Page images
PDF
EPUB

Ce même jour 2 janvier, Michel produit une pièce qu'il attribue à M. Delorme, et contre laquelle je déclare m'inscrire en faux.... Je demande formellement qu'elle soit déposée, et soudain Michel la déchire et la jette au feu, en présence de M. le juge et de son greffier. (1)

[ocr errors]

Quatre écrivains sont appelés: Michel produit un travail de plusieurs feuilles sur les écritures et signatures niées par lui, par lequel il leur trace mot à mot leur opération (2): M. le juge écarte ce travail. Bientôt les experts font leur rapport, il est reconnu absolument conforme au travail produit par Michel M. Grandin, à ma demande, lui ordonne de le déposer au procès; il s'y refuse, il ne le trouve pas (3). Ainsi ce Caméléon m'échappe, il m'échappe même en présence du

vier. Voir le procès-verbal de mon interrogatoire du 28 janvier, réponse à la deuxième question.

(1) Voir les mêmes interpellations et mon interro gatoire du 7 janvier.

(2) Voir les mêmes interpellations.

(3) Voir la lettre de Michel à M. Grandin, du 14 janvier.

juge,

juge, mais en échappant, il laisse des traces de sa perfidie.

» Michel prétend, 1.o qu'il est étonnant que j'aie disposé d'un capital de 400,000 fr. pour une époque aussi éloignée, lorsque cette somme était nécessaire à mes opérations journalières; 2.o qu'il est encore plus surprenant que j'aie disposé d'un pareil capital à 5 pourcent, lorsque je lui empruntais 500,000 fr. à, 1 pour 100 par mois; 3.o qu'il n'est pas concevable que j'aie négligé de me faire payer les intérêts.

» Mes réponses sont péremptoires: 1.0 il est constant et public que, dès 1805 et dans les années suivantes, mes opérations me pré-, sentaient une variation journalière de 150 à 200,000 fr. par la seule fluctuation de 50 c,: sur la rente, et de 10. fr. sur les actions. Lors, du doublement, les actions à mon nom furent portées à dix mille par ma souscription (1).. Je pouvais donc facilement disposer d'un capital de 400,000 fr. pour m'assurer, dans un avenir qui m'inspirait de la confiance, 200,000 francs de rentes, au prix de 64 fr,

(1) Voir mon compte à la banque, à cette époque,

» 2.o Le traité est du 20 janvier 1806, l'emprunt fait au sieur Boissiere, qui a figuré seul en nom, a eu lieu en août 1808, et pour trois mois seulement. Il a été négocié par M. Baillot , que j'avais chargé d'emprunter 1,700,000 fr. sur les actions que j'avais à la banque, ce qu'il fit, en s'adressant à Boissiere et à deux autres de ses cliens, sans que j'eusse le moindre rapport avec les prêteurs.... Les intérêts furent réglés et soldés le jour même de l'emprunt. Que pouvait avoir de commun un traité par lequel, en définitif, on ne devait pas me payer une somme plus ou moins importante, mais bien me livrer des rentes à un prix et contre une somme déterminée ?

» 3.0 Enfin je n'ai pas demandé les intérêts des 400,000 fr., parce que les stipulations. de l'acte du 20 janvier s'y opposent : si elles présentent un sens ambigu, le doute ne pouvait pas exister pour moi, qui étais ainsi d'accord avec Michel.

» Michel cite l'échéance du traité du 20 janvier comme une chose invraisemblable et inouïe à la Bourse; à quoi j'observe:

Que les faits qui se passent à la Bourse, ne sont pas, comme les faits militaires, consignés dans des fastes

» Que l'échéance d'un marché et ses autres stipulations dépendent uniquement de l'intérêt et de la volonté des contractans;

[ocr errors]

Que la position de Michel et la mienne, sur la place, ne pouvant se comparer à aucune autre, sous le rapport des capitaux et des opérations, on ne peut pas s'étonner que nos combinaisons se soient écartées des combinaisons ordinaires ;

[ocr errors]

Que j'ignore s'il a cherché quelquefois à vendre des rentes à long terme; que pour moi j'ai chargé plusieurs fois des agens de change, entr'autres MM. Madinier et Besson, de me procurer des marchés de rentes à des termes de plusieurs années.

D'ailleurs, les opérations et les sommes ont une importance relative. Peut-on, de bonne foi, m'opposer l'importance d'un marché de 200,000 fr. de rentes, pour lequel j'ai payé 400,000 fr., à moi qui, à l'époque où le nombre des actions de banque fut porté 90 mille, me trouvai en avoir dix mille, c'est-à-dire, le neuvième de la totalité, pour -lequel je payai au-delà de 3 millions?

[ocr errors]

» Le sieur Michel a voulu tirer parti d'une surcharge qui prouverait la vérité du titre ; car sur un titre faux on ne laisse pas de

surcharge, on ne laisse pas la plus légère altération qui puisse donner lieu à la moindre. critique, et l'instruction prouve :

[ocr errors]

Que le marché du 20 janvier 1806 m'a été remis avec la surcharge du mot Coursselle, tel qu'il a été enregistré et déposé au tribunal de commerce;

[ocr errors]

Que le sieur Boissiere, qui a transcrit ledit acte, dans les bureaux de Michel, a reconnu la surcharge et déclaré n'avoir pu la faire qu'à l'instant même de la confection de l'acte; car, depuis lors jusqu'au moment de la procédure devant le tribunal de commerce, il ne l'a point revu;

[ocr errors]

» Que la copie faite chez M. Henri Spréafico par M. Richoux, son teneur de livres, pas plus tard que le 10 octobre dernier, est conforme, dans toutes ses parties, à l'acle lui-même, tel qu'il a été enregistré quarante jours après, par M. Lézan;

>>

des

Que, de toute la procédure, que quarante-quatre témoins entendus, il ne résulte pas que le titre ait paru aux yeux de qui que ce soit autrement qu'avec les mots Coursselle, n. 14, et qu'aucune copie venant de moi, ou de quelqu'un agissant pour moi, ait été produite avec les mots Cisalpine, n.o 4;

1

« PreviousContinue »