux premieres Dignités. Il avoit toujours montré un grand zéle pour les immunités Eccléfiaftiques, & il n'avoit pas de plus grands ennemis que ceux qui.maintenoient l'autorité fouveraine des Princes, contre les ufurpations du Clergé. Il n'eft pas étonnant qu'avec de telles difpofitions il ait été fi oppofé à la République de Venife, qui dans toutes les occafious avoit réprimé les entreprifes injuftes des Eccléfiaftiques. Dès le commencement de fon Pontificat , on vit éclater ce fameux démêlé qui fit tant de bruit dans toute l'Europe. Il accufoit cette Répu blique de s'oppofer aux legs pieux & aux donations qu'on faifoit aux Eglifes, & de s'ap proprier le droit de juger les Eccléfiaftiques dans les caufes civiles & criminelles. Paul V, irrité de la réfiftance de la République, publia contre elle une Bulle d'excommunication, qui mettoit tout le pais en interdit, défendant d'y faire aucun acte extérieur de Religion.

Cette fameufe Bulle donna lieu à une multitude d'Ecrits, dont les uns défendoient les droits & l'autorité des Souverains contre les entreprises de la Cour de Rome, & les autres attribuoient au Pape un pouvoir abfolu fur les Souverains. On ne s'en tint pas à des Ecrits; on fur fur le point d'employer des armes d'un autre genre. La République de Venife réfolue de maintenir fes droits, déclara nulle & abufive la fentence du Pape. Il ne fe trouva dans toutes fes terres aucun Ec

IV.

cléfiaftique qui ôsât la publier, ni obferver l'interdit, ou faire ceffer l'Office divin. Il n'y eut que les Capucins & les Jéfuites qui réfolurent de fortir, & qui demanderent la permiffion de fe retirer. On l'accorda aux Capucins, avec liberté d'y revenir quand ils voudroient ; & aux Jéfuites, avec défense d'y rentrer jamais. Allez, leur dit le Doge, n'emportez rien, & ne revenez plus. Nous parlerons ailleurs plus au long de cette grande affaire, qui eut des fuites funeftes pour l'Eglife.

Les Ambaffades de quelques Rois d'AfriRéunion que & des Indes, & la réunion de plufieurs de plufieurs Neftoriens à l'Eglife Romaine furent außi Neftoriens honorables au Pontificat de Paul V, que fon l'Eglife démêlé avec la République de Venife lui Romaine. avoit été préjudiciable. Pierre Strozza, Se

crétaire de Paul V., publia à Rome en 1617 les Actes de la réunion des Neftoriens-Chaldéens. L'Archidiacre de leur Chambre pa triarchale nommé Adam, qui étoit en même temps Supérieur des Religieux de la Chaldée, fut envolé à Rome par Elie, Evêque Neftorien de Babylone. Ce Prélat aïant fait examiner par les Evêques de fa dépendance, une profeffion de foi que le Pape Paul V lui avoit envoïée, chargea Adam de la préfenter à ce Pape avec les légers changemens qu'ils y avoient faits, lui prefcrivant en même-temps de corriger ce que le Pape y jugeroit défectueux. Ce Religieux étant arrivé à Rome, s'acquitta de fa commiffion avec beaucoup d'exactitude. Il en partit après un féjour de trois années, & porta à fon Evêque un Bref de Paul V, qui l'exhortoit à travailler à l'entiere réunion des Neftoriens. Nous croïons devoir avertir que c'étoit im

proprement qu'Adam étoit appellé Archidiacre de la Chambre patriarchale. Les Neftoriens s'étant féparés de l'Eglife fans entraîner de fiége patriarchal, n'ont donné le titre de Patriarche à aucun de leurs Evêques ; ils fe fervent de celui de Catholique ou Mophrian; terme qui, dans ce cas, eft emploïé par eux pour marquer l'étendue de la Jurifdiction.

I V.

V. Différend du Pape

rez.

Le Pape eut en 1614 un différend confidérable avec la France. Suarez, Jéluite Elpagnol, avoit publié un Livre intitulé : Dé- Paul V avec fenfe de la Foi Carbolique & Apoftolique con- la France. tre les erreurs de la Secte d'Angleterre. Ce Livre Zéle duparaïant paru en France, on en fit des extraits lement de qui furent déférés au Parlement de Paris. Les Paris conChambres affemblées le 26 de Juin, con- tre la docdamnerent l'Ouvrage à être brûlé par la trine fédimain du Bourreau, comme renfermant des tienfe du Jéfuite Suamaximes féditieufes, tendantes à la fubverfion des Etats, & à porter les fujets des Rois & des Souverains à attenter à leurs perfonnes facrées. On ordonna encore que les décrets de la Faculté de Théologie de Paris contre la doctrine de Suarez, feroient lus tous les ans le 4 de Juin, non-seulement dans les Ecoles de Sorbonne, mais encore dans celles du Collége de Clermont & des Religieux Mandians. Ce qui mortifia encore plus la Société, c'eft que le Parlement manda par Arrêt les Peres Armand Recteur, Coton Confeffeur du feu Roi, Fronton le Duc, & Sirmond, tous deux fort favans. Le premier Préfident leur dit au nom de la Compagnie, que le Livre de Suarez leur confrere étoit contraire à la déclaration qu'ils avoient donnée, & au

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